Le Conservatoire royal de Mons (Belgique) est une des dix-sept Ecoles supérieures des Arts de la Communauté française Wallonie-Bruxelles, située en plein cœur de Mons.
Le Conservatoire forme des artistes interprètes et créateurs dans deux domaines : le domaine de la Musique et le domaine du Théâtre et des Arts de la Parole.
« L'arbre » musical se ramifie en de nombreuses branches qui elles-mêmes se séparent en rameaux : les claviers (orgue, piano, accordéon), les cordes (violon, alto, violoncelle, contrebasse, guitare) les percussions, les vents (bois et cuivres), le chant, la musique électro-acoustique, le piano d'accompagnement, l'écriture et la théorie musicale, la composition, la direction chorale, la direction d'orchestre, les écritures classiques, l'éducation musicale à destination de l'enseignement général. Organisé depuis septembre 2002 en cinq ans - deux candidatures et trois licences - le domaine de la musique s'harmonisera, dès septembre 2004, avec l'enseignement universitaire et se transformera progressivement en une structure de deux cycles de trois et deux années : le baccalauréat et le master.
Le Conservatoire royal de Mons est installé rue de Nimy dans les locaux du XVIIème siècle du couvent des Filles de Notre-Dame dont l'existence se clôture à la fin du XVIIIème siècle avec celle de l'Ancien Régime.
A l'origine, c'est une création de la Société des concerts et redoutes, société locale de musiciens amateurs. En 1820, cette association crée une Ecole de musique ; en 1840, la Ville de Mons prend en charge cet enseignement et, en 1844, l'école prend le nom d'Académie de Musique. Son implantation fut itinérante pendant quelques années ; enfin, en 1873, les bâtiments de l'ancien couvent des Filles de Notre-Dame lui sont attribués (de 1809 à 1867). Ce vaste complexe avait été occupé par le Tuchthuys ou Dépôt de Mendicité. Il s'agit d'une construction du XVIIème siècle (les dates 1619, 1620, 1650 - chapelle - 1636 - infirmerie - apparaissent aux ancrages) élevée en architecture « économique » où la brique domine, la pierre étant parcimonieusement dispensée aux baies, aux bandeaux d'étages et au soubassement (moellons et récupérations).
En 1882, l'Académie de Musique fut reconnue comme Conservatoire et dès lors pris en charge par l'Etat ; il devint le Conservatoire Royal, de Musique de Mons en 1948, année qui fut aussi celle du classement de l'édifice comme monument.
L'entrée ouverte sur la rue de Nimy est discrète mais dès le débouché du porche, la vaste cour s'ouvre, bâtie sur trois côtés, l'un d'eux étant occupé par la chapelle (actuelle salle de concert ou auditorium). Le principal bâtiment, parallèle à la rue de Nimy, au fond de la cour, est divisé horizontalement en trois niveaux soulignés par un bandeau de pierre qui fait aussi office de seuils de fenêtre ; le seul ornement de cette aile est une chapelle mural de type classique en pierre bleue ; les croisées fixes ont subsisté au rez-de-chaussée tandis qu'aux deux étages, le parti a été pris de rappeler les meneaux ôtés au XIXème siècle, par des membrures de châssis en bois épais (restauration terminée en 1987).
Perpendiculairement à cet édifice, la chapelle, dotée d'un campanile, est rythmée par des contreforts robustes en briques, striés par les bandeaux de pierre saillants horizontaux qui animent la façade ; les contreforts sont terminés par des volutes de pierre, la corniche étant outenue par de nombreux corbeaux de pierre aussi. Seule note baroque et décorative, le portail d'entrée à fronton brisé, niche à statue avec ailerons, fronton courbe, colonne engagées. Un escalier monumental a été ajouté par l'architecte Jean-Pierre Saintenois lors de la restauration de la fin du XXème siècle ; il est terminé par un palier d'environ 20m² destiné à servir de podium ou de scène pour es spectacles de plein air. A l'intérieur, un jubé de béton d'environ 40m² a permis le remontage d'un orgue en attente de remploi.
Dans le haut soubassement en moellons du long bâtiment au fond de la cour s'ouvre notamment une porte des caves à voûtes qui, jusqu'à 1910 environ reliaient sous terre les bâtiments de ce complexe : ceux de la rue de Nimy (Conservatoire), ceux de la rue Neuve (démolis ainsi qu'une partie des caves lors de la construction du Musée des Beaux-Arts, par l'architecte Rau, inauguré en 1914) et ceux de l'impasse conduisant de la rue neuve au Musée de Folklore ou Maison jean Lescarts (ancienne infirmerie du couvent, 1636).
A l'intérieur du bâtiment principal subsiste un des premiers escaliers à volées droites séparées par des paliers (deux autres : au Mont-de-Piété, 1625 ; à la Bibliothèque centrale de l'Université, 1623) ; la brique ocre rose et le bois, notamment celui des charpentes laissées apparentes, sont les matériaux principaux de cette aile réservée à présent à des salles de cours et à des locaux administratifs.
La restauration (1982-1987) a permis de remettre en valeur ce patrimoine architectural ; cette entreprise d'envergure a été menée à bonne fin par l'atelier d'architecture de Jean-Pierre Saintenois qui en fut l'artisan avec l'aval de la Commission Royale des Monuments et des Sites de la Communauté française. Cette rénovation a obtenu un prix à la Biennale mondiale d'architecture à Sofia (1987) et un autre au concours Europa Nostra à Londres (1987).
Il s'agit d'un exemple de réhabilitation d'un bâtiment ancien, plusieurs fois séculaire, adapté à des usages nouveaux. Des matériaux de construction moderne (béton) ont été mis en œuvre en symbiose avec les matériaux d'origine, l'intégration étant réussie ; il en fut de même des techniques et des procédés de restauration.
Des contraintes acoustiques inhérentes à l'usage de la chapelle comme auditorium de musique et de théâtre ont été étudiées et résolues par le professeur de la Faculté Polytechnique de Mons, Pierre Chapelle.
L'enseignement artistique à Mons a heureusement bénéficié de la rénovation de locaux vétustes, à la fin du XXème siècle, le Conservatoire, ancien couvent, rue de Nimy ; l'Ecole des Arts Plastiques et Visuels (ESAPV), ancienne caserne, rue des Sœurs Noires - l'actuel site du Carré des Arts où le Conservatoire dispose également de locaux supplémentaires) - ; l'Académie de Musique, ancien refuge d'Abbaye, rue des Cinq Visages.