Chronologie de la Révolution copernicienne
- Aristarque de Samos (310–230 av. J.-C.), postérieur à Aristote, est le premier savant dans la Grèce antique à proposer un modèle héliocentrique. Sa théorie est très mal acceptée à cette époque.
- Nicolas de Cues (1401-1464) est l'un des premiers astronomes à proposer une représentation qui se rapproche de l'héliocentrisme.
- 1512 : Nicolas Copernic rédige un court traité De Hypothesibus Motuum Coelestium à se Contitutis Commentariolus, qu'il termine vers 1515, mais qui ne sera pas publié de son vivant. Dans cet ouvrage, qu'il dédie au pape, Copernic estime que la Terre décrit une trajectoire circulaire autour du Soleil. Une phrase illustre bien l'ampleur de la faille (que Freud qualifiera de blessure narcissique) que l'ouvrage introduit dans la représentation géocentrique de l'univers : « Tous les mouvements apparents que l’on constate au firmament sont dus aux mouvements de la Terre et non du firmament ».
- 1530-1543 : Nicolas Copernic écrit un second traité, De Revolutionibus Orbium Coelestium (Des révolutions des sphères célestes), achevé vers 1530. Cette œuvre ne sera publiée, par un imprimeur luthérien de Nuremberg, que le 24 mai 1543, peu de temps avant la mort de Copernic.
- 1541 : Melanchthon prend position contre les idées de Copernic.
- 1547-1548 : le dominicain Giovanni Maria Tolosani critique Copernic et réfute la doctrine héliocentrique d'abord sur la base de la Bible, puis en s'appuyant sur la doctrine cosmologique d'Aristote et de Ptolémée, dans un opuscule intitulé Du ciel suprême immobile [i.e. l'empyrée] et de la terre tout en bas stable et des autres cieux et éléments intermédiaires mobiles.
- 1549 : dans les Initia doctrinae physicae, Melanchthon prend position contre l'héliocentrisme en invoquant les enseignements de la raison et ceux de la révélation.
- 1570 : l'astronome jésuite Christophe Clavius réfute Copernic essentiellement sur des bases astronomiques et physiques, et rappelle que le copernicianisme est aussi contraire à la Bible.
- 1577-1578 : Michael Maestlin se déclare en faveur de la cosmologie de Copernic en 1578 dans son traité de la comète de 1577, Observatio & Demostratio Cametae Aetherei.
- 1580-1600 : la doctrine de l'équivalence des hypothèses est discutée ; elle visait à concilier les conceptions ptoléméenne (géocentrisme) et coperniciene (héliocentrisme) du monde.
- 1600 : Giordano Bruno est condamné au bûcher plus sur ses positions théologiques jugées hérétiques et ses attaques répétées contre le dogmatisme, que parce qu'il s'était basé sur Copernic pour développer son système philosophique d'un univers infini peuplé de mondes identiques
- 1604 : quand surgit la supernovae SN 1604 dans la Voie lactée, la « nouvelle étoile » achève de jeter le trouble dans les esprits à propos du dogme de l'immuabilité du ciel. D'autant que les mesures expérimentales faites sur « la nouvelle étoile » amènent nombre d'astronomes (dont Kepler et Galilée) à rejeter de plus en plus ouvertement l'ancien système des étoiles fixes.
- 1608 : Invention de la lunette d'approche, en Hollande vers 1608 (grossissement 3 fois). L'attribution de cette invention est difficile à établir, car plusieurs personnes cherchèrent à en obtenir le brevet. C'est néanmoins l’opticien hollandais Hans Lippershey qui fut le premier à présenter un exemplaire d'une lunette fin septembre 1608 ; Jacques Metius présenta une demande de brevet plusieurs semaines après Lippershey ; Sacharias Janssen fut connu par son fils qui prétendit en 1634 qu'il en était l'inventeur...
