Démographie de l'Allemagne - Définition

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Un effondrement démographique inévitable ?

Projections démographiques de 2005 à 2050

La Statistisches Bundesamt (Office fédéral de statistiques) a établi des projections démographiques jusqu'en 2050, avec ventilation par groupes d'âge, et différentes variantes de longévité, d'immigration et de fécondité. Le résultat est que, dans toutes les variantes envisagées, la population du pays connaîtra une décroissance. Voici les résultats des deux variantes principales :

Variante 1 : fécondité de 1,4 enfants par femme - longévité masculine de 83,5 ans et féminine de 88 ans - solde migratoire positif de 100 000 par an. Les chiffres sont exprimés en milliers.

2005 2010 2020 2030 2040 2050
Population prévue 82.438 81.887 80.057 77.203 73.422 68.743
Moins de 20 ans 16.486 15.025 13.501 12.673 11.407 10.362
% de population totale 20,0 18,3 16,9 16,4 15,6 15,1
De 20 à 60 ans 45.412 45.361 42.075 36.179 33.755 30.592
% de population totale 55,1 55,4 52,6 46,9 46,0 44,5
Plus de 60 ans 20.540 21.501 24.482 28.351 28.179 27.789
% de population totale 24,9 26,3 30,6 36,7 38,4 40,4

Source :

  • [pdf] Bevölkerung Deutschlands bis 2050 (Population de l'Allemagne jusque 2050)

Ainsi l'Allemagne perdrait 13 700 000 habitants en 45 ans (soit une moyenne de 304 000 par an) dont 4 680 000 durant la décennie 2040-2050 (soit 468 000 par an). Et cela malgré l'immigration annuelle de 100 000 personnes.

Les gens de plus de 60 ans feraient plus de 40 % de la population en 2050. Les « moins de 20 ans » se retrouveraient au nombre d'un peu plus de 10 millions.

Variante 2 : fécondité de 1,4 enfants par femme - longévité masculine de 83,5 ans et féminine de 88 ans - solde migratoire positif de 200 000 par an. Les chiffres sont exprimés en milliers.

2005 2010 2020 2030 2040 2050
Population prévue 82.438 82.039 81.328 79.750 77.288 73.950
Moins de 20 ans 16.486 15.051 13.754 13.266 12.349 11.403
% de population totale 20,0 18,3 16,9 16,6 15,0 15,4
De 20 à 60 ans 45.412 45.481 43.032 37.943 36.303 33.790
% de population totale 55,1 55,4 52,9 47,6 47,0 45,7
Plus de 60 ans 20.540 21.507 24.542 28.540 28.636 28.766
% de population totale 24,9 26,2 30,2 35,8 37,1 38,9

Grâce à l'arrivée annuelle de 100 000 immigrants supplémentaires, l'Allemagne ne perdrait plus que 8 490 000 habitants en 45 ans (soit une moyenne de 188 mille par an) dont 3 340 000 durant la décennie 2040-2050 (soit 334 000 par an). Et cela malgré l'immigration annuelle de 200 mille personnes, soit un apport de 9 millions d'immigrants en 45 ans.

Les gens de plus de 60 ans constitueraient près de 39 % de la population en 2050, ce qui reste élevé. Les « moins de 20 ans » seraient 11,4 millions, plus que dans la première variante.

Jusqu'à présent en Allemagne, les immigrants provenaient essentiellement des pays d'Europe de l'Est et de Turquie, mais l'évolution démographique récente dans ces pays ayant montré une dénatalité importante comme la Turquie avec 1,92 enfants par femme en 2006 ou la Pologne avec 1,25, il est fort probable que d'ici là, l'origine des immigrants potentiels se sera recentrée sur l'Afrique noire et certains pays d'Asie du Sud.

Source :

  • [pdf] Bevölkerung Deutschlands bis 2050 (Population de l'Allemagne jusque 2050)

Résumé des problèmes liés à la très basse fécondité

Fécondité ou nombre moyen d'enfants par femme en 2003: Vert: plus de 1,7. Jaune: 1,51 à 1,7. Brun-orange: 1,41 à 1,5. Rose: 1,31 à 1,4. Rouge: 1,3 ou moins.
Seul le landkreis de Cloppenburg comptait un taux de fécondité de plus de 1,7. Dans le cas d'une évolution "normale", l'entièreté de la carte devrait être verte. La situation apparaît critique dans le nord-est du pays (ancienne Allemagne de l'est), ainsi qu'en Sarre tout près de la frontière française.

L'Allemagne a été le premier pays d'Europe à connaître une chute massive de la fécondité de sa population. Dès 1970 en effet, le taux de fécondité de 2,03 enfants par femme ne suffisait plus à assurer le simple remplacement des générations. Dans les décennies suivantes, la chute s'est approfondie et la dénatalité est devenue chronique et structurelle. Les allemands n'ont plus guère d'enfants. Certes cette situation s'est depuis largement répandue dans toute l'Europe (et ailleurs aussi), mais cette simple constatation ne résout pas le problème. Sauf reprise massive de la natalité, le pays ne peut compter que sur une immigration massive pour éviter un écroulement démographique avec effondrement du nombre de ses habitants, doublé d'un vieillissement tel que la société risque de ne plus pouvoir assurer l'entretien de ses aînés, et que l'économie allemande jadis si robuste risquera l'effondrement.

Point de vue des démographes natalistes

Note :
L'école des démographes natalistes est largement majoritaire en France. Elle y est représentée notamment par Alfred Sauvy (1898-1990) élève d'Adolphe Landry, Pierre Chaunu (1923 - 2009) et bien d'autres.

Si rien ne change, c'est par centaines de milliers annuellement que le nombre des décès l'emportera sur celui des naissances et ce dès 2025-2030. Et qui dit baisse de la population, dit arrêt de la construction, donc stagnation de l'économie. De plus les personnes âgées sont de piètres consommateurs...sauf de soins médicaux si, du moins, ils sont à la portée de leurs moyens, ce qui ne sera plus le cas si la société n'arrive plus à leur accorder les ressources nécessaires. De plus le manque de jeunes signifie que l'économie nationale ne trouvera plus assez d'éléments jeunes et dynamiques susceptibles d'assurer le progrès. Ces derniers face à la hausse inévitable de la pression fiscale et parafiscale destinée à entretenir une masse énorme d'inactifs vieux et malades risquent fort de quitter le pays pour des cieux plus cléments, ce qui aggravera encore le problème.

Examinons de plus près ces menaces. Dès la fin des années 1990, l'Allemagne doit faire face à une nouvelle glissade de sa natalité. De plus de 900 000 naissances en 1990, on tombe pour la première fois sous les 700 000 en 2005, et ce malgré une immigration très importante tout au long de la période. En 2005 une nouvelle chute est due au faible nombre de mères susceptibles de procréer, car les femmes de 20 à 40 ans sont désormais nées majoritairement dans la première phase (1965-1985) du grand déclin et sont donc beaucoup moins nombreuses. Ainsi la boucle est bouclée et le cercle vicieux inquiétant est en route. Circonstance aggravante, ni le peuple allemand, ni ses dirigeants ne paraissent conscients de l'importance de cette problématique. On n'en parle pas, ou si peu. Est-ce une nouvelle version de l'"après moi le déluge" ? On peut le penser.

Il faut insister sur le fait que l'effondrement démographique lié à la dénatalité menace à des degrés divers presque tous les pays d'Europe... et bien d'autres encore (Japon, Chine, ...), mais la situation allemande constitue un cas d'école à bien des égards, étant données la profondeur et l'ancienneté de la dénatalité d'une part, et certains facteurs psycho-culturels spécifiques d'autre part. En effet, l'idée prévaut en Allemagne que le pays est surpeuplé, idée sans doute en relation avec son passé de pays à forte émigration (XIXe siècle) et peut-être aussi avec la politique nataliste associée au slogan hitlérien de manque d'espace vital (lebensraum), qui a fait tant de tort au peuple allemand et à ses voisins. Mais le fond du problème ne se situe pas tant dans le nombre absolu de la population allemande (qui décroîtrait sensiblement mais progressivement), mais surtout dans le déséquilibre entre personnes âgées excédentaires et jeunes de moins en moins nombreux. C'est là que se situe la menace principale.

Facteur aggravant en Allemagne, les mères se méfient des garderies, évoquant un peu trop l'embrigadement nazi dans ce type d'institutions, ou alors l'"endoctrinement" pratiqué dans l'ancienne Allemagne de l'est communiste, la DDR. Si bien que pour les femmes allemandes un choix s'impose bien souvent: soit travailler, soit avoir des enfants. Les femmes cumulant les deux fonctions sont mêmes parfois affublées d'un vilain surnom : les mères-corbeau (Rabenmutter).

Pour les natalistes, les enfants (de plus en plus rares il est vrai) ne votant pas, mais bien les vieillards (de plus en plus nombreux quant à eux), l'objectif des politiciens est de choyer au maximum cet énorme réservoir de votes en perpétuelle croissance, les retraités et les électeurs approchant de l'âge de la retraite. Ainsi les partis politiques et leurs programmes s'occupent beaucoup des budgets retraites, mais fort peu d'allocations familiales ( lire : Philippe Bourcier de Carbon, chargé de recherche à l'INED). Un sursaut serait indispensable à ce niveau, impliquant tous les médias, les écoles et l'appareil d'état afin de convaincre les citoyens de la gravité de la situation, et d'inciter les jeunes ménages à procréer, mais aussi de réorienter les flux budgétaires vers les parents et leurs enfants. On aurait ainsi besoin de tous les médias pour sensibiliser l'opinion (des jeunes, surtout les jeunes filles) et déraciner les idées toutes faites. Mais il semble que ce sera très dur et qu'il faudra beaucoup de temps.

Point de vue des malthusiens et anti-natalistes

Note : Cette tendance est minoritaire tant en France qu'en Europe. Elle semble être répandue parmi certains groupes d'écologistes et d'alter-mondialistes, sans avoir de lien avec les théories des économistes prônant une société de décroissance ou décroissance durable, lesquels n'ont jamais développé de programme démographique (voir l'article Halte à la croissance ?). Cependant très récemment on assiste à l'émergence de petits groupes structurés partisans de la décroissance démographique, notamment en Australie, en Belgique et en France, dont l'argumentaire démographique est basé sur celui, économique, des mouvements politiques et philosophiques écologistes.

Pour les anti-natalistes, partisans de la décroissance démographique, l'humanité a déjà dépassé depuis longtemps la limite où un trop grand nombre d'humains entraîne irrémédiablement de gigantesques catastrophes écologiques et socio-politiques (réchauffement planétaire, extinction des espèces, pollution de l'air, des cours d'eau et des océans, guerres et famines). Tous les pays doivent restreindre leur population, y compris les pays riches qui sont responsables de bien plus de destruction d'écosystèmes et de pollution que les pays pauvres. Dans le cas concret de l'Allemagne, il s'agit d'un pays surpeuplé et éminemment pollué où seule une diminution drastique de la population et une baisse de la consommation peut amener un mieux-être. En d'autres mots, moins d'habitants signifie moins de bruits et de fumées, plus d'espaces naturels, une plus grande propreté des rivières et des lacs, etc., et donc une meilleure qualité de vie.

Les partisans de la décroissance démographique ne manquent pas d'arguments. Ils se heurtent cependant à ce que certains appellent la religion de la croissance, indissociable du libéralisme capitaliste ambiant. Ils se heurtent aussi aux religions (croissez et multipliez-vous) ainsi qu'aux principes des tenants du socialisme. Ils ne répondent pas à la grande inquiétude des nationalistes : Que deviendra la puissance (économique et militaire) de l'Allemagne (ou de tout autre pays), si ce pays emprunte seul la voie de la décroissance démographique ? La nation ne sera-t-elle pas menacée par des ennemis extérieurs ? On ne peut franchement pas dire que les risques de guerre aient diminué en ce début de siècle, au contraire. Les récentes guerres d'Afghanistan et surtout d'Irak ont bien montré qu'un peuple nombreux et développé peut utiliser son nombre et sa puissance pour essayer d'en soumettre d'autres, moins peuplés. Une réduction unilatérale de la population allemande (ou de toute autre nation européenne) est difficile à prôner dans un contexte plutôt troublé, et finalement lourd de menaces internationales.

Suite à quoi, les autorités allemandes et surtout européennes sont loin de considérer la baisse de population de l'Allemagne comme un bienfait. Et certaines mesures natalistes ont même été adoptées et sont entrées en vigueur le premier janvier 2007.

Immigration comme solution éventuelle

En attendant, pour beaucoup, et notamment les autorités européennes, la panacée semble être l'intensification de l'immigration. Au cours des derniers vingt ans (1986-2006) celle-ci a été intense, mais n'a pas rémédié à grand chose.

Année Solde migratoire dont Allemands dont étrangers
1983 -127.152
1984 -193.936
1985 67.166
1986 196.999
1987 153.053
1988 497.867
1989 746.078
1990 656.166
1991 602.523 174.718 427.805
1992 782.071 185.679 596.392
1993 462.096 182.908 279.188
1994 314.998 166.757 148.241
1995 397.935 172.675 225.260
1996 282.197 133.307 148.890
1997 93.664 115.432 -21.768
1998 47.098 80.553 -33.455
1999 201.975 83.740 118.235
2000 167.120 80.665 86.455
2001 272.723 84.451 188.272
2002 219.288 66.519 152.769
2003 142.645 39.949 102.696
2004 82.542 27.326 55.216
2005

De 1985 à 1990 inclus, l'Allemagne a reçu non moins de 2 300 000 immigrés supplémentaires, en grande partie originaires des pays de l'Europe de l'Est, mais cet important apport n'a pas réussi à empêcher la forte dégringolade de la natalité allemande en 1991-92 (chute de 905.675 naissances en 1990 à 809.114 en 1992 soit une perte de 10 %), et le mouvement ne s'arrêta pas à ce niveau. De nouveaux plus bas furent enregistrés, en 94-95 d'abord, puis au cours des premières années du XXIe siècle (766.999 naissances en 2000 contre 673.675 en 2006, soit une perte de 12,6 %).

