Mouette tridactyle - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Systématique

Un juvénile et un adulte par John Gould.

Étymologie

Le mot « mouette » date du XIVe siècle ; il s'agit d'un diminutif de l'ancien anglais maew ou de l'ancien français maoe, termes qui désignaient ce type d'oiseau. Le terme latin Rissa vient du vieil islandais ritsa, qui désigne spécifiquement la mouette tridactyle, très commune en Islande. Quant aux termes tridactyle et tridactyla, qui ont la même signification, ils dérivent du grec ancien τρεῖς, « trois », et δάκτυλος, « doigt » et font explicitement référence à cette particularité de l'espèce.

Taxonomie

Décrite sous le nom Larus tridactylus par Carl von Linné en 1753 dans son Systema Naturae, l'espèce s'est vu attribuer de nombreuses autres appellations scientifiques. Elle fut attribuée au genre Rissa en 1826 par James Francis Stephens.

Sous-espèces

La mouette tridactyle présente une variation géographique modérée mais deux sous-espèces sont cependant distinguées :

  • Rissa tridactyla tridactyla (Linnaeus, 1753) dans l'Atlantique de l'ouest de l'Europe au nord de la Russie et à la péninsule de Taïmyr ;
  • Rissa tridactyla pollicaris (Ridgway, 1884), parfois nommée mouette du Pacifique serait essentiellement cantonnée au Pacifique Nord (jusqu'au Japon au sud) ainsi qu' à la Mer de Béring : cette sous-espèce est plus grande et possède davantage de couleur sombre au niveau des rémiges primaires que la sous-espèce nominale.

La zone de transition entre les deux formes se situerait dans l'océan Arctique, correspondant à peu près aux populations de la mer de Laptev (Russie), alors que les oiseaux les plus orientaux de l'Arctique, ceux de la mer de Sibérie Orientale et de la mer des Tchouktches, appartiendraient plutôt à la sous-espèce du Pacifique.

Écologie

Locomotion

Le vol de la mouette tridactyle est élégant, aisé, et présente quelques ressemblance avec celui des sternes. Par vent fort, l'oiseau tient ses ailes coudées et vole au dessus des vagues en effectuant des successions de montées et descentes en courbes bien visibles. Il est capable d'atterrir sur de très petites surfaces, même par vents forts.

Alimentation

La mouette tridactyle se nourrit essentiellement de poissons. Les espèces capturées sont variées : gobies, sprats, lançons, capelans, orphies, harengs, merlans, morues et lieus noirs notamment. Elle capture aussi des céphalopodes ou des crustacés tels que des crevettes, des balanes et des isopodes.

Aux îles Farne (nord-est de l'Angleterre), en période de reproduction, la mouette tridactyle consomme surtout des poissons (98 %) d'une taille comprise entre 25 et 175 mm : lançons (81 %), clupéidés (10 %) et gadidés (7 %).

Plus occasionnellement, elle peut se nourrir de vers de terre, de petits mammifères, voire de végétaux tels que plantes aquatiques, tubercules de pomme de terre ou graines lors de la saison de reproduction. En hiver, il lui arrive de capturer du plancton, et elle ne dédaigne pas les déchets de poisson rejetés par les bateaux de pêche.

En période de reproduction, elle pêche assez près des côtes mais peut s'en éloigner jusqu'à une cinquantaine de kilomètres. Elle ne s'immerge pas totalement et préfère pêcher depuis la surface de l'eau.

Comportement social

Spiza americana male 94 231051626 13e01e8125 o cropped.png

Chants et appels

Écouter la mouette tridactyle
sur xeno-canto

Vocalisations

Les cris sont sonores, aigus et nasillards, des sortes de « keh-ouîc » ou « kiti-ouék » répétés, qui ont valu à l'espèce son nom anglais de kittiwake. Ils servent à l'oiseau pour reconnaître à distance son partenaire, les voisins du site de nidification ou encore ses petits.

Grégarisme

Colonie de mouettes tridactyles en Norvège

Ces oiseaux nichent en colonies denses. Les plus petites colonies comptent rarement moins de 20 couples et correspondent souvent à des implantations récentes, les plus grandes comportent de 30 000 à 40 000 couples, et même souvent plus de 100 000.

Sa sociabilité ne se réduit pas à sa propre espèce, et il est commun de voir les colonies de mouettes tridactyles proches de colonies d'autres oiseaux de mer tels que les guillemots, pingouins ou macareux.

En dehors de la saison de nidification, les oiseaux peuvent être seuls ou en petits groupes, ou se concentrer dans les zones riches en nourriture.

