Taormina - Définition

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Introduction

Taormina
Taormina
Administration
Nom sicilien Taurmina
Pays Italie Italie
Région Flag of Sicily (revised).svg Sicile 
Province Messine 
Code ISTAT 083097
Code postal 98039
Préfixe tel. 0942
Maire Mauro Passalacqua
Site internet www.comune.taormina.me.it
Culture et démographie
Population 11 026 hab.
Densité 848 hab./km2
Gentilé taorminesi
Saint patron San Pancrazio di Taormina
Fête patronale 9 juillet
Géographie
Coordonnées 37° 51′ 00″ Nord
       15° 18′ 00″ Est
/ 37.85000, 15.30000
  
Altitude 204 m
Superficie 13 km²
Code cadastral L042
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Taormina, en français Taormine, est une commune de la province de Messine en Sicile (Italie).

Toponymie

Taurmina en sicilien ; Ταυρομένιον / Tauromenion en grec ; Tauromenium en latin.

Histoire

Période grecque

La légende dit que des marins grecs, passant sur la côte orientale de la Sicile, avaient oublié de sacrifier à Neptune. Celui-ci, en colère, fit chavirer leur embarcation. Le seul survivant, Théocle, parvint au Cap Schiso, non loin du site de Naxos (aujourd'hui Giardini-Naxos). Il retourna ensuite en Grèce pour narrer à ses compatriotes les merveilles de la Sicile. Certains, convaincus, décidèrent de venir s’y installer.

Taormina, entre les puissantes cités de Catane au Sud et de Messine au Nord, à proximité du continent, faisant face à la Grèce, occupait une position géographique clef. Cette situation a déterminé une grande part de son histoire. La ville actuelle ne se situe qu'à 5 km du site antique de Naxos, et on est certain que la cité romaine de Tauromenium (emplacement actuel de la ville) n'a pas existé avant la destruction de Naxos par Denys l'Ancien en 403 av. J.-C.. Les circonstances entourant sa fondation restent quelque peu confuses et incertaines.

En revanche, Diodore de Sicile nous rapporte qu'après avoir détruit Naxos, Denys l'Ancien, tyran de Syracuse, mit en exil les survivants et attribua le territoire de la ville aux Sicules. Ces derniers, délaissant le site de la cité antique, s'établirent au Nord sur la colline du Taurus. Ils y construisirent tout d'abord un camp provisoire (en -396), puis érigèrent des murailles en pierre. Le camp devint alors une forteresse classique, et une nouvelle ville baptisée Tauromenium fut créée (Diodore de Sicile, XIV, 58-59). Le lieu était toujours dans les mains des Sicules en -394, tenant en échec Denys l'Ancien qui l'assiégea en vain pendant une grande partie de l'hiver -394. Même s'il avait réussi une fois, de nuit et par surprise, à se frayer un chemin à travers les murs, il fut repoussé en subissant de lourdes pertes. (Ibid. 87-88). Cependant, dans le traité de paix conclu en -392, il fut expressément stipulé que Tauromenium devait être assujettie à Denys, qui expulsa la plupart des Sicules qui s'étaient installés là, et qui y installa ses propres mercenaires (Ibid. 96).

Nous n'avons pas d'informations sur Tauromenium entre cette date et -358, date à laquelle Diodore nous rapporte qu'Andromachus, père de l'historien Timée de Tauroménion, réussit à réunir ce qui restait des exilés de Naxos, disséminés à travers la Sicile, et à tous les installer à Tauromenium (Ibid., XVI, 7).

Contrairement à ses précédents témoignages, Diodore relate ici ces évènements comme s'il s'agissait d'une nouvelle fondation de la ville, voire comme la première fois qu'on donnait son nom à la cité. On ne sait pas exactement ce que sont devenus les anciens habitants. Cependant on peut considérer ce témoignage fiable dans les grandes lignes, et que c'est à cette date (-358) que la ville de Tauromenium fut enfin considérée comme une cité grecque à part entière, prenant ainsi la place de Naxos même s'il en occupait pas le site (Wesseling, ad Diod. XIV 59.). Ainsi la phrase de Pline l'Ancien affirmant que Tauromenium avait jadis été nommée Naxos, est plus ou moins correcte (Pline III, 8, s 14).

Cette nouvelle implantation semble être devenue prospère rapidement. À l'époque de l'expédition de Timoléon en -345, c'était vraisemblablement une ville importante. Ce fut le premier endroit en Sicile où ce chef mit pied à terre, réussissant à déjouer la vigilance des Carthaginois qui gardaient le détroit de Messine (Diodore XVI 68; Plutarque Timol. 10). La cité était encore sous la direction d'Andromachus, dont le gouvernement juste et équitable contrastait avec celle des tyrans et despotes des autres villes siciliennes (comme à Syracuse par exemple). Il accueillit chaleureusement Timoléon, et lui offrit repos et sécurité jusqu'à ce qu'il puisse mener à bien ses plans dans les autres régions de la Sicile (Diod. l. c.; Plut. l. c.). Contrairement aux autres tyrans et chefs qui furent chassés par Timoléon, il est certain qu'Andromachus conserva son statut de chef et son autorité, et ce jusqu'à sa mort (Marcellin. Vit. Thucyd. § 27.).

Tauromenium est ensuite assez peu mentionnée dans les textes. Il est probable qu'elle passa sous l'autorité d'Agathocle de Syracuse, qui conduisit l'historien Timée à l'exil. Quelque temps après, la ville fut soumise par un tyran local du nom de Tyndarion, contemporain de Hicetas de Syracuse et de Phintias d'Agrigentum (Diod. XXII Exc. H. p. 495.). Tyndarion fut l'un de ceux qui invitèrent Pyrrhus Ier en Sicile (-278). Lorsque le monarque (formidable général de guerre mais piètre homme politique) débarqua avec son armée à Tauromenium, Tyndarion le rejoignit avec toutes ses forces, le supportant dans sa marche sur Syracuse (Diod. l. c. pp. 495, 496). Quelques années plus tard, on retrouve la trace de Tauromenium : elle est alors tombée sous la coupe de Hiéron de Syracuse, et elle a servi de bastion dans la guerre contre les Mamertins (Ibid. p. 497).

Elle fit également partie des villes laissées sous sa domination par le traité de paix avec les Romains en -263 (Diod. XXIII p. 502). C'est pourquoi le nom de Tauromenium n'est pas cité pendant la Première Guerre punique.

Période romaine

Tauromenium fit partie intégrante du royaume de Syracuse jusqu'à la mort de Hiéron. Elle passa ensuite sous la domination de Rome lorsque la totalité de la Sicile devint une province romaine. On ne possède cependant que peu d'informations sur sa participation à la Deuxième Guerre punique, même si d'après une allusion d'Appien (Sic. 5) il semble qu'elle se soit soumise à Marcellus en des termes favorables.

C'est probablement à cette occasion qu'elle obtint la position particulièrement bénéfique qu'elle conserva sous la domination romaine. En effet, Cicéron nous rapporte que Tauromenium était une des trois villes siciliennes disposant du statut de civitas foederata (cité alliée). Ainsi elle garda une indépendance nominale et n'était même pas sujette comme Messine à l'obligation de fournir des bateaux de guerre (Cicéron Verrines II 6, III 6, V 19).

La ville subit de lourds dommages lors de la Première Guerre servile (-139 à -132). Elle tomba aux mains des esclaves insurgés qui, étant donné la position de la ville, en firent un de leurs bastions. Ils furent ainsi capables de défier longuement le consul Publius Rupilius. Ils résistèrent jusqu'à ce qu'ils furent réduits à la famine, et trahis par un de leurs chefs du nom de Sarapion. Tous les survivants périrent par l'épée (Diod. XXXIV. Exc. Phot. p. 528; Oros. v. 9). Tauromenium a aussi subi un lourd tribu lors de la guerre menée par Sextus Pompée en Sicile. En raison de la position stratégique de la ville, il en fit en -36 un de ces principaux points d'appui contre Auguste.

La ville fut d'ailleurs témoin d'une bataille navale entre une partie de la flotte d'Octave, commandée par le triumvir en personne, et celle de Pompée qui se termina par la défaite de celui-ci et la quasi-destruction de sa flotte (Appian, B.C. v. 103, 105, 106-11, 116; Dion Cassius XLIX 5). Après la défaite de Pompée, Auguste choisit d'y établir une colonie romaine par mesure de précaution du fait de sa position de force. Il fit ainsi expulser les anciens habitants pour y installer ses colons (Diod, XVI 7). Strabon mentionne Tauromenium comme une des villes subsistant encore de son temps sur la côte est de la Sicile, même si la population était inférieure à celle de Messine ou de Catane (Strab. VI pp. 267, 268). Pline et Ptolémée lui assignent tous deux le rang de colonia (Plin. III 8. s. 14; Ptol. III 4. § 9), et il semble d'ailleurs que ce fut une des villes de Sicile à continuer de recevoir de la considération sous l'Empire romain.

Son territoire était connu pour la qualité de son vin (Plin. XIV 6. s. 8), et produisait une sorte de marbre qui semble avoir été très demandée (Athen. v. p. 207.). Juvénal mentionne également ses produits de la mer, en particulier des mulets de choix (Juv. v. 93.).

Epoque médiévale

Les Itinéraires placent Tauromenium à 40 km de Messine et à la même distance de Catane (Itinéraire d'Antonin p. 90; Table de Peutinger). La ville demeure une des plus importantes villes de Sicile après la chute de l'Empire d'Occident. Grâce à sa position de force, elle fut l'une des dernières places-fortes à demeurer aux mains de l'Empire byzantin dans la région. Mais la ville fut prise par les Sarrasins en 902 après un siège de deux ans, et fut totalement détruite.

En 1079, elle est reconstruite et dirigée par le Normand Roger de Hauteville. Il s’en suivra une longue période de prospérité.

XIXe s.

À la fin du XIXe siècle, Taormina fut rendue célèbre par Wilhelm von Gloeden qui y travailla pendant la majeure partie de sa vie à photographier principalement des hommes nus. Le premier touriste important de Taormina fut Goethe qui dédia à la ville quelques pages exaltantes dans son livre intitulé Voyage en Italie.

Le peintre Otto Geleng est aussi reconnu pour avoir participé à la renommée de Taormina, même s'il était mieux connu dans sa ville de Berlin où il exposait les peintures qu'il avait peintes en Italie. Cependant, ce qui distingue Geleng est son choix de peindre les régions les plus méridionales de l'île, réussissant à capturer les vues et lumières les plus spectaculaires. Il peignit souvent les endroits où se trouvaient des ruines grecques, en particulier Taormina. Ses œuvres ont fait parler de la beauté de Taormina, et en ont fait une destination touristique prisée. L'artiste arriva à 20 ans à la recherche de nouveaux sujets pour ses peintures. Sur sa route vers Taormina il devint si amoureux du paysage qu'il décida d'y faire halte pendant une partie de l'hiver. Geleng commença à peindre tout ce que Taormina pouvait offrir : les ruines, la mer, les montagnes, paysages qu'on ne retrouve nulle part en Europe. Lorsqu'il exposa plus tard ses peintures à Paris et Berlin, on critiqua son imagination débridée. En entendant ceci, Geleng les incita à venir avec lui à Taormina, leur promettant de payer leur voyage s'il ne disait pas la vérité.

XXe s.

Au début du XXe siècle, la ville devint une villégiature pour des artistes, des écrivains et des intellectuels expatriés. David Herbert Lawrence resta à la Fontana Vecchia de 1920 à 1922, et écrivit bon nombre de ses poèmes, romans, nouvelles, essais, et un livre de voyage : Sea and Sardinia. Charles Webster Leadbeater, l'auteur théosophe, trouva que Taormina avait les bons champs magnétiques pour que Jiddu Krishnamurti développe ses talents. Le jeune Krishnamurti y vint donc de temps en temps. Halldór Laxness, l'auteur islandais, travailla là sur le premier roman islandais moderne : Vefarinn mikli frá Kasmír.

Taormina aujourd'hui

Corso Umberto
par Giovanni Crupi, 1906

Aujourd’hui, Taormina est une destination touristique prisée. Elle est aussi une station climatique de premier ordre, bénéficiant d’un microclimat. Son panorama est extraordinaire et son patrimoine historique, culturel et archéologique attire de nombreux touristes de toutes origines.

Taormina, dominée par sa forteresse et au loin par l'Etna, peut en effet être qualifiée de "Saint-Tropez sicilien". La ville ressemble à un petit paradis avec ses baies immenses, ses forêts, ses jardins, qui s'épanouissent sur la beauté de la mer ou celle du ciel. Le centre-ville piétonnier, aux ruelles toutes médiévales au détour desquelles on découvre de splendides points de vue ou des vestiges de la ville antique, donne une sensation intense de calme.

Juste au sud de Taormina, on trouve la réserve naturelle de l'Isola Bella. On peut aussi profiter d'excursions vers les grottes du Capo Sant'Andrea.

Pendant plus de cinquante ans, s'est tenu le Festival du film David di Donatello avec des stars internationales profitant d'un écran géant hissé dans le théâtre grec.

En 1988, Le Grand Bleu, film de Luc Besson a été tourné dans la baie de Taormina.

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