Terrier irlandais - Définition

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Introduction

Rassemblés au sein du troisième groupe par la Fédération cynologique internationale, les chiens de terrier ont un dénominateur commun : la fonction de déterrage des nuisibles réfugiés dans leurs abris souterrains. Remarqués avec étonnement par les Romains envahissant la Bretagne en 55 avant notre ère, ces "petits chiens qui savent suivre leurs proies jusque dans leurs tanières" ne se verront baptisés "terrars" que plus tard. Ils coexisteront longtemps avec les griffons sous le vocable d'agasses (ou agassins).

C'est le médecin de la reine d'Angleterre Elisabeth I, le docteur Keyes, qui, dans son "De Canibus Britannicus Liber" paru en 1570, les regroupe et les décrit le premier : "il y a une sorte de chien, que nous nommons terriers, car ils se glissent sous terre pour harceler et mordre le blaireau et le renard; et ils les déchirent en morceaux avec les dents, profondément sous terre, ou après les avoir tirés à la lumière".

Ces combats souterrains contre des adversaires redoutables imposaient aux terriers des qualités physiques et morales particulières qui donnent au groupe son homogénéité relative.

Au physique, le type de base du terrier est médioligne, de taille plutôt réduite, possédant un poil court. La queue est écourtée (les oreilles l'étaient autrefois), mais laissée assez longue pour saisir le chien et le tirer hors du terrier.

Bien sûr, ce type initial a évolué et les races constituant le groupe ont acquis des morphologies bien différentiables. Il est cependant une série de format croissant (Lakeland, Fox, Welsh, Irish, Kerry Blue, Airedale), résultant de la sélection patiente des éleveurs britanniques, qui conserve à la fois le type morphologique et le tempérament des "cabin curs" (corniauds de cabanes) de jadis. Parmi ceux-ci, l'Irish Terrier fait figure de moyenne et, proche de ses racines, illustre parfaitement les caractères du groupe. Gardien de la ferme, exterminateur de vermine, il a été sélectionné au travail pour ses caractéristiques physiques et son tempérament, mélange de témérité face à l'ennemi et de douceur vis-à-vis de ses proches.

Ce chien rustique, ardent au travail et à la bagarre, a vu son type physique fixé au début du dix-neuvième siècle, et si les standards de la race ont parfois été âprement discutés, jamais l'intégrité de ce caractère si particulier n'a été remise en question.

Les structures de l'élevage

L'Irish Terrier Club

En Grande-Bretagne

Le besoin d'une organisation capable de fixer les points de reconnaissance de la race, de les faire appliquer, et de guiders son évolution en réduisant les différences de format et de couleur, s'est fait très tôt sentir dans le petit monde de l'Irish Terrier. Dès le milieu des années 1870, une correspondance régulière s'échange entre les éleveurs irlandais et anglais, aboutissant, le 29 mars 1879, à un premier rassemblement à l'occasion de l'exposition de Dublin. La première démarche commune qui rassembla ces amateurs fut la rédaction d'une adresse au Kennel Club, pour demander la nomination d'un juge spécifique pour l'Irish Terrier, ou, à défaut, le jugement par un juge de Fox Terriers. Dans l'enthousiasme de cette première action commune, une motion appelant à la création d'un club. présentée par M. Graham. de Belfast, et M. Carey, du Comté de Carlow, fut adoptée à l'unanimité.

Un mois plus tard, la fraction anglaise des amateurs d'Irish Terriers répétait la même scène, à Londres, adoptant les même règles et statuts. A la fin de l'année l879, le club comptait cinquante-deux adhérents, auxquels furent proposés, l'année suivante, la liste des points établis par Ridgeway, et qui, adoptée par vingt-quatre des membres, allait devenir la base du standard de la race. Dès cette époque, la moitié des membres de l'Irish Terrier Club est anglaise, et la nomination, en 1881, du Vicomte Castelrosse à la présidence du club, semble consacrer le détachement rapide de la race de ses origines géographiques et sociales. Outre les discussions sur le poids et la taille, évoquées dans chaque compte-rendu de réunion, le club travaille à rétablissement d'un livre d'origines. En 1893. il rassemble deux cent vingt individus, un nombre qui témoigne du succès grandissant de la race, promue par le dynamisme des premiers amateurs. Jamison, Graham, surnommé l'ambassadeur d'Irlande en raison de ses nombreux va-et-vient entre le berceau de la race et sa terre d'adoption. La participation active et les articles élogieux et documentés du londonien George Krehl, éditeur du journal The Stockkeeper, furent aussi des atouts pour la diffusion de l'Irish Terrier. Les années 1880 furent, pour le club, celles du combat d'avant-garde pour l'abolition de la coupe d'oreilles. Encore une fois, un anglais, Barnett, était à l'origine du mouvement.

