Le complexe de lancement 39 ou LC-39 est un ensemble d'installations de la NASA utilisé pour assembler et lancer les engins spatiaux les plus emblématiques du programme spatial de l'agence spatiale américaine : la fusée Saturn V, la navette spatiale américaine et les futurs lanceurs Ares du programme Constellation. Le complexe fait partie du Centre spatial Kennedy et est situé à Merritt Island en Floride (États-Unis).
La NASA a acquis en 1962 le site occupé par le complexe qui était voisin des champs de tir des lanceurs Mercury et Programme Gemini : à l'époque l'objectif était de créer un ensemble de lancement dimensionné pour les fusées géantes Saturn V du programme lunaire Apollo. Il est inauguré par la mission Apollo 4 en 1967. En 1973 sa reconversion est entamée pour permettre le lancement de la navette spatiale américaine. En 2007, le complexe démarre une nouvelle phase de modifications pour le préparer à l'arrivée des fusées Ares I du Programme Constellation qui doivent remplacer dans quelques années les navettes spatiales.
Les principales installations fixes du complexe de lancement 39 sont les aires de lancement (39A et 39B), un bâtiment d’assemblage des lanceurs aux dimensions remarquables (le VAB), trois bâtiments de maintenance et de reconditionnement des navettes spatiales (les Orbiter Processing Facility), un centre de contrôle du lancement doté de 4 salles de lancement, la salle de presse du centre spatial Kennedy ainsi que différentes installations assurant la logistique et le support des opérations. Les installations non fixes comprennent 3 plateformes de lancement mobiles qui sont déplacés par des transporteurs sur chenille.
Le centre spatial Kennedy a pour origine une base de l’aéronavale américaine située sur la Banana River au sud du Cap Canaveral. En 1948 la base est transférée à la force aérienne des États-Unis pour que celle-ci puisse y lancer des fusées allemandes V2. L'implantation du centre sur la côte est de la Floride est idéal pour le lancement de fusées car leur trajectoire au décollage survole l’Océan Atlantique évitant les zones habitées. En 1951 le site est agrandi vers le nord et devient le Centre de test des missiles de l’Armée de l’Air, la future Cap Canaveral Air Force Station de l’Armée de l’Air (CCAFS). Des lancements de missiles et de fusées y sont réalisés tout au long des années 1950.
La NASA est créée en 1958 et les premières fusées de l’agence spatiale américaine dont les vols Mercury et Gemini sont lancés depuis le site du CCAFS.
À la fin des années 1950, il devient évident que le site de Cap Canaveral va manquer de place pour la construction de nouvelles aires de lancement. Or la NASA qui est en train de mettre en place un programme spatial ambitieux a besoin de nouveaux sites de lancement. En 1961 le président John Kennedy donne le coup d’envoi au programme Apollo en annonçant qu’un astronaute américain se posera sur la Lune avant la fin de la décennie.
En 1961 la NASA envisage de lancer jusqu'à 100 fusées Saturn par an or Cap Canaveral ne pouvait accueillir ces fusées que sur 2 sites, l'aire 34 (4 lancements par an) et l'aire 37 (lancements par an). Par ailleurs en 1961 la NASA a développé une nouvelle méthode d'assemblage des lanceurs. Jusque là les fusées étaient assemblées sur l'aire de lancement, un processus long qui immobilisait celle-ci. Dans le nouveau processus, la fusée est assemblée dans un bâtiment dédié puis transférée jusqu'à l'aire de lancement sur une table de lancement mobile muni d'un tour permettant de faire le plein d'ergols et d'effectuer les derniers contrôles. Une fois sur l'aire de lancement, il suffit de faire le plein, de procéder aux dernières vérifications avant de déclencher le lancement. Pour lancer les fusées lourdes du programme lunaire, la NASA décide d'acquérir des terrains sur l’ile adjacente de Merritt. La NASA annexe d’emblée 340 km2 en 1962 puis négocie avec l’État de Floride l’achat de 230 km2 supplémentaires. À cette époque le numéro de l’aire de lancement du centre spatial le plus élevé était 37 : le numéro 39 est attribué au nouveau complexe.
Selon les plans initiaux très ambitieux, le complexe doit comprendre 5 aires de lancement espacées de 2 700 mètres pour éviter que l’explosion au décollage d’une fusée n'endommage les installations des aires voisines. Trois d'entre elles doivent être construites immédiatement et deux doivent l’être plus tard. Les aires de lancement ont été numérotées dans l’ordre de leur implantation du nord au sud : la plus au nord désignée LC39A et la plus au sud LC39C. LC39A ne fut jamais construite et LC39C devait LC39A en 1963. Avec la numérotation actuelle LC39C serait au nord de LC39B. LC39D se serait trouvée à l’ouest de LC39C. LC39E aurait été au nord à mi-distance entre LC39C et LC39D avec LC39E formant le sommet d’un triangle en étant équidistant de LC39C et LC39D. La route empruntée par le transporteur à chenilles entre le bâtiment d'assemblage et les aires de lancement existantes a été tracée pour pourvoir desservir les aires de lancement qui ne furent finalement pas construites.
À l’époque du programme Apollo, les aires de lancement sont dépourvues d’installations fixes (la tour ombilicale se trouve sur la plate forme mobile). La seule modification effectuée est un trépied sur la plateforme mobile pour permettre le lancement de la fusée Saturn 1B - plus courte que la Saturn V – qui est utilisée pour le lancement des équipages de la station spatiale Skylab.
Le complexe de lancement LC39 (aire 39A) est utilisé pour la première fois en 1967 pour le premier lancement de la fusée Saturn V qui transporte la mission inhabitée Apollo 4. Le deuxième vol inhabité utilise également l’aire 39A comme tous les vols habités Apollo-Saturn V à l’exception du vol Apollo 10 qui fut lancé du LC39B. Après l'arrêt du programme Apollo le complexe est utilisé pour lancer les fusées Saturn 1B des missions Skylab et enfin le vol unique du programme Apollo-Soyouz.
Après le vol d’Apollo 10, l’aire de lancement LC39B devient un site de secours en cas de destruction du 39A. Il est utilisé par la suite pour les trois missions Skylab, le vol Apollo-Soyouz ainsi qu’une mission de secours Skylab qui ne sera jamais été lancée.
Le programme lunaire ayant été interrompu prématurément, les installations du complexe sont remaniées pour répondre aux besoins de la navette spatiale américaine en cours de développement : pour la navette spatiale on ajouta sur l’aire une tour fixe comportant des plateformes pivotantes utilisée à la fois pour protéger la navette spatiale et pour installer verticalement les charges utiles dans la baie cargo de la navette. L'aire 39A est modifiée à compter de 1973 immédiatement après le dernier vol de la fusée Saturn V destiné à satelliser la station spatiale Skylab.L'aire modifiée est inaugurée par le premier vol de la navette, la mission STS-1 de Columbia en 1981. L'aire 39B est refondue en 1975 après le vol Apollo-Soyouz, mais la complexité de certaines modifications (principalement celles permettant d'installer l’étage Centaur-G dans la soute de la navette, option abandonnée par la suite) et du fait de restrictions dans le budget de la NASA, l'aire modifiée n'est mise à niveau qu’en 1986. Le premier vol inaugural du site est celui de la navette Challenger de la mission STS-51-L qui fut détruite en vol.
Le 31 mai 2008, au décollage de la navette Discovery pour la mission STS-124, le site de lancement 39A subit d’importants dommages en particulier au niveau du déflecteur de flammes en béton.