Le portail d'entrée de la propriété au 1, rue du Général-de-Gaulle à Colombey-les-Deux-Églises.
La Boisserie était la résidence personnelle du général de Gaulle à Colombey-les-Deux-Églises en Haute-Marne. Elle est à ce jour un musée ouvert à la visite dont le propriétaire est son fils, l'amiral Philippe de Gaulle.
L'histoire de la maison du général
C'est le 9 juin 1934, que de Gaulle alors commandant et son épouse Yvonne achetèrent en viager cette gentilhommière de quatorze pièces entourée d'un vaste terrain et qui s'appelait déjà "la Boisserie", déformation du nom Brasserie parce que la brasserie de village y fut fondée en 1843. Le couple avait acquis cette demeure afin que leur fille benjamine Anne, trisomique gravement handicapée, bénéficie du grand air de la campagne champenoise dans cette maison de vacances et soit protégée de l'indiscrétion du public. Cette dernière affectionna d'ailleurs particulièrement les séjours à La Boisserie, ceci jusqu'à sa mort en février 1948. De plus, la résidence était proche de l'affectation du colonel de Gaulle au 507e régiment de chars de combat cantonnés à Metz de juillet 1937 à septembre 1939.
Deux colonnes en pierre encadrent la porte de chêne de l'entrée.
Tour d’angle hexagonale abritant le bureau du général de Gaulle.
Au moment de l'acquisition, La Boisserie n'était pas une habitation luxueuse : elle n'était raccordée ni au réseau d'eau, ni au réseau téléphonique. Au lendemain de la seconde Guerre mondiale, après avoir été pillée et partiellement incendiée en 1944, les principales améliorations furent apportées, comme l'eau chaude et le chauffage central ou la tour hexagonale en moellons coiffée de vieilles tuiles du pays que de Gaulle fit construire. Le général y installa, au rez-de-chaussée de cette dernière, son cabinet de travail d'où, d'un regard, il pouvait embrasser le paysage immense et sauvage.
De Gaulle aimait venir se reposer dans ce qu'il considérait comme sa vraie et sa seule demeure. Il s'y réfugiait pour prendre les décisions importantes, dans le calme et la solitude. Même élu président de la République française, au départ il refusa de séjourner à l'Élysée, contrairement à ce que dit le protocole. Il finit par habiter le palais présidentiel, mais continua de passer beaucoup de temps et tous ses week-end en famille à Colombey. En 1969, de Gaulle démissionna et Alain Poher lui succéda par intérim. Il se retira alors dans sa maison, avec son épouse. Il y décéda le 9 novembre 1970.
Yvonne de Gaulle y résida jusqu'en 1978, date à laquelle elle quitta définitivement La Boisserie pour Paris, afin d'entrer dans la maison de retraite des sœurs de l'Immaculée Conception. Elle mourut à l'hôpital du Val-de-Grâce, un an après à l'âge de 79 ans, le 8 novembre 1979, veille du 9e anniversaire de la mort de son mari.
La maison et son parc, y compris la clôture donnant sur la rue, a été inscrite aux monuments historiques par un arrêté du 6 septembre 2004.
Musée
Les charges financières provoquées par l’entretien de la propriété étant devenues trop lourdes, la Boisserie est aujourd'hui un musée ouvert à tout public. On peut notamment y voir :
Le vestibule aux grandes dalles patinées où sont accrochés aux murs des masques africains offerts, deux défenses d’éléphant et des sagaies en bois offerts lors de ses voyages. Sous l’escalier, près de la réserve de bois, le Général avait fait installer « la » ligne téléphonique de rigueur, eu égard à sa fonction présidentielle mais il y répondait rarement, détestant le téléphone. L'escalier en bois est barré, les appartements privés à l'étage étant non admises à la visite : la chambre du couple comporte deux lits jumeaux de style Louis XVI, une autre chambre sert de cabinet de travail à Yvonne de Gaulle où se trouvent les meubles de sa famille Vendroux et les chambres doubles de leurs enfants Philippe et Élisabeth.
La salle à manger, au sol recouvert d’un fin carrelagenoir et blanc et au mur décoré d'une tapisserie d'Aubusson, présente un mobilier typiquement normand (région d'origine de Charles et Yvonne), notamment le buffet avec la maquette du France dont Yvonne de Gaulle était la marraine. Cette pièce renferme des cadeaux personnels reçus par le Général : deux amphores romaines repêchées et offertes par la Marine française, un coq en acier de Thiérache offert par la Foire internationale de Lille qu’il inaugura le 23 avril 1966), un tapis venant du père d’Hassan II, une tablette de clés offertes par des villes visitées et, au-dessus de la porte d'entrée, une plaque en bois « rue Princesse », don de sa ville natale de Lille. Le Général s’asseyait le dos à la cheminée monumentale ornée de carreaux de Delft et s'amusait à faire compter aux invités le nombre d'animaux présents sur la Dame à la licorne.
Le grand salon toujours en carrelage noir et blanc recouvert par des tapis. Au mur, des portraits de la famille de Gaulle et un tableau du XVIIesiècle représentant le port d’Anvers, cadeau du roi Baudouin de Belgique. Un canapé, des fauteuils et des chaisessont disposés autour d’une cheminée de briques roses. Dans le fond, une vitrine expose divers cadeaux d'objets de culte, notamment une Piéta du XVe siècle, don à la maîtresse de maison du chancelier allemand Konrad Adenauer, le seul chef d’État reçu à la Boisserie les 14 et 15 septembre 1958, pour débuter la réconciliation franco-allemande.
La bibliothèque où Charles de Gaulle mourut le 9 novembre 1970 alors qu'il réalisait une patience sur sa table de bridge recouverte de feutrine verte, tout en attendant les informations régionales télévisées. Le mobilier est resté en place : le fauteuil blanc, le lampadaire et la table à jeu du Général, à côté le secrétaire de Mme de Gaulle. On voit également une table basse avec un coffre à cigares offert par Fidel Castro. La bibliothèque abrite notamment les Mémoires d'outre-tombe de Chateaubriand et le Mémorial de Sainte-Hélène qui ont inspiré les Mémoires de guerre du général, mais aussi les œuvres complètes de Jules Verne ou des ouvrages destinés à ses enfants (comme le Lion de Joseph Kessel). Au-dessus des bibliothèques sont accrochées des photos en noir et blanc, dédicacées par tous les chefs d’état rencontrés (Kennedy, la Reine Elizabeth II, Hélaï Sélassié, Churchill, etc.) et en face 14 lampes de mineurs alignées, offertes à chaque fois qu'il se rendait dans sa région d'origine.
Le bureau, attenant à la bibliothèque, situé dans la tour d’angle hexagonale, abrite les objets personnels du général : ses Mémoires de guerre reliées de cuir vert, un briquet, un sous-main, des souvenirs frappés du « V » de la victoire et de la croix de Lorraine (armes de parade, plaques commémoratives, fanions, insignes, etc.) ainsi que des fils de fer barbelés du camp d'internement de Compiègne - Royallieu. De la fenêtre, le général pouvait voir la forêt de Clairvaux et la ligne d'horizon de la Côte des bar.
Le parc boisé de deux hectares, planté de rosiers et de pivoines, garde au fond une partie (nommée « le verger » laissée en jachère fleurie dont le général faisait faucher deux fois par an. Les de Gaulle y ont fait installer des jeux pour ses petits-enfants : petite terrasse qui servait pour la piscine d'été, mini-golf, ancien terrain de tennis, portique de balançoire, etc.