Mouvement brownien - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Approche mathématique

Notion de processus stochastique

La difficulté de modélisation du mouvement brownien réside dans le fait que ce mouvement est aléatoire et que statistiquement, le déplacement est nul : il n'y a pas de mouvement d'ensemble, contrairement à un vent ou un courant. Plus précisément :

  • à un instant donné, la somme vectorielle des vitesses de toutes les particules s'annule (il n'y a pas de mouvement d'ensemble) ;
  • si l'on suit une particule donnée au cours du temps, le barycentre de sa trajectoire est son point de départ, elle « virevolte » autour du même point.

Il est difficile dans ces conditions de caractériser le mouvement. La solution fut trouvée par Louis Bachelier, et présentée dans sa thèse soutenue le 29 mars 1900. Il démontra que ce qui caractérise le mouvement, ce n'est pas la moyenne arithmétique des positions <X> mais la moyenne quadratique \sqrt{\langle \, X^2 \, \rangle \ }  : si x(t) est la distance de la particule à sa position de départ à l'instant t, alors :

\langle \, X^2(t) \ \rangle \ = \ \frac{1}{t} \int_{ 0}^{t} x^2(\tau) \ d \tau

On démontre que le déplacement quadratique moyen est proportionnel au temps :

 \langle \, X^2(t) \ \rangle \ = \ 2 \, d \, D \, t

d est la dimension du mouvement (linéaire, plan, spatial), D le coefficient de diffusion, et t le temps écoulé.

Définition mathématique

On peut définir de façon formelle un mouvement brownien: c'est un processus stochastique (B_t)_{(t \ge 0)} dont les accroissements disjoints sont indépendants et tels que Bt + sBt suit une loi normale de moyenne nulle et de variance s.

Cette définition permet de démontrer des propriétés du mouvement brownien, comme par exemple sa continuité (presque sure), le fait que presque surement, la trajectoire n'est différentiable nulle part, et de nombreuses autres propriétés.

On pourrait également définir le mouvement brownien par rapport à sa variation quadratique moyenne. Cette définition, classiquement appelée théorème de Levy, donne la caractérisation suivante: un processus stochastique à trajectoires continues dont la variation quadratique est t est un mouvement brownien. Ceci se traduit mathématiquement par le fait que pour une filtration donnée, (B_t)_{(t \ge 0)} et (B_t^2-t)_{(t \ge 0)} sont des martingales.

Construction mathématique

En essayant de formaliser le Mouvement Brownien, on peut construire ce dernier suivant deux methodes.

Au moyen du Théorème de Consistance de Kolmogorov :

Soit (f_t)_{t\in{\mathbb{R}}_+} une famille de fonctions à valeurs réelles appartenant à L^2({\mathbb{R}}_+) . Posons alors :

\forall(u,v)\in{\mathbb{R}}_+\text{, }s(u,v)={\langle f_u,f_v \rangle}_{L^2({\mathbb{R}}_+)}=\int_{\mathbb{R}_+} f_u(x)f_v(x)dx

Alors, la fonction satisfait la propriété suivante :

\forall k\in\mathbb{N}^* et tous t_1, ..., t_k\in\mathbb{R}_+ , la matrice \left(s(t_i,t_j)\right)_{1\leq i,j\leq k} est symétrique et semi-définie positive.

Au moyen du Theoreme de Consistance de Kolmogorov, on peut construire un processus gaussien \{Y_t\}_{t\in\mathbb{R}_+} dont la fonction moyenne m est arbitraire et dont la fonction de covarianace est s définie au dessus.

Lorsque (f_t)_{t\in{\mathbb{R}}_+}=\left(\sqrt{c}.1\!\!1_{[o,t]} \right)_{t\in\mathbb{R}_+} c > 0 est une constante ne dépendant pas de t et où 1\!\!1_{[o,t]} est la fonction indicatrice sur [o,t]. Il résulte alors de l'expression de s que pour tout (u,v)\in{\mathbb{R}^2}_+  :

s(u,v)=c\int\limits_{\mathbb{R}}1\!\!1_{[o,u]}(s)1\!\!1_{[o,v]}(s)ds=\text{c.min}(u,v)

Dans ce cas la, la matrice \left(s(t_i,t_j)\right)_{1\leq i,j\leq k} est symétrique et définie positive pour tout k\in\mathbb{N}^* et t1,...,tk 2 à 2 distincts.

On dit qu'un processus gaussien à valeur réelle indexé par \mathbb{R}_+ est un Mouvement Brownien (MB) lorsque le processus est centré (ie. l'application t \mapsto \mathbb{E}X_t est nulle indentiquement) et que sa fonction de covariance s est donnée ci-dessus. D'habitude, un MB est noté par \{B_t\}_{t\in\mathbb{R}_+} . Signalons que c = Var(B1). Lorsque que c = 1, le MB est dit Mouvement Brownien Standard.

Au moyen d'une serie aléatoire :

Proprietés du Mouvement Brownien

  1. Le MB part toujours de 0 (ie. on a B0 = 0 p.s.).
  2. Les accroissements du MB sont indépendants : pour tout \forall k\in\mathbb{N}^* et pour tous réels t1,...,tk vérifiant 0 \leq t_1 \leq t_2 \leq ... \leq t_{k-1} \leq t_{l} , les variables aléatoires gaussiennes B_{t_1}-0, B_{t_2}-B_{t_1}, ..., B_{t_{k}}-B_{t_{k-1}} sont mutuellement indépendants.
  3. Pour tous c\in\mathbb{R}_+ , on a : \mathbb{E}|B_s-B_t|^2=c|s-t| .
  4. Le MB est à accroissement stationnaire. Cela signifie que pour tout t, h\in\mathbb{R}_+ , les variables aléatoires B_{t_{t+h}}-B_{t} et B_{t_{h}}-B_{0} sont de même loi.

Formule d'Einstein

La formule précédente permet de calculer le coefficient de diffusion d'un couple particule-fluide. En connaissant les caractéristiques de la particule diffusante ou du fluide, on peut en déduire les caractéristiques de l'autre. En connaissant les caractéristiques des deux, on peut évaluer le nombre d'Avogadro à l'aide de la formule d'Einstein (1905) :

D = \frac{\mathcal{R}}{6 \pi \mathcal{N}_A} \cdot \frac{T}{\eta r}\,

T\, est la température, \eta\, la viscosité du fluide, r\, le rayon de la particule, \mathcal{R}\, la constante des gaz parfaits et \mathcal{N}_A\, le nombre d'Avogadro : le physicien Jean Perrin évalua ce dernier nombre en 1908 grâce à cette formule.

Considérations énergétiques

La quantité d'énergie mise en œuvre par le mouvement brownien est négligeable à l'échelle macroscopique. On ne peut pas en tirer de l'énergie pour réaliser un mouvement perpétuel de seconde espèce, et violer ainsi le deuxième principe de la thermodynamique.

Toutefois, il a été démontré que certains processus biologiques à l'échelle cellulaire peuvent orienter le mouvement brownien afin d'en soutirer de l'énergie.Cette transformation ne contrevient pas au deuxième principe de la thermodynamique tant et aussi longtemps qu'un échange de rayonnement peut maintenir la température du milieu donc la vitesse moyenne des particules. Il faut aussi considérer que la dissipation de ce mouvement brownien sous forme d'énergie utilisable engendre une croissance de l'entropie globale du système (ou de l'univers).

Page générée en 0.104 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise