Au moment de la création des IUFM, seuls les États-Unis disposaient, avec les schools for education, d'un système comparable de formation des enseignants. Dans les deux pays, ces nouvelles institutions ont fait l’objet de fortes polémiques. De manière très approximative, le soutien venait des « pédagogues » et de la Gauche. Le clivage droite–gauche n’est cependant qu'une approximation, car il en cache un autre, dont la topographie politique est plus complexe et dépend de la mission qu'on assigne aux institutions scolaires et à ses agents : simple transmission de connaissances ou action éducative; formation d'une élite progressivement sélectionnée ou du plus grand nombre. On conçoit que le profil attendu d'un enseignant ne sera pas le même selon les options retenues. Nombre d'intellectuels de gauche ont été sceptiques. C'est ainsi que, dès 1991, Laurent Schwartz, connu pour ses positions de gauche, lançait cet avertissement : « Si le développement des IUFM se poursuit comme il a commencé, il mènera l'enseignement secondaire à un désastre sans précédent dans son histoire ». Inversement, en dépit d'un positionnement public plutôt critique, les ministères de droite ont rarement remis en question de façon radicale le nouveau système de formation des enseignants.
On observe que, dès la naissance des IUFM, le journal Le Figaro a publié de très nombreuses critiques, tandis que le journal Le Monde s’est ouvert à de nombreuses tribunes favorables, en particulier celles de Philippe Meirieu. Par ailleurs, la réforme ayant été mise en place par Lionel Jospin, les instituts ont été longtemps défendus par le Parti socialiste et les Verts (le Parti communiste et le Mouvement des citoyens ayant eu une attitude réservée).
Les critiques d'acteurs, dont les prérogatives ont été réduites par la création des IUFM, ont pu être mises sur le compte de l’amertume comme le suggère le directeur de l'IUFM de Lorraine : « Le directeur d’école normale était sous l’autorité directe de l’inspecteur d’académie. Celui-ci était chez lui dans les locaux de l’école normale : ce fut une catastrophe dans un département lorrain lorsque le directeur de l’IUFM de Lorraine demanda à l’inspecteur d’académie et à ses services de restituer les clés des locaux. »
Les IUFM, en effet, ont été créés en retirant à la fois aux rectorats et inspections académiques, aux corps d'inspection, aux universités, une partie de leur pouvoir. On pouvait s'attendre à ce que cette situation fasse le lit d'un certain nombre de critiques. Par ailleurs ces critiques ont pu apparaître de bon droit comme des procès d'intention, puisque ces établissements n'avaient pas encore fait leurs preuves. La défense et la critique des IUFM dans les premières années de leur mise en place ont donc été biaisées par des considérations politiques, psychologiques et idéologiques.
À partir des années 2000, des articles de presse ont fait état de critiques à l'égard des IUFM. Le Monde a ainsi publié une tribune écrite par deux agrégés d'histoire qui jugeait négativement les IUFM : « Depuis dix ans, la formation initiale des professeurs est dispensée dans des établissements dits « IUFM » (instituts universitaires de formation des maîtres). On pourrait résumer le bilan de cette expérience dans un consternant triptyque : l’IUFM est inefficace, inutile et parasitaire ». Cette introduction abrupte est suivie d'un argumentaire détaillé. Cet article est très fameux car il a constitué la première critique publiée par Le Monde. Elle a provoqué une réponse, indignée, du président des CDIFM, la « Lettre au Monde » par Gérard Gonfroy. Cette lettre, refusée par le quotidien, est disponible en ligne Par la suite, Fabrice Barthélémy et Antoine Calagué ont reçu le soutien de l'universitaire Pierre Cordoba, Président de l’Association Reconstruire l’École. Certains syndicats, qui avaient obtenu des revalorisations de carrière à la création des IUFM, ont adopté un discours plus distancié.
Citons par exemple une partie de l'allocution de Laurent Lafforgue, de l'Académie des sciences de Paris, prononcée en 2006 devant le club de réflexion Utopia, courant commun du Parti socialiste et des Verts : « Enfin, et c'est sans doute le point le plus important et le plus urgent, il faut que cesse le scandale des IUFM. Ceux-ci empoisonnent littéralement l'école. Les futurs instituteurs et professeurs y subissent une prétendue formation qui n'est pas seulement inutile mais nuisible. La doctrine profonde des IUFM, inspirée d'une vision instrumentale de l'homme, et véhiculée par les soi-disant sciences de l'éducation et autres psychopédagogies qui y règnent, est le refus du savoir et de la transmission. C’est elle qui est déversée sur les stagiaires. On cherche à les transformer en animateurs plutôt qu'en enseignants… »
Le point principal des critiques, l'approche pédagogique retenue à l'IUFM, est discutée dans la section suivante.
L'objet principal des critiques des IUFM porte sur les parti-pris pédagogiques qu'on les accuse à tort ou à raison de dispenser.
Pour clarifier le débat, faisons une distinction utile: sont critiquées, mais pas forcément dans la même optique, d'une part la pédagogie présumée prônée par de nombreux formateurs et équipes de direction, pédagogie qui se veut critique à l'égard d'une certaine "forme scolaire traditionnelle"; et d'autre part, la formation pratiquée de fait à l'IUFM, ainsi que ses dérives bureaucratiques.
