Opéra Le Peletier - Définition

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Introduction

Opéra Le Peletier
Opéra de Paris
L'Académie impériale de musique vers 1865

Type Opéra
Lieu Paris
Architecte(s) François Debret
Inauguration 19 août 1821
Fermeture 28 octobre 1873
Capacité 1 800
Anciens noms Académie royale de musique (1821 à 1848),
Académie nationale de musique (1848 à 1851),
Académie impériale de musique (1852 à 1870),
Académie nationale de musique (1871 à 1873).
Résidence
Opéra national de Paris

L’Opéra Le Peletier fut la salle d’opéra de Paris de 1821 à 1873.

Il était situé au 12 de la rue Le Peletier dans l'actuel 9e arrondissement de Paris, près du boulevard des Italiens et à proximité de l'actuel hôtel Drouot. Il fut détruit par un incendie dans la nuit du 28 au 29 octobre 1873.

Son nom officiel, gravé sur la façade, fut successivement : Académie royale de musique, de 1821 à 1848 ; Académie nationale de musique, de 1848 à 1851 ; Académie impériale de musique, de 1852 à 1870, et de nouveau Académie nationale de musique, de 1871 à 1873.

Historique

Construction

Edgar Degas, Le Foyer de la danse à l'Opéra de la rue Le Peletier (1872)
  • Période de construction : un an (13 août 1820-19 août 1821)
  • Architecte : François Debret
  • Emplacement : « La salle a été bâtie sur l'emplacement d'une partie des jardins de l'hôtel que le financier Laborde avait fait construire pour son usage personnel, vers 1785, dans la rue alors appelée de la Grange-Batelière (aujourd'hui rue Drouot). Laborde céda ensuite au duc de Choiseul cet hôtel, qui fut occupé en 1793 par le ministre de la guerre et, en 1804, par le gouverneur de Paris. L'hôtel est encore affecté à l'administration de l'opéra. » (1868). De forme rectangulaire, l'opéra comprenait :
    • à l'ouest : la façade, sur un petit côté, rue Le Peletier ; elle était ornée de huit statues (huit Muses ; celle de la musique manquait) ;
    • au nord : un grand côté donnant sur le trottoir sud de la rue Pinon (aujourd'hui rue Rossini) ;
    • à l'est : le petit côté arrière, limité par un passage, sombre et humide, qui servait d'entrée aux artistes. Ce passage, perpendiculaire à la rue Pinon, se situait approximativement à mi distance entre les deux rues actuelles Chauchat et Drouot.
    • au sud : un grand côté, bordé par le passage de l'Opéra amenant, par deux galeries parallèles, jusqu'au boulevard des Italiens.
  • Bâtiment : comme il s'agissait d'une salle provisoire (qui fut utilisée finalement plus d'un demi-siècle !), on réutilisa les matériaux de la salle Montansier (opéra de la rue de Richelieu), rasée sur ordre de Louis XVIII après l'assassinat du duc de Berry : les colonnes, le devant des loges, la coupole, les corniches, etc.. La construction était légère :
« Pour les spectateurs assis au parterre, la salle Le Peletier est absolument la même que la salle Richelieu, seulement on a donné six places de plus à l'ouverture de l'avant-scène. Le théâtre est beaucoup plus profond que l'ancien, les corridors plus larges, une immense galerie servant de foyer au public ; telles sont les améliorations que l'on remarque dans la nouvelle salle ; mais gare à l'incendie ! Il serait effroyable. Cet édifice, n'ayant pas de murs pour contenir le feu, formera cheminée,... »
  • Éclairage : au gaz (hydrogène).
  • Acoustique : « La salle de l'opéra est grande, riche, bien distribuée, a de vastes dégagements. Comme la construction en est extrêmement légère, elle est d'une remarquable sonorité. »
  • Nombre de places : environ 1800.
Edgar Degas, Répétition de ballet (1873)
Edgar Degas, La Classe de danse (1875)

Inauguration de la salle

L'inauguration de la salle eut lieu le jeudi 16 août 1821, avec le programme suivant : Les Bayadères, opéra en trois actes de Charles Simon Catel sur un livret d'Étienne de Jouy d'après Voltaire et Le Retour de Zéphire, ballet en un acte de Pierre Gardel et Daniel Steibelt (1802).

