Église Saint-Martin de Cologne - Définition

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Description de l'édifice

Groß St. Martin est une basilique à trois vaisseaux, à piliers, s’étirant sur trois travées et demie, et dont le chœur, de forme carrée, est entouré sur trois côtés de vastes absides semi-circulaires composant ensemble une forme tréflée, la triconque. Sa longueur, dans le sens est-ouest, est d’environ 50 mètres ; le vaisseau central a une largeur de dix mètres, le transept de plus de 27 mètres. Au-dessus du chœur quadrangulaire se dresse un clocher de 75 mètres de haut, flanqué de quatre clochetons d’angle.

Extérieur

Dessin de Sulpiz Boisserée, XIXe siècle. Le plan en élévation correspond en grande partie à l’aspect actuel.
Détail de la galerie naine et de la frise sur la conque sud.

L’aspect extérieur est une claire illustration d’un des grands principes d’ordonnance de l’architecture romane à l’ère des Hohenstaufen, savoir : le fait, pour les formes et les structures, de gagner en complexité à mesure que l’on va, sur le plan horizontal, d’ouest en est, et, sur le plan vertical, du socle aux étages supérieurs du clocher.

Triconque et tour de croisée

Clocher et chevet triconque, quand on les aperçoit depuis l’ouest, c'est-à-dire depuis la rive du Rhin et du Fischmarkt, se présentent comme une unité architecturale. Les trois conques, que les murs pignons droits qui ferment le chœur et le transept sectionnent en demi-cylindres coiffés de combles semi-coniques, ont été accotées contre les faces sud, nord et est du chœur. Du reste, ce sont, les formes rondes qui dominent les deux étages inférieurs : les surfaces des conques et les angles du clocher sont scandés au rez-de-chaussée par une couronne de pilastres de faible saillie reliées entre elles par des arcatures aveugles en plein cintre (dites bandes lombardes ou lésènes). Contre la conque nord s’appuie par ailleurs une sacristie de faible hauteur, et cette même conque s’ouvre vers le nord-est par un portail. Le premier étage est semblable à l’étage inférieur, sauf que, d’une part, les arcs en plein cintre sont ici en saillie plus marquée ― au lieu des lésènes plates, les arcs viennent s’appuyer sur des colonnes dont les fûts sont dégagés aux trois-quarts ―, et que, d’autre part, dans chacune des conques, trois des arcades sont percées d’une baie. La transition des deux niveaux (rez-de-chaussée et étage) vers le comble se fait à la fois par une frise simple et, au-dessus de celle-ci, par une arcature à plein cintre et à claire-voie, dite galerie naine (allem. Zwerggalerie) ; visuellement, ces deux éléments forment un bandeau horizontal cerclant d'un bout à l'autre l’ensemble architectural que composent le clocher et les conques. Le mouvement d’approfondissement progressif de la structure, au fur et à mesure de son élévation, trouve ainsi, après les lésènes plates des bandes lombardes, puis les baies vitrées de l’étage, son achèvement dans une succession d’ouvertures complètes sous la forme d’une galerie.

Plus haut, au-delà des combles des absides, les formes droites tendent à prendre le pas sur les rotondités. Les pignons des trois façades qui ferment la nef centrale et le transept sont ornés d’une rosace, tandis qu’à droite et à gauche de chacune de celles-ci s’ouvre une petite fenêtre quadrilobée.

De part et d’autre desdites façades, contre leurs bords verticaux, prennent racine les quatre tours d’angle octogonales, dont le premier étage s’élève jusqu’à la naissance des pignons. C’est à ce niveau aussi que commence à émerger hors de la masse de l’édifice la puissante tour de croisée, faisant presque figure de corps de bâtiment distinct. Les formes rencontrées auparavant – lésènes, baies à arcs plein cintre séparés par des colonnes engagées, et galeries ajourées à colonnes – se retrouvent plusieurs fois dans la suite de la construction : un peu au-dessus du sommet des pignons, une frise, semblable à celle déjà rencontrée, ainsi qu’une arcature plein cintre aveugle rappelant la galerie naine, embrassent simultanément les cinq tours, de telle sorte qu’elles apparaissent, à l’œil, comme enserrées par un même bandeau. Les arcs du clocher central sont d’un dessin plus élancé que ceux aménagés sur les faces des tourelles octogonales. La moulure en saillie située un peu plus haut ceinture également l’ensemble des cinq tours et marque la transition vers les deux derniers étages du clocher de croisée, dont les façades viennent dorénavant, au-delà de cette moulure, se poser légèrement en retrait.

Les façades de la partie supérieure du clocher offrent de nouvelles variations des mêmes éléments structurants déjà présents aux étages de dessous : des lésènes, que relient trois cintres, divisent les quatre surfaces rectangulaires de ces façades en trois grandes arcades, percées chacune de fenêtres géminées ; elles sont ornées près de leur bord supérieur de petites arcatures aveugles. Ces mêmes éléments se répercutent, sous une forme simplifiée, sur les surfaces des tourelles d’angle.

Au-dessus du niveau où, sur le haut, les façades se terminent par une corniche et où vient s’articuler la haute flèche du clocher, les tourelles d’angle, désormais isolées, continuent de s’élever en hauteur sur encore deux petits étages et s’achèvent par une flèche pyramidale plissée. Les motifs antérieurs ― frise, arcades aveugles et galerie à jour ― se retrouvent également dans ces deux étages, à échelle plus réduite.

Nef

Tourelle d’angle sud-ouest.

D’une longueur relativement faible, la nef, qui se double de part et d’autre d’un étroit vaisseau collatéral, s’étire à partir du chœur en direction de l’ouest.

Sa structuration en quatre travées (ou trois travées et demie, celle la plus proche du chœur n’étant que moitié aussi longue que les trois autres) est reflétée dans l’aspect que prennent, sur sa face extérieure nord, les parois du collatéral et du clair-étage : en effet, des lésènes aménagées ici en écho des quatre travées, et reliées par une frise d’arceaux, déterminent dans ces parois quatre surfaces hautes et étroites. Des quatre pans ainsi délimités dans la paroi du collatéral gauche, trois sont percés de grandes roses, tandis que, parallèlement à ceux-ci, les pans du clair-étage situés en contre-haut s’ouvrent de baies élancées, à arc plein cintre, également au nombre de trois.

La façade méridionale de la nef est, aux roses près, dénué d’ornement, puisque c’est ici que se dressait autrefois, côte à côte avec Groß St. Martin, l’église paroissiale Sainte-Brigitte. Le double retrait de la paroi du collatéral et son tracé légèrement de biais, déterminé par la clocher de Sainte-Brigitte, sont les traces les plus visibles rappelant l’existence jadis d’un complexe de bâtiments incluant l’ancienne église paroissiale ; par ailleurs, le dessin des pavés devant et à côté de Groß St. Martin marquent l’emplacement des fondations de Sainte-Brigitte. À l’heure actuelle, la face sud de la nef est en majeure partie soustraite au regard de l’observateur par des constructions, nommément le Centre international Groß St. Martin, dont le portail ne donne accès qu’à une petite cour intérieure et à l’entrée sud de la basilique.

Regard à travers le vaisseau central en direction de l’autel et de l’abside orientale.

À l’ouest, la face frontale de la nef présente un aspect légèrement asymétrique. Si en effet, à gauche, la frise d’arceaux du collatéral nord, déjà signalée, après avoir contourné l’angle, se prolonge sur la façade occidentale en s’élevant parallèlement à la ligne inclinée du demi-pignon qui clôt ledit collatéral, le semi-pignon du collatéral opposé (sud) en revanche apparaît dépouillé et sans ornement ; de même, alors que dans le mur qui ferme le collatéral nord a été pratiquée une fenêtre haute et élancée, en gothique tardif, ornée d’entrelacs, et se terminant par une ogive, le mur du collatéral sud n’est quant à lui percé que d’une petite ouverture à arc plein-cintre.

Un portail richement ornementé donne entrée au vaisseau central : une arcade à ogive gothique s’appuie de part et d’autre sur deux pieds-droits constitués chacun de quatre colonnes engagées, dont celle située côté droit le plus à l’extérieur se dresse à une distance plus grande du portail, créant une légère asymétrie. Trois de ces colonnes se prolongent vers le haut en une ogive, formant archivolte ; deux d’entre elles sont ouvragées avec une extrême finesse, et deux autres sont ornées, à la base de la voussure, d’une petite figure de lion. L’asymétrie de la façade occidentale s’explique par la présence autrefois d’un porche à cet endroit, lequel porche ne fut pas reconstruit après la Seconde Guerre mondiale, mais dont les lignes de fondation sont marquées sur le sol.

Intérieur

Quoique la basilique présente à l’intérieur l’empreinte des différentes phases de sa construction (ainsi, certains tronçons de la nef laissent voir, au contraire de la tour de croisée purement romane, de nettes influences gothiques), les diverses parties qui composent l’édifice se fondent harmonieusement l’une dans l’autre sans discontinuité.

Vaisseau central

Coupe longitudinale de la basilique, selon un dessin du XIXe siècle ; le porche autrefois accolé à la façade occidentale (à gauche sur l’image) n’a pas été reconstruit après la Seconde Guerre mondiale.

Ce qui, en premier lieu, donne corps au vaisseau central sont deux rangées de trois amples arcades romanes appuyées sur des piliers, qui ouvrent la nef vers les collatéraux. Une moulure courant au-dessus de ces arcades et ceinturant toutes les trois parois de la nef centrale marque la base du triforium aménagé à l’étage: là en effet, derrière des arcs d’ogive gothiques, reposant sur des colonnettes de coupe ronde, et au nombre de trois par travée, se trouve une étroite galerie.

Les arcades du triforium forment la transition vers le clair-étage, dont les six pans (trois de chaque côté) sont percés chacun d’une grande fenêtre à arc plein-cintre.

Cette même structuration en trois parties superposées est poursuivie sur la paroi qui clôt la nef à l’ouest : l’étage inférieur est rythmé par un alignement de trois arcs en plein-cintre, dont celui situé au centre accueille le portail d’entrée, tandis que les deux arcs latéraux, de dimension légèrement moindre, renferment de hautes et étroites niches rondes. La quasi totalité de la surface s’étendant au-dessus du portail et de la moulure susmentionnée est occupée par un ensemble de trois vastes baies vitrées à arc plein-cintre.

Les trois portions de voûte de la nef, de forme approximativement carrée, retombent sur des colonnes à section ronde, lesquelles se prolongent vers le haut jusqu’aux sommets des travées sous forme de minces arcs-doubleaux épousant le profil ogival de la voûte.

Plan établi vers 1872 ; y sont encore visibles le porche occidental et quelques vestiges de murs de l’église Ste-Brigitte contre le flanc sud. Les grandes roses de la paroi sud n’y ont pas encore été aménagées.

A l’ouest, la transition entre nef et chœur est assurée par une travée intermédiaire, qui se distingue nettement des trois travées occidentales : barlongue (c.-à-d. de forme rectangulaire, dont le côté le plus long est perpendiculaire à l'axe de la nef), cette travée est supportée par de vigoureux faisceaux de colonnes rondes, qui du sol s’élèvent directement et sans interruption jusqu’au sommet de la voûte. Une moulure, similaire à celles des travées occidentales, se déroule à une hauteur nettement moindre que dans les trois premières travées. Si, à l’étage, la transition vers le clair-étage se fait pareillement au moyen d’un ensemble de trois arcades, celles-ci sont, au contraire de la nef, encore résolument romanes ; de ces trois arcs plein-cintre, celui du milieu dépasse en hauteur les deux latéraux. Une particularité de cette travée de jonction est sa colonne sud-ouest, qui porte l’unique chapiteau sculpté que compte la basilique. Celui-ci représente la tête d’un homme et celle, ornée de tresses, d’une femme, dans lesquels on a voulu voir les effigies du légendaire fondateur Pépin et de son épouse Plectrude.

Collatéraux

Comme cela est décelable à l’extérieur (voir ci-dessus), le collatéral nord et le collatéral sud diffèrent sensiblement l’un de l’autre, cette asymétrie étant liée à la circonstance que contre le flanc méridional de la basilique se dressait autrefois l’ancienne église Sainte-Brigitte, ce qui eut une certaine incidence sur la structure de la basilique. Les nefs latérales s’ouvrent chacune par trois grandes roses vers l’extérieur. Des deux entrées latérales, seule la méridionale est encore utilisée aujourd’hui. Dans le collatéral nord se trouve un escalier conduisant à la crypte ainsi qu’à des vestiges romains mis au jour sous l’église.

Aux trois travées occidentales quasi carrées de la nef répondent, au niveau des collatéraux, tant au nord qu’au sud, trois travées rectangulaires à croisée d’ogives ; la travée de jonction, en revanche, est jouxtée de part et d’autre d’une travée collatérale carrée. Celui qui, se tenant dans la nef, porterait le regard seulement sur les parois latérales pourrait en un premier temps ne pas s’aviser que le collatéral sud est plus exigu ; cependant, la différence de largeur devient évidente lorsque l’on examine les parois respectives fermant à l’ouest les deux collatéraux : alors que la paroi nord, plus large, comporte une vaste niche ronde, semblable à celles ornant la nef centrale, la paroi ouest du collatéral sud ne présente qu’une étroite niche ― c’est en effet ici que se dressait autrefois le clocher de l’église Sainte-Brigitte.

Chœur

Le chœur, se présentant au sol comme une surface carrée d’environ 10 mètres de côté, est encadré sur ses côtés nord, est et sud par trois paires d’arcs plein-cintre monumentaux, dont la taille approche la hauteur totale de la travée intermédiaire et celle des trois étages du vaisseau central. Ces arcs font la jonction entre le chœur et les trois conques, voûtées en cul-de-four, et toutes trois d’une hauteur égale au chœur.

La voûte en forme de baldaquin et les arcs sont supportés par de hauts et vigoureux faisceaux de colonnes. Une moulure à mi-hauteur ― un peu moins élevée que dans la travée intermédiaire ― court tout autour des parois de la triconque et paraît donner appui à une rangée d’arcades plein-cintre prenant naissance juste au-dessus. Cette rangée fait alterner des arcs plus étroits et d’autres ― au nombre de trois par abside ― plus larges et destinés à accueillir chacun une embrasure. Entre les colonnettes du premier étage et la paroi percée de fenêtres s’étire, à l’instar de la nef, une étroite galerie, laquelle conduit, dans l’espace compris entre les paires de grands arcs, à des petites cages d’escalier donnant accès à la galerie sise au-dessus des nefs latérales ainsi qu’à la galerie naine.

Le sol de l’abside orientale est plus élevé d’environ neuf marches que le reste du chœur. Dans l’abside nord s’ouvre, au nord-ouest, le grand portail septentrional, tandis qu’une porte grillagée communique, par une étroite rampe d’escalier, avec la ci-devant sacristie, laquelle fait aujourd’hui office de trésor et demeure d’ordinaire inaccessible au public. Tout le long des parois du rez-de-chaussée, dans chacune des trois absides, ont été aménagées des niches rondes, encadrées de colonnettes ; dans celles de l’abside méridionale sont disposées des figures d’anges, les niches des conques est et nord restant en revanche inoccupées.

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