On distingue :
OCCLUSION VOLONTAIRE. Lorsque les dents sont en occlusion volontaire, l'enseignement de la Gnathologie (1924) distingue sur les faces triturantes des dents, ou faces occlusales :
Différente de l'occlusion réflexe, l'occlusion volontaire ne représente qu'un intérêt purement didactique sur le plan clinique : faire mordre sur un papier carbone, bleu ou rouge, pour visualiser des contacts entre les couples dento-dentaires. L'analyse occlusale des patients ne peut jamais se limiter à l'étude de l'occlusion volontaire, pas plus qu'à des clichés instantanés de radiographie, ni à des modèles en plâtre volontairement juxtaposés (E.H. ANGLE et sa Classification, 1898). En fait, l'occlusion volontaire représente très peu d'intérêts pour les patients.
Or, c'est trop souvent le cas en Gnathologie depuis 1924 : l'extrême variabilité des rapports occlusaux conduit aux meulages sélectifs, gouttières occlusales, extractions préventives, contentions à vie (Orthodontie - ODF), chirurgie orthognathique (Chirurgie maxillo-faciale), , etc. ; mais sans jamais tenir compte des voies réflexes, ni de la perception proprioceptive du patient. Le plus souvent, ces pseudos traitements, seulement cautionnés par la Gnathologie, conduisent à une perturbation profonde de la fonction physiologique : ils induisent, révèlent ou aggravent surtout la dysfonction occlusale.
Fig. 3. Vidéographie numérique chez le patient adulte : empreintes dentaires et interposition linguale lors de la phonétique. | Fig. 5. Déglutition infantile : interposition linguale entre les deux arcades gingivales contenant les germes de la dentition lactéale. | Fig. 6. Déglutition infantile : interposition linguale. Eversion de la lèvre inférieure et plastron mentonnier (nerf VII). |
DEGLUTITION SALIVAIRE DYSFONCTIONNELLE. La déglutition salivaire atypique n'est qu'une prolongation, chez l'adulte, de la déglutition infantile. Dans toute fonction buccale, la langue s'interpose toujours entre les deux arcades dentaires antagonistes et il n'y a jamais occlusion réflexe des dents mandibulaires sur les dents maxillaires (Fig. 3 et 4), ni même stimulation dento-dentaire des mécanorécepteurs, ou propriocepteurs desmodontaux. Ces interpositions linguales, permanentes entre les deux arcades, induisent des migrations dentaires par pressions centrifuges omnidirectionnelles : versions, égressions, translations, récidives orthodontiques, etc. Par conséquent, les rapports entre les deux arcades dentaires sont variables à merci : le patient ne sait plus "comment mettre ses dents" et ceci contribue à un stress permanent. Plus de trois quarts de la population sont touchés par la déglutition dysfonctionnelle, mais seulement 15 à 17% d'entre eux présenteront, peut-être un jour, les signes majeurs de la maladie occlusale : mal de tête, douleurs dans la nuque et le dos, craquement des articulations des mâchoires ("ATM"), difficultés pour ouvrir la bouche, fatigue générale, ronflement, accentuation des acouphènes, etc.
En présence d'une deglutition dysfonctionnelle, toute occlusion volontaire (voir ci-dessus) n'est nullement représentative des conditions naturelles et tout traitement, imposé par cette voie iatrogène, est toujours intempestif. D'où l'importance fondamentale d'un diagnostic correct du type de déglutition salivaire.
Au début de la vie, les organes dentaires sont absents dans la cavité buccale, alors que la dimension verticale est déjà présente : la déglutition du liquide amniotique débute vers le quatrième mois de la grossesse (Fig. 5 et 6). A l'inverse des dogmes produits par la Gnathologie depuis 1924, la dimension verticale, ou distance nez-menton, est donc plus le résultat, depuis la naissance, du travail réflexe produit par la langue entre les maxillaires (découverte des réflexes : C.S. SHERRINGTON, 1917), que la simple juxtaposition volontaire iatrogène des deux arcades dentaires ("DVO", Gnathologie).
DEGLUTITION SALIVAIRE FONCTIONNELLE & OCCLUSION REFLEXE. L'individu secrète un litre et demi de salive par jour, soit un peu moins d'une demi tonne de cette secrétion par an. Par voies réflexes diurnes et nocturnes, 1500 à 2000 déglutitions quotidiennes sont nécessaires pour transférer chaque bol salivaire de la cavité buccale vers l'oesophage. La fréquence correspond à une déglutition salivaire toutes les minutes. Parmi toutes les fonctions buccales, la déglutition salivaire représente le travail le plus important, en termes de consommation énergétique (Fig. 2).
L'occlusion réflexe des arcades dentaires ne se manifeste qu'au cours de la déglutition salivaire fonctionnelle, dite "en dents serrées" (Occlusodontologie). En fait, l'occlusion réflexe stabilise la mâchoire inférieure sur l'arcade dentaire supérieure. Seule cette configuration spatiale des deux arcades dentaires est stable dans le temps : elle permet à la langue de prendre appui sur un plancher buccal rigide, ou muscle mylohyoïdien tendu, pour évacuer le bol salivaire en haut et en arrière, de la voûte palatine vers l'oropharynx. Dans ces conditions strictement physiologiques, l'occlusion réflexe des dents dure 0,485 millisecondes (A. JEANMONOD). Cette occlusion physiologique des dents antagonistes est parfaitement reproductible au millième de millimètre près. Seulement dans ce cas, la consommation énergétique (ATP) est minimale ( R ) et des plus rentables.