Parc de Sceaux | |
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Situation | |
Coordonnées | |
Pays | France |
Ville | Sceaux et Antony |
Quartier | centre-ville |
Géographie | |
Superficie | 181 ha |
Cours d'eau | ru d'Aulnay |
Caractéristiques | |
Création | 13 août 1905 |
Type | Jardin public, Jardin français |
Lieux remarquables | Château de Sceaux, orangerie, statuaire, grand canal |
Classement | arbres remarquables, jardin remarquable |
Lien Internet | chateau-sceaux.fr |
Le parc de Sceaux s'étend sur les communes de Sceaux et d'Antony. Le domaine de Sceaux dépend aujourd'hui du conseil général des Hauts-de-Seine.
Le parc fut dessiné par André Le Nôtre à la fin du XVIIe siècle à la demande de Colbert puis de son fils le marquis de Seignelay. À plusieurs reprises ce parc faillit disparaître. À la Révolution, il fut transformé en école d'agriculture et tout ce qui en faisait la beauté disparut. Au début du XIXe siècle le château fut détruit après que le domaine eut été vendu comme bien national.
La superficie du parc est de 181 hectares : 121 sur la commune de Sceaux, 60 sur Antony dont le deuxième parc en termes de superficie est le parc Heller.
Au XVe siècle, il y a à Sceaux un manoir : en 1470, le seigneur de Sceaux, Jean II Baillet,(1400-1477), maître des requêtes ordinaires de l'hôtel du roi, y reçoit le roi Louis XI et la reine Charlotte de Savoie avec toute la Cour. Il avait réuni les trois fiefs formant la Seigneurie de Sceaux; Ceaux-le-Petit, l'Enffermerie de Saint-Germain-des-Près et Ceaux-le-Grand. Cette dernière terre lui venant de son père, Pierre Baillet, premier seigneur de Sceaux qui avait acheté cette terre à Alix de Vaubouillon. La seigneurie va rester dans cette famille jusqu'à la fin du XVIe siècle. La seigneurie échue à trois sœurs Baillet; Renée, Isabeau et Charlotte qui en indivision, laissèrent le domaine à vau-l'eau. Louis Potier, époux de Charlotte, baron de Gesvres, conseiller du roi, racheta le domaine en 1597. La propriété couvrait 119 arpents (environ 50 hectares). Il avait acheté en 1595, la seigneurie de Blérancourt. Son frère, Nicolas III Potier, avait épousée une autre des filles, Isabeau.
Au début du XVIIe siècle, les Potier de Gesvres, seigneurs de Sceaux depuis 1597, font construire un château de style Henri IV ou Louis XIII (la date exacte n'est pas connue). C'est une famille de bourgeois qui finiront par devenir ducs : ducs de Tresmes et ensuite ducs de Gesvres. Sceaux est érigée en châtellenie en 1612 et en baronnie en 1619-1624.
En 1670, Jean-Baptiste Colbert, ministre de Louis XIV, qui souhaite disposer d'un domaine près de Paris et non loin de Versailles, achète la terre de Sceaux, aux trois héritiers de René Potier, marquis de Gesvres, duc de Tresmes. Il procéde à d'importantes acquisitions foncières afin d'agrandir le domaine qu'il porte à une centaine d'hectares. Lorsque le fils de Colbert, le marquis de Seignelay, fera l'acquisition de la seigneurie de Châtenay, le parc atteindra la superficie de 225 hectares (environ 700 arpents). Colbert fait agrandir l'édifice, qui avait été bâti après 1597, au début du 17e siècle et dessiner un parc à la française par André Le Nôtre. L'architecte n'est pas connu, mais compte tenu de la position éminente du commanditaire – qui s'était vu confier depuis 1664 la charge de Surintendant des Bâtiments du Roi – il ne fait guère de doute qu'il devait s'agir d'un des plus grands de cette époque : peut-être Antoine Le Pautre. Des recherches récentes ont permis de retrouver le nom des deux entrepreneurs : Maurice Gabriel et Jean Girard qui construisit le corps central du château de Saint-Cloud. Claude Perrault est intervenu pour l'édification de la chapelle qui se trouvait dans l'aile sud du château.
Le château comportait un corps central flanqué de deux pavillons et, en retour d'équerre, deux longues ailes en rez-de-chaussée terminées par deux pavillons. Celui de gauche, carré à l'extérieur mais circulaire à l'intérieur et sommé d'une coupole, renfermait la chapelle, décorée par Charles Le Brun. La décoration du château (façade et intérieur) vit l'intervention d'excellents artistes comme François Girardon, Jean-Baptiste Tuby, les frères Marsy, Jean-Baptiste Théodon. Le cabinet de travail de Colbert était orné de vingt-quatre bustes en marbre d'empereurs, d'impératrices et de sénateurs romains et de médaillons en marbre blanc des douze Césars, dans des cadres en bois doré. On y trouvait également un buste d'Homère, un groupe de lutteurs en marbre blanc et deux sphinx de marbre rouge.
Le parti d'ensemble, déjà démodé à l'époque de la construction, trahissait le souci de Colbert de ne pas répéter l'erreur de Nicolas Fouquet à Vaux-le-Vicomte : bien que considérablement agrandi par rapport à la modeste demeure des Potier de Gesvres, le bâtiment devait donner le sentiment d'une implantation antérieure aux travaux du ministre.
Pour les jardins, Le Nôtre créa un axe nord-sud parallèle à la façade principale du château : sur plus d'un kilomètre. Il commençait du côté du village avec un bassin en demi-lune, puis suivait deux allées, une grande cascade et, en contrebas, le bassin dit de l’Octogone. D'est en ouest s'étageaient des terrasses à pans coupés. À l'est, le potager était dominé par le pavillon dit de l'Aurore. Le parc était orné de nombreuses statues dont le célèbre Hercule gaulois de Pierre Puget (aujourd'hui au Musée du Louvre). La Grande Cascade, dont les eaux sortaient des urnes de deux statues de fleuves dues à Antoine Coysevox, faisait l'admiration des contemporains. L'entrée d'Honneur, les écuries et le Pavillon de l'Aurore date de cette première période.
En août 1673, Colbert reçoit dans son château Monsieur, frère du Roi, venu solliciter des subsides pour une fête qu'il projette de donner. En juin 1675, la Reine, le Dauphin et la Dauphine visitent à leur tour le domaine. En juillet 1677, le Roi enfin vient à Sceaux. C'est pour Colbert un exercice difficile et à haut risque, dont il s'acquitte en parfait courtisan. Leurs Majestés visitent les appartements, dont elles remarquent « la merveilleuse propreté » avant d'entendre le prologue de l'opéra Hermione dans les jardins. Après le souper, l'on donne Phèdre de Racine dans la première orangerie, située dans l'aile droite du château. En sortant, Louis XIV est acclamé par la population de Sceaux réunie dans le jardin merveilleusement éclairé. Le souverain, enchanté, dira à son ministre qu'il ne s'est jamais si agréablement diverti, et le Mercure galant écrit de la fête « qu'elle fut somptueuse sans faste, et abondante en toutes choses sans qu'il y eût rien de surperflu ».
En octobre 1677, Colbert invite tous les membres de l'Académie française. Après le déjeuner, Philippe Quinault donne lecture de son Poème de Sceaux dans le pavillon de l'Aurore tandis que Charles Perrault lit des stances très applaudies. Il ne resta à Sceaux que treize ans (1670-1683), son fils aîné poursuivra son œuvre pendant sept années, (1683-1690), la veuve de ce dernier continuera après la disparition brutale du marquis de Seignelay.
Lorsque Colbert meurt en septembre 1683, le château de Sceaux devient la propriété de son fils, l'aîné de neuf enfants, le marquis de Seignelay, homme brillant qui succéda également dans plusieurs des charges de son père : Marine et Secrétariat d'État à la Maison du roi. Celui-ci fait luxueusement réaménager les intérieurs, commandant notamment un appartement dans le goût chinois, décoré de laques, destiné à sa femme. Il fait construire en 1686 par Jules Hardouin-Mansart l'orangerie qui subsiste en partie aujourd'hui (longue à l'origine de 80 mètres, elle a été amputée de sa partie est pendant la guerre de 1870). Elle fera l'admiration des contemporains et servira dès le début de galerie d'art, visitée par les ambassadeurs du roi du Siam.