Prédation

Les œufs de mouettes tridactyles sont essentiellement la proie de corvidés tels que le grand corbeau ou la corneille noire. Les poussins sont quant à eux victimes du goéland argenté, mais dans une proportion moindre. Les nids les moins inaccessibles peuvent être pillés par la fouine ou le vison d'Amérique, mais la plupart du temps, les nids sont en situation trop difficile d'accès pour ce type de prédateur. Les mouettes tridactyles sont aussi sujettes au parasitisme par des tiques, notamment Ixodes uriae et Ornithodoros maritimus. Les mouettes tridactyles souffrent aussi de cleptoparasitisme, par exemple de la part du Labbe parasite. Une trop forte pression de prédation sur les sites de nidification peut provoquer leur abandon.

Reproduction

Entre janvier et avril, les adultes reviennent de haute mer et regagnent leurs colonies auxquelles ils sont très fidèles, mais cette fidélité à la colonie d'origine n'est pas absolue comme cela a été prouvé en Bretagne. En effet, en cas d'échec trop généralisé de la reproduction au niveau de la colonie, le site est très souvent déserté, et adultes et juvéniles optent pour un autre site plus propice l'année suivante.

Les colonies sont généralement situées sur les parois de falaises mais des bâtiments littoraux sont parfois utilisés, anciens forts désaffectés mais aussi façades de maisons et de hangars dominant la mer par exemple. La nidification sur des bâtiments est connue depuis 1928 aux îles Lofoten en Norvège, depuis 1934 en Écosse. Le nombre des colonies urbaines a augmenté avec un total de sept pour 410 couples en 1969 et 1970 en Grande-Bretagne. En France, cette espèce niche sur les rebords de fenêtres d'un ancien fort situé à l'extrémité d'une digue à l'entrée du port de Boulogne.

Les oiseaux âgés de deux ou trois ans (surtout des mâles proches de leur maturité sexuelle) peuvent rechercher des sites de nidification, le plus souvent des anciens nids et parfois même des nids où se trouvent des jeunes de l'année, mais la première reproduction n'a lieu que vers quatre ou cinq ans (valeurs extrêmes de trois et huit ans).

Les couples se forment à l'emplacement des nids où les oiseaux stationnent peu de temps après leur arrivée. Lors de la parade nuptiale, le mâle incline le corps vers l'avant, redresse et abaisse rapidement la tête en criant afin d'attirer la femelle. Lorsque le bec est largement ouvert, l'orangé vif de la cavité buccale contribue à renforcer l'attention de la partenaire. Puis, toujours face à la paroi, serrés l'un contre l'autre, les deux oiseaux se caressent du bec, agitent la tête et gonflent la gorge.

Les nids de mouette tridactyle sont situés très près du vide.

Les matériaux servant à la construction des nids sont collectés parfois loin de ceux-ci (jusqu'à 2,5 km et même 8 km). Les nids sont construits à base de boue, d'herbe, d'algues et de plumes piétinés. Ils sont collés avec de la boue et des excréments durcis sur de très minimes aspérités des parois et sont extrêmement exigus même si les plus anciens peuvent atteindre 80 cm de hauteur et peser 2 à 3 kg (jusqu'à 10 kg en Sibérie).

En mai et juin, la femelle pond le plus souvent deux œufs. En Grande-Bretagne, sur 149 pontes, 10 % étaient constituées d'un seul œuf, 74 % de 2 œufs et 12 % de 3 œufs. Les œufs présentent un fond pâle, gris bleuâtre à olive ou jaunâtre, taché de gris et de brun rouge de manière très variable. Leurs dimensions moyennes sont de 55 mm × 40 mm (valeurs extrêmes 47,1 à 62,5 mm × 35,3 à 44,5 mm) pour une masse moyenne d'environ 45 g lorsqu'ils sont frais. Le premier œuf est plus large que le ou les suivants, l'éventuel troisième étant étroit et allongé. Ceux-ci sont couvés à tour de rôle par les deux parents pendant 26 à 28 jours le plus souvent (valeurs extrêmes de 25 et 32 jours). Les éclosions sont échelonnées et l'intervalle entre celles-ci est en moyenne de 1,3 jour (± 0,7). Contrairement à la plupart des autres espèces de laridés, les poussins ne sont pas nidifuges, comportement rendu nécessaire par la situation des nids. Ils demeurent ainsi la tête tournée vers la paroi bordant le nid et leurs exercices d'entraînement au vol sont également beaucoup plus modérés que ceux des poussins des espèces de la même famille.

Les petits prendront leur essor au bout d'une quarantaine de jours, quittant de fait le nid pour la première fois.

Page générée en 0.123 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise