Pont Wilson | |
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Pays | France |
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Région | Centre |
Ville | Tours |
Franchit | Loire |
Type | Pont en maçonnerie |
Longueur | 434 m |
Largeur | 21 m |
Construction | 1765-1778 |
Listes | |
Ponts remarquables • les plus longs • suspendus • à haubans • en arc • romains • cantilever | |
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Le Pont Wilson de Tours est le plus vieux pont de Tours encore debout, construit entre 1765 et 1778. Il est composé de 15 arches, long de 434 mètres et traverse la Loire. Les Tourangeaux le surnomment "Pont de pierre". Il est classé monument historique. Il a remplacé le vétuste pont d'Eudes du XIe siècle, dont il a permis la désaffection, et qui a été détruit.
Le pont fait 434 mètres de long et 21,30 de large, en comptant l'avant-bec et l'après-bec. Il est composé de 15 arches de 24,30 mètres de long et de 8,12 mètres de flèche. Le pont contient 14 piles que l'ingénieur des Ponts-et-Chaussées Rodolphe Péronnet jugeait, dès la construction, trop larges et causant trop de tourbillons.
Dès le XVIIe siècle, le pont d'Eudes qui avait déjà 600 ans, mal conçu et mal réparé suite à de multiples incidents, montre d'inquiétant signes de faiblesse. Il doit même être étayé pour la visite à Tours du roi Louis XIII, en 1626. L'idée d'un nouveau pont fait alors son chemin.
Les grands travaux d'urbanisme du XVIIIe siècle créent dans la ville une grande méridienne nord-sud. En 1750, le pont sur le Cher et la levée qui deviendra ensuite l'avenue de Grammont en sont déjà réalisés. En 1758, l'inspecteur général des ponts et chaussées Mathieu Bayeux dessine un projet de pont accepté par le Maire et les échevins de la ville. La première pierre, à la culée nord, est posée le 25 octobre 1765. Les travaux font disparaître une île sur la Loire, pour rehausser le niveau de la rive sud ; pour cela 900 familles de lavandières et de pêcheurs doivent être expulsées de l'île à coup de baïonnettes. Ces travaux de terrassement font qu'encore aujourd'hui, le porche de l'église Saint-Julien est sensiblement plus bas que le niveau de la rue.
Pour construire le pont, on a fait venir des moellons de La Membrolle-sur-Choisille et des pierres de taille de Bléré et d'Athée-sur-Cher.
La construction est achevée en 1778, sous la direction de Jean-Baptiste de Voglie, remplaçant Bayeux retraité depuis 1774 et décédé en 1777.
Divers accident endommagent le pont au cours du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, et cela dès sa construction. En 1789, 4 arches côté nord s'effondrent, obligeant à réutiliser les bacs, la démolition du pont d'Eudes ayant commencé 5 ans plus tôt. La reconstruction de ces arches durera jusqu'en 1810, avec cette fois-ci un radier qui relient ces piles pour stabiliser l'ensemble. Des travaux divers ont lieu par intermittence jusqu'en 1840. Tout cela fait dire à Godeau-d'Entraigues, préfet d'Indre-et-Loire dans les années 1830, répondant au ministre de l'Intérieur qui lui demandait ce qu'il pensait du pont qui venait alors de subir une nouvelle vague de travaux : « Monsieur le Ministre, je pense qu'il ira très loin. Il se pourrait même bien qu'il descende jusqu'à Nantes ! ». Après 1840, le pont vit un siècle sans incidents.
Le pont est baptisé Wilson en 1918, du nom de Woodrow Wilson, président des États-Unis de 1913 à 1921, pour la participation de son pays à la Première Guerre mondiale, durant laquelle Tours fut une importante base américaine.
Le pont est classé monument historique en 1924.
Le 18 juin 1940, l'armée française en débâcle détruit une arche côté sud. Les conduites d'eau sont rompues et, le lendemain, l'incendie provoqué en centre-ville de Tours par des tirs d'artillerie allemands ne peut être éteint, provoquant d'importantes destructions. Ensuite, le 22 août 1944, la Wehrmacht, à son tour en débâcle détruit trois arches côté nord. Ces arches sont rapidement remplacées par un pont provisoire, et sont ensuite reconstruites.
4 arches côté Sud s'effondrent successivement le 9 et 10 avril 1978, suivie de la culée sud le 3 mai suivant. En tout, 5 piles et 6 arches s'effondrent, soit un tiers du pont.