Vers 1905, la race était assez forte pour que son club publie quatre numéros par an d'une revue exclusivement consacrée à l'Irish Terrier. The Irish Terrier Review devient pendant quelques années la tribune où l'on discute les points du standard, les erreurs de toilettage, les robes et leurs défauts, et, bien sûr, l'éternelle incompétence des juges. Les pratiques frauduleuses, comme la teinture utilisée pour rougir le poil, y sont dénoncées, et on retrouve, tout au long de la revue, les même sujets de préoccupation qui agitent aujourd'hui les amateurs. Le succès de la race, l'augmentation du nombre d'adhérents au club, des divergences d'opinions et des querelles de personnes provoquèrent, en 1911, l'éclatement du club. et la fondation de l'Irish Terrier Association concurrente.

L'éparpillement des bonnes volontés, les caprices de la mode, et les restrictions économiques de la première guerre mondiale marquèrent un coup d'arrêt à l'expansion de l'Irish terrier. Après avoir menacé la suprématie du très populaire Fox Terrier, la race semblait terminer sa carrière anglaise, tandis qu'outre-atlantique, les immigrants irlandais assuraient la promotion et le succès de leur chien national. L'Irish Terrier Club ne survécut pas à ses dissensions, et bientôt, seule l'Irish Terrier Association reprit le flambeau de la race.

En Amérique du Nord

La popularité de l'Irish Terrier dans son pays d'origine fit qu'il ne tarda pas à traverser l'Atlantique. Importé aux Etats-Unis dès 1870, il ne s'y implanta vraiment que vers 1880. si l'on considère la première apparition en concours, celle de la chienne Kathleen, à M.Watson. L'année suivante, le Westminster Kennel Club ouvrit pour la première fois une classe d'Irish Terriers. Les supporters américains de la race ne tardèrent pas à se regrouper pour en défendre les intérêts. Le 18 décembre 1896, trois amateurs, Parker, Donner et White créèrent l'Irish Terrier Club of America (ITCA).

La première réunion du club se tint au Madison Square Garden. le 23 février 1897, et réunissait douze membres, qui adoptèrent immédiatement le standard anglais, y compris l'interdiction de la coupe d'oreilles. L'importation de sujets irlandais crût sans discontinuer jusqu'à 1914, puis diminua, Boston, Philadelphie et New-York étant devenues entre-temps des centres de production d'Irish Terriers. La suprématie des sujets natifs d'Irlande sur les Irish Terriers américains fut longtemps la règle. Ce n'est qu'en 1912 qu'elle fut officiellement brisée par la victoire de Thorncroft Marksman, meilleur de race au Westminster Kennel Club Show. Mais bien avant, la chienne Milton Droleen, appartenant à un des membres fondateurs de l' I.T.C.A (Donner), surclassait régulièrement les sujets importés. Elle fut elle-même exportée vers l'Angleterre en 1895, où elle fut immédiatement surnommée "l'Erin américaine". Le Canada prit aussi part aux débuts de la race dans le Nouveau-Monde. Important des sujets irlandais, les canadiens participèrent régulièrement aux expositions américaines, et produisirent des sujets exceptionnels, comme Celtic Badger, champion du début du siècle, et les produits des affixes Newtonards et Ballycliff, parmi les meilleurs des années 30 et 40. Le succès de la race aux Etats-Unis, dans les années 20, doit sans doute beaucoup aux deux livres de Jack London (1876-1916) où il choisit pour héros des Irish Terriers. "Jerry of the Islands" et "Michaël, Brother of Jerry", traduits en français sous les titres "Jerry dans l'île" et "Michaël, chien de cirque", constituent en effet de véritables panégyriques de la race. Chaque embûche, placée sur le chemin des deux héros, n'est qu'un prétexte à faire valoir les qualités, réelles ou supposées, de l'Irish Terrier. Les deux romans, écrits dans la ligne du célèbre "Croc-Blanc", contribuèrent à faire connaitre la race, augmentant la demande en Irish Terriers, et stimulant son élevage et sa sélection. Cette expansion subit un coup d'arrêt au début des années 1930. et durant la seconde guerre mondiale. Par la suite, la race se maintint, jusque dans les années 60, où elle reprit une lente croissance. Les membres de l'I.T.CA étaient 139 en 1928, 84 en 1941, 190 en 1976 et 300 en 1986.

