Ludwigia peploides - Définition

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Causes de la prolifération de jussies

Introduite en de nombreux points en Europe avec d'autres plantes décoratives, elle semble avoir profité

  • du commerce des plantes décoratives ;
  • des activités d'extraction (transport de boutures ou graines par les engins d'un site à un autre, et offre d'un nouvel habitat).
  • des activités de curage, de drainage et d'irrigation (qui peuvent contribuer au transport de propagules (boutures ou graines) par l'eau ou par les engins, d'un site à un autre).
  • des inondations (puissant facteurs de dispersion des propagules) ;
  • les connectivités artificielles créées entre les masses d'eau par le réseau des canaux et voies navigables (dispersion passive par le courant ou avec les péniches et bateaux de plaisance).

Elle s'est ainsi en quelques décennies dispersée dans de nombreux milieux semi-naturels et naturels en y devenant très envahissante.

  • de certaines activités nautiques (motorisées) qui ont contribué à sa dispersion. Par exemple, les hélices coupent les tiges en morceaux et contribuent à disperser des propagules au fil de l'eau, par millions. Le transport des bateaux, jetski, ou de matériel non nettoyé peut aussi y contribuer.

Capacité et mécanisme de prolifération

Un herbier de jussie rampante - dans de bonnes conditions - a une productivité telle que sa biomasse peut atteindre 1 à 2 kg de matière sèche par m². De plus sa croissance, favorisée par des racines dispersées dans la couche chaude de surface est très rapide ; en Californie une croissance correspondant à + 10 % de la biomasse par m² et par jour a été enregistrée. Certains herbiers ont une biomasse totale pouvant presque doubler en 3 semaines. Le temps de doublement de la biomasse varie de 15 jours dans les eaux stagnantes à environ 60-70 jours dans les cours d’eau De simples fragments de tiges de quelques centimètres, le plus souvent garnis d'une rosette de feuilles et d'une ou plusieurs racines ou bourgeons racinaires ou d'un aérenchyme forment des propagules efficaces. De plus ils peuvent résister plusieurs jours à la dessiccation.
Par des tiges enracinées dans le sol, de proche en proche, elle peut coloniser les berges et des terrains humides adjacents.

Enfin, cette jussie peut absorber des taux d'azote supérieurs à ses besoins. Ainsi, si elle semblait pouvoir jouer dans un premier temps un certain rôle épurateur de l'eau, elle relargue l'essentiel de l'azote accumulé lorsqu'elle meurt en hiver.

Les moyens de lutte

La jussie ne devrait plus être utilisée ni commercialisée à des fins ornementale en raison de risques élevés de prolifération incontrôlable, même en bassin fermé où des inondations, fuites ou évaucation par "trop-plein", travaux d'entretien, oiseaux etc peuvent contribuer à l'exportation de graines ou parties vivantes de la plante (boutures).

En Europe, en milieu éclairé, la présence d'une ripisylve, d'un mégaphorbiaie dense ou d'espèces indigènes sociales et vigoureuses telles que roseaux ou baldingère semble limiter la progression de la jussie.

Il semble trop tard pour espérer éradiquer l'espèce en France et dans plusieurs autres pays où elle a fortement proliféré, même à l'échelle d'un bassin versant. De nouveaux équilibres et co-évolutions sont espérés, qui pourraient limiter son extension et limiter les impacts sur la biodiversité.

Limiter la teneur en azote et en phosphore de l'eau (par une agriculture biologique ou raisonnée, associées à des systèmes de bandes enherbées et ripisylves protégeant et nettoyant les cours d'eau permettraient de diminue la biomasse de jussie (qui augmente fortement dans les eaux eutrophes pour des taux de NO3- dépassant jusqu'à 20 mg/l.

Des chantiers de collecte (arrachage mécanique, extraction avec les rhizomes) et destruction (par pesticides) de cette plante sont de plus en plus fréquents, parfois menés avec l'aide des agences de l'eau et d'autres collectivités, notamment sur les milieux naturels jugés à haute valeur patrimoniale où là où elle pose des problèmes pour les activités humaines. A ce jour, aucun traitement n'a permis l'élimination totale et définitive de la plante sur un site. Même la combinaison d'un curage précédé d'un traitement chimique, s'il semble donner de bons résultats dans un premier temps ne garantit du retour de cette plante.