- 1609-1610 : Galilée perfectionne la lunette d'approche portant son grossissement à 6 puis 20 fois ; il est un des premiers à l'utiliser comme lunette astronomique pour l'observation d'objets célestes ; il observe des montagnes sur la Lune, les satellites de Jupiter, les taches solaires, ...Il publie le Messager des étoiles dans lequel il expose ses premières découvertes.
- 1608 à 1610, Thomas Hobbes rencontre Galilée à Paris ;
- 1609 : Johannes Kepler formule les deux premières lois sur le mouvement des planètes. Kepler établit en particulier que les trajectoires décrites par les planètes sont elliptiques, et non circulaires, comme le pensait Copernic.
- 1610 : dans son Commentaire sur le livre de Josué, le théologien jésuite Nicolaus Serarius dénonce le caractère doctrinalement dangereux du modèle copernicien, allant jusqu'à parler d'hérésie à son sujet.
- 1610 : Kepler prend connaissances de la découverte de quatre satellites tournant autour de Jupiter grâce aux observations de Galilée avec sa lunette astronomique et écrit une lettre de soutien publiée sous le titre de Dissertio cum Nuncio Sidero (Conversation avec le messager des étoiles), puis après avoir lui-même observé ces satellites, il publie ses observations dans Narratio de Observatis Quatuor Jovis Satellibus.
- 1615 : dans une lettre à Christine de Lorraine, Galilée fait état de ses interrogations sur les observations qu'il a effectuées, par rapport aux passages cosmologiques de la Bible, ainsi qu'à quelques passages des livres d'Aristote.
- 1615 : dans la lettre sur l'opinion des Pythagoriciens et de Copernic touchant la mobilité de la Terre et la stabilité du Soleil, le théologien carme Paolo Antonio Foscarini soutient la conciliabilité du texte de la Bible avec l'hypothèse héliocentrique.
- 1616 : l’édit anticopernicien de 1616 du cardinal Bellarmin admoneste Galilée, condamne le système de Copernic en tant que système philosophique, mais n’interdit pas de débattre du mouvement de la Terre dans un contexte « purement mathématique ».
- 1618 : Johannes Kepler formule la troisième loi sur le mouvement des planètes.
- 1623 : Le père Marin Mersenne, ami très proche de Descartes, publie l'Usage de la raison et sur la Genèse.
- 1624 : Galilée est reçu en avril en audience par le pape Urbain VIII, qui l'encourage à reprendre par écrit l’analyse et la comparaison entre les plus grands systèmes astronomiques, le modèle copernicien pouvant aussi être pris en compte, pourvu que ce soit dans une perspective purement mathématique.
- 1632 : Galilée publie Dialogo sopra i due massimi sistemi del mondo (dialogue sur les deux grands systèmes du monde), ouvrage ouvertement procopernicien, dans lequel il met en scène trois personnages, dont un aristotélicien, Simplicio, qu'il ridiculise.
- Septembre 1632 : Urbain VIII reçoit le dialogue sur les deux grands systèmes du monde et décrète l'ouverture d'un procès contre Galilée.
- 1632-1633 : Descartes écrit le traité du monde et de la lumière, dans lequel il défend la thèse de l'héliocentrisme.
- 22 juin 1633 : Galilée est condamné par l'Inquisition pour son ouvrage dialogo sopra i due massimi sistemi del mondo; Urbain VIII commue immédiatement sa peine en assignation à résidence.
- Novembre 1633 : Descartes apprend la condamnation de Galilée.
- 1634 : Descartes reçoit de son ami Beeckman l'ouvrage dialogue sur les deux grands systèmes du monde qui a valu à Galilée sa condamnation ; Descartes suspend la publication de son propre ouvrage, le traité du monde et de la lumière, et préfère donner une orientation philosophique à sa carrière.
- 1637 : Descartes publie des extraits de son traité du monde et de la lumière (la Dioptrique, les Météores, la Géométrie) accompagnés d'une préface, le Discours de la méthode, qui constitue son premier ouvrage philosophique.