La composition de l'I.T.CA s'est modifiée au cours des années. Exclusivement masculin à ses débuts, il a vu la participation féminine augmenter progressivement. Aujourd'hui, le club est majoritairement féminin, tant à la base qu'au sommet. La structure de l'élevage s'est transformée également, passant de quelques grands chenils à de nombreux petits élevages.

L'I.T.C.A est membre de l'American Kennel Club, et le représentant officiel de la race aux Etats-Unis. Il parraine également les organisations régionales qui se sont formées à travers le pays. Les Irish Terrier Club (I.T.C) actifs à ce jour sont les suivants : I.T.C Chicago, I.T.C New-York, I.T.C Northern California, I.T.C Southern California, I.T.C Greater Détroit, I.T.C New Jersey. En 1922, l'Irish Terrier Club of America commença à organiser une exposition spéciale le jour précédant l'ouverture du Westminster Kennel Club Show. Depuis 1960, une autre spéciale se tient à l'automne, à Montgommery County (Pennsylvanie), et, depuis 1975, une spéciale tournante alterne entre la Californie et le Midwest. Ces épreuves sont accompagnées de concours d'obéissance.

L'Irish Terrier Association

Fondée en 1911, lors d'une réunion d'amateurs d'Irish Terriers à Londres, l'Irish Terrier Association (I.T.A) est le fruit d'une réaction contre l'Irish Terrier Club, et ses premiers règlements témoignent de la sévérité des luttes d'influences qui ont amené sa création. L'I.T.A arrête que : "aucun membre du comité de l'I.T.A ne peut être membre d'un autre club de la race et que, bien que l'Irish Terrier Club ait publié une liste de juges agréés, aucune liste de juges ne sera jamais admise".

On comprendra mieux les motivations des membres fondateurs de l'I.T.A quand on saura qu'aucun d'entre eux ne se trouvait sur la liste incriminée. La composition du comité directeur de l'I.T.A peut aussi donner une idée sur la nature des conflits qui divisaient le monde de l'Irish Terrier, et on ne sera pas surpris d'y retrouver l'opposition qui présidait à la naissance de la race : Marquis de Breadalbane, président. Comte de Lonsdale, Lord Breville, Lord Dewar, Major Général Sir Poster Newland, vice-présidents. Le nombre des adhérents se montait à 84 dès la première année, attestant de la vitalité de la race en Angleterre, à une époque où le roi Edouard VII lui-même possédait un Irish Terrier, et en faisait faire le portrait.

La première guerre mondiale donna à l'Irish Terrier l'occasion de s'illustrer dans un domaine qui lui était alors inconnu, et c'est en tant qu'agent de liaison qu'il participa au conflit. Appréciés pour leur rapidité et leur capacité d'initiative, "les Irish Terriers ont fait, en service, plus que leur part de travail". Mascotte de plus d'un régiment, l'Irish Terrier y gagna en reconnaissance et en publicité, et la race, dans les années 1920, bénéficia sans aucun doute de ce coup de projecteur involontaire.

Mais la récession économique des années 1930 n’épargna pas l'I.T.A, ni ses filiales régionales. Au moment même où les conditions économiques devenaient plus difficiles, la cynophilie s'engageait dans le chemin du professionnalisme. Dans cette mauvaise conjoncture, les nouveaux venus voyaient souvent leur enthousiasme refroidi par les éleveurs en place, et, ne recevant pas l’aide indispensable à leurs débuts, étaient souvent contraints de renoncer.

