Université de Douai - Définition

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Vie étudiante à Douai au XIXe siècle

Les effectifs de la faculté de lettres entre 1810 et 1815 ne permettent pas de différencier les étudiants des lycéens de Douai. Les deux facultés présentes à Douai à partir de 1865 ne conduisent pas les étudiants à s’organiser en corps constitué de mouvements étudiants, sauf lors du débat sur le transfert des facultés de Douai à Lille entre 1880 et 1887. Après la publication du décret le 26 mars 1887, le transfert est effectué en quelques mois et la rentrée de novembre 1887 s’effectue à Lille. Les étudiants et la population de Douai manifestent lors du passage du train du ministre Eugène Spuller se rendant à Lille en 1887.

Douai redevient une ville universitaire au XIXe siècle

Ville qui comme Louvain avait un riche passé universitaire, Douai fut à nouveau choisie d’abord sous le Premier Empire puis sous le Second Empire pour être le siège de facultés universitaires. Cependant,« des conditions nouvelles, ou les germes puissants de conditions entièrement nouvelles, embrassant tous les aspects de la vie économique, psychologique, culturelle et sociale, et la politique par conséquent, (étaient) brutalement apparues dans l’espace de vingt années de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle, établissant effectivement une rupture », incarnée par la Révolution française et la révolution industrielle, rendant anachronique toute filiation des nouvelles facultés de Douai de lettres, de sciences, puis de droit, avec l’université d’Ancien Régime à Douai.

Les facultés de l’université impériale à Douai (1808-1815)

Sous le Consulat, « en novembre 1800, s'ouvre un cours d'instruction médicale à l'Académie de Douai », mais il sera éclipsé par l'école de médecine de Lille créée en 1805. Un lycée est créé à Douai par la loi du 11 floréal an X (1er mai 1802) ; il est établi dans les locaux du Collège d'Anchin d'Ancien Régime et assure des cours de lettres et de sciences.

Sous le Premier Empire, l’Université impériale établit à Douai une faculté des lettres et une faculté des sciences mais elles sont supprimées sous la Restauration. Le décret du 17 mars 1808 redéfinit les grades universitaires : les deux nouveaux baccalauréats, baccalauréat ès lettres et baccalauréat ès sciences, s'inscrivent dans l'héritage de la maîtrise ès arts de l'université d'Ancien Régime ; ils sont délivrés par les facultés des lettres et de sciences. Dans les faits, les facultés des lettres et de sciences de l’académie de Douai ne sont ouvertes que le 1er mai 1810 ; elles sont supprimées par l’arrêté de la Commission d’instruction publique du 31 octobre 1815 confirmée par l’ordonnance du roi du 18 janvier 1816.

Faculté des lettres (1808-1815)

Correspondant à la faculté des arts d’Ancien Régime, la faculté des lettres de Douai est établie sous le Premier Empire en 1808, quand est créée l’Université impériale, et est ouverte le 1er mai 1810 ; elle est alors associée au lycée impérial de Douai pour la collation des grades (le baccalauréat et la licence, essentiellement). « Elle sera comprise du professeur de belle-lettres du lycée, et de deux autres professeurs. Le proviseur et le censeur pourront leur être adjoints. Le doyen sera choisi parmi les trois premiers ». Cependant « à Douai, par exemple, il n’y a en 1814, qu’un seul professeur à la faculté de lettres ». L’arrêté du 31 octobre 1815 supprime dix sept facultés de lettres et trois facultés de sciences, par mesure d’économie. La faculté des lettres est donc formellement supprimée fin 1815, le lycée restant actif et préservant ses enseignements, et elle est ré-établie en 1854.

Faculté des sciences (1808-1815)

Correspondant également à la faculté des arts d’Ancien Régime, la faculté des sciences de Douai eut une existence éphémère de 1808 à 1815, tandis qu’à Lille l’enseignement des sciences se développait davantage, au rythme des arts industriels. Associée au lycée impérial de Douai créé en 1802, est établie « une faculté de sciences. Le premier professeur de mathématiques du lycée en fera nécessairement partie. Il sera ajouté trois professeurs, l'un de mathématiques, l'autre d'histoire naturelle, et le troisième de physique et de chimie. Le proviseur et le censeur y seront adjoint. L'un des professeurs sera doyen ». Selon le décret du 17 mars 1808, un prérequis pour être reçu bachelier de la faculté des sciences est de réussir la première partie du baccalauréat (i.e. le baccalauréat de la faculté de lettres) ; aussi la suppression de celle-ci de 1816 à 1854 entraine la disparition de celle-là. Son héritière est aujourd'hui l’université des sciences et technologies de Lille (Lille I).

Intermède sans faculté dans l'Académie du Nord (1816-1854)

Sous la Restauration et la Monarchie de Juillet, il n’y a pas de faculté et d’enseignement supérieur dans l’académie du Nord, dont Douai est le siège. Les anciennes facultés des universités situées à moins de 200 kilomètres autour de Paris, telles que celles de Douai, Orléans et Reims, sont dans la même situation : l’enseignement supérieur national est alors centralisé à Paris.

