Cet article traite du crash de l'hélicoptère ayant eu lieu le soir du 14 janvier 1986 sur le Paris-Dakar.
Cinq victimes sont à déplorer : l'organisateur du rallye Thierry Sabine, le chanteur Daniel Balavoine, la journaliste du Journal du dimanche Nathalie Odent, le technicien radio Jean-Paul Le Fur et le pilote François-Xavier Bagnoud.
Cet accident fut très médiatisé en raison de l'importante notoriété de Daniel Balavoine et de Thierry Sabine, et n'est toujours pas clairement élucidé.
Le chanteur ne participait pas à la course cette année-là (il avait été concurrent en 1983 et 1985) mais s'occupait d'une action humanitaire visant à installer des pompes à eaux dans des villages africains, en profitant de la logistique du rallye, nommé Pari du Cœur. Cette opération faisant partie d'un projet plus large, Action Écoles, lancé par Lionel Rotcage dans la lignée de Band Aid et administré par Balavoine donc mais aussi par France Gall, Michel Berger et Richard Berry.
Sur le Dakar, l'étape Niamey-Gourma-Rharous, longue de 843 kilomètres, débute à 4 heures du matin. Directeur du rallye, Thierry Sabine en donne le départ. Le climat est capricieux, un vent de sable non négligeable se lève.
La matinée bien entamée, Sabine et Balavoine se rejoignent à l'aéroport de Niamey afin de partir pour Gao. Arrivés à 10 h 30, ils s'entretiennent avec le gouverneur malien au sujet des pompes à eaux. L'ambiance est animée car beaucoup de problèmes subsistent dans le bon déroulement de l'action humanitaire : les autorités bloquent les camions des Paris du cœur, qui ne peuvent ainsi faire route vers le Mali. Les échanges se prolongeront jusqu'à 16 heures.
Peu après, Sabine propose à Balavoine de le suivre afin de donner le coup d'envoi d'un match de football opposant l'équipe de Gao à celle de Mopti, match organisé dans le cadre du Paris-Dakar. La cérémonie s'éternise ; d'autant plus que le gouverneur ayant fait le déplacement, le chanteur en profite pour poursuivre la discussion.
L'hélicoptère de Thierry Sabine, piloté par François-Xavier Bagnoud, est prêt et doit initialement embarquer (outre les deux cités précédemment) le technicien radio Jean-Paul Le Fur, ainsi que Jean-Luc Roy et Yann Arthus-Bertrand. Ces deux derniers s'apprêtent à filmer et photographier comme tous les jours le secteur Gao-Gourma. Balavoine n'est alors absolument pas prévu à l'appel.
Coup du destin, un avion en provenance de Bamako se pose entre-temps. Les deux journalistes proposent alors de céder leurs places et préfèrent le prendre pour rentrer. Il est 17 heures, le jour décline et la météo se dégrade progressivement, le vent se relève (il avait pourtant décru l'après-midi). Sabine, se souvenant que le chanteur lui réclamait inlassablement un baptême de l'air en hélicoptère, profite de l'occasion et lui attribue au dernier moment un siège. Devant l'offre, Balavoine anxieux, hésite longuement, puis finit par monter à bord pressé par le temps.
A 17 h 15, l'appareil décolle et doit rejoindre le bivouac de Gourma-Rharous, arrivée de l'étape. Il leur faut parcourir environ deux cents kilomètres depuis Gao dans des conditions délicates. Les passagers respectifs sont donc à cette heure : Sabine, Balavoine, François-Xavier Bagnoud et Jean-Paul Le Fur.
Vers 18 h 10, ils se posent une première fois à Gossi au départ de la deuxième épreuve chronométrée ; Sabine en profite pour discuter avec des concurrents. Le vent de sable se faisant de plus en plus fort, il leur faut repartir d'autant plus que leur hélicoptère n'est pas équipé pour voler de nuit. La jeune journaliste Nathaly Odent présente sur les lieux monte spontanément à bord, comme elle a l'habitude de le faire chaque jour avec n'importe quel appareil de la course. Elle occupe ainsi la dernière place vacante, à l'arrière avec Balavoine.