Impact de l'immigration sur la fécondité

Répartition des naissances d'après la nationalité des parents

Références :

Année Total
Naissances
Au moins un des parents est allemand 2 parents
étrangers
( 6 )
* Naissances de mère
étrangère
Parents mariés Parents non mariés Nombre
( 2 + 5 + 6 )
% du total
allemand
2 parents
allemands
( 1 )
Mère
étrangère
( 2 )
Père
étranger
( 3 )
Mère
allemande
( 4 )
Mère
étrangère
Père allemand
( 5 )
1995 765 221 506 847 23 948 23 498 111 414 0 99 714 123 663 16,16
1996 796 013 513 624 27 192 26 205 122 763 0 106 229 133 421 16,76
1997 812 173 514 864 29 438 28 246 132 443 0 107 182 136 620 16,82
1998 785 034 481 736 31 052 28 859 143 330 0 100 057 131 109 16,70
1999 770 744 457 588 32 523 30 000 155 417 0 95 216 127 739 16,57
2000 766 999 441 500 36 206 32 410 163 086 2 764 91 006 129 976 16,95
2001 734 475 410 663 37 718 32 498 167 680 3 143 82 773 123 634 16,83
2002 719 250 390 764 41 000 33 509 170 915 4 069 78 993 124 062 17,25
2003 706 721 374 321 43 483 34 685 173 305 4 753 76 174 124 410 17,60
2004 705 622 366 219 45 841 35 912 178 992 5 581 73 077 124 499 17,64
2005 685 795 347 336 46 003 35 025 181 105 5 909 70 417 122 329 17,84
Note : Avant l'année 2000, l'enfant des mères célibataires étrangères restait toujours de nationalité étrangère comme sa mère, même si son père était allemand. Cela explique que la colonne (5) reste vide jusqu'à cette date, les enfants étant inclus dans le groupe (6) des naissances de parents étrangers. Le nouveau code de la nationalité, en vigueur depuis l'an 2000, accorde désormais la nationalité allemande à de tels enfants.

Analyse de l'impact de la population étrangère sur la fécondité

Quel est l'impact chiffré de la population immigrée sur le niveau des naissances ? Les statistiques nous montrent qu'en 2004 par exemple, 124 499 bébés étaient nés de mère étrangère, alors que le nombre d'étrangers en Allemagne se chiffrait à 7 288 000 personnes cette année-là. Le taux de natalité de cette population s'élevait donc à 17,08 ‰, taux largement supérieur au taux de natalité allemande de l'année, 8,5 ‰. Donc, l'immigration a un impact certain sur la démographie du pays, et surtout sur le nombre des naissances et le taux de natalité. Si la natalité des étrangers avait été égale à celle des allemands de souche, il y aurait eu 60 000 naissances de moins, et le taux de fécondité 2005 n'aurait été que de 1,2 environ (comme en Suisse). Le problème est que pour assurer le renouvellement des générations, l'Allemagne aurait dû avoir 1 090 000 naissances et non pas 686 000! Il manque toujours 404 000 naissances que ces 7 288 000 étrangers ne peuvent apporter à eux seuls. Un calcul fort simple (règle de trois) nous montre qu'il aurait fallu 49 millions d'étrangers de fécondité équivalente pour combler le trou, ce qui est impossible et absurde.

Des études françaises analysant l'impact de la population étrangère sur la fécondité en France font des constatations semblables, à savoir que la fécondité des femmes étrangères n'a qu'un impact marginal sur la fécondité du pays ( lire en PDF - Ined -revue Populations et Sociétés - Laurent Toulemon - La fécondité des immigrées en France). Bien sûr si l'Allemagne n'accueillait que des populations africaines rurales telles qu'on en trouve actuellement au Niger ou en Ouganda, populations illettrées rurales à très haute fécondité (plus de 6 enfants par femme), le nombre d'immigrants nécessaires serait bien moindre que les 49 millions évoqués. Mais ceci est bien sûr une vue de l'esprit, car de telles populations ne pourraient s'adapter, seraient très mal reçues et finalement en s'intégrant copieraient le modèle allemand de fécondité, nécessitant l'arrivée de nouveaux millions d'étrangers. C'est essayer de remplir le tonneau des Danaïdes, exercice périlleux et piège dans lequel sont tombées les Nations unies.

