En 2009, le taux de natalité en France était de 1,9 enfant par femme c'est à dire en baisse par rapport à 2008. De plus, il se situe toujours en dessous du seuil de renouvellement des générations, malgré qu'il soit l'un dès plus élevés d'Europe.
L'évolution de la natalité en France au cours du XXe siècle se résume de la manière suivante :
Autre paramètre : l'âge moyen de la mère au moment de la première grossesse. Celui-ci est passé de 24 ans en 1970 à 28-29 ans depuis 2001.
Dans un article publié fin 2005, la démographe France Prioux nous donne la répartition des naissances en France entre couples français, étrangers et mixtes, ainsi que son évolution entre 1998 et 2004.
Type de couple | Naissances en 1998 | Naissances en 2004 | Accroissement | Idem en % |
---|---|---|---|---|
Deux conjoints français | 631 000 | 628 100 | -2 900 | -4,6 |
Deux conjoints étrangers | 49 200 | 55 700 | +6 500 | +13,2 |
Couples mixtes | 57 900 | 84 000 | +26 100 | +45,1 |
Total France métropolitaine | 738 100 | 767 800 | +29 700 | +4,0 |
Comme on le voit, la hausse récente de la natalité en France est due avant tout aux naissances issues de couples de nationalités mixtes. Il y avait ainsi en 2004, 139 700 nouveau-nés dont au moins l'un des parents était étranger, soit 18,2 %, contre seulement 14,5 % en 1998. Rappelons que la mixité réelle est peut-être différente de celle correspondant à ces chiffres. En effet, bien des couples dont les deux conjoints sont Français, résultent d'unions entre une personne française d'origine étrangère, et une autre d'origine française. À l'inverse, bien des mariages mixtes résultent de l'union de deux personnes d'origine étrangère, dont l'une seulement a la nationalité française. Mais il est actuellement difficile de chiffrer ce phénomène, faute d'études.
À noter que le nombre d’enfants nés de deux parents français a atteint son maximum en 2000 avec 657 600 naissances.
En 2007, 28.45% des nouveau-nés en métropole avaient au moins un parent d'origine non-métropolitaine (essentiellement Afrique, Antilles, Maghreb), ce pourcentage variant selon les régions de 4.40% en Bretagne à 55.68 % en Île-de-France.
Région | % de nouveau-nés ayant au moins un parent d'origine non-métropolitaine par rapport au total des naissances (2007) |
---|---|
Île-de-France | 55.68 |
Provence-Alpes-Côte d'Azur | 41.91 |
Languedoc-Roussillon | 34.78 |
Alsace | 29.29 |
Midi-Pyrénées | 27.77 |
Rhône-Alpes-Pays de Savoie | 27.67 |
Picardie | 19.92 |
Franche-Comté | 17.90 |
Bourgogne | 17.01 |
Lorraine | 16.14 |
Champagne-Ardenne | 15.36 |
Limousin | 15.16 |
Nord-Pas-de-Calais | 14.27 |
Centre Val de Loire | 14.03 |
Auvergne | 12.84 |
Aquitaine | 12.29 |
Normandie | 11.61 |
Pays de la Loire/Poitou-Charentes | 11.20 |
Bretagne | 4.40 |
France métropolitaine | 28.45 |
Le taux de fécondité est le nombre moyen d'enfants mis au monde par l'ensemble des femmes d'une population, calculé d'après les données de natalité. Pour assurer le simple remplacement des générations, un taux de fécondité minimum de 2,07 est nécessaire, dans les conditions de mortalité régnant aujourd'hui en France. C’est-à-dire que chaque femme doit avoir en moyenne 2,07 enfants au cours de sa vie, nombre nécessaire pour qu'en moyenne 100 femmes soient remplacées par 100 filles. Il faut en effet tenir compte du fait qu'il naît approximativement 105 garçons pour 100 filles, et que tous les bébés n'arriveront pas à l'âge de la reproduction, puisqu'il en meurt un certain nombre en cours de route (surtout au cours de la première année. C'est la mortalité infantile, actuellement en 2007 de 4 pour mille environ).
Les données suivantes fournies par l'INED ne concernent que la France métropolitaine. Les chiffres provisoires concernant les années 2007 et 2008 sont ceux de l'Insee.
Année | Naissances | Fécondité | Année | Naissances | Fécondité |
---|---|---|---|---|---|
1960 | 819.951 | 2,73 | 1995 | 729.600 | 1,71 |
1964 | 877.800 | 2,91 | 1996 | 734.300 | 1,73 |
1970 | 850.381 | 2,47 | 1997 | 726.800 | 1,73 |
1971 | 881.284 | 2,49 | 1998 | 738.100 | 1,76 |
1972 | 877.506 | 2,41 | 1999 | 744.800 | 1,79 |
1973 | 857.186 | 2,30 | 2000 | 774.800 | 1,87 |
1974 | 801.218 | 2,11 | 2001 | 770.900 | 1,88 |
1975 | 745.065 | 1,93 | 2002 | 761.600 | 1,86 |
1980 | 800.376 | 1,95 | 2003 | 761.500 | 1,87 |
1985 | 768.431 | 1,81 | 2004 | 767.800 | 1,89 |
1990 | 762.407 | 1,78 | 2005 | 774.600 | 1,92 |
1991 | 759.100 | 1,77 | 2006 | 796.800 | 1,98 |
1992 | 743.700 | 1,73 | 2007 | 783.500 | 1,96 |
1993 | 711.600 | 1,66 | 2008 | 801.000 | 2,00 |
1994 | 711.000 | 1,66 | 2009 | 1,99 | |
Année | Naissances | Fécondité | Année | Naissances | Fécondité |
Pour la France entière, c'est-à-dire la France y compris les DOM, les chiffres fournis par l'Insee sont les suivants:
Année | Naissances | Fécondité |
---|---|---|
1994 | 741.499 | 1,683 |
1996 | 764.682 | 1,750 |
1998 | 768.581 | 1,779 |
2000 | 808.249 | 1,893 |
2001 | 804.052 | 1,895 |
2002 | 793.606 | 1,880 |
2003 | 793.893 | 1,891 |
2004 | 800.240 | 1,916 |
2005 | 807.787 | 1,943 |
2006 | 830.288 | 2,005 |
2007 | 816.500 | 1,975 |
2008 | 834.000 | 2,018 |
2009 | 1,990 |
Le taux de fécondité de 1,98 observé en 2006 en France métropolitaine correpond à un taux net de reproduction de 0,96.
En 1975, le taux de fécondité est passé sous le seuil de remplacement des générations (2.07), puis a continué à décroître jusqu'en en 1993-1994 (1.66). Depuis ce minimum, le taux de fécondité a remonté et a atteint en 2006 la valeur 2. Le niveau de 2008, quoique plus élevé que la moyenne européenne, n'est pas suffisant pour assurer la reproduction de la population. Un taux de fécondité d'au moins 2,07 est nécessaire pour cela.
À noter enfin qu'il est impressionnant de constater en France l'alternance de périodes de haute et de basse fécondité depuis au moins le début du XXe siècle, chacune d'à peu près 30 ans, c’est-à-dire de la durée approximative d'une génération :
Voir aussi: Procréation médicale assistée
En France, il y a, en 2009, 119 649 tentatives d'AMP par an, dont 54 179 inséminations artificielles et 65 413 cycles de fécondation in vitro (FIV, ICSI et TEC) par an. 3% de ces fécondations in vitro sont réalisées avec les gamètes d'un donneur. 238 000 embryons sont conçus par an dans le cadre de l'AMP; ils sont par la suite soit implantés, soit congelés, soit détruits. Ils donnent lieu à 7 350 accouchements (soit un peu moins d'1% des naissances).
Dans une étude publiée en 2004, et analysant en détail l'impact de l'immigration sur la population de la France métropolitaine, le chercheur démographe français de l'INED, Laurent Toulemon, est parvenu à cerner de près les effets de l'immigration sur la fécondité et la natalité en France dans les années 1990-1998.
Il apparait que durant cette période 17,1 % des naissances, soit plus d'un sixième, sont dues à au moins un parent immigré. La moitié d'entre ces naissances étaient issues de deux parents immigrés (8,6 % du total des naissances de France métropolitaine), le reste, soit 8,5 %, étant dû pour moitié à un père immigré et à une mère française (4,2 %) et pour moitié à une mère immigrée et à un père français (4,3 %).
