Le voyage de recherche océanographique connu sous le nom d'expédition du Challenger (1873-1876) explore les eaux de l'Antarctique, mais n'approche pas la terre elle-même ; ses recherches, cependant, prouvent l'existence d'un continent antarctique. Ce que l'on nommera « l'âge héroïque de l'exploration en Antarctique » est initié en 1893, lors d'une conférence à la Royal Geographical Society, où le professeur John Murray appelle à une reprise de l'exploration en Antarctique : « une exploration régulière, continue, laborieuse et systématique de la totalité des régions australes ». Il poursuit cette annonce avec un appel au patriotisme britannique : « Les Britanniques vont-ils se charger du dernier grand champs d'exploration maritime à la surface de notre Terre, ou sera-t-il laissé à d'autres qui sont peut-être destinés à nous succéder ou à nous supplanter sur les mers ? ». Au cours du quart de siècle suivant, quinze expéditions provenant de huit pays différents se hissent à la hauteur de ce défi. Dans l'élan de patriotisme engendré par l'appel de Murray, et grâce à l'influence du président de la Royal Geographical Society, Clements Markham, les efforts britanniques déployés dans les années qui suivent donnent un poids particulier à l'établissement de nouveaux records dans la course au point le plus au sud, et présentent, dès lors, les caractéristiques d'une véritable « course au pôle Sud ».
Le norvégien Carsten Borchgrevink émigre en Australie en 1888, où il travaille avec des équipes d'exploration de l'intérieur du pays, avant d'accepter un poste d'enseignant en Nouvelle-Galles du Sud. En 1894, il se joint à une expédition de chasse à la baleine et aux phoques en Antarctique, menée par Henryk Bull. En janvier 1895, Borchgrevink fait partie d'un groupe de cette expédition qui revendique le premier débarquement confirmé sur le continent Antarctique, au cap Adare. Borchgrevink décide d'y revenir avec sa propre expédition pour hiverner et explorer l'intérieur des terres, avec pour objectif la localisation du pôle Sud magnétique.
Borchgrevink se rend en Angleterre, où il parvient à persuader le magnat de l'édition George Newnes de le financer à hauteur de 40 000 livres sterling, ce qui correspond à 3 millions de livres en 2008, à la seule condition que, malgré le manque de participants de la fière Albion, le projet soit baptisé « British Antarctic Expedition ». Ce n'est pas du tout la grande expédition britannique envisagée par Markham et l’establishment géographique, qui font montre d'hostilité et dédain à l'égard de Borchgrevink. Le 23 août 1898, le navire de l'expédition Southern Cross quitte Londres pour la mer de Ross, avant d'atteindre le cap Adare, le 17 février 1899. Là, l'équipe terrestre est débarquée et devient la première à passer l'hiver sur le continent Antarctique, dans une cabane préfabriquée.
Le 28 janvier 1900, le Southern Cross, de retour, embarque l'équipe restée à terre et, suivant la route que Ross avait prise 60 ans auparavant, navigue en direction du sud vers la Grande Barrière de glace. Ils découvrent alors qu'elle s'est retirée d'environ 48 km au sud depuis l'époque de Ross. Une équipe, constituée de Borchgrevink, William Colbeck et d'un sami appelé Savio, débarque avec traîneaux et chiens. Elle gravit la Barrière, et y accomplit le premier voyage en traîneau ; le 16 février 1900, ils portent le record du « point le plus au sud » à 78°50'S. À son retour en Angleterre, plus tard cette même année, l'expédition de Borchgrevink est reçue sans grand enthousiasme, malgré son nouveau record en direction du sud. L'historien David Crane fait observer que si Borchgrevink avait été un officier de la marine britannique, sa contribution à la connaissance de l'Antarctique aurait été mieux reçue, mais « un marin norvégien / maître d'école n'avait aucune chance d'être jamais pris au sérieux ».
