Tariq Ramadan - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Controverses liées à ses travaux

Ses écrits et déclarations sont très soigneusement observés. Tariq Ramadan est entre autres vivement critiqué par des intellectuels et hommes politiques français et organisations de droite comme de gauche. Lui sont reprochés un « double langage », des ambiguïtés - notamment sur les droits des femmes- qui masqueraient son fondamentalisme, ou des propos antisémites (cf. la polémique sur les "nouveaux intellectuels communautaires"). Ses critiques vont de l'extrême-gauche à la droite : Lutte ouvrière, Bernard Cassen (Attac), Max Gallo, Manuel Valls (élu PS), Alexandre del Valle (UMP), des organisations féministes comme Pro-choix, etc. Une analyse détaillée se trouve dans un documentaire de France Culture, Sur les docks intitulé « Tariq Ramadan et son Double ».

Tariq Ramadan est défendu par d'autres personnalités, comme Vincent Geisser, Alain Gresh, l'abbé Pierre ou François Burgat qui estiment qu'il n'est ni sexiste, ni antisémite, ni islamiste. Le journaliste Ian Hamel dans un article paru sur le site oumma.com estime en janvier 2005 qu'il existe en France une campagne anti-Ramadan. Il explique également : « J'ai interrogé des spécialistes des services secrets français, des hauts fonctionnaires du ministère de l’Intérieur, ils sont tous unanimes pour dire que Tariq Ramadan n'est pas Frère musulman, encore moins leur grand chef pour l'Europe. » Cela n'a pas empêché Tariq Ramadan de critiquer vivement la biographie que Ian Hamel lui avait consacré, reprochant notamment au journaliste de qualifier les frères musulmans « d'idéologie totalitaire ». Tariq Ramadan est un interlocuteur régulier des autorités britanniques ou néerlandaises.

Accusation de double discours

Tariq Ramadan est rapidement devenu un penseur musulman populaire parmi les jeunes musulmans, où ses discours sont diffusés sous la forme de cassettes audio et DVD. Il prône la stricte observance du Coran et des hadiths, tout en voulant concilier l'appartenance musulmane avec la vie commune et les lois des sociétés européennes. Il est critiqué sur ce point dans l'article de Leila Babès « L’identité islamique européenne d’après Tariq Ramadan », ainsi que par Ni putes ni soumises en réponse à Tariq Ramadan qui les avait prises à partie.

Tariq Ramadan est accusé par Caroline Fourest, ainsi que notamment Soheib Bencheikh, Antoine Sfeir et Mohamed Sifaoui, d'être un « maître du double langage » déclarant une chose au public non musulman et une autre au public musulman ce qui a fait réagir des commentateurs.

Caroline Fourest a publié en octobre 2004 Frère Tariq : elle y analyse, en détails, la vingtaine d'ouvrages écrits par Tariq Ramadan, ainsi que la plupart de ses conférences enregistrées sous forme de cassettes. Elle affirme que la pensée de Tariq Ramadan est fondamentalement plus intégriste que réformiste. Un extrait de ces cassettes est en ligne sur son blog pour que chacun puisse juger. Tariq Ramadan a répondu que Caroline Fourest interprétait librement ses discours en les sortant de leur contexte. Il estime également que l’ouvrage de Caroline Fourest comporte un certain nombre de contre-vérités. Caroline Fourest explique que Tariq Ramadan déforme ses propres reproches, pour pouvoir les contrer.

Lors d'un procès qu'il intenta au politologue Antoine Sfeir, ce dernier considéra Ramadan comme un islamiste dangereux, militant contre l'intégration, un « fondamentaliste charmeur », un « spécialiste du double langage », ce que vinrent appuyer d'autres témoins, parmi lesquels le journaliste Mohammed Sifaoui, pour qui « ce que dit Antoine Sfeir est en deçà de la réalité ». Antoine Sfeir a été relaxé à l'issue du procès.

Aux accusations de double discours, Tariq Ramadan répond qu’il est confronté à un auditoire varié et que de par cette diversité (musulmans, non-musulmans, acteurs sociaux, étudiants…) ses propos restent inchangés mais son langage et ses références sont adaptés à son public ou interlocuteur. Il explique que certains de ces accusateurs ne s’en tiennent qu’à l’énoncé littéral des sources qu’il cite, pour analyser sa pensée, sans prendre en compte son avis sur ces mêmes sources. Tariq Ramadan affirme qu'il n'a pas de double discours mais plutôt que ces accusateurs ont une double audition. Enfin, il estime qu’un certain nombre de personnes sont convaincues de l’hermétisme de l’islam religion archaïque et violente, et par conséquent sont rétives à toutes notions d’un islam ouvert.