En 1849, Albert de Broglie s’en inquiète dans La Revue des Deux Mondes (tome 4, 1849) : « Les facultés de droit et de médecine, principalement celles de Paris, sont suivies par une affluence considérable d’élèves : leurs auditoires sont pleins, et leurs grades ne manquent pas de compétiteurs. Les facultés des sciences sont déjà beaucoup moins recherchées. Les grades dont elles ont la collation étant pourtant nécessaires pour les élèves de médecine, cette circonstance leur assure encore un nombre assez raisonnable, sinon d’auditeurs de leurs cours, au moins de candidats à leurs examens. Il en est autrement des facultés des lettres : malgré l’incontestable mérite de leurs professeurs, celles-ci sont presque désertes. D’élèves réguliers se faisant inscrire pour suivre les cours, passant par la filière des grades, elles en comptent un si faible nombre, qu’il serait risible d’en parler. (…) le dernier et plus sérieux grief que nous ayons à élever contre notre système d’éducation publique : il est parisien, il est centralisateur par excellence. (…) ce sont les deux tiers ou les trois quarts des élèves des facultés qui sont compris dans la seule académie de Paris. »

En fait, dans l'académie du Nord, ce sont des chaires municipales qui prennent la relève de l'enseignement universitaire national : en sciences, les figures de Charles Delezenne et Frédéric Kuhlmann s'imposent à Lille de 1817 à 1854.

Les facultés de Douai sous le Second Empire et la IIIe République

Faculté de lettres (1854-1887)

Sous le Second Empire, Douai retrouve une faculté de lettres par la loi du 14 juin 1854 du Corps législatif et le décret du 22 août 1854 sur l’organisation des académies, tandis que Lille bénéficie d’une faculté de sciences et développe son école de médecine. Une pétition, adressée en 1870 au Corps législatif, demande l’établissement d’une chaire de langue et de littérature flamandes à la faculté de lettres de Douai. Mais la faculté des lettres est transférée à Lille en 1887 pour former l’université de Lille en 1896. Il y eut 91 enseignants titulaires aux facultés des lettres de Douai et Lille sous la Troisième République. Son héritière est l'université Lille III.

Faculté de droit (1865-1887)

Une faculté de droit est établie à nouveau à Douai par décret impérial du 28 avril 1865 : « Cette faculté comprend sept chaires, savoir: trois chaires de droit Napoléon, une chaire de droit romain, une chaire de procédures civiles et de législation, criminelle, une chaire de droit commercial, une chaire de droit administratif ». Mais la faculté de droit est transférée à Lille en 1887 pour former l’université de Lille en 1896. Ses héritières sont aujourd’hui l’université du droit et de la santé (Lille II) et l’UFR de droit de l’université d'Artois à Douai.

Transfert à Lille (1887)

L'université de Douai était certes en symbiose avec les institutions d'Ancien Régime et leurs successeurs : la faculté de théologie fut animée par les congrégations religieuses associées aux séminaires, collégiales et abbayes voisines, l'école d'artillerie jouxtait la faculté des arts et les chirurgiens de l'hôpital militaire étaient associés à la faculté de médecine, la faculté de droit bénéficiait de la proximité du Parlement de Flandres puis de la cour d'appel de Douai ; le collège royal de Douai justifiait le siège de l'Académie à Douai.

Cependant au XIXe siècle, l'essor des sciences, de l'industrie et du commerce, ainsi que de la médecine, est davantage soutenu à Lille. Ainsi, le 21 mars 1877, le doyen Charles Viollette de la faculté des sciences de Lille écrit un premier mémoire en faveur du transfert des facultés de Douai à Lille. A partir de 1877, il eut lieu de vifs débats à l'Assemblée nationale sur l'éventuel transfert des facultés à Lille, notamment entre républicains laïcs et traditionalistes catholiques. Les édiles républicains lillois menés notamment par Géry Legrand, sénateur-maire de Lille, et ses adjoints Charles Viollette et Henri Masquelez, soutenus par la Société des sciences de Lille et la Société industrielle du Nord de la France, établirent une convention avec l'État représenté par Louis Liard, directeur de l'enseignement supérieur, afin d'assurer à la métropole lilloise un équipement universitaire de qualité, dans la continuité des succès de la faculté des sciences de Lille, de la faculté mixte de médecine et pharmacie de Lille, et de l'essor de l'Institut industriel du Nord.

Par le décret du 22 octobre 1887 de la Troisième République, les facultés de Douai et le siège de l’Académie sont transférés à Lille, à une trentaine de kilomètres au Nord de Douai.

Aujourd’hui, les universités de Lille et l’université d'Artois se considèrent comme les héritières de l’université de Douai fondée par Philippe II.

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