Introduite en de nombreux points en Europe avec d'autres plantes décoratives, elle semble avoir profité
Elle s'est ainsi en quelques décennies dispersée dans de nombreux milieux semi-naturels et naturels en y devenant très envahissante.
Un herbier de jussie rampante - dans de bonnes conditions - a une productivité telle que sa biomasse peut atteindre 1 à 2 kg de matière sèche par m². De plus sa croissance, favorisée par des racines dispersées dans la couche chaude de surface est très rapide ; en Californie une croissance correspondant à + 10 % de la biomasse par m² et par jour a été enregistrée. Certains herbiers ont une biomasse totale pouvant presque doubler en 3 semaines. Le temps de doublement de la biomasse varie de 15 jours dans les eaux stagnantes à environ 60-70 jours dans les cours d’eau De simples fragments de tiges de quelques centimètres, le plus souvent garnis d'une rosette de feuilles et d'une ou plusieurs racines ou bourgeons racinaires ou d'un aérenchyme forment des propagules efficaces. De plus ils peuvent résister plusieurs jours à la dessiccation.
Par des tiges enracinées dans le sol, de proche en proche, elle peut coloniser les berges et des terrains humides adjacents.
Enfin, cette jussie peut absorber des taux d'azote supérieurs à ses besoins. Ainsi, si elle semblait pouvoir jouer dans un premier temps un certain rôle épurateur de l'eau, elle relargue l'essentiel de l'azote accumulé lorsqu'elle meurt en hiver.
La jussie ne devrait plus être utilisée ni commercialisée à des fins ornementale en raison de risques élevés de prolifération incontrôlable, même en bassin fermé où des inondations, fuites ou évaucation par "trop-plein", travaux d'entretien, oiseaux etc peuvent contribuer à l'exportation de graines ou parties vivantes de la plante (boutures).
En Europe, en milieu éclairé, la présence d'une ripisylve, d'un mégaphorbiaie dense ou d'espèces indigènes sociales et vigoureuses telles que roseaux ou baldingère semble limiter la progression de la jussie.
Il semble trop tard pour espérer éradiquer l'espèce en France et dans plusieurs autres pays où elle a fortement proliféré, même à l'échelle d'un bassin versant. De nouveaux équilibres et co-évolutions sont espérés, qui pourraient limiter son extension et limiter les impacts sur la biodiversité.
Limiter la teneur en azote et en phosphore de l'eau (par une agriculture biologique ou raisonnée, associées à des systèmes de bandes enherbées et ripisylves protégeant et nettoyant les cours d'eau permettraient de diminue la biomasse de jussie (qui augmente fortement dans les eaux eutrophes pour des taux de NO3- dépassant jusqu'à 20 mg/l.
Des chantiers de collecte (arrachage mécanique, extraction avec les rhizomes) et destruction (par pesticides) de cette plante sont de plus en plus fréquents, parfois menés avec l'aide des agences de l'eau et d'autres collectivités, notamment sur les milieux naturels jugés à haute valeur patrimoniale où là où elle pose des problèmes pour les activités humaines. A ce jour, aucun traitement n'a permis l'élimination totale et définitive de la plante sur un site. Même la combinaison d'un curage précédé d'un traitement chimique, s'il semble donner de bons résultats dans un premier temps ne garantit du retour de cette plante.
Lutte biologique ? Dans son milieu d'origine, divers animaux mangent la jussie (dont plusieurs invertébrés parmi lesquels des insectes, mais les introduire en Europe risquerait aussi d'en faire à leur tour des espèces invasives ou s'attaquant à des espèces autochtones) et il est possible que des microbes contribuent à rétrocontroler ses populations.
Dans la Réserve Naturelle du Marais D’Orx (Landes) des coléoptères Gallerucella nymphaeae L. et Gallerucella aquatica Fourcroy s'attaquent aux feuilles de jussies, mais ils sont aussi phytophages de plusieurs autres plantes autochtones (nymphéacées) ce qui les rend inaptes à être utilisés comme agent agents de contrôle spécifiques des jussies invasives.
D'autres insectes pourraient sans doute à l'avenir s'adapter à cette nouvelle venue dans leur environnement et ainsi en limiter les pullulations (sans être toutefois un moyen d'élimination).
La tendance est à un entretien manuel léger et régulier, associé à une surveillance (quotidienne dans les hortillonnages d'Amiens au début des années 2000) permettant d'intervenir au plus tôt et minutieusement ; ceci après un éventuel premier chantier plus lourd ayant supprimé l'essentiel d'un herbier si ce dernier était déjà grand et bien installé. Afin que l'arrachage ne soit pas source d'une nouvelle dispersion de propagules vers l'aval, il doit être associé à des barrages flottants ou des grillages récupérant les petits morceaux de plantes. En tant que déchets potentiellement recyclables, leur mise en décharge est théoriquement interdite, et les unités de méthanisation ou compostages susceptibles de les traiter manquent. Des possibilités de valorisation en alimentation animales seraient peut-être possibles.
Maintenir ou restaurer les ripisylves sur les secteurs à courant faible ou nul et étudier d'éventuels effets bénéfiques de la présence de certaines espèces (bovins rustiques, castors par exemple).
Un arrêté ministériel du 2 mai 2007, J.O n° 114 du 17 mai 2007, interdit la commercialisation et le transport de cette espèce sur le territoire français, dans le but de limiter sa propagation.