Lutte biologique  ? Dans son milieu d'origine, divers animaux mangent la jussie (dont plusieurs invertébrés parmi lesquels des insectes, mais les introduire en Europe risquerait aussi d'en faire à leur tour des espèces invasives ou s'attaquant à des espèces autochtones) et il est possible que des microbes contribuent à rétrocontroler ses populations.

  • En Europe, la jussie a d'abord semblé insensible aux insectes phytophages locaux, et non recherchée par les oiseaux aquatiques consommant des végétaux (donc canards et cygnes), mais quelques observations faites depuis les années 1990 au Texas et par P. Dauphin en France en 1996) laissent penser que certains coléoptères (du genre Galerucella) consommant habituellement des feuilles de nénuphars ou de potamots, peuvent aussi consommer des feuilles de jussie.

Dans la Réserve Naturelle du Marais D’Orx (Landes) des coléoptères Gallerucella nymphaeae L. et Gallerucella aquatica Fourcroy s'attaquent aux feuilles de jussies, mais ils sont aussi phytophages de plusieurs autres plantes autochtones (nymphéacées) ce qui les rend inaptes à être utilisés comme agent agents de contrôle spécifiques des jussies invasives.
D'autres insectes pourraient sans doute à l'avenir s'adapter à cette nouvelle venue dans leur environnement et ainsi en limiter les pullulations (sans être toutefois un moyen d'élimination).

  • Les essais de pâturage par du bétail (dans l'eau, sur la berge, ou de plantes exportées) n'ont pas donné de résultats probant, mais des bovins de race rustique (Vache Casta de la Réserve Naturelle des Marais de Bruges en Gironde par exemple) se sont montrées capables d'en consommer une certaine quantité quand les autres ressources manquent, alors que les chevaux (testés par une fédération de chasseurs) ont refusé d'en consommer. C'était une des pistes de recherche relevées par le collectif de 1997.
  • L'introduction de carpe chinoise (Ctenopharyngodon idella) ou carpe amour ont été contre-productive (à la place de la jussie, ce sont les autres plantes qui ont été consommées, de plus cette espèce peut elle même détruire toutes la flore supérieur de certains étangs et pourrait en zone chaude ou avec le réchauffement climatique elle-même un jour devenir invasive... ce qui rend ces poissons « tout à fait inutilisables (comme agent de contrôle biologique), compte tenu des caractéristiques des plantes, de la large gamme de milieux colonisés et des contraintes inhérentes à l’utilisation de ces poissons ».
  • Pesticides : les essais de traitement dont été faits avec des herbicides autorisés (à certaines conditions) en milieux aquatiques. (Diquat, Aquaprop, Round-up Biovert Aqua). Parmi ces produits, lors des premiers tests et à condition que l'herbier soit en grande partie émergé, seul le Round-up a eu une efficacité (qui reste très relative et provisoire et avec des effets collatéraux sur les autres espèces de plantes), mais la nécromasse induite par la mort brutale des jussie peut être à l'origine d'un cycle d'eutrophisation, avec anoxie, risque de botulisme, et elle contribue au comblement par envasement du milieu et peut-être au risque de bloom planctonique au printemps suivant (de cyanobactéries par exemple).

La tendance est à un entretien manuel léger et régulier, associé à une surveillance (quotidienne dans les hortillonnages d'Amiens au début des années 2000) permettant d'intervenir au plus tôt et minutieusement ; ceci après un éventuel premier chantier plus lourd ayant supprimé l'essentiel d'un herbier si ce dernier était déjà grand et bien installé. Afin que l'arrachage ne soit pas source d'une nouvelle dispersion de propagules vers l'aval, il doit être associé à des barrages flottants ou des grillages récupérant les petits morceaux de plantes. En tant que déchets potentiellement recyclables, leur mise en décharge est théoriquement interdite, et les unités de méthanisation ou compostages susceptibles de les traiter manquent. Des possibilités de valorisation en alimentation animales seraient peut-être possibles.
Maintenir ou restaurer les ripisylves sur les secteurs à courant faible ou nul et étudier d'éventuels effets bénéfiques de la présence de certaines espèces (bovins rustiques, castors par exemple).

En France

Un arrêté ministériel du 2 mai 2007, J.O n° 114 du 17 mai 2007, interdit la commercialisation et le transport de cette espèce sur le territoire français, dans le but de limiter sa propagation.

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