Il agrandit considérablement le parc, en achetant la seigneurie de Châtenay au chapitre de Notre-Dame de Paris, portant la surface du domaine à environ 227 hectares. Parc dans lequel il fait créer par Le Nôtre un second axe, perpendiculaire à l'axe originel, en creusant le Grand Canal, long de 1 140 mètres, achevé en 1691 et la création de la terrasse le surplombant dite aujourd'hui " Terrasse des Pintades « . L’ensemble des terrassements et des parterres devant le château sont remaniés pour créer quatre niveaux de terrasses en pente douce, ornés de parterres de broderies avec bassins, d'un parterre de compartiments surplombant le canal et d'un Tapis Vert en direction de Châtenay-Malabry à l'ouest.
Le 16 juillet 1685, Seignelay reçoit le Roi et la Cour lors d'une fête demeurée célèbre, organisée par l'ornemaniste Jean Berain. Le roi se promène longuement dans les jardins. Il admire le pavillon de l'Aurore, les bassins et les fontaines puis il regagne le château. L'orangerie qui occupe alors l'aile sud du château a été transformée en salle de spectacle ou l'on donna » L'Idylle de Sceaux « ou » Idylle de la Paix « , œuvre de Lully et de Racine, chantée par les membres de l'Opéra. Le fête se termine par un somptueux festin. Les tables ont été disposées autour d'un nouveau bassin proche de l'aile sud du château.
Le marquis de Seignelay meurt en 1690 et son épouse en 1699; leurs enfants ne profiteront pas du domaine qui sera vendu par leur tuteur au duc et à la duchesse du Maine.
En 1700, les héritiers du marquis de Seignelay vendent le château au duc du Maine, fils naturel légitimé et préféré de Louis XIV et de Madame de Montespan. La duchesse du Maine, (1676-1753), elle est la petite fille du Grand Condé et tient à Sceaux une cour brillante. Elle fait construire par Jacques de La Guépière le pavillon de la Ménagerie (détruit), situé au nord du grand parc et entouré d'un jardin. Ils donnent une fête brillante pour célébrer le départ du Duc d'Anjou (petit-fils de Louis XIV) en Espagne, dont il deviendra le roi sous le nom de Philippe V. Elle crée en 1703, l'Ordre de la Mouche à Miel et sa devise est : « Je suis petite certs mais je fais de cruelles blessures » , vers tiré de « L'Amintas » de Le Tasse.
À la mort de la duchesse du Maine en 1753, le château passe à ses fils, le prince de Dombes puis, au décès de celui-ci en 1755, au comte d'Eu. En 1775, à la mort de comte d'Eu, son cousin le duc de Penthièvre récupère l'héritage. En 1786, le duc projette de transformer une partie du parc en jardin à l'anglaise (projet aux Archives nationales). En 1791, il donne le domaine à sa fille, la duchesse d'Orléans. Le duc de Penthièvre meurt le 4 mars 1793. Ses biens sont confisqués dès avril 1793.
Le domaine est confisqué comme bien national dès 1793. Il est transformé en école d'agriculture. La plupart des statues sont enlevées par Alexandre Lenoir pour son musée des monuments français. Le domaine est acheté en 1798 par Jean François Hippolyte Lecomte, négociant affairiste, enrichi dans le commerce du vin, proche de Fouché, qui, vers 1803, détruit le château pour en vendre les matériaux.
En 1828, Anne-Marie Lecomte-Stuart (1808-1870), fille de M. Lecomte épouse Napoléon Mortier de Trévise (1804-1869), fils du maréchal Mortier, duc de Trévise. Deuxième duc de Trévise en 1835, celui-ci fait construire à l'emplacement du château de Colbert, le château de style Louis XIII en brique et pierre que l'on peut voir aujourd'hui. Les travaux sont dirigés par l'architecte Joseph-Michel Le Soufaché entre 1856 et 1862, d'après les projets de l'architecte Auguste Théophile Quantinet. Le parc est soigneusement replanté sur les tracés de Le Nôtre. Sous le Second Empire, le domaine est le théâtre de fêtes brillantes.
