École nationale d'administration | |
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Informations | |
Fondation | 1945 |
Fondateur | Charles de Gaulle, Michel Debré |
Type | Établissement public à caractère administratif |
Régime linguistique | français |
Localisation | |
Ville | Strasbourg et Paris |
Pays | France |
Direction | |
Président | Jean-Marc Sauvé |
Directeur | Bernard Boucault |
Chiffres clés | |
Personnel | 229 |
Enseignants | 2 professeurs permanents (sport et FLE) et un millier d'intervenants externes par an |
Étudiants | 533 en 2005 |
Divers | |
Site internet | www.ena.fr |
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L'École nationale d'administration (ENA), est une grande école française créée en 1945 pour « démocratiser » l'accès à la haute fonction publique de l'État. Elle est chargée aujourd'hui d'assurer la sélection et la formation initiale et continue de hauts fonctionnaires français et internationaux, offrant à ses anciens élèves un accès aux postes de direction et d'encadrement de la fonction publique française.
L'ENA accueille chaque année à Strasbourg 80 à 100 élèves en formation initiale auxquels il faut rajouter un tiers d'étrangers, une soixantaine d'élèves de masters et mastère spécialisé ainsi qu'une petite centaine d'élèves étrangers dans le cadre des cycles internationaux. À ces promotions s'ajoutent des sessions courtes de formation continue à Paris. Les anciens élèves de l'école sont appelés « énarques ».
Au cours de la Ve République, les énarques ont joué un rôle central dans la vie politique française (deux présidents de la République, sept premiers ministres, de nombreux ministres, etc.).
Avant 1945, l'État n'assurait pas une formation unique pour les fonctionnaires responsables de sa haute administration. En effet, si le système du concours - considéré alors comme la seule garantie d'un recrutement impartial et fondé sur le mérite - était déjà généralisé depuis la fin du XIXe siècle, chaque corps ou ministère organisait son propre concours, sans considération pour l'homogénéité de la haute fonction publique. Certains risques de corporatisme ou de népotisme en résultaient.
En 1848 déjà, le ministre de l'Instruction publique Lazare Carnot avait eu l'idée de créer une École d'administration, en charge de la formation des administrateurs gouvernementaux. Un décret de création sera rédigé (décret du 8 mars 1848), mais l'école, installée dans l'ancien bâtiment du Collège du Plessis, sera fermée quelques mois après son inauguration, lorsque Carnot quitta son poste de ministre.
À partir de 1936 et consécutivement à l'arrivée au pouvoir du Front populaire et de son ministre de l'éducation nationale Jean Zay, l'idée de créer une unique école de sélection et de formation des hauts fonctionnaires voit à nouveau le jour. Elle se heurtera à un vote défavorable du sénat.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, deux projets aux apparences similaires mais aux objectifs opposés émergent. L'École des cadres d'Uriage, créée par Vichy en 1940, a pour objectif l'instauration d'une nouvelle aristocratie basée sur le sens du service de l'État. S'éloignant de l'idéologie vichyste, elle sera finalement dissoute par Pierre Laval en décembre 1942. Le second projet, qui est quant à lui conduit peu après la libération par Michel Debré et Emmanuel Monick, aboutira à la création de l'ENA.
L'École nationale d'administration (ÉNA) a été créée par l'ordonnance n°45-2283 du 9 octobre 1945 par le Gouvernement provisoire de la République française, alors présidé par le Général de Gaulle. Cette décision, qui devait profondément bouleverser la structure même de l'administration publique française, avait été préparée par la Mission provisoire de réforme de l'administration, placée auprès du chef du gouvernement et dirigée par Maurice Thorez, vice-président du Conseil et secrétaire général du Parti communiste français. Après la démission du Général de Gaulle de la présidence du Conseil le 20 janvier 1946, c'est Maurice Thorez qui va réussir à mener à bien la réforme administrative et l'élaboration du statut de la fonction publique, en se préoccupant d'assurer d'abord la naissance de l'École nationale d'administration créée avant son entrée au Conseil. Michel Debré, maître des requêtes au Conseil d'État et commissaire de la République à Angers, animait cette mission de création de l'école. Il a assuré provisoirement les fonctions de directeur de l'école.
L'École s'établit d'abord dans les murs de l'Hôtel de La Meilleraye, au 56 rue des Saints-Pères, à Paris. Le bâtiment, exproprié en 1945 au bénéfice de la Fondation nationale des sciences politiques, verra s'y succéder trente-quatre promotions d'élèves (de la promotion France combattante jusqu'à la promotion Pierre Mendès France).
L'hôtel de Feydeau de Brou, situé au 13 rue de l'Université, a été occupé par le Service hydrographique et océanographique de la marine jusqu'en 1971, date de sa décentralisation à Brest. L'hôtel a alors été restauré et les élèves de la promotion Michel de l'Hospital s'y sont installés en 1978. En avril 2007, cet hôtel particulier a été rebaptisé « Bâtiment René Rémond » par le nouveau propriétaire des murs (la Fondation nationale des sciences politiques).
En 2002, l'ENA a absorbé l'Institut international d'administration publique (IIAP), établissement issu de l'École nationale de la France d'outre-mer, et s'est depuis installé dans les anciens locaux de l'IIAP au 2 avenue de l'Observatoire (VIe arrondissement).
Sous l'impulsion d'Édith Cresson, il a été décidé en 1992 de déménager l'école à Strasbourg, au 1, rue Sainte-Marguerite. Avant d'accueillir l'ENA, la commanderie des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (ou Commanderie Saint-Jean), construite au XIVe siècle, fut successivement un lieu de commerce et de diplomatie, un hôpital puis, entre 1740 et 1989, une prison.
Pendant 10 ans, les activités de l'école se sont organisées sur trois sites (rue des Saints-Pères, rue de l'Université et rue Sainte-Marguerite). La promotion Simone Veil, soixante-deuxième promotion de l'ENA, fut la première à effectuer l'ensemble de sa scolarité à Strasbourg.
Le déménagement à Strasbourg représente un rapprochement symbolique de l'école des institutions européennes et permet une collaboration avec l'autre grande école du service public implantée à Strasbourg, l'Institut national des études territoriales (INET) et Sciences Po Strasbourg.
Actuellement, le nouveau site de l'avenue de l'Observatoire à Paris, dans les anciens locaux de l'École nationale de la France d'outre-mer, accueille depuis fin janvier 2007 toutes les activités parisiennes de l'ENA (le service des cycles courts et la direction des relations internationales) tandis que tous les autres services de l'école sont concentrés à Strasbourg. Les cours des élèves en formation permanente dans des cycles pédagogiques de moins d'un mois ont donc encore lieu à Paris.
Depuis son déménagement à Strasbourg, l'ENA se fait également appeler École européenne de gouvernance. En 2009, selon une étude effectuée par Mines ParisTech, l'ENA était au niveau mondial la dixième institution d'enseignement supérieur en termes d'anciens élèves présidents de l'un des 500 plus grands groupes mondiaux.