Place des Cocotiers | |
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Situation | |
Pays | France |
Région | Nouvelle-Calédonie |
Ville | Nouméa |
Morphologie | |
Type | Place |
Forme | Rectangulaire |
Longueur | 400 m |
Largeur | 100 m |
Superficie | 40 000 m2 |
Histoire | |
Anciens noms | Jardin de la Troupe |
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La place des Cocotiers est une place à Nouméa, située en plein cœur de son centre-ville, à l'ouest de la presqu'île. C'est le véritable centre de la ville, point de rencontre pour de nombreux Nouméens et bordées de commerce. Son centre, incarné par la fontaine Céleste, sert de point 0 au kilométrage des routes de Nouvelle-Calédonie. Il s'agit d'une assez vaste esplanade de 4 ha environ, de forme rectangulaire mesurant environ 100 m de largeur (du nord au sud) pour 400 m de long (d'est en ouest), entièrement piétonne mais délimitée par plusieurs grandes artères, toutes à sens unique.
Les automobiles circulaient, depuis 1977, dans le sens contraire des aiguilles d'une montre autour de la place. Toutefois, un nouveau plan de circulation dans le centre-ville a été mis en place entre septembre et novembre 2008 : les deux rues bordant la place au sud (rue Anatole France, dont la circulation se faisait avant dans le sens ouest-est) et au nord (la rue Jean Jaurès, qui reste dans le sens est-ouest) orientent désormais toutes deux les véhicules vers le port à l'ouest, avec une petite portion en double sens sur la rue Anatole France le long du coin sud-est de la place. De même les portions des rues du général Mangin (à l'ouest, le long de la mairie, inchangée) et de Sébastopol (à l'est, dont le sens a été inversé) circulent désormais toutes deux du nord vers le sud. Il n'est donc plus désormais possible pour un automobiliste de faire le tour complet de la place.
En 1855, un an après la création de Port-de-France qui n'est encore qu'un petit centre militaire devant servir de chef-lieu pour la nouvelle colonie, l'ingénieur du Génie Paul Coffyn se voit confier la mission de dessiner le premier plan d'urbanisme de la future ville. Celui-ci prévoit alors la création d'une place à l'emplacement de l'esplanade actuelle, et qui est alors occupé par la mer, sous le nom de « Place Napoléon III ». Mais il faudra attendre de nombreuses années pour voir ce projet réaliser.
Les premiers remblais réalisés, la première place est créée sous le nom de Jardin de la Troupe ou Jardin de l'Infanterie de Marine, aujourd'hui appelée place Feillet située à l'extrémité est de l'actuelle place des Cocotiers, en 1861. Elle est alors bordée par la mer et par des marécages. Les militaires qui furent donc les premiers propriétaires de cette place y plantèrent de nombreux arbres, dont des cocotiers, ce qui la fait très vite appelée par les habitants « place des Cocotiers ». Ainsi, ce nom est mentionné dès un arrêté du maire de l'époque approuvé par le gouverneur le 22 mai 1875, traitant des « plaintes qui ont été faites au sujet des émanations qui s'élèvent de la place dite des Cocotiers » et interdisant alors d'y « jeter des immondices, de quelque nature qu'elles soient ». Cette première partie de l'actuelle place des Cocotiers n'est entièrement remblayée qu'en 1878, date à laquelle le conseil municipal décide d'y construire un kiosque à musique inauguré en 1883. Celui-ci, en mauvais état, fut entièrement reconstruit à l'identique mais en houp imputrescible en 1986, seule la lyre en métal le surmontant étant d'origine, et reste aujourd'hui l'un des principaux symboles de l'architecture coloniale du XIXe siècle et l'un des lieux symboliques de la place. En 1903, suite au décès du gouverneur Paul Feillet qui a alors particulièrement marqué la colonie pour avoir notamment mis fin au bagne, cet espace prend son nom actuel de « place Feillet ».
La continuation des remblais permis également d'aménager à côté de ce Jardin de la Troupe et future place Feillet un autre espace, baptisé tout d'abord place des Jeux puis, à partir de 1885, place Courbet là encore en l'honneur d'un ancien gouverneur récemment décédé, à savoir Amédée Anatole Courbet (1827-1885) qui dirigea la colonie de 1880 à 1882. En 1892, il est décidé que cette place soit traversée par une voie de circulation, la rue de Rivoli (qui porte aujourd'hui le nom de rue Georges-Clemenceau), qui prend la forme alors d'un carrefour giratoire. En son centre est hissée le 2 septembre 1893 et inaugurée lors du 40e anniversaire de la prise de possession de la Nouvelle-Calédonie par la France le 24 septembre suivant une fontaine monumentale haute de 8 m. Elle fut sculptée en pierres provenant d'une carrière voisine par un artiste local, Paul Mahoux, et hissée et élevée grâce à l'emploi de la main d'œuvre pénale. Cette fontaine fit scandale à l'époque, représentant alors une femme à demi-nue dont le modèle, Céleste Ben Yamina, était d'origine arabe. Cette dernière a depuis donné son nom à la sculpture, la Fontaine Céleste étant devenue aujourd'hui, avec le kiosque à musique, l'autre symbole de la place des Cocotiers (classé aujourd'hui comme monument historique) ainsi que le point 0 du kilométrage routier en Nouvelle-Calédonie. Quoi qu'il en soit, ce rond-point divise alors l'ancienne place Courbet : la moitié est, comprise entre la fontaine et la place Feillet, conserve le nom de place Courbet, tandis que la partie ouest devient en 1933 la place de la Marne.
Enfin, le centre-ville est totalement remblayé suite aux travaux de l'ingénieur-voyer Edouard Pouillet, ce qui permet en 1892 d'aménager la dernière partie de la place des Cocotiers, à son extrémité ouest. Il s'agit alors d'un jardin botanique recouvert d'une végétation tropicale dense et diversifiée qui prend le nom du maire de l'époque, Pierre Sauvan. Mais il va rapidement changer de nom, car dès 1893 il est question d'y ériger une statue représentant Jean-Baptiste Olry (1832-1890) qui fut gouverneur de 1878 à 1880 et considéré alors par la population nouméenne comme le sauveur de la colonie pour avoir été l'organisateur de la répression de la révolte kanak du grand-chef Ataï de 1878. Ce projet n'est pourtant repris qu'en 1895 lorsqu'il est révélé qu'une statue de l'ancien gouverneur, réalisée par Denys Puech sur des dessins de Paul Mahoux, avait été envoyée par sa famille et était restée oubliée sur les quais : la statue est alors inaugurée le 12 janvier 1897, et l'ancien Jardin Sauvan devient le square Olry. Son socle, exécuté à nouveau par Mahoux, était orné à l'origine d'un bas-relief en bronze représentant les Kanaks de la révolte jetant leurs armes au pied du gouverneur Olry en signe de soumission. Celui-ci a finalement été enlevé le 25 septembre 1974, après plusieurs manifestations des Jeunesses calédoniennes et des Foulards rouges pour critiquer le caractère « colonialiste » et « provocant » de ce bas-relief.