Sidaction est aujourd'hui un acteur important dans de nombreux pays en développement. L'appui cible en premier lieu les acteurs locaux de la lutte contre le sida issus du monde communautaire et vise à renforcer la durabilité de leurs actions : aide à la structure des centres de soins, prise en charge globale des malades du sida, accès aux traitements.
L'aide directe aux malades est privilégiée à travers des programmes de pharmacies communautaires, de soutiens aux femmes et aux enfants, d'appui aux orphelins, etc.
Les cibles prioritaires sont les populations les plus pauvres, les plus vulnérables et les plus difficiles à atteindre. Dans un contexte d'élargissement de l'accès aux traitements, les programmes internationaux de Sidaction développent une assistance sur la question des ressources humaines et une offre originale dans le domaine de la formation et du conseil.
Les programmes internationaux reçoivent le soutien du Ministère des Affaires étrangères, de la Mairie de Paris, de MAC Fund, de l'ONUSIDA et de l'ANRS.
L'engagement de Sidaction est le plus important en termes de budget et de partenariat parmi les associations françaises de lutte contre le sida.
En 2007, Sidaction a apporté un soutien à 111 programmes mis en place par 66 structures, dans 29 pays.
En 2007, les programmes internationaux de Sidaction ont poursuivi leur soutien structurel à des dizaines d’associations, ce qui représente une action primordiale pour ces associations. En effet, les activités des associations, notamment celles de prise en charge médicale et psychosociale se font dans des locaux, dont le loyer et les frais de fonctionnement peuvent représenter une partie conséquente du budget de l’association. Pourtant, on constate que rares sont les bailleurs qui acceptent de financer ces charges. Sidaction s’est donc engagé à soutenir les frais de structure de ses associations partenaires. Sidaction va même plus loin ; en 2007, des aides exceptionnelles ont été allouées à plusieurs associations afin de construire des locaux pour des projets précis ou encore pour faire des travaux d’aménagement indispensables à la bonne mise en place des activités.
Cela a été le cas pour l’association Kenedougou Solidarité, qui a bénéficié d’un soutien exceptionnel afin de procéder aux travaux de réhabilitation de leur nouveau local, qui regroupe désormais les services administratifs de l’association ainsi que le centre de prise en charge. L’installation du réseau téléphonique, du réseau Internet, les installations électriques et de plomberie ont pu être réalisées grâce au soutien de Sidaction.
Au Burundi, c’est un projet inter-associatif qui a pu voir le jour. Les trois associations partenaires de Sidaction (la SWAA, l’APECOS et l’ANSS) ont décidé de construire des maisons afin d’accueillir des enfants sans logement. Ces maisons abritent des orphelins pris en charge dans le cadre des programmes soutenus par Sidaction auprès des trois associations.
Avec l’Appel d’Offres International, depuis plus de 10 ans, Sidaction met à disposition du monde communautaire une ressource financière importante (près de 1,2 M€ en 2007), en augmentation constante depuis quatre ans. Cet outil financier a permis aussi bien le renforcement structurel des associations que le financement d’aides directes aux malades.
Les ressources humaines représentent un élément clé pour garantir une prise en charge de qualité pour les personnes vivant avec le VIH dans l’ensemble des pays où Sidaction soutient des associations de lutte contre le sida. Pour cela, ces ressources humaines doivent être correctement rémunérées et pouvoir bénéficier de formations leur permettant d’améliorer leurs pratiques professionnelles.
Sidaction s’est engagé dans cette voie depuis de nombreuses années, en contribuant à la prise en charge financière des salaires des membres des équipes associatives, puis en finançant des projets de formation à destination des professionnels du domaine médical ou psychosocial. Cette dernière initiative a été complétée en 2005 par la création d’une unité de formation permettant d’apporter un appui technique à l’élaboration et à la réalisation des formations mises en œuvre par les partenaires de Sidaction ou de réaliser directement certaines de ces formations.
Parallèlement, Sidaction s’implique dans des initiatives régionales permettant de renforcer l’offre de formation proposée aux professionnels de la lutte contre le sida.
Au cours de l’année 2007, 16 projets relatifs à la formation des professionnels de santé ou du domaine psychosocial ont été financés par Sidaction, pour un montant total de 369 000 €. Si certains d’entre eux bénéficient du soutien de Sidaction depuis plusieurs années, comme le cours inter-universitaire de la faculté de médecine de Ouagadougou ou la formation à distance en épidémiologie organisée par l’ISPED à Bordeaux, d’autres ont obtenu pour la première fois une aide financière de la part de Sidaction.
