En 1820, Accum entame une lutte publique contre l'utilisation de denrées alimentaires toxiques dans son livre A Treatise on Adulterations of Food and Culinary Poisons (Traité sur la nourriture frelatée et les poisons culinaires). A cette époque, les additifs alimentaires issus de végétaux sont utilisés depuis longtemps comme conservateurs ou pour modifier le goût ou l'apparence des aliments. Au début de 19e siècle, les débuts de l'utilisation de techniques industrielles pour produire la nourriture étend cette pratique au point d'en faire un problème pressant. La production et la distribution des denrées alimentaires, qui jusque-là étaient constituées d'un échange direct entre un producteur et son client, devient de plus en plus centralisée. Les progrès de la chimie et l'absence de loi protégeant les consommateurs permettent à des marchands peu scrupuleux de développer et utiliser de nouveaux additifs alimentaires sans les tester Accum est le premier à soulever ce problème et à toucher une large audience..
Un mois après la publication du A Treatise on Adulterations of Food and Culinary Poisons, un millier de copies ont été vendues. Un second tirage paraît la même année et une traduction en allemand est publiée deux ans plus tard à Leipzig. La couverture du livre montre qu'Accum est capable d'utiliser des images dramatiques pour attirer l'attention du grand public sur ses travaux scientifiques. Elle représente un cadre rectangulaire contenant une toile d'araignée et entourée de serpents entrelacés. Une araignée occupe le centre de la toile, et le cadre est surmontée d'une tête de mort avec une légende tirée de l'ancien testament : "La mort est dans la marmite".
Le contenu des différents chapitres du livre alterne entre les fraudes sans danger, comme mélanger de la poudre de poix séchés au café, et des descriptions de contaminations par des substances vraiment toxiques. Accum explique par exemple à ses lecteurs que l'huile d'olive importée d'Espagne contient une concentration importante de plomb, à cause des containers en plomb utilisés dans ce pays au cours du traitement de l'huile et recommande d'utiliser de l'huile d'autres pays comme la France ou l'Italie où cette utilisation n'a pas cours. Il met en garde ses lecteurs contre les bonbons vert brillant vendus dans les rues de Londres par des marchands ambulants, la couleur étant produite en utilisant du "sapgreen", un colorant contenant une teneur élevée de cuivre. Il explique également que le vinaigre est souvent mélangé avec de l'acide sulfurique de manière à augmenter son acidité.
Accum consacre une attention particulière à la bière et introduit ce sujet avec ce commentaire : "les boissons issues du malt, et plus particulièrement les porter, boisson préférée des habitants de Londres et d'autres grandes villes, font partie des aliments qui sont les plus fréquemment frelatés au cours de leur production." Il affirme que les bières anglaises sont occasionnellement additionnées de mélasse, de miel, de vitriol, de poivre et même d'opium. Parmi les pratiques les plus choquantes qu'il cite figure l'ajout à la porter de coque du Levant, de la famille des Menispermaceae. Il était apparu évident durant les guerres de la Révolution française que cette pratique devenait incontrôlable et Accum attribue les effets d'intoxication de la boisson à cette plante. Pour soutenir ses affirmations, Accum utilise des sources variées. Par exemple dans le cas de la coque du Levant, il utilise entre autres des statistiques d'importations de la plante et compare l'évolution des prix de cette plante dans les listes de prix des fournisseurs de matériels de brasseries aux prix tendanciels à long terme.
Le Treatise on Adulterations of Food and Culinary Poisons possède deux caractéristiques notables. Tout d'abord, de manière similaire aux premiers ouvrage d'Accum, il est écrit avec la description de techniques simples de chimie analytique qu'il a employées, de manière à le rendre plus accessible au lecteur. Il veut que chaque test puisse être reproduit par un amateur de la manière la plus simple possible. Il écrit dans la préface de la première édition :
Lorsque j'ai mis au point les procédures expérimentales nécessaires à la détection des fraudes, ce qui constitue l'objet de mon exposé, je me suis attaché à choisir uniquement des opérations qui puissent être réalisées par des personnes sans formation de chimiste. Par ailleurs, mon objectif a été d'exprimer toutes les règles et les instructions en utilisant la langue du plus grand nombre, sans termes scientifiques obscurs qui n'auraient pas été à leur place dans un ouvrage destiné à être lu attentivement par le grand public.
La seconde caractéristique est qu'Accum ne limite pas sa campagne à un simple exposé des problèmes. A la fin de chaque chapitre, il inclut les noms de marchands qui au cours des années précédant 1820 ont été surpris à frelater des denrées alimentaires. De cette manière, il cherche à les priver de leur marché et à influer sur l'économie de Londres.
Friedrich Accum avait bien conscience avant la publication de son livre que le fait de mentionner des noms précis au sein du milieu économique londonien allait entraîner des résistances et peut-être des réactions violentes. Dans la préface de la première édition, il qualifie la publication de ces noms de "tache ingrate" et de "devoir douloureux" qu'il entreprend après vérification de ses affirmations. Bien qu'il ajoute ensuite qu'il a "soigneusement évité de citer quiconque ne serait pas nommé dans des documents authentiques du parlement", il ne peut éviter d'attirer la colère de ses opposants. Au moment de la parution de la seconde édition, il affirme dans la préface avoir reçu des menaces. Dans le même temps, cela ne l'empêche pas de "mettre l'imprudent en garde" contre les supercheries de personnes peu scrupuleuses. Il ajoute également qu'il souhaite avertir ses ennemis cachés qu'il se servira de son texte pour signaler à jamais les crimes pour lesquels ces escrocs et leurs associés ont été jugés coupables par la justice, c'est-à-dire avoir rendu toxiques les aliments de base.