Projet hydroélectrique du fleuve Nelson - Définition

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Centrales actuelles et projetées du Projet hydroélectrique du fleuve Nelson, Manitoba, Canada (2006)
Centrales actuelles et projetées du Projet hydroélectrique du fleuve Nelson, Manitoba, Canada (2006)

Le Project hydroélectrique du fleuve Nelson comprend la construction d'une série de barrages et de centrales hydroélectriques sur le fleuve (En hydrographie francophone, un fleuve est un cours d'eau qui se jette dans la mer ou dans...) Nelson dans le Nord (Le nord est un point cardinal, opposé au sud.) du Manitoba, Canada. Le projet (Un projet est un engagement irréversible de résultat incertain, non reproductible a...) a débuté à la fin des années 1950, lors de la construction du barrage (Un barrage est un ouvrage d'art construit en travers d'un cours d'eau et destiné à...) et de la centrale Kelsey, et il a été par la suite élargi par la dérivation du fleuve Churchill vers le Nelson et la transformation du lac (En limnologie, un lac est une grande étendue d'eau située dans un continent où il...) Winnipeg, qui est le onzième plus grand lac d'eau (L’eau est un composé chimique ubiquitaire sur la Terre, essentiel pour tous les...) douce au monde (Le mot monde peut désigner :), en réservoir hydraulique (L'hydraulique désigne la branche de la physique qui étudie les liquides. En tant que telle, les...).

Développement hydroélectrique

Avec une dénivellation d’environ 217 mètres sur 660 km entre le lac Winnipeg et la baie d'Hudson, le fleuve Nelson est devenu le plus important complexe hydroélectrique de la société d’État Manitoba Hydro (Manitoba Hydro est une société de la Couronne de la province canadienne du Manitoba....). Les centrales du fleuve Nelson ont une puissance (Le mot puissance est employé dans plusieurs domaines avec une signification particulière :) installée totale de 3 900 MW (mégawatts) (2006) et produisent environ 23,2 TWh (térawatt-heures) d'électricité (L’électricité est un phénomène physique dû aux différentes charges électriques de la...) chaque année (Une année est une unité de temps exprimant la durée entre deux occurrences d'un évènement lié...). Les centrales Kelsey, Kettle, Long Spruce, Jeppeg et Limestone sont entrées en production entre 1960 et 1990 et Manitoba Hydro projette d’en construire d'autres, dont la centrale Conawapa sur le cours inférieur du fleuve d'une puissance de 1 380 MW et une production annuelle d’environ 7,0 TWh d’électricité.

De plus, le fleuve Churchill, qui se trouve à environ 160 km au nord, est dérivé vers le fleuve Nelson depuis 1977. Du lac Southern (Southern est le nouveau nom de la concession ferroviaire, initialement exploitée par Connex South...) Indian sur le fleuve Churchill, le Nelson reçoit en moyenne (La moyenne est une mesure statistique caractérisant les éléments d'un ensemble de...) 760 m³/s d’eau, soit 60% du débit (Un débit permet de mesurer le flux d'une quantité relative à une unité de temps au travers...) naturel du Churchill dont la superficie (L'aire ou la superficie est une mesure d'une surface. Par métonymie, on désigne souvent...) du bassin versant (Un bassin versant ou bassin hydrographique est une portion de territoire délimitée par des lignes...) du cours supérieur s’élève à environ 230 000 de km². Le débit du fleuve Nelson aménagé atteint maintenant environ 3 130 m³/s. L’exutoire naturel du lac Winnipeg a aussi été aménagé afin d'augmenter la production hydroélectrique des centrales du Nelson en hiver (L'hiver est une des quatre saisons des zones tempérées.).

À plus long terme, le développement hydroélectrique des fleuves Churchill et Nelson pourrait comprendre un total ( Total est la qualité de ce qui est complet, sans exception. D'un point de vue comptable, un...) de 19 centrales hydroélectriques d’une capacité installée de plus de 9 000 MW et une production annuelle d'électricité d'environ 50 TWh.

