Église Saint-Martin de Cologne - Définition

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Utilisation actuelle et vie religieuse

Le fait qu’il n’y avait plus, après la Seconde Guerre mondiale, de communauté paroissiale distincte attachée à l’église Saint-Martin est donnée comme une des raisons de la très longue durée des travaux de restauration; la paroisse fut en effet dissoute à l’issue de la guerre et ce qui en restait de membres fut invité à rejoindre la paroisse de la cathédrale. Ainsi n’y avait-il pas ici, comme dans les autres églises de Cologne, de forte pression pour hâter les travaux et remettre en état ce lieu de culte le plus rapidement possible, et l’accent pouvait-il être mis avant tout sur la restauration du clocher, eu égard à l’importance de celui-ci pour l’image générale de la ville.

Depuis la reconsécration de l’édifice, les offices religieux étaient célébrés uniquement à l’intention de communautés paroissiales catholiques, en langues espagnole, portugaise et filipino. Le 19 avril 2009, l'église Saint-Martin est redevenue une église monastique avec l'installation d'une communauté des fraternités monastiques de Jérusalem composée de 12 frères et sœur. Les offices des Laudes aux vêpres sont célébrés du mardi au dimanche.

Par ailleurs, l’église est ouverte, à certaines heures, aux croyants et aux visiteurs. Le Förderverein Romanische Kirchen Köln e. V. organise régulièrement des visites guidées dans Groß St. Martin.

Le 11 novembre, jour de la saint Martin, la traditionnelle marche aux flambeaux s’achève par un feu de la saint Martin sur le parvis de l’église, puis, à l’intérieur de celle-ci, la manifestation est clôturée par une prière du soir encadrée d’un programme musical.

Cloches

Les cloches 'Sainte-Marie (en bas à l'avant-plan), Saint-Martin ( second plan en bas à gauche) et Sainte-Ursule (haut).

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les quatre cloches, qui, conformément à la coutume ancienne, sonnaient en des1–es1–f1–ges1 , furent toutes détruites. La sonnerie actuelle se compose de cinq cloches de volée en bronze, coulées dans les années 1984/85 par Florence Hüesker dans la ville de Gescher (non loin de Münster, Westphalie) et financées par des fondations. Par leur construction lourde (paroi de forte épaisseur) et de leur suspension à un beffroi en bois, les cloches gagnent en résonance et en tempérament. Pour l’angélus, c’est la cloche 3 qui est sonnée, pour les messes du dimanche, l’on fait résonner les cinq cloches tout ensemble et sans distinction.

Nom Diamètre
(mm)
Poids
(kg)
Nominal
(16tel)
Inscription
1 Marie 1580 2600 c1 ±0 Sancta Maria – uni deo et Sanctae Mariae
omins honor et gloria
2 Martin 1150 1140 f1 +1 Sanctus Martinus – per intercessionem
Sancti Martini da pacem Domini diebus nostris
3 Elophe 1070 820 g1 +1 Sanctus Eliphius – sum campana pii
qui nos defendit Sancti Eliphii
4 Brigitte 940 570 a1 +1 Sancta Brigida – ut in omnibus deus
glorificetur
5 Ursula 750 307 c2 +2 Sancta Ursula – protege civitatem tuam ubi
cam sodalibus tuis gloriosum sanguinem refundisti

Décoration et mobilier

Emplacement des principales pièces décoratives
Figure d’Ève, détail d’une arcade aveugle gothique.
Groupe de la crucifixion. Vue d’ensemble, avec l’arcade aveugle.
Détail du crucifié.

Alors que, dès le XIXe siècle, il ne subsistait déjà plus que peu de chose de la décoration ancienne de l’église, la majeure partie des autels, sculptures et objets d’art d’origine encore en place au milieu du XXe siècle fut, de surcroît, perdue dans les destructions de la Seconde Guerre mondiale. La décoration intérieure actuelle se compose des quelques rares objets du XIIe au XVIe siècles qui ont été préservés, d’une série de pièces acquises par achat ou donation et datant de diverses époques, ainsi que de quelques œuvres d’art modernes datant des années 1980. Dans le texte qui suit, les objets d’importance seront décrits avec quelque détail, et les autres évoqués brièvement (les chiffres entre parenthèses indiquent l’emplacement de l’objet concerné sur le plan ci-contre à gauche).

Vestiges d’un autel du Christ en croix

Il s’agit d’un autel de la croix créé en 1509 à l’instigation du maire de Cologne d’alors, Johann von Aich. L’autel changea plusieurs fois d’emplacement : sur les cartons dessinés par Essenwein au XIXe siècle, il se dresse encore contre le mur nord de l’église, mais sans qu’y soit visible l’arcade de pierre qui l’encadrait autrefois, et qui avait probablement été recouverte d’une couche de crépi ; toutefois, au début du XXe siècle, il est décrit comme se trouvant contre le pilier médian nord de la nef. En tout état de cause, le groupe de la Crucifixion ornait le haut de l’autel, alors que le groupe de la Mise au tombeau formait le dessous de la table d’autel.

Aujourd’hui, l’ensemble de la Crucifixion se trouve de nouveau à l’emplacement que l’on suppose être celui d’origine, à savoir contre la partie occidentale de la paroi nord, où, du reste, a été redécouverte, à l’occasion des travaux de restauration entrepris après la guerre, l’ancienne arcade de pierre ; le groupe de la Mise au tombeau a été installé quelques mètres plus à droite de cet emplacement, dans une niche mise au jour également aux alentours de la même date. (1)

Groupe de la crucifixion

Les sculptures du groupe de la crucifixion comprennent le Christ crucifié, sa mère la Vierge Marie et l’apôtre Jean. Des figures qui autrefois décoraient l’arcade gothique encadrant le groupe, n’ont été conservées que trois petites statuettes représentant Adam et Ève ainsi que, suppose-t-on, un prophète ; pour le reste, l’arcade a été entièrement érodée par le temps.

Tilman van der Burch, un des rares sculpteurs sur pierre et sur bois de la fin du XVe siècle dont le nom soit attesté sur un document, passe pour être le créateur de ces sculptures. Pour sa figure du Christ en croix, élaborée avec une grande précision anatomique, il usa de détails réalistes : les yeux sont clos, à une mince fente près, et les marques de la douleur sont inscrites sur son visage ; les côtes sont proéminentes et la blessure sur le côté est ample et bien visible. Si les figures de Marie à gauche et de Jean à droite de la croix semblent s’opposer par leur attitude, les deux personnages néanmoins sont bien accordés l’un à l’autre : tandis que Marie baisse le regard dans une tranquille affliction, Jean se tourne vers le crucifié avec un regard et des gestes pathétiques. (1)

Groupe de la mise au tombeau

Groupe de la mise au tombeau. Autour du Christ gisant se tiennent, de gauche à droite : Nicodème, une pleureuse inconnue, Marie-Madeleine, la Vierge Marie, Jean, et Joseph d’Arimathée.

Est considéré également comme appartenant au même autel de la croix le groupe sculpté dit de la mise au tombeau, lequel comprenait à l’origine, outre le Christ défunt, sept personnages, tous représentés aux trois quarts ; une des figures de femme n’a plus été retrouvée après la Deuxième Guerre mondiale. Les effigies de Jean et de Marie ressemblant fortement, pour l’exécution et la physionomie, à celles du groupe de la crucifixion, l’on admet qu’ils proviennent de l’atelier du même artiste, Tilman van der Burch.

De la même façon que dans le calvaire de l’autel, le Christ défunt est figuré ici avec un certain nombre de détails anatomiques, tels que des veines proéminentes et des piqûres sur le front, identifiables comme stigmates de la couronne d’épines ; il est étendu, la tête penchée légèrement sur la gauche, au centre d’un linceul que tiennent par les deux bouts Nicodème et Joseph d’Arimathie. La Vierge Marie, reconnaissable à sa sobre cape bleue, soulève légèrement le bras du défunt, exhibant ainsi au regard le stigmate de la main droite. À la droite de Marie se tient Jean, troisième figure masculine de l’ensemble, en l’occurrence d’un aspect tres juvénile. Alors que le Christ et les personnages aux deux extrémités du linceul sont presque en grandeur nature, les bustes des femmes et de Jean apparaissent nettement plus petits, ce qui les situe, par un effet de perspective, plus à l’arrière-plan. Dans la littérature spécialisée, l’on a voulu voir dans la pleureuse la plus proche de la Vierge Marie le personnage de Marie-Madeleine.

Les autres figures de femme se tenant à la droite de Marie, primitivement au nombre de trois et dont seules deux ont été conservées, se signalent, ainsi que les deux figures masculines aux extrémités du linceul, par une vêture assez somptueuse, exécutée avec grand détail, et contemporaine de l’artiste. (2)

Fonts baptismaux

Fonts baptismaux de l’époque des Hohenstaufen. La cuve, de forme prismatique, haute d’environ 80cm, repose sur un nouveau socle de béton.

Les fonts baptismaux, taillés dans du grès clair, et disposés devant le groupe de la crucifixion, datent de l’époque des Hohenstaufen. En raison de leur forme et de leur décoration, ces fonts sont rangés parmi les oeuvres de pierre les plus intéressantes de la première moitié du XIIIe siècle.

La cuve, répondant à un plan octogonal allongé, a ses parois extérieures ornées d’une frise de huit grandes rosettes, lesquelles, chevauchant les arêtes verticales, se distribuent de manière uniforme sur les huit pans d’inégale largeur de la cuve. À quatre des huit angles, des têtes de lion ont été taillées ; hors de leurs gueules se déroule une mince frise de feuilles d’acanthe qui vient cerner le bord supérieur de la cuvette.

Jusqu’à la destruction de l’église pendant la guerre, les fonts baptismaux avaient un couvercle en cuivre ; la couverture actuelle, en bronze, est l’oeuvre du sculpteur Karl Matthäus Winter, originaire de Limburg an der Lahn, qui y grava des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament, qu’il articula en une séquence continue d’images.

Il y a des raisons de supposer que ces fonts ont été récupérés de l’ancienne église Sainte-Brigitte ; celle-ci reçut en 1510 de nouveaux fonts en laiton. (3)

Triptyque des Rois mages

Triptyque des Rois mages (vers 1530).

Le triptyque actuellement exposé contre le pilier nord-est de la nef, fut réalisé aux alentours de 1530 et provient vraisemblablement d’un atelier situé en Rhénanie inférieure. S’y trouvent représentées deux scènes de l’enfance de Jésus, peintes dans le langage pictural de la Renaissance néerlandaise : au centre, l’adoration des mages, à gauche, Marie et Joseph dans la contemplation silencieuse de leur fils, et, sur le volet droit, la circoncision de l’enfant Jésus.

Le tableau, qui fait, tout ensemble, 72 cm de large et 102 cm de haut, a été exécuté à l’huile sur panneau de bois et faisait partie du mobilier primitif de Groß St. Martin à l’époque où elle était église abbatiale. (5)

Autres éléments de mobilier

Christ souffrant, XVIe siècle. (9)
Statue de Brigitte de Kildare ; (11)
  • Christ souffrant : la figure en bois, presque en grandeur nature, date du XVIe siècle et est peut-être originaire du même atelier que les groupes de la crucifixion et de la mise au tombeau. (9)
  • Statue de Saint Élophe : cette sculpture de bois, de date incertaine, mais dont on sait qu’elle ne remonte pas au-delà du XIIe siècle, montre le geste miraculeux du deuxième patron de l’église (après saint Martin), qui aurait, après sa décapitation, tenant sa tête dans la main, choisi l’emplacement de sa propre sépulture. La statue fut acquise en 1986 sur le marché de l’art. (8)
  • Autel dédié à Marie avec icône : l’icône, en provenance de Russie centrale, est supposée remonter au XVIIe siècle ; également achetée sur le marché de l’art, elle est un don des travailleurs occupés à la reconstruction de l’église. (4)
  • Chemin de croix : les 14 tableaux composant ce chemin de croix, qui datent du début du XXe siècle, sont issus d’une collection privée ; ils ont été apposés le long de la paroi du collatéral sud. Non numéroté
  • Autel du Saint-Sacrement avec tabernacle : le tabernacle moderne de l’autel secondaire nord fut créé ― comme le couvercle des fonts baptismaux ― par l’artiste contemporain Karl Matthäus Winter en 1984. (6)
  • Autel de croisée avec lustre en cerceau : la sobre table d’autel en pierre, doté d’un sépulcre (c’est-à-dire d’une cavité où se conservent des reliques de saint), fait également partie de l’ameublement moderne de l’église. Le lustre en cerceau suspendu au-dessus de lui, en acier inoxydable, coïncide par son diamètre de 4,20 mètres avec la diagonale de la table d’autel. Ces deux objets ont été conçus par Joachim Schürmann, un des architectes chargés de la reconstruction de l’après-guerre. (7)
  • Orgue : un orgue-armoire d’Italie méridionale datant du XIXe siècle, de facture assez simple, est venu remplacer les grandes orgues disposées autrefois sur une tribune au fond de la nef. (10)
  • Chapelle Sainte-Brigitte : la niche étroite aménagée dans la partie sud de la paroi occidentale, autrefois contiguë à l’église Sainte-Brigitte, abrite aujourd’hui une statue de l’abbesse irlandaise Brigitte de Kildare, qui passa sa jeunesse dans un milieu paysan. Les « sept vaches grasses » bibliques, qu’évoquent les restes d’une mosaïque incorporés dans le sol au bas de la niche, peuvent être vues comme une allusion à ce détail biographique. (11)
  • Statues des apôtres Pierre et Paul : disposées dans les niches du fond, deux statues grandeur nature du sculpteur Peter Josef Imhoff flanquent la grande porte occidentale de part et d’autre. Leur provenance n’a pu être élucidée ; il semblerait que le cycle sculptural complet ait compté quatre figures. (12)
  • Croix moderne en bois : devant le portail occidental est étendue sur le sol, à l’endroit où s’amorce l’allée centrale de la nef, la monumentale et très abstraite croix de bois créée par Franz Gutmann ; conçue à l’origine pour orner une salle de méditation à l’abbaye de Siegburg, mais répudiée par celle-ci, elle trouva à s’héberger dans Groß St. Martin. (13)
  • Cycle de vitraux : le nouveau cycle de verrières, que l’artiste Hermann Gottfried, dans le cadre de la restauration de l’église, dessina pour Groß St. Martin dans les années 1980, n’a pas encore été exécuté complètement. Les absides, avec les trois fenêtres qu’elles comportent chacune, seront ainsi tour à tour consacrées à un des trois saints patrons de l’église : saint Éloph au nord, sainte Brigitte au sud et saint Martin dans l’abside orientale. À ce jour, seules les trois fenêtres orientales sont achevées : elles se composent de vitraux représentant des épisodes de la vie de saint Martin. Au contraire des verrières de la nef et des baies occidentales, les fenêtres orientales se signalent par leurs vives couleurs contrastées à dominante rouge. La thématique des six fenêtres de la nef se rapporte aux six jours de la Création ; les trois fenêtres de la façade ouest ont pour thème la Vierge Marie.
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