Ainsi, l’association Format Santé, basée en France, a obtenu un financement de 39 000 € afin de créer un site internet de formation continue à distance, dans le domaine de l’éducation thérapeutique. Ce site, réservé pour le moment à des professionnels africains déjà formés dans ce domaine, a vocation à s’ouvrir à un plus large public dans le futur. De même, l’association Solidarité Féminine, basée à Djibouti, met actuellement en place une formation sur la prise en charge globale des femmes et des enfants infectés par le VIH, grâce à un soutien financier de 17 000 €.
Dans le cadre de cet appel d’offres, plusieurs missions ont été réalisées auprès des associations ayant bénéficié d’un soutien financier de Sidaction. Ces missions avaient pour objectif d’apporter un appui technique à l’élaboration du projet de formation, comme en Côte d’Ivoire en juin 2007 auprès des associations Renaissance Santé Bouaké ou ACONDA-VS, ou de faire un bilan des formations réalisées, comme en Géorgie auprès de Georgian Plus Group en septembre, ou en Russie, avec IMENA+ en novembre.
Afin de consolider leurs ressources financières, les responsables des associations de lutte contre le VIH/sida doivent pouvoir faire appel à la générosité de leurs concitoyens, et ne pas se reposer uniquement sur les financements émanant d’organismes publics ou de fondations. C’est dans cet objectif qu’une première session de formation sur la collecte des fonds privés avait déjà été organisée à Paris en 2005 auprès de 9 représentants d’associations d’Afrique francophone. En janvier 2007, une seconde session a rassemblé 10 nouveaux participants, chargés de la collecte des fonds au sein de leur structure, en provenance de 5 pays d’Afrique et d’un pays d’Europe de l’Est (Maroc, Côte d’Ivoire, Mali, Burkina Faso, Ile Maurice, Roumanie).
Ils ont pu bénéficier pendant une semaine des conseils pratiques de plusieurs professionnels de la collecte de fonds privés sur l’organisation de soirées événementielles de prestige ou d’événements impliquant un média, sur le partenariat avec les entreprises, les relations avec les grands donateurs, etc. De nombreux échanges ont eu lieu entre les participants, leur permettant également de présenter leurs propres initiatives dans ce domaine, en analysant, à la lumière des acquis de la formation, les points forts et les points faibles de chaque action.
La présence d’un professionnel togolais de la collecte de fonds parmi les intervenants a également permis d’ancrer les échanges et les interventions dans les réalités locales vécues par chacun des participants.
Il est prévu d’organiser en 2008, probablement en collaboration avec l’Association Française des Fundraisers, une dernière session plus pratique rassemblant les participants des deux premières sessions ayant mis en œuvre un projet de collecte de fonds suite à cette formation.
Devant l’ampleur de la tâche à accomplir, les associations avec lesquelles Sidaction travaille au quotidien font face à une croissance importante de leurs activités et donc de leur équipe salariée et bénévole. Pour gérer cette croissance et favoriser de bonnes conditions de travail pour tous, les associations doivent mettre en place des outils et des méthodes de gestion des ressources humaines adaptés à la taille de leur structure et au profil des équipes associatives, composées de salariés et de bénévoles.
Suite à plusieurs missions au Burkina Faso et aux échanges avec les partenaires de Sidaction sur cette thématique de la gestion des ressources humaines, une formation a été élaborée à l’intention des cadres de 9 associations burkinabé, avec le précieux concours de 2 structures de formation basées à Ouagadougou, l’association Kasabati et l’Institut de Management Conseils et Formation.
Cette formation se décompose en deux sessions, dont la première a eu lieu en octobre 2007. Elle a rassemblé 29 participants, tous responsables, à titres divers, de la gestion d’une équipe au sein de leur structure. Quatre grands thèmes ont été abordés pendant les 3 jours de la formation : les enjeux de la gestion des ressources humaines, le recrutement, la gestion d’une équipe et l’établissement d’un plan de formation. A l’issue de cette première session, chaque équipe a identifié des domaines prioritaires dans lesquels seraient mis en œuvre certains des acquis de la formation. La deuxième session, qui rassemblera les mêmes participants en mars 2008, permettra d’établir un premier bilan sur les changements opérés au sein des associations dans ce domaine de la gestion des ressources humaines avant d’aborder de nouveaux thèmes de formation, tels que les relations entre le conseil d’administration et l’équipe salariée ou la délégation des pouvoirs et responsabilités.
L’accompagnement technique du personnel des pharmacies associatives, lancé en 2005 en complément du soutien financier de Sidaction à ses associations partenaires, s’est maintenu et renforcé en 2007.
Huit missions de terrain, proposant un appui « personnalisé » aux associations, ont été réalisées cette année par le Dr. Julie Langlois, pharmacienne. Lors de ces visites, un diagnostic initial de la gestion pharmaceutique est réalisé en tenant compte des besoins de renforcement des capacités de chacun, puis un travail est mené avec le personnel de la pharmacie sur les axes prioritaires identifiés ensemble. Chaque membre de l’équipe pharmaceutique bénéficie ensuite d’un suivi régulier à distance et d’une seconde visite, quelques mois après la première, pour consolider les acquis.
Un travail sur le volet pharmaceutique est également mené au siège de Sidaction à Paris, afin de répondre à des besoins spécifiques fréquemment exprimés par les associations des pays en développement:
La prise en charge des enfants affectés ou infectés par le VIH continue à présenter des difficultés particulières pour la majorité des personnels de santé : des psychologues et des conseillers évoquent leurs difficultés à annoncer à un enfant sa séropositivité ou celle d’un de ses parents ; des médecins témoignent de leur appréhension à manipuler des traitements antirétroviraux pédiatriques ; des agents de prévention se sentent désemparés pour aborder les questions de sexualité avec les jeunes, etc. Bref, la prise en charge des enfants dans le contexte du VIH fait peur aux acteurs, qu’il s’agisse de l’infection à VIH pédiatrique elle-même ou de la façon dont l’enfant ressent et perçoit la maladie de ses proches.
Le programme Grandir, mis en place par Sidaction, Initiative Développement et Sol En Si, avec l’appui du Ministère des Affaires Etrangères, a contribué en 2007 à apporter des réponses et des outils concrets aux professionnels de santé et aux acteurs communautaires pour les aider à faire face au VIH chez l’enfant :
Sur le terrain, les services de prévention et de prise en charge du VIH pédiatrique offerts par les associations de lutte contre le sida partenaires de Sidaction se sont renforcés. 2007 a été marquée par l’intégration des services sociaux d’aide aux enfants rendus orphelins par le sida et des services médicaux associatifs, qui travaillent aujourd’hui de manière plus coordonnée sur le terrain. C’est bien entendu le cas au sein des 3 associations burundaises impliquées dans le programme Paris Sida Sud, soutenu par la Mairie de Paris : près de 1 000 orphelins du sida y bénéficient d’une prise en charge globale (médicale, sociale et psychologique) ; cela l’est aussi dans la plupart des 9 projets de terrain soutenus en Afrique par le programme Grandir. Par exemple, une vaste campagne de dépistage du VIH a été proposée par l’association REVS+ aux orphelins du sida de Bobo-Dioulasso et à leurs familles d’accueil ; autre projet de qualité, la clinique pédiatrique ouverte par le Centre SAS à Bouaké en 2007 bénéficie aujourd’hui aussi bien aux enfants infectés par le VIH qu’aux enfants orphelins du sida mais non infectés qui y reçoivent également un suivi médical gratuit de qualité.
En définitive, de plus en plus d’associations partenaires de Sidaction proposent aujourd’hui de véritables services de prévention de la transmission verticale du VIH et de prise en charge du VIH pédiatrique en cas d’infection de l’enfant. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant d’observer une augmentation du nombre des grossesses parmi les femmes bénéficiaires des services des associations partenaires de Sidaction dans les pays en développement.
En 2007, les programmes internationaux de Sidaction ont pu compter sur le soutien de partenaires extérieurs pour mettre en place ou poursuivre des projets qui s’adressent à des personnes très discriminées et dont la situation met en péril l’accès aux soins et aux outils de prévention ou de réduction des risques.
Un nombre croissant de projets s’adressant aux détenus, aux usagers de drogues, aux minorités sexuelles, aux personnes qui se prostituent ou encore aux minorités ethniques ont été soutenus par Sidaction durant cette année. Ces projets entendent répondre de la manière la plus adéquate possible aux besoins des personnes auxquelles ils s’adressent, en tenant compte du contexte social et juridique dans lequel le projet est mis en place. L’écoute et le non jugement sont des valeurs fondamentales dans la mise en place de ces programmes. Et c’est là leur force : les équipes sont à l’écoute des bénéficiaires, adaptent leurs interventions et innovent au-delà des approches classiques de prévention ou de prise en charge.
