Isaac Beeckman (Middelbourg, 10 décembre 1588 - Dordrecht, 19 mai 1637) est un mathématicien, physicien, médecin et philosophe néerlandais. Ami de Marin Mersenne, Pierre Gassendi et René Descartes, il décrit en 1614 le rapport entre longueur et fréquence de vibration des cordes vibrantes.
Originaire de Hees, Hendrick, le trisaïeul d'Isaac Beeckman s'installa dans le Brabant ; son aîné, Gérard devint fabricant de chandelles à Tournout et le fils de ce dernier, Hendrick, vint au monde en 1520. Majordome à la cour d'Andrea Doria, et ami de Chiappi Vitelli, le grand-père d'Isaac Beeckman épousa une enfant de Cos, Mariette ; qui lui donna douze enfants, dont seul survécut assez longtemps Abraham, le père du mathématicien.
Réfugié à Londres, et convertit au protestantisme, Hendrick contracta un second mariage après le décès de sa première femme ; son fils Abraham quitta Londres vers 1585 pour la ville de Middelbourg. Il épousa en 1588 (le 10 janvier) Suzanne Van Rhee, elle-même issue d'une lignée de protestants exilés en Angleterre puis à Middelbourg. Abraham et son épouse s'établirent au "marché au bestiaux" de cette ville, Isaac y naît, à 10 heures du soir un 1à décembre, puis viennent ses deux frères, Jacob et Danie et ses sœurs, Suzanne, Janneken, Sara, Marie et enfin Gerson, et deux jumeaux.
Issac est entré à l'école à sept ans. Il compose des poésie dès onze ans, ainsi qu'une pièce de théâtre de 500 vers, jouée devant un public d'amis et de voisins. A douze ans, il est pensionnaire d'Adolphe Blesius, recteur de l'école d'Arnemuiden. En 1602, il suivit son maître, nommé recteur à Veere ; il quitta cette école à la mort de Blesius, remplacé par Abraham Merius en 1607.
De 1607 à 1610, Beckman étudie la philosophie et la linguistique à Leyde. Il a aussi pour maître Jan van den Broecke, professeur spécialisé dans l'étude des sciences, chez qui il fait un "stage" de trois mois en 1607 et Henricus Ainsworth, d'Amsterdam, hébraïste de renom qu'il rejoint en 1608. Son frère Jacob l'accompagne dans ces études. Il assiste également à quelques leçons de Rodolphe Snellius, qui lui enseigne la nouvelle logique non-aristotélicienne, et de son fils, Willebrode Snellius.
En 1610, alors que Jacob poursuit ses études dans l'université de Franeker, Issac Beeckman s'installe chez son père. Ce dernier compte que son aîné reprenne son commerce de tuyaux et devienne comme lui un maître couvreur renommé. En 1611, après son apprentissage de "chandelier" et s'être fixé à Zierikzee, Issac prête donc le serment civique nécessaire pour l'exercice de ce métier. Mais, il n'a pas renoncé à poursuivre ses humanités ; et il s'embarque en 1612 pour Saumur (où se trouve l'académie protestante de Du Plessis-Mornay) en passant par Rouen.
En 1612, il se lie d'amitié à Saumur avec quelques élèves, De Fos et Antonius Aemilius, puis il revient en Hollande la même année en compagnie de Jacques Schooten et de Jean Bourgois. Il manque se faire assassiner par des brigands lors de son retour ; puis visite Amsterdam, et revient à Zierikzee vers novembre. L'année suivante, il est autorisé à prêcher par l'église de Schoowen. En 1614, il revient à Leyde, et en 1615, il visite Anvers et Bruxelles. La même année, son ami Schooten épouse sa sœur Janneken. Il commande plusieurs articles de médecine, délaisse son affaire au profit d'un cousin l'année suivante. Il visite alors l'Angleterre et revient en 1617 à Middelbourg où il épaule Philippe van Lansberge dans ses dernières expériences astronomiques.
Il loge alors chez son frère, à Veere et continue ses études de médecines. Vers cette époque, il rencontre probablement Cateline de Cerf-van Exem, agée de seize ans, qu'il épousera ; puis se déplace à Breda en mai 1618.
En août 1618, il s'embarque pour Caen en compagnie de son oncle Jan Pieterz van Rhee ; il y est examiné et admis une semaine après son arrivée. Le 6 août 1618, il défend les propositions qu'il a faites imprimer. Après quoi on lui remet le bonnet de médecin. En septembre
de la même année, il revient en Hollande, s'installer à Breda. Il affirme dans son journal s'y être occupé d'amours. Selon Adrien Baillet, il y rencontre Descartes devant un placard proposant en Flamand un défi mathématiques. Le philosophe se présente à lui comme "poitevin". Leur amitié se développe autour de problèmes que pose Beeckman et qui portent sur la gravitation, l'hydrostatique ou la chaînette. Descartes ne lui donne d'ailleurs pas de réponse sur cette courbe, sinon qu'elle est complexe Ils projettent de composer un traité de mécanique et Beeckman donne à lire à Descartes ses notes, qui en retour lui offre un compendium musical. Le philosophe écrira ultérieurement :
« Je m'endormais, et vous m'avez réveillé »
En 1619, Beeckman revient à Middlebourg et commence sa correspondance avec Descartes. Il voyage à Dordrecht, et Veere, puis en compagnie de son père, il visite Gorcum, Rotterdam, Delft et Briele. Il renonce à exercer la médecine. L'année suivante, il prend des cours de chant (sans grand succès), auprès de Avrard Verhaer puis retourne à Middlebourg et se marie, le 20 avril, avec Cateline de Cerf. Il se fixe par la suite à Rotterdam auprès de son frère Jacob, devenu recteur de l'école érasmienne. Il enseigne la logique et dirige les "disputes" des étudiants. Il n'en poursuit pas moins parallèlement son métier de couvreur.
Parmi ses élèves, il retrouve en 1623 le fils de Stevin (professeur à Leyde et Saumur), qui lui laisse copier quelques manuscrits de son père. Il se lie avec Henricus Reneri. En 1625, il devient co-recteur de l'école érasmienne ; il est chargé de procéder à l'unification des programmes des écoles latines.
Beeckman compte parmi les hommes les plus cultivés de son époque, en tant que physicien, médecin. Philosophe naturaliste, il propose une mathématisation des connaissances en sciences. La curiosité de Beeckman l’entraîne à être beaucoup plus proche des artisans, techniciens et ingénieurs que ne sont en général les universitaires de cette période. En 1626, il fonde à Rotterdam le Collegium mechanicum. En 1627, il est nommé recteur de la nouvelle école latine de Dordrecht. La population de cette ville, la seconde par importance en Hollande, est éblouie par son savoir, et lui prête des vertus extraordinaires. Mais, au courant de ces mêmes années, Beeckman perd la plupart des enfants que lui donne sa femme Cateline, son père, et sa mère (en juin 1629) et son frère Jacob (le 27 août).
En 1628 Descartes fait publier les règles pour la direction de l'esprit et se brouille avec Beeckman qu'il accuse avec violence et de façon injuste de s'être approprié ses inventions du compendium.
En 1629, son ami André Rivet fait rencontrer Beeckman et le père minime Marin Mersenne. 'L'été de la même année, il rencontre Pierre Gassendi, partisan comme lui de la physique atomique d'Épicure. Dans les années qui suivent, il réalise quelques observations astronomiques avec Hortensius et en 1631, après sa brouille avec le philosophe, il retrouve René Descartes, désormais fixé à Leyde. C'est par son intermédiaire que le professeur royal Stampioen pose ses problèmes mathématiques au philosophe de la Haye.
En 1634, il donne à Descartes le livre de Galilée condamné l'année précédente par l'inquisition.
En 1634, la peste sévit à Dordrecht. Beeckman songe à se retirer. Lui et sa femme font leur testament le 24 mars 1635. Mersenne lui envoie en 1636 les œuvres de Girard Desargues. Il fait partie des professeurs chargés d'examiner les méthodes de Laurens Real basées sur la détermination des satellites de Jupiter afin de repérer en mer les longitudes. Myope, atteint depuis 1631 de cataracte, Beeckman avait vu ses frères mourir de phtisie. Persuadé qu'il mourrait de même, il prenait son poids quotidiennement. Ce qui ne l'empêche nullement de subir à son tour la même maladie, dont il décède le 19 mai 1637, échappant de peu à une nouvelle vague de peste.
On sait de lui, grâce à son journal, et à ses habitudes médicales, qu'il était de taille médiocre (1m 60) et pesait en moyenne 62kg500.