Créations

Opéras

La grande salle en 1864.

C'est à l'Opéra Le Peletier qu'ont été créés, entre autres, les opéras suivants :

  • Le Siège de Corinthe de Gioachino Rossini (9 octobre 1826) ;
  • Moïse et Pharaon de Rossini (26 mars 1827) ;
  • La Muette de Portici de Daniel-François-Esprit Auber (29 février 1828) ;
  • Le Comte Ory de Rossini (20 août 1828) ;
  • Guillaume Tell de Rossini (3 août 1829) ;
  • Robert le Diable de Giacomo Meyerbeer (21 novembre 1831) ;
  • Gustave III ou le Bal masqué d'Auber (27 février 1833) ;
  • La Juive de Jacques Fromental Halévy (23 février 1835) ;
  • Les Huguenots de Meyerbeer (29 février 1836) ;
  • Guido et Ginevra ou la Peste de Florence d'Halévy (5 mars 1838) ;
  • Benvenuto Cellini d'Hector Berlioz (3 septembre 1838) ;
  • Le Lac des fées d'Auber (1er avril 1839) ;
  • Les Martyrs de Gaetano Donizetti (10 avril 1840) ;
  • La Favorite de Donizetti (2 décembre 1840) ;
  • La Reine de Chypre d'Halévy (22 décembre 1841) ;
  • Charles VI d'Halévy (15 mars 1843) ;
  • Dom Sébastien, roi de Portugal de Donizetti (13 novembre 1843) ;
  • Jérusalem de Giuseppe Verdi (26 novembre 1847) ;
  • Le Prophète de Meyerbeer (16 avril 1849) ;
  • L'Enfant prodigue d'Auber (6 décembre 1850) ;
  • Les Vêpres siciliennes de Verdi (13 juin 1855) ;
  • Le Trouvère de Verdi, version française (12 janvier 1857) ;
  • Tannhäuser de Richard Wagner, version « de Paris » (13 mars 1861) ;
  • L'Africaine de Meyerbeer (28 avril 1865) ;
  • Don Carlos de Verdi (11 mars 1867) ;
  • Hamlet d'Ambroise Thomas (9 mars 1868) ;
  • Faust de Gounod, seconde version avec ballet (3 mars 1869).

Ballets

Les premières ballerines de l'Opéra de Paris en 1832.
  • La Sylphide (12 mars 1832), chorégraphie Adolphe Nourrit et Filippo Taglioni ; musique Jean Madeleine Schneitzhoeffer
  • La Fille du Danube (21 septembre 1836), chorégraphie Filippo Taglioni ; musique Adolphe Adam
  • Le Diable amoureux (23 septembre 1840), chorégraphie Joseph Mazilier et de Saint-George ; musique Francois Benoist et Napoléon Henri Reber
  • Giselle, ou les Willis (28 juin 1841), de Théophile Gautier, chorégraphie Jean Coralli et Jules Perrot ; musique Adolphe Adam (et Friedrich Burgmüller)
  • La Péri (22 février 1843), chorégraphie Jean Coralli ; musique Friedrich Burgmüller
  • Le Diable à quatre (11 août 1845), d'Adolphe de Leuven, chorégraphie et Joseph Mazilier ; musique Adolphe Adam
  • Paquita (1er avril 1846), chorégraphie Paul Foucher et Joseph Mazilier ; musique Edouard Deldevez
  • Le Corsaire (23 janvier 1856), chorégraphie de Saint-Georges et Joseph Mazilier ; musique Adolphe Adam
  • Le Papillon (26 novembre 1860), chorégraphie de Saint-Georges et Marie Taglioni ; musique Jacques Offenbach
  • La Source (12 novembre 1866), chorégraphie Charles Nuitter et Arthur Saint-Léon ; musique Léo Delibes et Léon Minkus
  • Coppélia (25 mai 1870), chorégraphie Charles Nuitter et Arthur Saint-Léon, musique Léo Delibes