- 1640-1641 : Descartes demande à son ami Marin Mersenne de recueillir les avis des meilleurs esprits de l'époque sur son projet de livre méditations sur la philosophie première. Marin Mersenne écrit les Secondes objectionstexte ; Hobbes écrit les Troisièmes Objections, qui sont un témoignage précieux pour l’étude de sa philosophie première. Les objections de Hobbes sont transmises à Descartes en janvier 1641.
- 1641 : Descartes ne tient pas compte des objections de Hobbes ; il publie les Méditations métaphysiques (1641), les Principes de la philosophie (1644), recherche de la vérité par les lumières naturelles ;
- 1646 : en réaction à la fois à l'aristotélisme et à la philosophie de Descartes, Blaise Pascal adhère aux thèses de Jean Duvergier de Hauranne, abbé de Saint-Cyran, qui introduisit le jansénisme en France.
- 1656 : Blaise Pascal écrit une série de lettres, les Provinciales, pour défendre son ami janséniste Antoine Arnauld, et critique violemment la casuistique, méthode introduite dans l'enseignement par certains Jésuites au début du XVIIe siècle.
- 1657-1696 : dans l'abbaye janséniste de Port-Royal à Paris, le scientifique Blaise Pascal, et de grands écrivains, Robert Arnauld d'Andilly, Pierre Nicole, Pierre Thomas du Fossé, sous la responsabilité du maître d'œuvre Louis-Isaac Lemaître de Sacy ont participé à la traduction de la Bible, dite de Port-Royal (voir Logique de Port-Royal) ; ce fut la seule traduction de la Bible en français au XVIIe siècle.
- 1659 : John Locke lit Descartes et commence à s'intéresser à la philosophie.
- 1686 : Robert Boyle écrit A Free Enquiry into the Vulgarly Received Notion of Nature.
- 1687 : Newton formule la théorie de la gravitation, qui confirme les thèses de Galilée.
- 1690 : John Locke publie l'essai sur l'entendement humain, premier traité sur l'étude moderne de la conscience, sorte de fondement de la philosophie de l'esprit.
- 1741 : devant la preuve optique de la trajectoire orbitale de la Terre, le pape Benoît XIV donne l'imprimatur aux ouvrages de Galilée,
- 1757 : le pape Benoît XIV lève l'index sur les ouvrages relatifs à l'héliocentrisme,
- 1781 : Kant publie la Critique de la raison pure, remise en question des fondements de la métaphysique.
- 1820 : le chanoine Settele s'apprête à publier ses éléments d'optique et d'astronomie, et se voit opposer un refus d'imprimer. L'auteur injustement censuré s'adresse au pape Pie VII, dont il reçoit en 1822 une sentence favorable.
- 1835 : le livre de Copernic, le commentaire sur le livre de Job de Zuniga, la lettre de Foscarini, l'Epitome de Kepler (condamné en 1619), et le Dialogue de Galilée disparaissent des listes d'ouvrages interdits par Rome.
- 1965 : le concile Vatican II déplore certaines attitudes d'esprit qui ont existé parfois parmi les chrétiens eux-mêmes, en raison d'une perception insuffisante de la légitime autonomie de la science, et fait une courte allusion à Galilée.
- 1979 : Jean-Paul II parle longuement de Galilée à l'Académie pontificale des sciences.
- 1981 : une commission présidée par le cardinal Paul Poupard, est chargée de réexaminer l'affaire Galilée.
- 1992 : la commission présidée par le cardinal Paul Poupard présente ses conclusions. Elle reconnaît les erreurs commises par la plupart des théologiens lors de l'affaire Galilée.
La victoire des thèses de Galilée a commencé d'intervenir avec le succès de la théorie newtonienne. La victoire définitive a été obtenue par la preuve optique de la trajectoire orbitale de la Terre et les mesures de levées d'index de la première moitié du XVIIIe siècle.