Ainsi, de nombreuses associations ont décidé d’aller « au-devant » des populations, c'est-à-dire sur leur lieu de vie, dans leur quartier, leur lieu de prostitution ou de consommation de drogues, car elles ont constaté que ces personnes n’étaient pas forcément touchées par les campagnes de prévention ou n’avaient pas accès à une prise en charge sociale ou médicale. Ces activités nécessitent une implication communautaire forte car qui mieux qu’une personne ayant une expérience de la toxicomanie pourra comprendre les problèmes et les besoins d’un usager de drogues ? De plus, ces interventions s’inscrivent dans le moyen, voire le long terme car les conditions ne sont pas toujours réunies pour mettre en place des services de soins optimaux. Les difficultés matérielles, sociales (précarité) ainsi que le manque d’estime de soi sont autant de points à prendre en compte avant de pouvoir proposer concrètement aux bénéficiaires de rentrer dans une démarche de soins.
En complément de l’appui financier offert à ces associations, Sidaction s’est engagé dans un soutien technique adapté visant au renforcement des capacités de certains de ses partenaires associatifs. Cet appui technique s’est notamment concrétisé lors des missions de terrain de membres de l’équipe.
Au Népal, l’association Nava Kiran Plus a reçu un appui supplémentaire de Sidaction en juillet 2007. L’association poursuit sa professionnalisation et son extension géographique. Les résultats sont impressionnants : pour la mise en place du projet, l’association s’est entourée d’une équipe communautaire. Elle est composée essentiellement d’anciens usagers de drogues ayant une expérience d’addiction de plus de 10 ans . Leur connaissance des drogues et des pratiques leur ont permis d’atteindre rapidement les usagers pour les accompagner dans des démarches de prévention et pour certains d’entre eux dans une démarche de soins. Ce sont ainsi plus d’une centaine d’usagers de drogues qui ont accepté de faire un test de dépistage. Les résultats ont montré une prévalence de 41% au sein de ce groupe.
Au Suriname, l’association SMLA qui travaille auprès des prostituées dans les clubs, les bars et dans la rue a également été visitée par Sidaction en juillet. Les personnes impliquées dans l’association connaissent bien le contexte de la prostitution au Suriname, ce qui les rend opérationnelles rapidement et permet un dialogue facilité avec les bénéficiaires des actions. Même si le projet peine à se mettre en place, Sidaction est déterminé à en soutenir le développement. La mission de terrain a débouché sur la redéfinition des objectifs du projet, qui fera l’objet d’une autre visite d’appui dans le courant de l’année 2008.
En avril 2006, Sidaction a lancé un nouveau programme sur l’éthique de la recherche sur le VIH en Afrique. Ce programme, co-financé par l’Agence Nationale de Recherche sur le Sida, vise à donner les moyens à la société civile africaine, et en particulier aux personnes qui vivent avec le VIH, de mieux s’approprier les recherches sur le sida. Il a bénéficié d’un appui constant du service des programmes scientifiques.
Des organisations déjà expérimentées dans le domaine de l’éthique dans la recherche ont reçu un soutien financier et technique de la part de Sidaction pour mener leurs activités. Il s’agit du REDS, partenaire de longue date de Sidaction au Cameroun, qui anime désormais un collectif inter associatif, chargé de veiller à l’éthique des essais qui seront mis en oeuvre dans le pays. Une session de formation des membres du collectif s’est tenue début septembre. Au Nigeria, Sidaction a apporté son soutien technique à une coalition d’experts issus de la société civile qui s’est réunie pour mener un travail similaire. L’association NHVMAG a supervisé les suites de l’arrêt des essais de microbicides, géré l’impact négatif d’une recherche sur le « jus de citron comme outil de réduction des risques d’infection chez la femme »...
Le Burkina Faso a été retenu comme pays prioritaire pour l’année 2007, avec la mise en place d’une dynamique de mobilisation/formation ciblant le monde communautaire. Ce processus de renforcement des capacités en plusieurs étapes est conçu et conduit par des organisations burkinabé elles-mêmes, en particulier le RAME et KASABATI. Le RAME (Réseau pour l’Accès aux Médicaments Essentiels) a rassemblé 15 associations de lutte contre le sida du pays qui ont amené avec elles les résultats d’une enquête concernant leurs relations avec le monde de la recherche, leurs ambitions et leurs besoins. Sur cette base, elles ont défini collectivement un plan d’action. Ce plan rassemble toutes les ambitions associatives vis-à-vis des recherches en cours où à venir : constitution de « boites à images » qui vulgariseront les principes éthiques à faire respecter, centre de documentation, conseils aux associations pour un meilleur contrôle des conditions de déroulement des essais cliniques, projets de recherches « communautaires », les ambitions sont diverses. L’association Kasabati a quant à elle formalisé en fin d’année un processus de formation à la carte qui permettra aux autres acteurs du pays d’être mieux outillés pour réaliser leurs projets. Un blog, récemment mis en ligne, rendra compte des avancées du chantier burkinabé de réflexion communautaire sur l’éthique de la recherche sur le VIH.