Le 28 septembre 2009, dans l'émission "On n'est pas couché" de Laurent Ruquier, Tariq Ramadan a vivement mis en cause Caroline Fourest. Sur son blog, la journaliste a répondu point par point : en expliquant que Tariq Ramadan avait menti cinq fois au cours de cette émission, y compris à son sujet et au sujet de son livre : « Tariq Ramadan prétend que j’ai déformé ses propos sur l’homosexualité en vue de lui donner un sens opposé à ses idées. C’est totalement faux. En lisant l’intégralité du passage en question, vous rendrez compte que, loin de désapprouver la position des fondamentalistes homophobes, Ramadan se contente de ne pas approuver le fait que l’on aille jusqu’à traiter les homosexuels de " malades "… tout en considérant l’homosexualité comme un déséquilibre à combattre ». Tariq Ramadan dit dans le débat qui l'a opposé à Caroline Fourest qu'il faut absolument respecter les homosexuels et que personne ne peut les juger. Cependant, il dit que puisqu'il est un homme de religion, il ne peut pas approuver l'homosexualité, bien qu'il respecte leurs choix.

Critique des « nouveaux intellectuels communautaires » et accusation d'antisémitisme

Ramadan a entretenu des liens avec le mouvement altermondialiste. Invité au FSE de Paris (Forum social européen) en 2003, il publie sur le forum de discussion du FSE un texte polémique, qui fait naître l'accusation d'antisémitisme portée contre lui. Ce texte, Critiques des (nouveaux) intellectuels communautaires, avait dans un premier temps été envoyé aux quotidiens Le Monde et Libération, qui en avaient refusé la publication. Ramadan y affirme que plusieurs intellectuels juifs (comme Alexandre Adler, Alain Finkielkraut, Bernard-Henri Lévy, André Glucksmann ou Bernard Kouchner) ne seraient plus des intellectuels universalistes défendant les droits de l'homme universels, mais développeraient des analyses communautaristes, dictées uniquement par le soutien à Israël (« On perçoit clairement que leur positionnement politique répond à des logiques communautaires, en tant que juifs, ou nationalistes, en tant que défenseurs d’Israël »). Ce soutien les aurait amenés à soutenir la guerre d'Irak, conçue par le « sioniste notoire » Paul Wolfowitz. Établissant une équivalence entre terrorisme islamiste et politique d'Israël, il écrit : « S’il faut exiger des intellectuels et acteurs arabes et musulmans qu’ils condamnent, au nom du droit et des valeurs universelles communes, le terrorisme, la violence, l’antisémitisme et les États musulmans dictatoriaux de l’Arabie saoudite au Pakistan ; on n’en doit pas moins attendre des intellectuels juifs qu’ils dénoncent de façon claire la politique répressive de l’État d’Israël. »

Cette dénonciation d'intellectuels, sa forme, la globalisation de ses critiques (Pierre-André Taguieff et Bernard Kouchner désignés, à tort, comme intellectuels juifs) et ce qu'il attribue à chacune des personnalités citées lui ont valu des réponses critiques de plusieurs intellectuels et éditorialistes, dont Alain Finkielkraut ou Bernard-Henri Lévy; Lévy lui reproche notamment de produire des « énoncés antisémites » et invite les mouvements altermondialistes à prendre leurs distances avec lui. André Glucksmann répond dans l'article « Une obsession antisémite ». Toujours dans le Nouvel Observateur, trois responsables du PS, Manuel Valls, Vincent Peillon et Jean-Luc Mélenchon demandent -en vain- l'exclusion de Tariq Ramadan du Forum social européen.