Le second duc de Trévise meurt en 1869. En 1870, le domaine est occupé par les troupes bavaroises qui saccagent le village de Sceaux. La propriété reste en indivision quelques années puis Hippolyte Mortier de Trévise, marquis de Trévise rachète leurs parts à ses frères et sœurs et continue à entretenir le domaine jusqu'à sa mort en 1892. Sceaux devient alors la propriété de sa fille, la princesse Léonie de Cystria-Faucigny-Lucinge. Celle-ci se désintéresse du domaine dont sa mère garde l'usufruit.
Restent de l'époque de l'Ancien Régime (avant la Révolution) :
Le pavillon de Hanovre a été installé à Sceaux en 1932 dans la partie du parc proche de Châtenay.
La marquise de Trévise continue à veiller sur le domaine. Les troupes françaises l'occupent en 1914. En 1923, l'héritière du marquis de Trévise, sa fille Marie Léonie Mortier de Trévise, par son mariage princesse de Faucigny-Cystria, envisage la cession de ce domaine qu'elle est dans l'incapacité d'entretenir. Jean-Baptiste Bergeret de Frouville, maire de Sceaux de 1919 à 1925, sauve le domaine en réussissant à convaincre le Conseil général du département de la Seine d’en faire l’acquisition. En 1971, le domaine est devenu la propriété du département des Hauts-de-Seine.
Pour financer la restauration du domaine, le département de la Seine en lotit le tiers. Les travaux de restauration sont entrepris à partir de 1928 sous la direction de l'architecte Léon Azéma. Le parc de Sceaux retrouve, dans leurs grandes lignes, les dispositions voulues par Le Nôtre. Des mascarons sculptés par Auguste Rodin viennent orner les Grandes Cascades recréées. Le parti-pris d'ensemble est fidèle au classicisme, même si les détails révèlent, par leur dépouillement non exempt d'une certaine sécheresse, une exécution dans les années 1930. Ce parti-pris permet aussi de limiter les frais d'entretien. Œuvre de longue haleine, la restitution ne s'achève que dans les années 1970 avec la recréation du Tapis Vert.
Quelques vestiges significatifs rappellent le château de Colbert et de son fils. La grille d'entrée est encadrée de guérites sommées d'animaux sculptés par Jean-Baptiste Théodon (attribués précédemment par tradition à Antoine Coysevox) qui illustrent les vertus dont le ministre de Louis XIV avait voulu se parer : la licorne transperçant un dragon symbolise la pureté et le désintéressement, tandis que le dogue, qui prend un loup à la gorge, représente la fidélité. À droite de l'entrée, les écuries attribuées à Antoine Le Pautre. Dans le jardin, derrière les communs, le Pavillon de l'Aurore, est surmonté d'une coupole sur laquelle Charles Le Brun a peint l'Aurore chassant la Nuit et décoré de peintures de Nicolas Delobel. On peut également mentionner, outre l'orangerie déjà citée, l'entrée d'honneur avec les deux pavillons de garde en pierre et les bâtiments de la ferme.
Près du château, on avait installé à l'occasion de l'exposition Île-de-France-Brabant, le groupe, œuvre de Martin Desjardins (1686), des quatre nations soumises (l'Empire, la Hollande, l'Espagne et le Brandebourg) qui escortaient la statue pédestre de Louis XIV de la place des Victoires à Paris (aujourd'hui au musée du Louvre, salle Pujet). Au fond du parc, on a remonté en 1932 la façade du Pavillon de Hanovre, construit entre 1758 et 1760 par l'architecte Jean-Michel Chevotet dans les jardins de l'hôtel du duc de Richelieu, rue Neuve-Saint-Augustin (actuellement boulevard des Italiens), démonté lors de la construction du Palais Berlitz.
Le château accueille le Musée de l'Île-de-France, inauguré en 1937. Le parc est ouvert au public tous les jours du lever jusqu'au coucher du soleil.