Une mission exploratoire a été effectuée en juillet au Kenya à l’occasion du premier sommet « Femmes et VIH » de Nairobi. De nombreux essais de prévention sont en cours dans le pays, et quelques journées ont été consacrées à l’exploration du principal site de recherche sur Kisumu. Les rencontres avec les chercheurs du CDC et d’autres agences, l’étude de l’environnement communautaire, les discussions avec les acteurs associatifs ont confirmé l’intérêt du Kenya comme pays prioritaire pour les années à venir. C’est également à l’occasion de ce même sommet « Femmes et VIH » que s’est tenue une importante réunion entre femmes issues du Kenya et d’Afrique du Sud pour discuter de l’impact des récents essais sur la circoncision masculine. Sidaction, qui s’est fortement impliqué dans les débats sur cette question à l’invitation de l’ANRS, s’est fait le relais des préoccupations communautaires auprès de cette agence de recherche. Les programmes internationaux et le département scientifique de Sidaction ont activement collaboré pour apporter aux équipes de recherche et aux associations sud-africaines leurs conseils et leur soutien technique et financier. Des associations locales se sont engagées à mener un travail de sensibilisation et de consultation des groupes locaux, notamment des groupes de femmes, pour que l’essai d’envergure qui vise à circoncire plus de 20 000 personnes n’ait pas un impact négatif, notamment sur les déséquilibres entre hommes et femmes dans la négociation du préservatif.
Le forum de discussion sur Internet, bilingue, lancé en 2006, est toujours dynamique. En moyenne, de 10 à 30 messages circulent chaque mois. Plus de 150 personnes sont inscrites, en majorité des acteurs du monde communautaire, mais aussi des experts en éthique, quelques chercheurs, avocats et experts des droits humains. Les discussions ont été riches sur des sujets comme « la liberté de sortir des essais », « l’impact des recherches sur la circoncision masculine», « les conséquences de l’arrêt d’un essai vaccinal en Afrique du Sud »…
Un dossier est paru sur la circoncision dans le numéro de juillet du journal « Transversal » publié par Sidaction. Ce dossier est construit en partie sur la base des témoignages échangés au sein du forum, et grâce à des interviews des principaux protagonistes de ces débats. Les mêmes considérations sur l’impact des essais de circoncision masculine ont été présentées lors du colloque « Femmes et VIH » de Paris le 1er décembre 2007. Les débats sur la circoncision ont également été capitalisés à travers la rédaction récente d’un texte de positionnement inter associatif sur la question, signé Aides, Act Up-Paris et Sidaction.
Outre l’animation du forum ethicHIV et la mise en réseau des participants à ce forum, Sidaction a facilité la participation des acteurs du monde communautaire à différents colloques, ateliers et forums sur l’éthique de la recherche. C’est un sujet largement débattu cette année sur le territoire français comme au plan international et les échanges sur le forum ont vraisemblablement contribué à ce phénomène… Sidaction et ses partenaires du programme éthique – KASABATI et SHADEI (Burkina Faso), NHVMAG (Nigeria), REDS (Cameroun), WOFAK (Kenya), ont donné de la matière aux débats en présentant leurs expériences sur la place des communautés dans la mise en œuvre et le suivi des recherches dans différentes enceintes (séminaire du CReCSS à Aix-en-Provence, 4ème Conférence francophone VIH/SIDA à Paris le 29 mars et atelier du GISPE sur l’Ethique de la Recherche dans les PED les 2 et 3 avril, Conférence "Ethics, Research and Globalisation" de la Commission Européenne à Bruxelles les 14 et 15 mai, conférence Aids Impact à Marseille du 4 au 7 juillet,…)
Après cette première année d’activité, l’intérêt des partenaires de Sidaction pour les questions soulevées par la recherche se confirme. Comme l’ont bien dit les participants à l’atelier de Ouagadougou : « l’éthique de la recherche, ce n’est la priorité de personne, mais le problème de tout le monde. Il était temps qu’on s’en préoccupe de façon collective. » Ces questions sont aujourd’hui d’actualité dans les milieux associatifs et académiques français ; Et au-delà, dans les pays en développement concernés par le programme, l’émulation est bien réelle.