Dans la polémique, Tariq Ramadan a également trouvé des défenseurs, dont José Bové, le journaliste Daniel Mermet ou Noël Mamère, ou le directeur de rédaction de l'hebdomadaire de la gauche radicale Denis Sieffert, qui reprenait à son compte une partie de ses arguments :

« Mais que dit Ramadan de si extraordinaire ? Il accuse certains intellectuels « juifs français », ou « nationalistes », « de développer des analyses de plus en plus orientées par un souci communautaire qui tend à relativiser la défense des principes universels d’égalité ou de justice ». Il leur reproche une indignation sélective. Or, c'est un fait que l'on n'a pas souvenir d’avoir beaucoup entendu Finkielkraut, Adler, BHL ou encore Taguieff condamner la politique de répression de Sharon. »

Tariq Ramadan expliquera dans son entretien avec le journaliste Aziz Zemouri, que si les journaux Le Monde et Libération ont refusé le texte, les deux journaux n'ont pas invoqué le caractère antisémite.

La controverse des Pays-Bas

En 2007, l’université de Leyde, aux Pays-Bas lui propose d'occuper la chaire d’islamologie. Tariq Ramadan finit par refuser ce poste tout en affirmant que sa décision n'a aucun lien avec les protestations relayées par les médias. La même année, il est embauché comme consultant sur les questions d'intégration par la mairie de Rotterdam et comme professeur invité par l'université de cette ville. Les deux institutions le renvoient en août 2009 en raison de sa participation aux programmes de Press TV, une chaîne de télévision financée par le régime iranien. Ramadan accuse en réponse ses détracteurs néerlandais de se servir de son cas à des fins électorales. Un certain nombre de fonctionnaires de l’Université Erasmus ont protesté contre la façon dont l’université a uni ses forces avec la municipalité de Rotterdam pour renvoyer Tariq Ramadan : selon eux il s’agit d’une atteinte à la liberté académique.

Son poste avait déjà été menacé une première fois en avril 2009, lorsque un média néerlandais lui avait attribué des propos homophobes et sexistes. De ce fait son contrat de conseiller de la municipalité de Rotterdam chargé de « stimuler » le débat sur l'immigration fut au cœur d'une vive polémique qui a entraîné une scission au sein de la coalition qui gouverne la ville. Professeur d'islamologie à l'université Erasme, son mandat a dans le même temps été prolongé. Ses propos au sujet des homosexuels et des femmes, son rôle réel dans la communauté musulmane et ses conceptions quant à la place de l'islam dans les sociétés européennes ont été au cœur de la polémique.

Après enquête, la mairie de Rotterdam lui a renouvelé sa confiance, considérant que les propos rapportés par Gay Krant sont inexacts, incomplets et sortis de leur contexte ce qui rejetterait donc l'accusation du double discours de Tariq Ramadan. Dans un communiqué cosigné par plusieurs professeurs et chercheurs, il est dit que « l'université doit représenter le raisonnement objectif même lorsque les émotions sont vives. Un débat s’impose et non un licenciement » affirmant que « Ramadan est un homme qui croit dans un débat ouvert et constructif en toutes circonstances » et rappelant que « le programme [mise en cause] ne fait aucune propagande en faveur du régime d’Ahmadinejad ; Ramadan a d’ailleurs condamné la politique de répression de ce gouvernement. ». Les universitaires Paul Aarts, Michiel Leezenberg, Annelies Moors et Ruud Peters de l’Université d’Amsterdam (UvA) souhaitent avoir Tariq Ramadan comme professeur invité, pour eux « ce serait un honneur pour l’Université d’Amsterdam si Tariq Ramadan était le bienvenu ici. Ainsi, nous montrerions clairement que l’UvA ne s’associe pas à la campagne diffamante contre les musulmans qui considèrent que l’islam est important pour eux également au-delà de la sphère privée ».

Un tribunal de Rotterdam a estimé que le licenciement de Tariq Ramadan était conforme. Il a aussi estimé que l'intéressé n'était pas fondé à réclamer des dommages et intérêts pour la mise en cause de son honneur et de sa réputation tout en considérant que la ville avait pu à juste titre invoquer « l'agitation sociale » résultant de l'affaire sans qu'il faille considérer les propos comme offensants. Le même jour, Tariq Ramadan reproche au tribunal de ne pas avoir pris en compte ses arguments : la promptitude de son licenciement dû au climat populiste de l'époque alors qu’il était absent, la non prise en compte de la nature de l’émission ainsi que de ses critiques à l’égard du régime iranien et donc de son indépendance vis-à-vis de ce dernier et accuse clairement le tribunal d'avoir pris une décision tendancieuse motivée par « un climat politique malsain » ainsi que par le fait qu'il est musulman et annonce qu'il fera appel de cette décision.

Page générée en 0.140 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise