En 1789, Antoine Lavoisier établit que la matière se conserve et se transforme.
De 1795 à 1797, l’Académie des Sciences de Berlin organise un concours et Schrader le gagne. Ses graines de blé, d’orge et de seigle germent dans de la fleur de soufre et de l’eau distillée. La comparaison des analyses des germes et des graines montre que de la matière a été créée, cependant d'autres scientifiques ont contredit ces résultats.
En 1799, Louis-Nicolas Vauquelin observe que les poules qui pondent produisent plus de calcium qu'elles n'en absorbent et écrit : "Je ne donne ... ces résultats que comme des aperçus ... auxquels je ne puis encore accorder une confiance entière [une seule expérimentation non confirmée. Il faudrait ] ... les répéter et les varier de diverses manières ... et si nous arrivions aux mêmes résultats, ce seroit un grand pas de fait dans la philosophie naturelle, et beaucoup de phénomènes, dont la cause est inconnue, seroient expliqués". (PB p 48)
Il l'interprète par le fait que les processus biologiques n’utiliseraient pas que les phénomènes chimiques.
En 1807, le chimiste réputé Braconnot montre la formation de potassium par des graines de moutarde et de radis en germination. Cependant, des expérimentations faites par Lessaigne (1821), Jablonski (1836), de Saussure (1767-1845) ont contredit ces résultats, ils ne trouvèrent aucune variation de concentration en éléments chimiques.
En 1959, Louis Corentin Kervran coopère à la mise en évidence de cet aspect de la matière que la physique classique ne pouvait constater à cause de la grande différence dans les conditions d’observations.
En 1975, Kervran rassemble, confirme et publie ce qu'il juge être des preuves (PB)
Ce phénomène auquel Louis Corentin Kervran a consacré sa vie était appelé "Effet Kervran" par ses contemporains (PB p 9 à 15), lui l’appelait « transmutation à faible énergie » et actuellement on l'appelle "Fusion Froide".
L’effet Kervran est l’ensemble des fusions et fissions des noyaux d’isotopes atomiques stables sans radioactivité détectable :
Les variations de masse ne posent pas de problème vis-à-vis de la chimie, car les réactions nucléaires ne conservent pas la masse, mais la masse-énergie, ainsi que la charge électrique et le nombre baryonique. En revanche, la théorie de Kevran contredit tout à fait les résultats établis sur les conditions d'initiation d'une réaction nucléaire, qui réclame des conditions de température et pression qui n'ont rien en commun avec celles de ces organismes.
Une hypothétique fission froide n'a reçu aucune explication, et ne fait l'objet d'aucune recherche. En revanche la fusion froide est prise au sérieux par quelques physiciens et publications, qui tentent de lui apporter une explication. Toutefois d'autres physiciens doutent qu'un tel phénomène de fusion froide puisse se produire dans un organisme car elle implique des conditions peu réalistes.
Pour formuler ses hypothèses sur ce phénomène, Corentin Louis Kervran a réalisé ses propres expérimentations et en a rassemblé de nombreuses d'autres chercheurs. La bibliographie de son ouvrage est composée de 165 références.
Ces expérimentations sont réalisées en comparant toutes les entrées et toutes les sorties des éléments chimiques étudiés.
Pour chaque élément chimique étudié, on mesure ou l’on évalue la masse de toutes les entrées possibles de cet élément, puis on laisse vivre l’organisme étudié, puis on mesure ou l’on évalue la masse de toutes les sorties. On ajuste éventuellement les entrées et sorties pour tenir compte des effets parasites des matériels d’expérimentations (dilution des parois et autres). La différence entre le total des entrées et le total des sorties montre que la masse, donc le nombre d’atomes de l’élément ont beaucoup varié, donc que des atomes de cet élément se sont formés (ou ont disparu et sont sous d’autres formes). La physique atomique explique ces formations et disparitions d’un élément chimique par des fusions et fissions d’atomes. Ces réactions ne concernent pas globalement des éléments chimiques, mais des isotopes spécifiques.
Kervran présente des travaux et étudie aussi l’importance des précautions expérimentales, des expérimentations de bonne et de mauvaise foi, des expérimentations soigneusement réalisées et analysées puis rejetées par leur auteur parce que leurs résultats semblent aberrants car trop différents de résultats déjà confirmés. Il est très scrupuleux dans le respect d’attribution aux auteurs des expérimentations, mesures, découvertes et publications. Les précautions explicitées sont très nombreuses : expérimentations préliminaires pour mieux cibler l’expérimentation rapportée, répétitions pour assurer la validité statistique, rapporter les conclusions, mais aussi les mesures et les raisonnements et critiquer le tout précisément et de plusieurs points de vue, décrire les variétés biologiques et les variations de conditions expérimentales, importance de la dispersion des mesures.
Lorsqu'une expérimentation a déjà été suffisamment répétée, documentée et publiée, il la rapporte en détail. Sinon il la répète d'abord lui-même pour la confirmer et mieux la documenter, puis publie et discute les résultats précédents dans la mesure du possible et ses propres résultats. C'est ce qu'il appelle une preuve. Dans ses livres nommés Preuves..., il publie des séries de travaux confirmés et synthétise les enseignements qu'il peut en tirer.