Laurent Toulemon est aussi parvenu à déterminer les taux de fécondité des femmes françaises nées en France, ainsi que de toutes les communautés principales d'immigrantes en France, d'après leur pays d'origine :
Taux de fécondité en France (1990-98) | Taux de fécondité du pays d'origine | |
---|---|---|
Ensemble des femmes | 1,74 | |
Françaises nées en métropole | 1,70 | |
Immigrées | 2,16 | |
Françaises nées hors métropole (DOM-TOM et étranger) | 1,86 | |
Pays d'origine | ||
Espagne | 1,52 | 1,23 |
Italie | 1,60 | 1,24 |
Portugal | 1,96 | 1,49 |
Autre pays de l'UE | 1,66 | 1,44 |
Autre pays d'Europe | 1,68 | 1,41 |
Algérie | 2,57 | 3,64 |
Maroc | 2,97 | 3,28 |
Tunisie | 2,90 | 2,73 |
Autre pays d'Afrique | 2,86 | 5,89 |
Turquie | 3,21 | 2,90 |
Autre pays d'Asie | 1,77 | 2,85 |
Amérique et Océanie | 2,00 | 2,54 |
On constate qu'en général les femmes issues des pays à faible fécondité (toute l'Europe, plus la Tunisie et la Turquie) ont plus d'enfants en France que dans leur ancien pays. Et c'est le contraire pour les femmes originaire d'un pays à haute fécondité (essentiellement l'ensemble des pays d'Afrique y compris le Maroc et l'Algérie). L'ensemble des originaires des pays d'Asie (sauf la Turquie), d'Amérique et d'Océanie ont également une fécondité nettement plus faible en France que dans leur pays de naissance.
L'augmentation récente de la fécondité en France métropolitaine, observée parmi les femmes françaises, étrangères, naturalisées et immigrées, a fait l'objet d'une intéressante publication de l'INED sous la plume des démographes François Héran et Gilles Pison. Le petit tableau ci-dessous résume la croissance observée entre 1999 et 2004, au sein des divers groupes de femmes, réparties par origine, et résidant en France. Notons qu'en 2004, les étrangères et les immigrées constituaient respectivement 7 % et un peu plus de 10 % de la totalité des femmes en âge de procréer.
Taux de fécondité en 1999 | Taux de fécondité en 2004 | |
---|---|---|
Ensemble des femmes | 1,79 | 1,90 |
Françaises de naissance | 1,7 | 1,8 |
Immigrées | 2,6 | |
Françaises par acquisition | 2,1 | |
Etrangères | 2,8 | 3,3 |
Ces chiffres sont très significatifs et l'on peut en tirer plusieurs enseignements :
Primo, la fécondité a augmenté pour toutes les femmes, françaises de naissance incluses. Il est vrai que la hausse est particulièrement élevée pour les femmes étrangères, mais ceci est en relation avec la forte augmentation depuis 1999 du nombre de femmes originaires de pays asiatiques et surtout africains, à haute fécondité. En d'autres mots, la composition de la population étrangère a été fortement modifiée, suite à la vague d'immigration constatée depuis 1999. Ainsi le nombre de naissances de mère originaire d'Afrique noire est passé de 14 861 en 1999 à 21 452 en 2004, soit une augmentation de plus de 44 % en 5 ans.
Ensuite la fécondité des femmes immigrées, naturalisées et étrangères incluses, est déjà nettement moindre avec 2,6 enfants par femme. Ceci est dû au fait que les femmes ayant acquis la nationalité française, ont un taux de fécondité à peine supérieur à celui des femmes nées françaises (2,1 contre 1,8).
Enfin, il est remarquable, dans le contexte européen actuel, de constater que la fécondité des femmes françaises de naissance qui constituent 90 % des femmes en âge de procréer, ait atteint le niveau de 1,8 enfants par femme, ceci en franche opposition avec tous les pays voisins. On a calculé qu'en Suisse la fécondité des Suissesses de naissance n'est que de 1,2 par exemple. Pour l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie, le taux de fécondité est à peu près aussi bas, voire plus bas (Italie).
François Héran et Gilles Pison estiment que c'est avant tout la fécondité des Françaises qu'il faut expliquer, et non pas celle des étrangères, et qu'il est impossible de le faire sans souligner la politique de soutien à la famille et à l'enfance pratiquée continuellement en France depuis la deuxième guerre mondiale et qui bénéficie d'un large consensus dans le pays.
Il paraît donc vraisemblable que la hausse de la fécondité, plus importante encore, constatée en 2005 et surtout en 2006, soit en relation avec les nouvelles dispositions de la PAJE ou Prestations d'accueil du jeune enfant, mise en œuvre en 2004 et constituant un soutien toujours plus important à l'accroissement du nombre des naissances (voir plus haut le paragraphe intitulé "Mesures actuelles de soutien aux naissances").
Pourcentage des familles en 1999, suivant le nombre d'enfants de moins de 25 ans vivant sous leur toit :
Nombre d'enfants | Familles immigrées en France | Toutes les familles en France |
---|---|---|
Pas d'enfants | 38,7 | 46,5 |
Un enfant | 21,0 | 22,5 |
Deux enfants | 20,4 | 20,2 |
Trois enfants | 11,3 | 7,9 |
Quatre enfants et plus | 8,6 | 2,9 |
Total | 100,0 | 100,0 |
Source : Insee.