Si f = ∑ an Xn est un élément de R[[X]], on définit sa dérivée formelle en utilisant l'opérateur D défini par
Cette opération est R-linéaire :
pour a, b dans R et f, g dans R[[X]].
Beaucoup de propriétés de la dérivation classique des fonctions sont valables pour la dérivation des séries formelles. Par exemple, la règle de dérivation d'un produit est valable :
ainsi que la règle de dérivation d'une composée :
Dans un certain sens, toutes les séries formelles sont des séries de Taylor, car si f=∑an Xn, en écrivant Dk comme la ke dérivée formelle, on trouve que
On peut également définir la dérivation pour des séries formelles de Laurent d'une façon naturelle, et dans ce cas, la règle du quotient, en plus des règles énumérées ci-dessus, sera également valable.
L'anneau des séries formelles R[[X1, ..., Xr]] possède la propriété suivante :
Alors, il existe une unique application Φ : R[[X1, ..., Xr]] -> S vérifiant
On peut utiliser des séries formelles pour prouver certaines propriétés en analyse de manière extrêmement simple.
Formules trigonométriques : Considérons les éléments suivants de Q[[X]]:
Alors on peut montrer que
et
aussi bien que
(La dernière expression étant définie sur l'anneau Q[[X,Y]]).
Détermination du terme général d'une suite : Comme exemple de la méthode de la fonction génératrice, considérons le problème consistant à trouver le terme général de la suite de Fibonacci fn définie par f0 = 0, f1 = 1, et fn = fn−1 + fn−2 pour n ≥ 2.
Dans l'anneau R[[X]], on définit la série formelle
f est appelée la fonction génératrice de la suite (fn). La fonction génératrice de la suite (fn−1) est Xf et celle de (fn−2) est X2f. D'après la relation de récurrence sur la suite (fn), nous pouvons écrire que Xf + X2f est identique à f sauf pour les deux premiers coefficients. On obtient alors la relation
(C'est le point le plus important : une relation de récurrence sur une suite se traduit par une équation sur la fonction génératrice associée). Il suffit alors de résoudre l'équation précédente. On obtient :
Le dénominateur peut se factoriser en utilisant le nombre d'or et son conjugué
et la décomposition en éléments simples donne
On reconnaît, dans ces deux séries formelles, des séries géométriques. En identifiant leurs coefficients à celui de f, on obtient l'égalité suivante :
Soit R un anneau commutatif,
Soit G un groupe commutatif muni d'un ordre total compatible avec l'addition , c’est-à-dire tel que a < b équivaut à a + c < b + c pour tout c de G.
On considère l'ensemble des sous-ensembles I de G bien ordonnés, c'est-à-dire tels que I ne possède pas de chaine infinie décroissante.
On peut alors construire l'ensemble R((G)) des sommes
où ai sont des éléments de R et où on suppose que, pour chaque ensemble d'indexation I, si tous les ai sont nul alors la somme est nulle.
Alors R((G)) est l'anneau des séries formelles sur G, car la condition que l'ensemble d'indexation I soit bien ordonné assure que le produit est bien défini. On suppose évidemment que deux éléments qui diffèrent de zéro sont égaux.
Diverses propriétés de R peuvent se transférer à R((G).
Cette théorie a été développée par le mathématicien autrichien Hans Hahn