Achille Lauro | |
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Autres noms | Willem Ruys |
Type | paquebot transatlantique |
Histoire | |
Mise en service | 2 décembre 1947 |
Statut | Naufragé le 2 décembre 1994 |
Caractéristiques techniques | |
Longueur | 192 m |
Maître-bau | 25 m |
Tirant d'eau | 8,9 m |
Autres caractéristiques | |
Passagers | 900 |
Équipage | 400 |
Chantier naval | Flessingue, Pays-Bas |
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L'Achille Lauro, anciennement Willem Ruys, est un navire de croisière transatlantique, principalement connu pour le détournement dont il fut l'objet en 1985. Il devait son nom à un grand armateur de Naples (dont il fut maire dans les années cinquante). Il avait commencé sa carrière à l'époque fasciste et était membre de la "Chambre des faisceaux et des corporations" (organe législatif remplaçant la chambre des députés de 1939 à 1943).
Sa construction fut décidée en 1938, et sa coque fut achevée en 1939 à Flessingue aux Pays-Bas par la Rotterdamsche Lloyd. La construction fut retardée par la Seconde Guerre mondiale et ce n'est finalement que le 2 décembre 1947 que le paquebot réalisa son voyage inaugural. Le bateau était doté d'une installation de désalinisation lui permettant de tirer de l'eau potable à partir d'eau de mer.
Jusqu'en 1963, le paquebot resta en service sur la ligne Europe-Australie et fut aussi utilisé comme bateau de croisière naviguant en mer Méditerranée. Ensuite, en 1964, le paquebot fut vendu à la Flotte Lauro et rebaptisée Achille Lauro, du nom du précédent maire de Naples. Reconstruit et modernisé, il rentra de nouveau en service en 1966.
En avril 1975, alors qu'il se trouvait dans le détroit des Dardanelles, il entra en collision avec le Yousset, un navire bétailler, qui coula à la suite du choc.
Par quatre fois, en 1965, en 1972, en 1981 et en 1994, il fut victime d'incendies, dont le dernier qui survint le 30 novembre 1994 causa le naufrage du bateau le 2 décembre de la même année au large de la Somalie, dans l'océan Indien.
Le 7 octobre 1985, des terroristes du Front de libération de la Palestine s'introduisirent dans l'Achille Lauro et le détournèrent. Une négociation italo-égyptienne conduit à promettre un retour en sécurité à ces terroristes dans le pays de leur choix en échange de l’abandon du bateau et de ses passagers. Les quatre Palestiniens s’envolèrent dans un Boeing égyptien, qui fut intercepté par la chasse américaine et contraint de se poser sur la base de l’OTAN de Sigonella, en Sicile. Washington réclamait la livraison des pirates. Bettino Craxi, ayant donné sa parole à l’Égypte, refusa de céder et les quatre Palestiniens gagnèrent librement la Yougoslavie le 12 octobre. Ce désaccord entre les États-Unis et l'Italie provoque une crise connue sous le nom de Crise de Sigonella.
Le 7 octobre 1985 des terroristes du Front de Libération de la Palestine s'introduisirent dans l’Achille Lauro et le détournèrent vers les eaux territoriales égyptiennes. Les terroristes exigeaient du capitaine que le paquebot se dirige vers le port syrien de Tartous et menacèrent d'exécuter les 100 passagers (en majorité des personnes âgées) si Israël ne libérait pas 50 prisonniers palestiniens.
Une fois arrivé à Tartous, les terroristes se firent opposer une fin de non-recevoir de la part des autorités syriennes à leur demande d'accoster dans le port. Furieux, et désireux de montrer leur détermination, les terroristes palestiniens mirent leur menace à exécution tuant un premier otage, Leon Klinghoffer. Ce dernier n'avait pas été choisi au hasard, il s'agissait d'un retraité américain paraplégique, Juif de surcroit. Le chef des terroristes lui tira une balle dans la tête, avant de le pousser par-dessus bord avec son fauteuil roulant. Les syriens, pourtant, n'autorisèrent pas pour autant le bateau à accoster à Tartous.
Avant qu'une seconde exécution ait lieu, les pirates reçurent l'ordre des dirigeants du Front de Libération de la Palestine de ne pas attenter à la vie de leurs passagers et de se diriger vers Port Saïd en Égypte. Étant cette fois autorisés à accoster, les terroristes purent commencer à négocier avec le gouvernement égyptien. Un accord fut trouvé, permettant la libération de tous les otages en échange de quoi les terroristes s'embarquèrent dans un Boeing 737 en partance pour la Tunisie. Quand l'ambassadeur américain en Égypte apprit l'assassinat du passager américain, il demanda que les pirates soient retenus, sans résultat, l'avion transportant les pirates ayant déjà décollé.
Les États-Unis ne se résignèrent pourtant pas pour autant et l'USS Saratoga, un porte-avions de la marine américaine de la classe Forrestal, qui venait de terminer des manœuvres de l'OTAN en Méditerranée et faisait cap sur le port de Dubrovnik en Yougoslavie reçut l'ordre de faire demi-tour et de lancer ses avions de chasse afin d'intercepter l'avion des terroristes. Le porte-avions parvint à faire décoller deux F-14 Tomcats et un avion de surveillance aérienne et de commandement aéroporté, le E-2 Hawkeye en à peine 22 minutes, au lieu des 60 minutes normalement nécessaires compte tenu du niveau d'alerte dans lequel se trouvait l'USS Saratoga à ce moment-là. Étant donné que l'heure exacte de décollage et l'itinéraire de l'avion des terroristes étaient inconnus, les avions avaient pour instruction d'intercepter et d'identifier de nuit tous les avions croisant en Méditerranée sur le parcours supposé de l'avion égyptien. Ce n'est qu'au bout de la quatrième interception, 45 minutes après leur lancement, que les avions identifièrent leur cible juste au sud de l'île de Crête. Les quatre F-14 qui escortaient le 737 convainquirent alors l’équipage d'atterrir à Sigonella, sans que le pilote égyptien n'ait tenté des manœuvres dilatoires. Après l'atterrissage, des soldats américains encerclèrent l'avion de ligne et les terroristes furent remis aux autorités italiennes.
Les F-14 passèrent un peu plus de six heures et demie en vol, alors qu'ils disposent d'une autonomie théorique d'environ deux heures avant de devoir ravitailler. Ils ont donc consommé plus de neuf tonnes de carburant chacun pour accomplir leur mission. Les dix-huit tonnes nécessaires ont été livrées par quatre avions-citernes A-6 de la flotte aérienne du Saratoga.
L'Italie accusa Abou Abbas d'être le cerveau de l'attentat et bien qu'il n'ait pas été à bord de l'Achille Lauro, le condamna par contumace à cinq peines de prison à vie pour avoir organisé ce détournement. Ce n'est que 20 ans plus tard que le terroriste sera capturé par les forces spéciales américaines à Bagdad en avril 2003, avant de mourir à l'âge de 56 ans le 8 mars 2004 suite à une attaque cardiaque, alors qu'il était détenu par les forces américaines.