Le développement hydroélectrique du Nelson permet à Manitoba Hydro d'exporter annuellement environ 10 TWh d'électricité, 86% vers des clients des États-Unis et le reste aux clients des provinces voisines (2005), mais ce volume (Le volume, en sciences physiques ou mathématiques, est une grandeur qui mesure l'extension...) peut varier énormément d'année en année.

Centrales hydroélectriques

Date
d'ouver-
ture
Nombre (La notion de nombre en linguistique est traitée à l’article « Nombre...)
de
turbines
Puissance
totale (1)
(MW)
Énergie (Dans le sens commun l'énergie désigne tout ce qui permet d'effectuer un travail, fabriquer de la...)
produite
par année
(TWh)
Chute Rivière (En hydrographie, une rivière est un cours d'eau qui s'écoule sous l'effet de la...)
Centrales
Kelsey 1957 7 211  1,8 17 m Nelson (cours inf.)
Kettle 1970 12 1 228 7,1 30 m Nelson (cours inf.)
Long Spruce 1977 10 1 010 5,8 26 m Nelson (cours inf.)
Jenpeg 1979 6 97 0,9 10 m Exutoire du lac Winnipeg
Limestone 1990 10 1 340 7,7 28 m Nelson (cours inf.)
Centrales projetées
Bonald - - 120 - - Churchill (cours sup.)
Granville Falls - - 125 - - Churchill (cours sup.)
Notigi - - 100 0,75 - Rat (Le mot « rat » désigne en français, dans le langage vernaculaire...)
Wuskwatim 2012 3 200 1,55 22 m Burntwood
Kepuche - - 210 - - Burntwood
Manasan - - 265 - - Burntwood
First Rapids - - 210 - - Burntwood
Whitemud - - 310 - - Nelson (cours sup.)
Red Rock - - 190 à 340 - - Nelson (cours sup.)
Kelsey extension - - 200 - - Nelson (cours inf.)
Birthday - - 420 - - Nelson (cours inf.)
Gull (Keeyask) 2012 - 600 4,4 - Nelson (cours inf.)
Conawapa 2017 - 1 380 7,0 - Nelson (cours inf.)
Gillam Island - - 1 000 - - Nelson (embouchure)

(1) Les chiffres concernant la puissance installée de chaque centrale sont approximatifs. Les grandes centrales existantes (2006) fonctionnent, sur une base annuelle, à environ 70 % de leur puissance maximale.

Impact environnemental (L'impact environnemental est l'ensemble des modifications de l'environnement, qu'elles soient...)

Le développement du potiential hydraulique des fleuves Churchill et Nelson a eu d'importantes répercussions sur le niveau et le débit d'eau des deux fleuves ainsi que sur le niveau du lac Winnipeg. En tout (Le tout compris comme ensemble de ce qui existe est souvent interprété comme le monde ou...), environ 2 134 km² de terres ont été inondées, dont 67 km² de terres faisant partie des réserves indiennes de la région. La plupart des terres inondées se trouvent autour (Autour est le nom que la nomenclature aviaire en langue française (mise à jour) donne...) le lac Southern Indian et le canal de dérivation (les rivières Rat et Burntwood, des affluents du Nelson).

Le rehaussement du niveau du lac Southern Indian de 3 mètres a transformé ce lac naturel en réservoir. L'activité (Le terme d'activité peut désigner une profession.) bactérienne dans les zones inondées a convertit une partie du mercure présent dans la terre (La Terre est la troisième planète du Système solaire par ordre de distance...) et les matières organiques submergées en méthylmercure (Le méthylmercure est un nom générique pour désigner un cation...) (CH3Hg). Sous cette forme, le mercure est neurotoxique et s'accumule dans la chaîne alimentaire (Une chaîne alimentaire est une suite d'êtres vivants dans laquelle chacun mange celui qui le...) aquatique, notamment dans des espèces de poissons (Les Poissons sont une constellation du zodiaque traversée par le Soleil du 12 mars au 18...) piscivores. C'est toutefois la mauvaise qualité de l'eau du lac Southern Indian, causée par le rehaussement de son niveau et l'érosion des berges, qui a fait chuté la population de corégones (poisson blanc) et détruit l'industrie de pêche locale.

