Le Savoia-Marchetti SM.82 Marsupiale était un avion italien de transport et de bombardement de la Seconde Guerre mondiale.
Il s'agissait d'un trimoteur monoplan à ailes cantilever et à train rentrant. Il fut construit à environ 720 exemplaires et entra en service en 1940. Cet appareil, qui illustre bien le concept italien de bombardier mixte était capable de transporter une charge de bombes de plus de 4000 kg et d'opérer sur de longues distances. Toutefois en raison de sa grande vulnérabilité à la D.C.A et à la chasse ennemie, il fut assez peu utilisé comme bombardier. En revanche, il se révéla un très bon avion de transport.
Après la guerre, une trentaine de SM.82 servirent dans l'Aeronautica Militare jusque dans les années 1960.
Développé à partir du SM.75 Marsupiale de transport civil, le SM.82 fut conçu pour remplir à la fois le rôle de bombardier lourd et d'avion de transport militaire. Il partage avec son aîné la même configuration mais il est plus grand et plus lourd que celui-ci. Le développement fut assez rapide et le prototype effectua son premier vol en 1939. Bien que lent et sous motorisé, le SM.82 était capable de transporter de lourdes charges et de parcourir de longues distances. En outre son large fuselage lui permettait d'embarquer des fardeaux encombrants. Certaines versions spécialement modifiées pouvaient accueillir par exemple un char léger L.3 ou un chasseur Fiat CR.32 démonté. Capable de transporter à la fois du fret et des hommes, il pouvait accueillir jusqu'à 40 soldats équipés.
Le SM.82 entra en service avec la Regia aeronautica en 1940. Toutefois, en raison d'une cadence de production très lente, celle ci ne put jamais disposer d'un nombre suffisant d'appareils en service. En effet, seulement une centaine d'avions par an furent livrés en 1940 et 1941. La production passa à 200 exemplaires par an à partir de 1942 et se poursuivit jusqu'en 1944, date à laquelle environ 700 machines avaient été livrées. À partir de l'armistice de 1943, les usines, qui se trouvaient sur le territoire de la R.S.I, passèrent sous contrôle allemand.
Le SM. 82 fut principalement utilisé en Afrique de l'Est et en Afrique du Nord par les Italiens. L'appareil s'illustra également dans des raids à long rayon d'action effectués par la Regia Aeronautica sur Gibraltar ou les raffineries du Moyen Orient. Après l'armistice de 1943, il fut utilisé à la fois par l'aviation co-belligérante et la Luftwaffe.
Le SM.82 commença sa carrière en transportant des troupes et leur matériel vers la Libye. La première mission eut lieu en juin 1940 quand 360 hommes du 61° Régiment d'Infanterie furent transportés en Libye. Les deux premiers escadrons opérant sur SM.82 ne disposaient alors en dotation que de trois appareils chacun. Les SM.82 opéraient initialement au sein du 149° Gruppo qui servait également sur SM.73 et SM.75. La première mission incluant les cinq SM.82 du Gruppo eut lieu le 17 juin 1940 et consistait à transporter 10 canons anti-char et 17 systèmes de communication radio. Le 24 juin, le Gruppo perdit son premier SM.82 lors d'une mission de ravitaillement en plein désert. Il y avait à cette date 11 appareil en service qui furent rejoints quelques semaines plus tard par un nouveau lot de 25 machines.
Au cours de l'été 1940, la Regia Aeronautica inaugura la carrière de bombardier du SM.82 par une série de bombardements sur la base britannique de Gibraltar. Pour ces missions à très long rayon d'action, les appareils étaient chargés avec 1000 kg de bombes. La première mission eut lieu le 17 juillet 1940. Trois SM.82 décollèrent de Guidonia à 19h40 et effectuèrent un vol de 1600 km jusqu'à leur objectif qu'ils atteignirent aux environs de 03h40. Un nouveau raid fut effectué au départ de Sardaigne afin de raccourcir la durée de vol, puis un autre le 20 août. Cette fois-ci, les appareils appartenaient à la 32° Escadrille de bombardement. Toutefois la mission ne se déroula pas comme prévu et un des deux avions fut abattu. Par conséquent, les deux appareils restant du 32° furent réaffectés à des unités de transport.