L'expédition Discovery (1901-1904) est la première expédition en Antarctique sous le commandement du capitaine Robert Falcon Scott. Bien que, selon Edward Adrian Wilson, l'intention soit, si possible, d'atteindre le pôle ou de découvrir de nouvelles terres, il n'y a rien dans les écrits de Scott, ni dans les objectifs officiels de l'expédition, qui indique le pôle Sud comme objectif précis. Toutefois, un voyage vers le pôle restait dans les limites définies par la mission officielle de Scott, qui devait « explorer la barrière de glace de Sir James Ross […] et s'efforcer de résoudre les très importantes questions physiques et géographiques liées à cette remarquable formation de glace ».
Ce voyage est entrepris par Scott, Wilson et Ernest Shackleton. L'expédition part le 1er novembre 1902 avec plusieurs équipes d'appui. L'une d'elles, dirigée par Michael Barne, bat même le record de Carsten Borchgrevink le 11 novembre. Cet événement est noté dans le journal de Wilson. La marche continue, d'abord avec des conditions météorologiques favorables, puis elle rencontre des difficultés croissantes causées par le manque d'expérience de l'équipe pour les expéditions sur glace, et suite à la perte de tous les chiens en raison d'un mauvais régime alimentaire et d'un surmenage. Le 80e parallèle sud est franchi le 2 décembre et, le 30 décembre, Wilson et Scott font une courte virée à ski au sud de leur camp afin d'établir un nouveau record à 82°17'S. Ces coordonnées peuvent ne pas être exactes car les cartes modernes, en corrélation avec la photo de Shackleton et le croquis de Wilson placent leur dernier camp à 82°6'S, et le point atteint par Scott et Wilson à 82°11'S. Quelle que soit la latitude précise, ils dépassent le point le plus au sud de Borchgrevink d'environ 400 km.
Après sa participation à l'expédition Discovery pour atteindre le « point le plus au sud », Ernest Shackleton connaît une défaillance physique sur le chemin du retour, et doit être rapatrié chez lui par le navire d'assistance de l'expédition sur ordre du capitaine Scott. Quatre ans plus tard, souhaitant prendre sa revanche, Shackleton organise sa propre expédition polaire, l'expédition Nimrod (1907-1909). C'est la première à se fixer pour objectif le pôle Sud, et à développer une stratégie spécifique pour l'atteindre.
Pour sa tentative, Shackleton à l'idée novatrice d'utiliser des poneys de Mandchourie comme chevaux de trait, ainsi que le plus traditionnel traîneau à chiens et un véhicule automobile spécialement adapté. Bien que les chiens et l'automobile soient utilisés pour de nombreuses tâches, l'assistance à l'équipe qui tente de gagner le pôle est dévolue aux poneys.
Ernest Shackleton et trois compagnons (Frank Wild, Eric Marshall et Jameson Adams) commencent leur marche le 29 octobre 1908. Le 26 novembre, ils franchissent le point le plus au sud atteint par l'équipe de Scott en 1902. « Un jour à retenir », écrit Shackleton dans son journal, notant qu'ils avaient atteint ce point en beaucoup moins de temps que lors de la précédente marche avec le capitaine Scott. Le groupe de Shackleton continue vers le sud, découvrant et gravissant le glacier Beardmore jusqu'au plateau polaire, puis progresse pour atteindre leur « point plus au sud » à 88°23'S, à une distance de 190 km du pôle Sud, le 9 janvier 1909. Là, ils plantent l'Union Jack, qui leur avait été remis par la reine Alexandra, et prennent possession du plateau au nom du roi Édouard VII, avant que la pénurie de vivres et de provisions ne les contraignent à repartir vers le nord. C'est, à l'époque, le point le plus proche jamais atteint de l'un ou l'autre des deux pôles. Le gain de plus de 6 degrés au sud, depuis le record précédent de Scott, est la plus grande avancée du « point le plus au sud » depuis celle du capitaine Cook en 1773. À son retour en Angleterre, Shackleton est reçu en héros, et anobli par le roi Édouard VII. Ce record ne tiendra que deux ans et 333 jours, moins longtemps que les précédents, hormis celui de Borchgrevink (deux ans et 316 jours).