Depuis 1979, le cycle naturel du lac Winnipeg a donc été inverti: le lac atteint son niveau maximal à l’automne et son niveau minimal au printemps (Le printemps (du latin primus, premier, et tempus, temps, cette saison marquant autrefois le...). La variation du niveau du lac Winnipeg n'excède pas, toutefois, les paramètres historiques, soit environ 1,2 mètre (Le mètre (symbole m, du grec metron, mesure) est l'unité de base de longueur du...).

Le fleuve Nelson a subi une double modification. D'abord, le débit du fleuve atteint son maximum en hiver, pendant la période de grande consommation d'électricité chez les clients de Manitoba Hydro. Deuxièmement, la dérivation du Churchill augmente son débit d'environ 760 m³/s. Ainsi, son débit en hiver, pendant les périodes de grande consommation, a été grandement augmenté, passant de mons de 1 500 m³/s, avant l'aménagement des fleuves, à environ 5 000 m³/s depuis 1977.

Communautés autochtones

Principaux villages des Nations cries affectées par le Projet hydroélectrique du fleuve Nelson (1957-1990), Manitoba, Canada (2006)
Principaux villages des Nations cries affectées par le Projet hydroélectrique du fleuve Nelson (1957-1990), Manitoba, Canada (2006)

Le développement hydroélectrique du fleuve Nelson est source d’importants conflits avec les Amérindiens du Nord du Manitoba qui n’en ont historiquement tiré peu de bénéfices directs, même si les trois quarts de l’électricité produite par la société Manitoba Hydro proviennent des régions habitées par les Cris.

Impacts

Sur le fleuve Churchill, le rehaussement du niveau du lac Southern Indian a inondé des terres de la communauté Southern Indian Lake de la Nation crie O-Pipon-Na-Piwin (anciennement de la Nation crie Nisichawayshik). Cette transformation du lac en réservoir a aussi détruit la pêche commerciale pratiquée par les Cris. Le taux de chômage élevé a par la suite incité de nombreux Cris à quitter leur communauté.

La dérivation des eaux du Churchill dans les affluents du Nelson a aussi inondé environ 8,1 km² de la communauté Nelson House de la Nation crie Nisichawayshik et a eu pour effet d’augmenter par un facteur de dix le débit moyen de la rivière Burntwood près de son village (Un village est, à la campagne ou à la montagne, un ensemble d'habitations, de...). Les Nations cries Tataskweyak (à Split (Split (en grec ancien Ασπάλαθος,...) Lake) et York Factory (à York Landing) ont dû adapter leurs activités à un fleuve gonflé des eaux du Churchill et dont le rythme naturel a été inversé pour mieux répondre aux besoins des clients de la société Manitoba Hydro : le débit hivernal du Nelson excède maintenant son débit printanier.

Finalement, la transformation du lac Winnipeg en réservoir du complexe hydroélectrique du Nelson a profondément affecté le niveau et la qualité de l’eau à l’exécutoire du lac, près des Nations cries Norway (Le France, ensuite rebaptisé Norway (1979), puis Blue Lady (2006), est un paquebot transatlantique...) House et Pimicikamak (à Cross Lake).

Convention sur l'inondation (Le terme inondation fait traditionnellement référence au débordement d'un cours d'eau qui...) des terres

En 1977, les cinq Nations cries directement affectées par le développement hydroélectrique des fleuves Nelson et Churchill et par l’aménagement du lac Winnipeg ont signé, avec le Gouvernement du Manitoba, le Gouvernement du Canada et la société d’État Manitoba Hydro, la Convention sur l'inondation des terres du nord du Manitoba (ang.: Northern Flood Agreement) accompagnée d’une entente de développement économique. La Convention prévoyait notamment une compensation pour les terres inondées (4 hectares pour chaque hectare inondé), l’approvisionnement des communautés en eau potable (Une eau potable est une eau devant satisfaire à un certain nombre de caractéristiques la rendant...), indemnisation pour les pertes subies par l’aménagement hydroélectrique (variations du débit, rivages érodés) et la construction de routes. La Convention prévoyait aussi un plus grand rôle pour les communautés autochtones dans la gestion des ressources fauniques et le développement économique de la région.