Événements marquants

  • 1822. Le 6 février 1822, le gaz fut utilisé pour la première fois pour éclairer les effets de scène, dans Aladin ou la Lampe merveilleuse, opéra-féérie en cinq actes de Nicolas Isouard et de Benincori, livret de Charles-Guillaume Étienne.
  • 1831-1835. C'est à l'époque du docteur Louis Véron que le foyer fut ouvert aux abonnés et qu'eurent lieu les grands bals masqués de l'époque romantique, dirigés par Philippe Musard.
  • 1858. C'est devant l'entrée de l'opéra où ils se rendaient en calèche, le 14 janvier 1858, que l'empereur Napoléon III et l'impératrice Eugénie subirent l'attentat d'Orsini. Les bombes que cet indépendantiste italien et ses deux complices lancèrent sur le cortège firent de nombreuses victimes et des dégâts importants, mais le couple impérial s'en sortit indemne et put se montrer à sa loge (voir le récit détaillé). Le spectacle continua selon le programme prévu, composé pour honorer le baryton Eugène Massol qui prenait sa retraite : fragments du deuxième acte de Guillaume Tell de Rossini ; dernier acte de Marie Stuart, tragédie en cinq actes de Schiller ; extraits du ballet Gustave III ou le Bal masqué d'Auber (pas « chinois », pas « nouveau », pas « du Cheval de bronze »). C'est deux jours après l'attentat que Wagner arrive à Paris ; c'est son sixième séjour en France, au cours duquel il rend visite à Hector Berlioz, qui lui lit le poème des Troyens
  • 1861. Dans la nuit du 19 au 20 juillet, au moment de la sortie des spectacles, un incendie s'est déclaré dans le bâtiment du magasin de décors de la rue Richer, à l'angle de la rue du Faubourg-Poissonnière. Avec le bâtiment, disparurent 133 décors complets, dont ceux de Sémiramis, de La Juive, d’Orfa, de La Magicienne, de La Reine de Chypre, de La Sylphide, de Tannhäuser. Quelques-uns furent préservés, car ils étaient alors à l'opéra, notamment ceux de : Robert le Diable, Les Huguenots, Le Prophète, Herculanum, La Favorite.
  • 1862. Le 15 novembre 1862, lors d'une répétition du ballet de La Muette de Portici, les vêtements de la danseuse Emma Livry prirent feu. Elle mourut après une agonie de huit mois.

Destruction

La salle fut totalement détruite dans la nuit 28 au 29 octobre 1873, par un incendie qui dura près de vingt-quatre heures et dont les causes sont restées inconnues.

  • On déplora un mort, le caporal de pompiers Bellet.
  • Furent anéantis, avec le bâtiment : la machinerie de la scène, le magasin d'accessoires, les armures, le mobilier du théâtre et de la salle, le matériel d'éclairage, les bustes du foyer, entre autres celui de Gluck, chef-d'œuvre de Houdon, la statue assise de Rossini qui se trouvait derrière le contrôle, des instruments de musique ;
  • Furent préservés, grâce à Charles Nuitter, l'archiviste, et à M. Cœdès, le souffleur : tous les papiers historiques de la maison, les livrets, les partitions, la collection des affiches depuis l'an XII, le recueil des états d'émargement depuis 1749 contenant les autographes des artistes.

La destruction de l'Opéra Le Peletier eut plusieurs conséquences notables :

  • la construction de l'Opéra Garnier reprit activement, pour s'achever un an plus tard ; la nouvelle salle d'opéra de Paris fut inaugurée le 5 janvier 1875. Durant l'année d'attente (1874), les représentations eurent lieu à la salle Ventadour.
  • on en tira l'idée d'un réseau de bouches à incendie réparties sur les boulevards et artères de la ville.
  • la place libérée permit un réaménagement du quartier, qui dura jusqu'en 1927 et qui comprit :
  • le percement des derniers tronçons du boulevard Haussmann, jusqu'à son extrémité orientale, le carrefour Richelieu-Drouot, où il croise la rue Drouot et rejoint le boulevard Montmartre et le boulevard des Italiens ;
  • la démolition du passage de l'Opéra ;
  • le prolongement de la rue Chauchat au sud de la rue Rossini jusqu'au boulevard Haussmann.
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