Léon Joseph Jean Marie Pérès, né à Montpellier le 8 octobre 1915 et décédé à Marseille le 9 mars 1998 est un zoologue terreste qui devint zoologue, puis écologiste marin et enfin océanographe biologiste. Ses principales recherches scientifiques concernent surtout la systématique et la biologie des ascidies et l'étude des communautés marines benthiques Ses nombreuses campagnes océanographiques et plongées profondes (Dans les bathyscaphes « FNRS III » et « Archimède », et la Soucoupe plongeante SP-350) dans diverses régions du globe, lui donnèrent une vaste vue d'ensemble de l'écologie marine benthique. Directeur de la Station Marine d'Endoume à Marseille pendant 35 ans, il y fut un remarquable enseignant, un défenseur de la recherche océanographique française et un conseiller scientifique international pour de nombreux pays émergents.
Jean-Marie Pérès était fils d'un spécialiste de la mécanique et de l'aéronautique, Joseph Pérès (1890-1962), membre de l'Académie des sciences et professeur à la faculté des Sciences de Marseille entre 1921 et 1932.
Son grand-père paternel, Jean Pérès, ancien élève de l'École normale supérieure, était agrégé de philosophie et son grand-père maternel, Léon Robin, était helléniste, spécialiste de Platon et de la pensée grecque en général, et professeur de philosophie à la Sorbonne.
J.-M. Pérès, qui savait déjà lire à l'âge de quatre ans, fit ses études au lycée Thiers de Marseille et au lycée Saint-Charles. Il fut reçu, à l'âge de 16 ans (1931), aux baccalauréats de mathématiques élémentaires et philosophie. Deux années de suite il est reçu au concours d'entrée à l'École normale supérieure, mais mal classé et non retenu, il s'oriente vers une licence de sciences naturelles et obtient les certificats de zoologie, chimie, géologie et botanique.
En 1933 J.-M. Pérès fait ses premiers pas d'étudiant à la station de biologie marine de Wimereux sous la direction de Louis Gallien. Il est licencié ès sciences en 1935 (Paris et Strasbourg) et embarque à Brest, en avril 1936, pour sa première grande mission scientifique sur le navire océanographique « Président-Théodore-Tissier », au large de côtes occidentales africaines et autour des Açores et des Canaries.
En 1937, il soutient, à Paris, un diplôme d'études supérieures en zoologie qui porte sur l'anatomie et la biologie de bivalves commensaux de certains échinidés.
Il est chargé, en 1937-1938, d'une mission au Maroc pour l'étude des eaux continentales. Là, avec Germaine Sidet, qu'il épouse le 17 septembre 1937, il travaille sur les mollusques et les crustacés notostracés et fait des observations sur les insectes, les poissons et les grenouilles.
Ses débuts aventureux et éclectiques inspireront ces mots à Pierre-Paul Grassé :
« Comme doit l'être un débutant avide de connaître, vous touchez à tout : vous lancez des coups de filet à droite et à gauche et ils sont fructueux. »
Mobilisé le 17 septembre 1939 à l'Ecole d'application d'Artillerie de Fontainebleau, J.-M. Pérès est volontaire pour l'armée de mer en janvier 1940. Canonnier de marine, il est démobilisé le 28 août 1940 avec le grade d'aspirant de réserve.
La même année il devient préparateur à la Station marine d'Endoume à Marseille et commence sa thèse de doctorat ès sciences sur le sang et les organes neuraux des ascidies, sous la direction de Max Kollmann, directeur du laboratoire d'Endoume.
En mars-avril 1942 il fait un séjour à Villefranche-sur-Mer pour observer les Tuniciers pélagiques.
En mars 1943 il est nommé sous-directeur de l'Institut océanographique de Monaco et soutient sa thèse, à Paris, le 2 décembre de la même année. Il obtient, en mars 1944, le poste de sous-directeur du Laboratoire de Malacologie au Museum national d'Histoire naturelle de Paris, avec fonction de directeur-adjoint du laboratoire maritime de Dinard. Il allait rester à Dinard jusqu'en 1947 et en rénover l'aquarium qui était fermé depuis 1939. C'est là qu'il fait la connaissance de son futur « bras droit » en écologie marine benthique, Jacques Picard.
J.-M. Pérès est successivement Maître de Conférence (1er octobre 1947), puis Professeur de Biologie animale (1951) à la Faculté des Sciences de Marseille, Professeur d'océanographie de 1955 à 1970 dans cette même faculté puis à l'Université Aix-Marseille II jusqu'au 8 août 1984. Il dirigea, dès sa création en 1955, l'enseignement de Troisième Cycle d'Océanographie Biologique de Marseille. Cet enseignement océanographique fut le premier créé en France, en quasi-simultanéité avec la chaire d'océanographie physique créée au Muséum national d'histoire naturelle de Paris.
En 1961 et 1963, il publie, avec L. Devèze l'ensemble des cours d'océanographie biologique alors enseignés à la Station marine d'Endoume
Jean-Marie Pérès donna des cours et conférences dans de très nombreux pays : Europe (Allemagne, Belgique, Bulgarie, Espagne, Italie, Roumanie, ex-U.R.S.S. ...), Afrique (Algérie, Madagascar), Moyen Orient (Israël, Liban), Asie (Corée), Amérique (Brésil, États-Unis, Mexique ...).
Si J.-M. Pérès débuta sa carrière comme zoologie terrestre, il s'orienta très vite vers la zoologie marine puis, notamment sous l'influence du Professeur Louis Fage, directeur de l'Institut océanographie de Paris, vers l'océanographie biologique. Le 1er octobre 1948, il est nommé Directeur de la Station marine d'Endoume à Marseille. Pendant une dizaine d'années encore J.-M. Pérès allait poursuivre ses travaux sur la systématique, la biologie et l'écologie des Ascidies, mais en abandonna l'histologie, à la faveur de campagnes océanographiques auxquelles il allait participer.
Avec la collaboration notamment de Jacques Picard et de Roger Molinier, il allait jeter les bases de la bionomie benthique de la mer Méditerranée.
Ainsi se sont succédé, sous sa direction, 29 promotions d'océanographes français et étrangers lesquelles ont produit, entre 1959 et 1982, 250 thèses de Doctorat de 3eme cycle et 100 thèses de Doctorat d'Etat.
Ces travaux menés notamment hors de Méditerranée (Indo-pacifique, Atlantique, Antarctique...) et ses observations en bathyscaphe et soucoupe plongeante lui ont permis de publier une synthèse mondiale de l'écologie marine benthique, dans le traité de Otto Kinne
En 1972, bien avant sa cessation officielle d'activité intervenue en 1985, J.-M. Pérès entreprend de rédiger une notice de synthèse sur ses titres et travaux qui mentionne déjà 196 publications entre 1937 et 1971. Mais l'œuvre imprimée globale de J.-M. Pérès est encore plus imposante puisqu'elle compte environs 370 titres de tous types (publications originales, ouvrages de synthèse, textes préliminaires, traductions, cours magistraux, œuvres de vulgarisation, rééditions, préfaces ou analyses d'ouvrages...) qui s'échelonnent de 1937 à 1994.
En 1949 il avait été à l'origine de la création du Recueil des Travaux de la Station marine d'Endoume remplacé à partir de 1969 par Téthys dont le 11eme et dernier volume paraitra en 1985.
J.-M. Pérès fut également membre de divers comités éditoriaux de revues françaises et étrangères. En particulier il eu des relations éditoriales avec Marine Biology depuis la création du mensuel en juin 1967 jusqu'à début 1994.