Après de nombreuses d’années marquées par l’inapplication des dispositions de la Convention, quatre nations cries ont signé pendant les années 1990 des accords généraux d'application avec le Gouvernement du Manitoba, le Gouvernement du Canada et la société Manitoba Hydro. Seule la Nation crie de Cross Lake, pourtant une des communautés les plus affectées par l'aménagement du Nelson, n’a pas signé d’accord général d’application de la Convention, mais une entente particulière de courte durée a néanmoins été signée en 2002.

Les représentants des communautés de Cross Lake et de Norway House, près de la centrale Jenpeg, considèrent que l'indemnisation accordée est nettement insuffisante par rapport à la perte des zones de pêches dans la région, dont les eaux dont désormais de piètre qualité. Les variations énormes du débit de la rivière Nelson, allant jusqu’à doubler son débit moyen pendant l’hiver, rendent la glace (La glace est de l'eau à l'état solide.) instable et dénudent régulièrement le fonds des lacs pendant la saison (La saison est une période de l'année qui observe une relative constance du climat et de...) estivale, dont le lac Cross.

Deux nations cries vivant dans les environs du cours inférieur du fleuve Nelson furent exclues des négociations mentant à la signature de la Convention en 1977 : les Nations Cries Fox Lake et War Lake, près des villages Gillam et Ilford. Ces deux nations cries, le gouvernement du Manitoba et la société Manitoba Hydro ont signé, en 2004 et 2005, des ententes sur leur indemnisation pour l'impact historique du développement hydroélectrique du Nelson et sur la participation des deux communautés dans tout futur projet hydroélectrique dans la région, notamment le projet Conawapa sur le cours inférieur du Nelson.

Développement hydroélectrique conjoint

Dans le but d'établir une nouvelle relation avec les communautés autochtones, le Gouvernement du Manitoba s’est associé en 2000 à la Nation Crie Nisichawayasihk en vue (La vue est le sens qui permet d'observer et d'analyser l'environnement par la réception et...) de l’installation d’une centrale hydroélectrique sur le canal de dérivation du fleuve Churchill (les rivières Rat et Burntwood). Le début de la construction de la centrale Wuskwatim, d’une puissance de 200 MW, est prévu en 2007. Le lac Wuskwatim, en amont de la centrale, ne sera pas affecté.

Le Gouvernement du Manitoba et la Nation Crie Tataskweyak, de Split Lake, sur le fleuve Nelson, ont aussi signé une entente de principe en vue de la construction d’une centrale de 600 MW à Keeyask (Gull). Les Cris de Tataskweyak auront aussi le droit de devenir propriétaire minoritaire (25%) de la nouvelle centrale. Les ententes avec les deux nations cries prévoient d'importantes compensations financières pour l’impact historique et futur du développement hydroélectrique des fleuves Nelson et Churchill.

Le gouvernement du Manitoba négocie aussi avec la Nation Crie York Factory au sujet du développement du cours inférieur du Nelson, dans la région de châsse et de pêche traditionnel de leurs membres (le projet Conawapa de 1380 MW).

Toutefois, le Nation crie Pimicikamak, de Cross Lake, mène depuis 2002 une campagne (La campagne, aussi appelée milieu rural désigne l'ensemble des espaces cultivés...) concertée contre la construction de nouvelles centrales hydroélectriques dans le nord du Manitoba. Cette communauté, près du Lac Winnipeg et la centrale existante Jenpeg, ne saura bénéficier de ces nouvelles ententes sur le développement conjoint du fleuve Nelson.

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