Cette même année, l'appareil s'illustra dans un autre raid très audacieux sur les raffineries anglaises de Manama, dans le Golfe Persique. La mission fut soigneusement planifiée et gardée secrète. Au milieu de l'été, trois appareils du 41° Groupe s'envolèrent pour Rhodes où ils furent rejoints par quatre autres en octobre. Quatre SM.82, chargés de 1500 kg de bombes chacun, décollèrent de Rhodes sous les ordres d'Ettore Muti et après un très long vol, larguèrent leur bombes sur l'objectif avant de mettre le cap sur Zula, où ils se posèrent sans encombres. La mission avait duré 15 heures et les avions avaient parcouru plus de 4200 km à la vitesse moyenne de 270 km/h, ce qui constituait à l'époque un record pour une mission de bombardement. Du côté des alliés la surprise fut totale et bien que les dommages causés ne furent pas très importants, le succès du raid les obligea à accroitre la défense aérienne du secteur, ce qui eut pour effet de diviser encore leurs maigres moyens.
Toutefois, le faible nombre de SM.82 disponibles ne permit pas aux Italiens d'utiliser l'appareil comme arme stratégique à une époque où l'opposition aérienne au dessus du Moyen-Orient était encore faible et les raids à long rayon d'action ne furent bientôt qu'un mauvais souvenir pour les Anglais. Quelques missions de bombardement en solitaire (6) eurent lieu en octobre et en novembre, principalement contre Alexandrie, toutes effectuées par les appareils du 114° Gruppo, mais tous leurs appareils étaient déjà détruits lorsque débuta l'opération Compass en décembre.
Le besoin en avions de transport était tel, qu'a l'exception de quelques missions spéciales, comme le largage de parachutistes, le SM.82 fut quasi exclusivement utilisé dans ce rôle. Il se révéla particulièrement essentiel pour maintenir le contact avec l'Afrique orientale italienne qui se retrouvait de plus en plus isolée à mesure que la guerre avançait. Sa grande autonomie et sa capacité d'emport en faisaient l'appareil italien le mieux adapté au soutien des troupes italiennes opérant sur ce théâtre. Le 149° Gruppo effectua de nombreuses missions au dessus de l'Adriatique et vers l'Éthiopie en dépit du fait que les pilotes se montrèrent très sceptiques quant à la faisabilité d'une telle mission, convaincus qu'ils étaient que les forts vent contraires ne permettraient pas à leurs lentes machines de retourner en Libye... Le premier vol vers Asmara (Érythrée) eut lieu le 27 juillet 1940 au départ de Benghazi (Libye) et se déroula sans problèmes. Le premier incident survint au quatrième vol lorsque le SM.82 n° MM.60277 fut détruit à l'atterrissage après une sortie de piste. Le 149° Gruppo effectua 330 missions avec ses SM.82, SM.75 et SM.83. À la fin de 1940, les SM.82 à eux seuls avaient effectué 5187 heures de vol et transporté 16267 passagers ainsi que 2247 tonnes de matériel. Pour les missions vers l'Afrique de l'Est, les appareils étaient équipés d'un réservoir supplémentaire de 1300 l.
Une autre mission dans laquelle s'illustra le SM.82 fut le transport d'avions de chasse Fiat CR.42 à destination de l'Afrique orientale italienne. La première mission de ce type eut lieu le 23 aout 1940. En avril 1941, 51 Falco et 51 moteurs de rechange avaient été livrés. Tous les efforts des équipages de SM.82 ne purent toutefois éviter l'Afrique orientale italienne de tomber aux mains des Alliés et le 18 mai 1941 le Duc Amédée de Savoie-Aoste capitulait devant le général Mayne à Amba Alagi, scellant le sort des ambitions coloniales italiennes en Afrique de l'Est.
La section spéciale de bombardement fut constituée le 10 avril 1941 avec seulement deux SM.82. Cinq autres machines furent prises en compte ultérieurement. Cette unité ne réalisa que quelques missions de bombardement, y compris deux sorties sur Alexandrie en mai et juin, avant d'être réassignée à des missions de transport.
Le 146° Gruppo, constitué le 1 mars 1941, reçut quant à lui 17 SM.82, un SM.79 et un Ca 164. Il fut principalement impliqué dans des missions de transport vers la Libye, conjointement avec les 145° et 149° Gruppo. En mai 1941, lors de la guerre anglo-irakienne, les Irakiens demandèrent de l'aide à leurs alliés de l'axe et ces unités effectuèrent plusieurs vols vers l'Irak via la Syrie, transportant quelques 18 tonnes de matériel et 25 personnes.
Toujours en 1941, le 37° Gruppo reçut des SM.82. En 1942 ce fut au tour des 18° puis 44°, 45° et enfin 48° Alla d'être transformées sur cet appareil. À partir de la fin 1942 les SM.82 effectuèrent un pont aérien incessant entre l'Italie et la Tunisie dans un effort désespéré pour soutenir les forces de l'axe qui se battaient encore sur ce théâtre. Le pont aérien dura jusqu'en avril 1943, date à laquelle l'Opération Flax y mit un terme.