Les expérimentations sont très variées, elles ont déjà étudié : homme, souris, homard, plante Tillandsia, fruits secs, graines, bactéries, levures et moisissures.
Les expérimentations ont exploré des variations de natures différentes, dont :
Kervran prétend réfuter les explications déjà données de l'origine du calcaire des os (PB p 73 à 76).
Des chercheurs présentent des observations qu'ils auraient faites et qui, d'après eux, ne pourraient résulter que de transmutations biologiques des éléments chimiques dans le cadre actuel de la physique, de la chimie et de la biologie :
Pendant le séchage des fruits on peut s'attendre à ce que les variations de concentrations, entre l'état sec et l'état frais du fruit, soient identiques pour différents éléments chimiques étudiés. Il semblerait que ce ne soit pas toujours le cas. par exemple pour les figues le taux de mg pour 100 g change entre l’état frais et l’état sec : le rapport sec/frais est de 3,4 pour S et Mg, de 5,3 pour Ca, de 3,8 pour P. D'autres exemples sont possibles avec la banane, le raisin ou la châtaigne. Voir les tables de compositions des aliments de l'AFSSA.
Louis Kervran estime que les réactions chimiques ne peuvent expliquer ce phénomène, alors que les transmutations le permettraient : certains éléments seraient produits à partir d’autres déjà présents dans le fruit frais. ( PB p 53 à 60)
Des souris ayant reçu pendant 5 jours un supplément de chlorure de magnésium de 100 mg/kg/jour ont grossi de 15 % de plus, et ont formé 0,64 g de plus de calcium et 0,60 g de plus de phosphore, par rapport au lot témoin. Ici toutes les conditions d’expérimentation et les méthodes de mesures sont les mêmes pour les deux lots de souris nourries par gavage, avec pesées des excréments.
Cette expérimentation de Kervran, présentée en 1967 à l’Académie, semble montrer que le calcium provient du magnésium car le calcium sortant est 5 fois plus important que le calcium alimentaire entrant (p. 79 à 82).
En 1959 au Sahara, à Ouargla, dans une équipe de travailleurs du pétrole, le magnésium qu'ils ont ingéré et excrété a été mesuré chaque jour pendant 6 mois. En avril et fin septembre le bilan était équilibré, de mai à Août, le bilan était croissant et du 5 au 9 septembre, l’excrétion était supérieure à l’ingestion de 420 - 198 = 222 mg/j.
La marine a fait refaire l'expérimentation en laboratoire à Tindouf, plus aride. En moyenne sur 8 mois, le bilan du magnésium a été de +652 mg/jour (1047 mg ingérés pour 395 mg excrétés), ce qui aurait épuisé en 8 jours leurs réserves de 5 g mobilisables au total dans l'ensemble du corps.
Ce qui conduit à la conclusion qu'une transmutation a lieu et donne du magnésium. (Organisme officiel Prohuza avec le concours de la Marine Française, p 66 à 67)
Les travailleurs en ambiance chaude à plus de 37°C à l’ombre, pour y résister, consomment beaucoup de sel (sodium) et rejettent beaucoup de potassium. Ceci pendant plusieurs mois, et avec une limitation de la température corporelle autour de 39 °C. Les variations du bilan K/Na et du bilan thermique sont semblables (K et Na en milligrammes) :
Des expérimentations, complémentaires avec des personnes vêtues de combinaisons étanches et avec une analyse de l’air inspiré et expiré, annulent presque l’effet possible de la transpiration, montrent la même transformation de sodium en potassium. De même chez les malades fiévreux qu’on enveloppe pour qu’ils gardent leur sueur liquide et évitent un refroidissement externe. De même pour le sauna finlandais. Tout cela correspond bien au conseil de boire salé pour limiter la fièvre et éviter l’hyperthermie.
Cette expérimentation montre que la limitation de température vers 38°C ne vient pas de l’évaporation et que notre corps peut éviter l’hyperthermie en transformant du sodium en potassium (Na + O :=: K). (En 1959 au Sahara, à Ouargla, Organisme officiel Prohuza avec le concours de la Marine Française, p 68 à 72)
Cette fusion de sodium et d'oxygène vers du potassium devrait produire un fort effet exothermique correspondant à 0,02 u.m.a, mais elle est en fait endothermique.
Le salpêtre se développe sur la chaux des murs humides. Ce sont les bactéries qui produisent la nitrification et l’explication classique est que le potassium peut venir de nombreuses sources. Mais des murs isolés des sources habituelles de potassium ou les expérimentations en autoclave montrent aussi la nitrification sans source de potassium, donc une transmutation. (p. 109 à 117)
En 21 jours d’incubation en autoclave à 28°C on obtient une augmentation de potassium
Des expérimentations préliminaires montrent que du potassium migre des boîtes de Pétri en verre, pyrex ou polyéthylène, et l’on en tient compte. Les expérimentations ont été recommencées avec du carbonate de calcium pur comme support et en dosant Ca et K, avec 5 tubes, puis 15 tubes, puis 100 tubes, pour améliorer la confiance statistique.
La réaction de transmutation est la fission Ca - H :=: K
Volkamer a réalisé une expérimentation qui consiste à enfermer hermétiquement des graines qui germent et à les peser précisément pendant quelques jours. La variation de masse mesurée est de -0,027 % en 3 jours, pour une masse de graines de 4000 mg dans un flacon de verre scellé, avec une précision de mesure et une linéarité de 0.1 mg. Volkamer conclut : « Les fluctuations de masse suggèrent l’existence d’une forme de matière froide ou noire. »
La seule explication actuellement disponible en physique d'une variation effective de la masse dans cette observation est liée à la variation de l'énergie de liaison lors des fusions et fissions de noyaux atomiques.
Ces mesures ont été réalisées en 1994 dans le but de reproduire des mesures de Hauschka de 1934 à 1940, et il semble que ce soit le cas ( p. 228).
Au cours d'une seule expérimentation, des microorganismes semblent avoir accéléré la décroissance de radioactivité de deux isotopes.
Les micro-organismes se sont d'abord adaptés en 10 jours au milieu radioactif. Puis la radioactivité de Ba140 et La140 a baissé de manière significative pendant 15 jours, par rapport à la décroissance classique dans l'eau pure. La différence entre les Q(T)/Q(0) était alors de 0,23 = (0,28 dans l’eau pure) – (0,05 dans le milieu actif). Donc les microorganismes semblent bien avoir transmuté une partie des isotopes radioactifs, les deux types de transmutations ayant alors lieu simultanément.
Cette expérimentation de Vysotskii en 2003 ( p 4 fig 2) montrerait la capacité des microorganismes à réaliser des transmutations et à s'adapter aux isotopes radioactifs pour produire des isotopes stables et réduire des déchets radioactifs.
Quelques personnes les plus favorables aux transmutations biologiques ont émis des doutes sur ce phénomène :
Olivier Costa de Beauregard, qui a réfléchi à cette étude au point de proposer l'hypothèse que les neutrinos pourraient en expliquer une partie, pour se situer par rapport à ce sujet, s'exprime comme suit, p 285 à 287 :
"Lorsque, voici un peu plus de dix ans, M. C.-L. Kervran me fit parvenir ses livres, ... ma première réaction, le lecteur en sera peu surpris, fut de défiance. Cela me sembla être de la "Science-Fiction" ..."
"L'important est que M. Kervran ... a eu le mérite singulier de dégager la seule explication empiriquement acceptable d'une foule d'énigmes ...". Le mot "explication" concerne ici "une foule d'énigmes" et non le phénomène lui-même.
L'expression "une partie de ses cogitations explicatives ... reste à mes yeux de la Science-Fiction" concerne des prémices d'hypothèses douteuses en 1974 et qui le restent en 2008.
"Il y eu là, longtemps, une grande difficulté sur laquelle je reviendrai, et qui est à l'origine de la fin de non-recevoir opposée à M. Kervran par le front uni des descendants de Lavoisier et de ceux de Rutherford. ... ou bien vous faites de la physique nucléaire ... à 10 ou 100 MeV ... [incompatibles avec la vie] ... Ou bien vous parlez de réactions douces ... convenant aux êtres vivants; alors les énergies mises en jeu sont de l'ordre de l'eV ... ".
Les mots "qui est à l'origine" expriment que la cause du rejet des apports de Kervran serait surtout due à cet argument.
L'opposition est ici sur les niveaux d'énergie observés dans des domaines connus et un domaine encore inconnu. Or sur ce point précis, on voit que les niveaux de 10 eV à 1 MeV n'avaient pas été explorés à l'époque et restaient à explorer.
L'expression "et ma conviction personnelle est aujourd'hui qu'il a raison" montre qu'après une réflexion approfondie, un chercheur qui doutait est devenu favorable.
Page 286, Costa écrit : "M. Kervran, quant à lui, fort d'un impressionnant catalogue d'observations, s'obstinait à affirmer l'existence d'une "troisième voie" [ entre radioactivité à haute énergie et réactions chimiques ] ". L'apport de Kervran est donc constitué d'observations et elles sont nombreuses.
Page 287 : "Je n'objecte pas plus à ses observations ... qu'au résultat "négatif" de l'expérience de Michelson, que je n'ai pourtant jamais observé moi-même. Et j'en tire la conclusion qu'il doit exister une explication satisfaisante aux "transmutations à faible énergie" de Kervran ... je m'attends à la nécessité d'en explorer les implications, dont plusieurs risquent d'être nouvelles et de grande portée."
Au vu des passages ci-dessus, Olivier Costa exprime et détaille clairement que, selon lui, le phénomène est sûr, que les hypothèses sont douteuses et que la théorie reste à découvrir.
Il exprime aussi que le rejet de Kervran proviendrait à la fois des hypothèses douteuses que Kervran a émises, et surtout de l'aspect surprenant de sa découverte dans un domaine d'énergie non exploré à son époque.
Jean-Paul Biberian décrit les mêmes doutes et les mêmes convictions actuellement.