Dans son livre à grand succès médiatisé Journal d'une institutrice clandestine, l'institutrice Rachel Boutonnet décrit la pédagogie qu'elle utilise en classe:
« J’applique aujourd’hui des méthodes pédagogiques auxquelles j’ai longuement réfléchi, qui sont aussi précisément celles que l’IUFM voue aux gémonies, mais je vois mes élèves apprendre et en être fiers. »
Dans cet ouvrage, Boutonnet raconte, de façon peut-être partiale, comment chaque professeur (formateur dans la terminologie des iufm) déverse, heure après heure, la même doctrine, celle de l'élève qui construit ses propres savoirs. Elle note que le professeur de philosophie ne fait pas exception à la règle. D'autres témoignages de jeunes enseignants donnent une vision nettement plus positive de leur passage à l'IUFM qui, disent-ils, leur a permis de varier leurs approches pédagogiques grâce notamment aux allers retours entre théorie et pratique.
Comme exemple de réponses à ces critiques, citons un extrait de l'entretien de Patrick Baranger, directeur de l'IUFM de Lorraine :
« Ce n’est qu’après, à l’occasion même de ces stages qu’ils [les stagiaires] font la découverte de besoins de formation précis. En fin de deuxième année d’IUFM, la conversion intellectuelle n’est pas pleinement réalisée, leur appréciation est mitigée, voire paradoxale : la formation qu’ils ont reçue leur apparaît à la fois inutile et incomplète, superflue et insuffisante. Ce n’est qu’après... longtemps après... après quelques années d’exercice... que la formation peut être revisitée. Elle prend sens, elle apparaît moins inutile tout en demeurant insuffisante. »
Pour évaluer les contributions, critiques ou favorables, il convient de distinguer d'une part :
et d'autre part:
Les IUFM représentant l'employeur, les stagiaires utilisent souvent des pseudonymes, ce qui rend la qualité de leurs témoignages plus difficile à apprécier. Les justifications des intervenants dans les IUFM sont également à examiner de manière circonstanciée.
Un reproche qui est souvent formulé par les stagiaires eux-mêmes, voire par des chercheurs, revient à souligner le décalage entre le métier et la formation, trop théorique. Reste à savoir ce qu'on entend ici par "théorique" : le fonctionnement des écoles et des établissements secondaires étant par exemple rarement conforme aux directives de l'autorité ministérielle de tutelle, pourra être qualifié de théorique tout décalage entre le fait et le droit. Plus profondément, cette accusation pourrait bien être due au fait que la création des IUFM a fait naître une demande à laquelle il est très difficile, voire impossible, de répondre : fournir au stagiaire une compétence pédagogique que seul l'enseignant peut progressivement élaborer en situation réelle. La critique peut ainsi être issue aussi bien d'un refus idéologique de toute formation pédagogique (la maîtrise universitaire des disciplines serait une garantie suffisante de la compétence de l'enseignant) qu'au contraire, d'une demande excessive de formation pratique "clef en main".
Ce reproche ressort d'enquêtes statistiques ou de textes de chercheurs en science de l'éducation, comme par exemple Philippe Perrenoud.
La coupure systématique entre la culture théorique et la compétence pratique est l'un des points faibles de la formation initialement dispensée par les IUFM. Les professeurs débutants reprochent souvent à leur formation l'insuffisance du nombre de stages au profit d'un excès de formation théorique didactique et pédagogique [source?].
Cependant, le point de vue de certains formateurs est différent. Il est exprimé par Philippe Meirieu qui constate que:
« La création des IUFM prend sa source dans une double et contradictoire exigence (La machine-école). D'une part il s'agissait de s'inspirer des acquis pédagogiques élaborés pour l'essentiel dans l'école primaire. Mais d'autre part, on voulait renforcer les disciplines et « universitariser » la formation des enseignants du primaire. C'est ce mariage de la carpe et du lapin qui explique la convergence de critiques issues de points de vue opposés.» Cette tension peut être analysée comme un héritage historique issu de plus d'un siècle de "dualisme scolaire", la vocation respective de l'enseignement primaire destiné aux enfants du peuples et de l'enseignement secondaire réservé essentiellement aux enfants de la bourgeoisie ayant conduit à des profils d'enseignants radicalement différents. L'évolution de la formation des maîtres s'efforcerait alors, avec plus ou moins de succès, de réaliser au niveau du corps enseignant l'unification elle-même plus ou moins bien réussie du système scolaire français. On remarquera dans cet esprit la solidarité qui existe souvent entre la conception exclusivement académique de la formation des enseignants et le refus plus ou moins affirmé de la démocratisation (ou, selon ses détracteurs, "massification") de l'accès à l'enseignement secondaire, voire supérieur.
Ces dernières années, les responsables des IUFM, réunis au sein de la Conférence des Directeurs, ont souhaité prendre en compte les apports des chercheurs (Bernard Lahire, ou encore Bernard Charlot) qui montrent que l'essentiel dans la réussite scolaire, c'est le rapport au savoir, l'ouverture à la pensée symbolique et abstraite. Ainsi, il est erroné de vouloir tout enseigner via des gestes, de tout réduire à des savoirs-faire.
Ils ont notamment fait valoir les résultats de leur recherche sur l'apprentissage de la lecture afin de préserver une formation des maîtres adossée aux recherches pédagogiques en la matière. Néanmoins, faute d'études sérieuses sur le sujet, on ne peut attribuer le recours à telle ou telle méthodes pédagogiques aux IUFM. De fait, les IUFM proposent une diversité de pratiques, en fonction des directives nationales successives, mais aussi de la formation pratique et scientifique de chaque formateur.