Les unités servant sur SM.82 subirent tout au long de la campagne nord africaine de pertes particulièrement élevées, qui s'expliquent d'une part par la vulnérabilité de l'avion face à la chasse ennemie et d'autre part par la domination sans cesse croissante des Alliés dans le ciel de Méditerranée. L'appareil était également vulnérable au sol. Ainsi, en décembre 1941, un raid effectué par des Bristol Blenheims contre l'aérodrome de Castelvetranno détruisit six machines. Les pertes subies dans les derniers mois de la campagne nord-africaine furent terribles. Les SM.82 furent utilisés sans relâche pour convoyer des troupes et du matériel vers l'Afrique et ce bien que l'issue de la campagne ne fasse déjà plus de doute après la perte d'El Alamein. Entre novembre 1942 et avril 1943 ce ne furent pas moins d'une centaine de SM.82 qui furent abattus ou détruits au sol. Parmi tout les dangers qui menaçaient les lourds et lents trimoteurs italien tout au long de leur vol vers la Libye, les Bristol Beaufighters de la Royal Air Force étaient parmi les plus redoutable. Ces chasseurs lourds bimoteurs possédaient à la fois l'autonomie nécessaire pour patrouiller le long des routes suivies par les Italiens et un armement particulièrement puissant leur permettant d'abattre sans peine n'importe quel adversaire. Ainsi, le 2 novembre 1942, sept SM.82 ( ou six en fonction des sources) furent forcés d'atterrir ou de s'abimer au sol par seulement trois Beaufighters. Le 12 novembre, six Beaufighters en abattirent cinq autres. Le 22 novembre, une formation de dix SM.82 fut attaquée par trois Beaufighters. L'attaque causa beaucoup de dégâts et la plupart des soldats transportés par les appareils italiens furent tués ou blessés. Sept autres SM.82 furent détruits le 10 avril 1943, puis quatre le 16 avril. Le 19 avril ce ne furent pas moins de 12 SM.82, un SM.75 et trois Fiat G.12 qui furent abattus ou forcés à atterrir.
Au fur et à mesure que les alliés renforçaient leurs positions en Méditerranée, ils exerçaient une pression sans cesse croissante sur les aérodromes d'où opéraient les forces aériennes de l'axe. Ainsi cinq SM.82 furent détruits lors d'une attaque sur le terrain de Benina ( 19 km à l'est de Benghazi), trois lors de l'attaque sur l'aérodrome de Tunis le 22 janvier 1943 et trois autres lors de l'attaque du 24 mars sur le même aérodrome. À Castelvetrano, ce furent onze SM.82 qui furent détruits le 13 avril. Au cours des raids sur Rome qui eurent lieu le 19 juillet 1943, huit SM.82 furent détruits et sept endommagés lors de l'attaque sur le terrain d'Urbe. L'attaque sur Ciampino se solda par quatre SM.82 détruits et quatorze endommagés. Cela porte à 33 le nombre de Marsupiale mis hors de combat ce seul jour.
Les Italiens ripostèrent à l'avance alliée avec les moyens du bord. Pour les équipages de SM.82 cela se traduisit par des missions de harcèlement effectuées sur leur vulnérables machines. Ainsi, le 145° Gruppo, une unité de transport, se vit équipée de quelques SM.82 en version de bombardement. En juin 1942 elle effectua quatre sorties nocturnes sur des objectifs situés en Égypte et en Marmarique et le 3 juillet, un avion isolé fit un raid sur l'aérodrome de El Haman en Libye. Quatre autres machines opérèrent depuis Rhodes pour bombarder Alexandrie. Toutefois après seulement quatre missions les quatre appareils furent retirés du service. Ces sorties de harcèlement, menés par un faible nombre d'appareils, voire des appareils isolés emportant à chaque fois une faible charge de bombes n'eurent pas d'effet sur l'issue de la campagne alliée dans la mesure ou les dégâts provoqués étaient faibles mais elles obligèrent néanmoins les Alliés à consacrer plus de moyens qu'ils ne l'auraient voulu à la défense aérienne de leurs installations. C'était bien entendu la raison pour laquelle les Italiens continuèrent de monter ce type d'opérations. tout au long de la guerre en dépit de leur faible fréquence (moins de 100 en trois années) Ces sorties étaient le plus souvent effectuées par les aviateurs les plus expérimentés et les plus qualifiés de la Regia Aeronautica
En juillet 1943, des SM.82 effectuèrent leurs dernières missions sous les couleurs de la Regia Aeronauticaen bombardant les plages de Sicile dans l'espoir d'empêcher les débarquements alliés comme à Comiso où 20 bombes à sous munitions furent larguées.