Tenseur (mathématiques) - Définition

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Tenseur

Mathématiques

Tenseur (mathématiques)
Produit tensoriel
... de deux modules
... de deux applications linéaires
Algèbre tensorielle
Champ tensoriel
Espace tensoriel

Convention d'Einstein
Tenseur métrique
Tenseur énergie-impulsion
Tenseur de Riemann
... de Ricci
... d'Einstein
... de Weyl
... de Levi-Civita
... de Killing
... de Killing-Yano
... de Bel-Robinson
... de Cotton-York
Tenseur électromagnétique
Tenseur des contraintes
Tenseur des déformations

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Les tenseurs sont des objets mathématiques issus de l'algèbre multilinéaire permettant de généraliser les scalaires et les vecteurs. On les rencontre notamment en analyse vectorielle et en géométrie différentielle fréquemment utilisés au sein de champs de tenseurs.

Le présent article ne se consacre qu'aux tenseurs dans des espaces vectoriels de dimension finie, bien que des généralisations en dimension infinie et même pour des modules existent.

Principe général

Le principe est de généraliser les notions de scalaires et de vecteurs de dimensions finies. Les tenseurs d'un type donné se comportent eux-mêmes comme des vecteurs :

  • ils possèdent une addition et un produit par les scalaires ;
  • ils sont indépendants d'un choix de bases mais peuvent être représentés par des tableaux à plusieurs entrées pour un choix de bases donnée.

À ceci s'ajoute deux opérations : un produit, dit tensoriel, permettant de multiplier deux tenseurs (éventuellement de natures distinctes) ainsi qu'une application linéaire qui réduit leur taille appelée contraction.

Comme évoqué ci-dessus les scalaires et les vecteurs constituent des exemples simples de tenseurs. Dans une base donnée un vecteur (tenseur d'ordre 1) peut être représenté par la donne d'un n-uplet de coordonnées. Les matrices n \times n - qui peuvent représenter suivant les cas des endomorphismes, des bivecteurs ou encore des formes bilinéaires - forment une extension des n-uplets similaire à l'extension que représente les n-uplets par rapport aux scalaires. Les objets descriptibles par des matrices constituent donc les premiers types de tenseurs non triviaux, appelés tenseurs d'ordre 2. En prolongeant la réflexion on peut imaginer, toujours de manière informelle, des matrices cubiques n \times n \times n , correspondant aux tenseurs d'ordre 3, et ainsi de suite.

Tensor-order-comparison.png

Les deux opérations classiques de la manipulation des tenseurs peuvent être intuitivement illustrés par certaines opérations matricielles. Il est en effet connu qu'en multipliant une matrice colonne par une matrice ligne (c'est-à-dire deux n-uplets) on obtient une matrice carrée (ou rectangulaire si les opérandes n'ont pas la même dimension). Il existe donc des transformations permettant d'augmenter l'ordre des tenseurs. Cette idée est à la base du produit tensoriel.

À l'inverse, le produit d'une matrice ligne par une matrice colonne se réduit à un scalaire. On voit ici apparaître l'idée de contraction.

Tenseurs et produit tensoriel sur les éléments

L'intérêt premier du produit tensoriel est de définir une opération sur les vecteurs (ou plus généralement les éléments des modules) ayant des propriétés similaires à celle d'un produit. Cela dit, contrairement aux produits habituels, le produit tensoriel n'est pas une opération interne : il peut s'effectuer sur des vecteurs issus d'espaces vectoriels différents et son résultat (à quelques exceptions prés) n'appartient à aucun des espaces en question. Les éléments intervenant dans de tels produits portent le nom de tenseurs.

Définition

Soit \phi \in E^* et \psi \in F^* deux formes linéaires. On notera \phi \otimes \psi l'application définie par :

\forall u \in E, \forall v \in F, (\phi \otimes \psi) (u,v) = \phi(u) \cdot \psi(v)

Il s'agit d'une forme bilinéaire : on a donc \phi \otimes \psi \in E^* \otimes F^* . Le produit se généralise facilement aux formes multilinéaires.

Comme en dimension finie E = E * * , tout vecteur u (respectivement v) peut être assimilé à une forme linéaire sur E * (respectivement F * ). On définit ainsi de manière générale le produit tensoriel de u et v, noté u \otimes v , comme forme bilinéaire sur  E^* \times F^* .

Bacterial-tensor-product.png

La forme bilinéraire \phi \otimes \psi est donc un tenseur appartenant à E^* \otimes F^* . La forme bilinéaire u \otimes v est quant à elle un tenseur appartenant à E \otimes F . Les tenseurs peuvent donc être définis (en dimension finie) comme des formes multilinéaires munis d'un produit \otimes .

Remarques

  • Réciproquement, tout tenseur T \in E \otimes F ne s'écrit pas nécessairement comme un produit T = u \otimes v . En revanche, il peut toujours être décomposé en combinaison linéaire d'éléments de la forme u_i \otimes v_j u_i \in E et v_j \in F . C'est-à-dire qu'on peut toujours trouver des familles de vecteurs (ui)i et (vj)j et une famille de scalaires (Tij)ij telles que T = \sum_{i,j} T_{ij} \cdot u_i \otimes v_j .
  • On note bien que tout vecteur est un type de tenseur particulier (il est toujours assimilable à une forme 1-linéaire) et que tout tenseur fait partie d'un espace vectoriel. L'utilisation du terme tenseur sous-entend l'usage du produit tensoriel. En pratique le terme tenseur est surtout utilisé à propos de produits de vecteurs d'un même espace E ou de son dual E * .

Propriétés du produit tensoriel

Associativité 
Grâce à l'isomorphisme canonique on peut considérer que le produit tensoriel est associatif. Autrement dit (u \otimes v) \otimes w = u \otimes (v \otimes w) . De plus on peut voir le tenseur u \otimes v \otimes w comme une forme trilinéaire : (u \otimes v \otimes w)(x,y,z) = u(x) \cdot v(y) \cdot w(z) . D'une manière générale si on se donne k vecteurs u_i \in E_i , le tenseur u_1 \otimes \cdots \otimes u_k est un élément de E_1 \otimes \cdots \otimes E_k . C'est donc une forme k-linéaire.
Bacterial-tensor-product-associativity.png
Non commutativité 
Si u \in E et v \in E , les tenseurs u \otimes v et v \otimes u appartiennent alors tous les deux au même espace E \otimes E . Néanmoins on prendra bien soin de noter que dans le cas général u \otimes v \neq v \otimes u .
Bacterial-tensor-product-non-commutativity.png
Distributivité 
Le produit tensoriel se comporte bien comme un produit vis à vis de l'addition des espaces vectoriels :
(u + u') \otimes v = u \otimes v + u' \otimes v
u \otimes (v+v') = u \otimes v + u \otimes v'
Généralisation des produits usuels 
On notera que le produit tensoriel généralise le produit par un scalaire défini sur les \mathbb{K} -espaces vectoriels (E,\mathbb{K},+,\cdot) ainsi que le produit dans le corps (\mathbb{K},+,\times) . On a ainsi \lambda \otimes u = \lambda \cdot u et \lambda_1 \otimes \lambda_2 = \lambda_1 \times \lambda_2 .
Bacterial-tensor-product-generalization.png
Bases des espaces produits 
Soit (e_1, e_2, \cdots, e_n) une base de E et 12,...εm) une base de F. Alors la famille (e_i \otimes \epsilon_j)_{1 \leq i \leq n, 1 \leq j \leq m} forme une base de E \otimes F . Par conséquent tout élément T \in E \otimes F admet une unique famille de coordonnées sur cette base :
\exists! (T_{ij})_{ij} \in \mathbb{K}^{nm}, T = \sum_{i=1}^n \sum_{j=1}^m T_{ij} \cdot e_i \otimes \epsilon_j
Cette formule est bien cohérente avec le fait que \dim(E \otimes F) = \dim(E) \cdot \dim(F) . Les coordonnées (Tij)ij sont explicitement calculables en utilisant les bases duales (e_1^*, e_2^*, \cdots, e_n^*) et (\epsilon_1^*, \epsilon_2^*, ... \epsilon_m^*) par la formule :
\forall i,\forall j,\quad T_{ij} = T( e_i^*, \epsilon_j^*)
Ces formules se généralisent pour k espaces vectoriels.
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