On trouvera un échantillon de diverses absurdités préconisées par des experts et concernant la lutte contre le vieillissement par recours à l'immigration, dans l'excellent article du démographe français Henri Leridon : Ined -revue Populations et Sociétés - "Quand les Nations unies veulent remplir le tonneau des Danaïdes"

Vers un scénario de décroissance

Puisqu'une hausse massive de l'immigration est exclue, et qu'une flambée de la fécondité semble à tout le moins hors de portée immédiate, il ne reste à la société qu'à gérer un scénario de décroissance. Qu'est ce à dire ? Il s'agit de gérer une très longue période de baisse de population, associée à un vieillissement massif, ainsi qu'à une involution économique et d'importants ajustements concomitants. Ce problème ne concerne pas seulement l'Allemagne, mais, à des degrés divers, quasiment tous les pays d'Europe et beaucoup d'autres dans le monde.

Jusqu'à présent l'humanité n'a connu en période de paix que des scénarios de croissance. Les rares scénarios de décroissance observés dans l'histoire furent dus à des guerres terribles ou à quelques rares autres catastrophes (Grande Peste par exemple entre 1346 et 1350), et cela a laissé d'épouvantables souvenirs. Ainsi l'Europe mit des siècles à se remettre de la chute de l'Empire romain. Ainsi la guerre de Trente Ans, a réduit la population allemande de plus d'un tiers (1618-1648) et l'Allemagne mit plus d'un siècle à se remettre (émergence de la Prusse).

Plus récemment en 1864-1870, la guerre de la Triple Alliance opposant le Paraguay, puissance économique montante d'Amérique du Sud à ses voisins, se solda par la perte de 50 % de sa population ne laissant presque que des femmes en vie. Le malheureux Paraguay fut projeté au bas de l'échelle de ces pays, et s'y trouve encore, près d'un siècle et demi plus tard.

Mais en ce qui concerne la situation démographique allemande, nous parlons d'un scénario de décroissance gérée, ce qui implique d'abord... d'en avoir conscience et d'y réfléchir avant que le scénario ne se déclenche. Il n'entre pas dans les propos de cet article d'analyser les phénomènes menaçants prévisibles. Mais on peut en esquisser quelques-uns.

  • Écoles : baisse du nombre d'élèves, d'où fermeture de certaines d'entre elles et mise au chômage du personnel, enseignants entre autres.
  • Chemin de fer: baisse de fréquentation due à la baisse de population des villes desservies, fermeture de lignes, mise au chômage d'un nombreux personnel. Idem pour les métros, RER, tramways bus etc., devenus non rentables. Hausse du prix de ces transports.
  • Construction: arrêt des mises en chantier, excès de logements dont une partie tombera dès lors en ruine. Loyers en baisse, ruine de certains propriétaires et arrêt de l'investissement en logement.
  • Industrie des produits de consommation: baisse du nombre de clients dans quasi toutes les branches (sauf les nouvelles), donc chute de la production accentuée par le manque d'appétit à la consommation des vieillards. Chute des bénéfices, chute des bourses, effondrement de la formation de capital. Déflation aiguë comme dans les années 1930. Explosion paradoxale du chômage.

Les inflexions récentes de la politique familiale

Une des raisons de cette faible fécondité réside dans la difficulté pour les femmes à concilier vie familiale et vie professionnelle. L'habitude voulait que les mères restent à la maison et n'aient pas recours à une aide extérieure. Pendant longtemps la RFA a été réticente à toute politique incitative qui lui rappelait fâcheusement l'époque nazie ou communiste de la RDA. La coalition CDU-SPD a pris une série de mesures, sous la houlette de la ministre de la famille, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse, Ursula von der Leyen qui bouleverse la politique familiale. En 2007 un salaire parental a été créé. Il vient s'ajouter aux allocations familiales. Le parent qui arrête son travail pendant un an, touche une allocation représentant 67 % du salaire perdu, avec un plafond de 1 800 euros et un minimum de 300 euros. La ministre a décidé la construction de 500 000 places de crèches d'ici à 2013 pour les enfants de 1 à 3 ans. Aujourd'hui, seuls 5 % à 9 % des besoins des Länder de l'Ouest sont couverts. L'aménagement du temps de travail, indispensable au développement de toute politique familiale, commence à entrer dans les négociations collectives.

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