Le 9 avril 1978, seule une voiture se trouvait sur le pont à 9h27 quand celui-ci commença à s'effondrer. Le conducteur eut alors le réflexe d'accélérer, ce qui lui permis de remonter la pente que le tablier formait devant lui, et d'arriver sur la rive sain et sauf alors que derrière lui, une première arche s'affaissait avant de tomber dans la Loire, alors en crue. L'après-midi même, à 16h02, 3 arches s'effondrent complètement sous l'œil des photographes et cameramen. Deux autres arches suivront le lendemain, suivie de la première arche, la culée sud, le 3 mai.
Suite à cet effondrement, 110 000 personnes se retrouvent sans eau courante à Tours, une importante canalisation se trouvant dans le tablier du pont. Pour desservir les habitants, des camions citernes sont déployés. Ensuite, une canalisation provisoire sur la Loire est installée sur la passerelle Saint-Symphorien alors fermée au public, des ouvriers la soudant jour et nuit malgré le grand froid. De plus, des connexions sont faites avec les réseaux de plusieurs villes de banlieue.
Le téléphone et l'électricité sont eux-aussi coupés. Des installations provisoires sont faites là-aussi sur la passerelle Saint-Symphorien, en plus d'un relais hertzien de téléphone rue Nationale. Le téléphone vers la moitié Nord de la France n'est coupé que quelques heures, mais il faudra attendre 8 jours pour que les communications vers le nord de l'Indre-et-Loire redeviennent normales.
L'effondrement du pont pose aussi un problème de circulation, puisque la Route nationale 10 passait alors sur l'édifice. La circulation est alors déviée sur les autres ponts, le pont Napoléon et le pont Mirabeau (vite embouteillés), ainsi que le pont de l'autoroute A 10, dont le maire de Tours, Jean Royer, obtient la gratuité du péage. Deux ponts Bailey provisoires, de 1300 tonnes chacun et faisant partie des réserves de l'armée, sont construits de part et d'autre du pont Wilson, en juillet 1978, et en mars 1979 ; ces ponts permettent un trafic très limité, avec des interdictions multiples, l'un d'eux est même réservé aux transports en commun et aux urgences. Mais la circulation est aussi perturbée plus largement, par le fait que cet incident provoque une vague de vérifications sur d'autres ponts ligériens (à Saumur, Blois, Amboise, Muides-sur-Loire ou Beaugency (où le pont subit d'importants travaux suite à une inspection en septembre 1978). Plusieurs ponts doivent être fermés ou sont partiellement interdits pour réparation.
Le 16 juin 1978, un automobiliste orléanais distrait pénètre sur le pont, rive nord, contourne les éléments du pont Bailey en construction, et finit par chuter sur les gravats. Il s'en sort presque indemne.
En 1978, le directeur de la DDE, M. Maisse, expliquait l'effondrement par des affouillements sous-marins dans les sables, ainsi que par la déviation vers le sud du cours principal du fleuve.
Deux semaines après l'effondrement, Jean Royer promet d'organiser un référendum sur la reconstruction du pont. 4 projets sont présentés aux tourangeaux à partir du 25 novembre 1978. Le dépouillement des 6 322 votes a lieu le 26 décembre suivant.
Projet | Coût prévisionnel (en francs de 1978) | Durée prévisionnelle | Nombre de voix au référendum de novembre et décembre 1978 |
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1) Reconstruction totale du pont « à l'identique » : (habillage en pierre de taille, cœur en béton) | 60 millions | 24 mois | 881 |
2) Consolidation de la partie nord préservée, et reconstruction « à l'identique » (comme dans le projet 1) de la partie effondrée | 35 millions | 18 mois | 3 324 |
3) Construction d'un pont en béton | 48 millions | 24 mois | 1 873 |
4) Construction d'un pont métallique | 48 millions | 24 mois | 244 |
C'est l'option "consolidation et reconstruction", la moins coûteuse, qui est choisie. C'est aussi le choix de l'État, seul décideur en réalité quant à cette reconstruction, ainsi que d'une commission nommée ad hoc : ce projet était le moins cher, et celui qui permettait une reconstruction la plus rapide.
Les éboulis sont déblayés de août à novembre 1978. Les 10 arches restantes sont consolidées d'octobre 1979 à décembre 1980. La reconstruction des arches effondrées a lieu d'août 1980 à juillet 1982. Les réseaux et la chaussée sont refaits de juin à septembre 1982. Le pont subit un ravalement de juillet à septembre 1982.
Le nouveau pont est mis en service le 18 septembre 1982. Le coût de la reconstruction s'est élevé à 81 millions de francs, entièrement financé par l'État.
Aujourd'hui, les deux voix centrales (sur les 4 qu'a le pont) sont réservées aux bus en site propre. Le pont Wilson devrait être sur la première ligne du futur tramway dont l'ouverture est prévue en 2013.