Cette situation, associée à l'exportation massive des sujets de valeur vers l'Amérique du Nord, fut fatale à l'Irish Terrier et à l'I.T.A. Elle eut beau abroger les exclusives de 1911, et jouer la carte de la réconciliation pour rassembler les bonnes volontés de l'Irish Terrier Club moribond, rien n'y fit. La race et les organisations qui la chaperonnaient commençaient alors un long purgatoire, à tel point que, dans les années 1930, on pensait l'Irish Terrier et ses partisans totalement disparus en Angleterre. L'assemblée générale de l'I.T.A de 1937 rassemblait péniblement quatre adhérents. Une dernière tentative pour sauver la race de l'oubli fut celle de Cordon Selfridge. propriétaire d'un grand magasin sur Oxford Street, à Londres. II offrit à 1’TA un étage de son magasin, pendant les fêtes de Noël 1933, pour y organiser une présentation d'Irish Terriers. Les meilleurs chiens et chiennes, vingt-deux animaux en tout, dont douze champions, furent présentés toutes les deux heures, dans un ring spécialement décoré, par des assistants vêtus de costumes folkloriques irlandais. Malgré la brochure distribuée à l'entrée, où l'on trouvait les noms et adresses des éleveurs d'Irish Terriers d'Angleterre et d'Irlande, les ventes n'augmentèrent pas, et les bonnes volontés s'épuisèrent.

Les enregistrements d'Irish Terriers en 1933 avaient chuté à 450 (comparés aux 1149 de 1923) et les amateurs se plaignaient des exportations vers les Etats-Unis et le Canada. Si elles apportaient aux éleveurs un gain substantiel, elles privaient en effet la race de ses meilleurs représentants, créant sur les rings un manque d'émulation et une baisse générale de qualité préjudiciable à l'image de l'Irish Terrier. En 1930, il restait environ dix étalons de haut niveau en Angleterre, appartenant à seulement cinq lignées différentes. Les sociétés régionales représentant la race (Northern Irish Terrier Club, Southern Irish terrier Society, Irish Terrier Club of Scotland), ne supportèrent pas l'isolement et le manque d'émulation et de directives créé par la quasi-disparition de l'I.T.C et de l'I.TA. La plupart d'entre elles se dissipèrent également. Mrs Howard-Jones (toujours active, affixe Breezy) maintint l'I.T.A seule, de 1939 à 1945. Ne restait plus, pour soutenir la race, que l'action de quelques amateurs passionnés, mais isolés, maintenant cependant, dans des conditions proches des origines, les Irish Terriers qui devaient permettre le redémarrage lent du début des années 50.

Lentement, les amateurs se regroupaient, et l'I.T.A renaissait alors de ses cendres, essaimant même outre-mer, notamment dans les pays du Commonwealth (cf.Chapitre III, Effectifs).

All Ireland Irish Terrier Club (A.I.I.T.C)

L'A.I.I.T.C, fort d'une cinquantaine de membres, regroupe les amateurs irlandais, qu'ils appartiennent à la République d'Irlande (Eire) où à l'Irlande du Nord (Ulster). Après le naufrage de l'I.T.C, les amateurs irlandais d'Irish Terrier se souciant peu de tomber sous la coupe de l'I.TA, continuèrent à entretenir des relations informelles. Ce n'est qu'au début des années 1960. sous l'impulsion de MM. Sweeney et Delaney, qu'une organisation pris corps, dont l'existence resta longtemps épisodique. Elle s'occupait essentiellement de préparer l'exposition annuelle de Dublin (deuxième samedi de mai). Aujourd'hui encore, et bien que l'A.I.I.T.C ait une existence continue depuis 1972, ses activités restent réduites. Le peu de goût pour l'organisation, dont se plaignait déjà Shaw en 1890, est toujours une caractéristique irlandaise. Les membres de l'A.I.I.T.C résidant en Ulster sont, pour la plupart, membres de l’I.T.A.

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