Les Maisons de la sagesse (en arabe : bayt al-ḥikma, بيت الحكمة, transcrit aussi par Dâr al-Hikma ou Beit Al-Hikma) sont apparues au début du IXe siècle dans le monde arabo-musulman. Bien que l'on ait encore du mal à cerner ces institutions, elles étaient en tout cas une association de magasins de bibliothèques, de centre de traductions et de lieu de réunions, vraisemblablement en vue de traduire les ouvrages en persan de cosmologie, d'astrologie, de poésie et d'histoire. Le rôle originaire de la "maison de la sagesse" a été voulu par Al-Mansûr et les premiers califes abbassides, comme un lieu de traduction des ouvrages perses en arabe, en vue de légitimer le califat abbasside comme successeur des Sassanides.
Sans les y réduire (voir plus bas), on évoque couramment leur rôle majeur dans la transmission de l'héritage des civilisations : bien sûr grecque, perse et du Moyen-Orient, mais aussi indienne, chinoise, etc. Cet aspect fait de ces maisons un des symboles de l'âge d'or de la science arabe, comme lieu de collecte, de diffusion, de copie et de traduction de la littérature d'adab (les belles-lettres).
Certains évoquent ces lieux comme des formes d'universités, dans la lignée de la bibliothèque d'Alexandrie de l'Époque hellénistique, et comme un ancêtre des bibliothèques publiques modernes. Mais les liens historiques les plus sûrs, particulièrement pour la plus ancienne d'entre elles, sont ceux qu'elles ont avec l'antique académie de Gundishapur (Djund-i Shapur) des Sassanides (et, à travers elle, les écoles d'Athènes), ainsi qu'avec l'école de Dayr Qunna (ou Deïr Qunna), une école de scribes nestoriens de culture syriaque.
Y ont été traduits et mis à la disposition des savants d'abord les histoires et les textes recueillis après l'effondrement de l'empire d'Alexandre, textes collationnés et traduits en persan sous l'égide des empereurs sassanides. Plus tard, on sait aujourd'hui que les premiers textes traduits seront les Topiques d'Aristote, ainsi que la Physique du même auteur, en vue de répondre aux attaques théologiques de Manichéens, des chrétiens nestoriens et melkites, rompus à l'art de la dialectique théologique. Ces premières traductions initient un mouvement de translation d'une partie des textes de la philosophie, de médecine, de logique, de mathématiques, d'astronomie, de musique grecs, pehlevis, syriaques, hébreux, sanskrits, etc., dont ceux de Pythagore, Platon, Sushruta, Hippocrate, Aristote, Euclide, Charaka, Ptolémée, Claude Galien, Plotin, Âryabhata et Brahmagupta au monde arabo-musulman. Les traductions s’accompagnaient de réflexions, de commentaires, et ont données lieux à une nouvelle forme de littérature
Au Xe siècle, le calife omeyyade Al-Hakam II développe une bibliothèque avec un réseau de libraires-copistes à Cordoue.
En 1004 le sixième calife fatimide Al-Hakim bi-Amr Allah fonde la Maison du savoir, le Dar al-Hikma du Caire
Au XIVe siècle, le sultan mérinide Abu Inan Faris, fonde à Fès la bibliothèque rattachée à la medersa.
La plus ancienne de ces maisons, particulièrement active, est la bibliothèque personnelle du calife abbasside Haroun ar-Rachid de Bagdad qui s'ouvre aux savants probablement avant 830, sous le règne d'Al-Mamun. Astronomes, mathématiciens, penseurs, lettrés, traducteurs, la fréquentent, et parmi eux, al-Khwarizmi, al Kindi, Al-Hajjaj ibn Yusuf ibn Matar, Hunayn ibn Ishâk al Ibadi et Thābit ibn Qurra.
Elle continue de se développer sous les califes Al-Mutasim et Al-Wathiq, mais semble décliner sous le règne d'Al-Mutawakkil. Sous le nom d'Hizanat al-Ma'mun, elle restera cependant ouverte au moins jusqu'au Xe siècle, peut-être même jusqu'à la destruction des bibliothèques de Bagdad, en 1258.
À propos du Bayt al-Hikma de Bagdad, M.-G. Guesdon conclut (en 1992, p. 150) qu'« appuyé sur la culture des communautés en présence plus que sur un modèle ancien, il fut [...] une appropriation active, donnant lieu à une création originale, dont les raisons tenaient tant à la continuité humaine et culturelle d'une région qu'aux problèmes posés par l'islamisation de la société. »
La Maison de la sagesse du IXe siècle a laissé place à un institut de recherche. L'ancienne madrasa médiévale n'existe plus et le centre de recherche contemporain fut en partie détruit lors de la guerre d'Irak de 2003.