La nuit désormais tombée, ils suivent le fleuve Niger (un repère plat et simple) afin de limiter tout risque. Vingt-deux kilomètres avant destination, ils n'ont d'autres choix que d'atterrir en urgence, toute progression étant désormais impossible, puisque du vent l'on est passé à la tempête. Il est 19 heures, Sabine sort et croise une voiture. D'un ton calme et rassurant, il demande aux pilotes de signaler leur position au bivouac afin de réquisitionner un véhicule et de les ramener.
Mais inexplicablement, alors que tout danger était désormais écarté, l'appareil va redécoller et progresser avec comme seul repère au sol les feux arrière d'un 4x4 ; les deux concurrents à l'intérieur seront témoins de la filature. Volant en rase-mottes et balayé par les bourrasques, l'engin tangue dangereusement. Fatalement désorienté, il passe sur l'avant-droit du véhicule porté diront-il par une vitesse horizontale très élevée.
Ce dernier heurte soit le sol, soit l'un des rares arbres présent, et part en looping sur plus de 150 mètres en se désintégrant. Il est alors 19 h 20 ; le crash se produit à seulement 8 kilomètres de Gourma-Rharous (approx. ). Les cinq passagers meurent sur le coup. Les occupants de la voiture qu'ils avaient suivie comprennent bien vite ce qui vient de se produire et s'approchent des débris la première. N'ayant rien pour venir en aide à d'éventuels blessés et par peur d'une explosion (il subsiste une très forte odeur de kérosène), les concurrents préfèrent parcourir les derniers kilomètres le plus rapidement possible pour demander du secours. Sur la route, ironie du sort, ils croisent le pick-up destiné à prendre en charge les passagers de l'hélicoptère...
Les témoins, enfin arrivés à destination racontent le crash mais les autorités de la course demeurent durant quelques instants incrédules vis-à-vis de l'événement, d'autant que Sabine leur a demandé assistance quelques minutes avant. Pour eux, l'hélicoptère est toujours posé, en attente. Puis on prend progressivement conscience de l'accident, de nombreux véhicules rebroussent chemin, arrivent sur les lieux et doivent se résigner à constater les morts. En France, la catastrophe n'est connue que le lendemain dans la matinée. Elle fera l'effet d'une bombe médiatique en occupant l'actualité pendant plusieurs semaines.
Malgré l'apparente clarté de l'événement, de nombreuses zones d'ombres demeurent. En effet, diverses polémiques ont fait leur apparition quelques jours seulement après le drame. Thierry Sabine fut accusé d'avoir été aux commandes ce soir-là, idée démentie rapidement par de nombreux témoignages affirmant que Sabine était incapable de voler de nuit. Puis une possible bavure militaire est évoquée, car l'appareil survolait alors une zone de conflits. Des véhicules auraient même reçu des balles. Cette hypothèse est en effet celle qui tiendrait le plus tête à la version officielle et la plus largement admise, à savoir celle du simple accident lié aux conditions météorologiques.
Autre mystère, plus opaque cette fois, l'objet de leur redécollage : pourquoi prendre le risque, même pour 8 kilomètres, de reprendre le vol alors qu'un véhicule de secours est en route pour venir les chercher ? La seule et unique réponse qui ait été avancée est la thèse d'une blessure se fondant sur la découverte de gazes à l'endroit de leur arrêt. Morsure de serpent, piqûre de scorpion ou tout autre traumatisme suffisamment grave pour s'envoler en urgence et ainsi arriver le plus vite possible.
Une enquête de l'aérospatiale a été menée. Le compte rendu n'a jamais été rendu public laissant court à de nombreuses autres rumeurs circulant encore aujourd'hui sur internet, la plupart étayant, avec plus ou moins de fantaisie, la thèse de l'attentat politique et/ou du sabotage.
En conséquence de ce mutisme, ni les raisons du crash et encore moins celles de leur redécollage ne sont convenablement expliquées.