Raasay - Définition

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Histoire

La diffusion de la culture des Scots de Dalriada au-delà du nord d'Ardnamurchan est mal comprise et peu a été rapporté quant au début de l'époque chrétienne à Raasay. Le nom de lieu Kilmaluag suggère la présence du missionnaire écossais Saint Moluag à la fin du VIe siècle.

Du XVe au XVIIe siècle

Castle Broichin on the Isle of Raasay (le château de Broichin sur l'île de Raasay). Aquatinte de 1819 par William Daniell dépeignant le château de Brochel.
Le château de Brochel par Euan Nelson.

La tradition veut que le clan MacSween ait à l'origine détenu les titres (i.e. les droits de propriété) sur Raasay, mais il n'y en reste pas de trace écrite. Il est connu que l'île fut régie par le clan MacLeod à partir de 1518, lorsque Calum Garbh, fils cadet d'un MacLeod chef de Lewis, obtint le titre. Martin Martin visita l'île vers la fin du XVIIe siècle et écrivit :

« Les terres conviennent plus pour les pâturages que pour la culture, le sol étant généralement très inégal mais bien irrigué avec des petits ruisseaux et des sources. Il y a une source qui coule depuis la surface d'un grand rocher sur la côte est de l'île ; l'accumulation de minéraux dans l'eau engendre une grande quantité de substance blanche de laquelle de la chaux de bonne qualité est tirée. Il y a une carrière de pierres sur la même côte, et une abondance de grottes sur la côte ouest qui permettent d'abriter plusieurs familles pendant l'été, ce qui est pratique lors des pâturages ou de la pêche. Sur la côte ouest, en particulier à proximité du village de Clachan, les côtes foisonnent de pierres lisses bigarrées de différentes tailles.
L'île contient les mêmes bovins, volailles et poissons que l'île de Skye. Les natifs observent la loi suivante : les lignes de pêche doivent être de tailles égales, puisque la plus longue est supposée avoir un meilleur accès au poisson ce qui est un désavantage envers ceux équipés de lignes plus courtes. Il y a quelques forts sur l'île. Le plus haut est à la pointe Sud ; d'un naturel solide et d'une forme ressemblant à la portion du chapeau couvrant la tête, il s'appelle Dun-Cann, ce que les natifs auront dérivé de Canne, cousin du roi du Danemark. L'autre fort se trouve sur la côte, est artificiel, de trois étages, et s'appelle le château Vreokle. »

Le château, plus communément connu sous le nom de Brochel, fut construit par le clan MacSween à la fin du XVe siècle sur la côte nord-est de Raasay. Plus tard, il devint une base pour les activités de piratage des MacLeod de Lewis, avant que Calum Gharb ne soit investit dans l'île. Le château fut abandonné après la mort du chef Iain Garbh en 1671, et il s'agit à présent d'une ruine surmontant un pic. Entre temps, les MacLeod déplacèrent leur siège à Raasay House à la pointe sud.

XVIIIe siècle

Bien que protestants, les MacLeod de Raasay prirent parti pour Charles Édouard Stuart (Bonnie Prince Charlie) en 1745. Suite à sa défaite à la bataille de Culloden, le prince se cache pour quelques temps des troupes britanniques sur l'île de Raasay. En raison du soutien de l'île à la cause jacobite, les troupes du gouvernement exercèrent des représailles : ils brûlèrent entièrement la Raasay House et 300 maisons, assassinèrent des habitants et le bétail, et perforèrent les bateaux. Lors d'une conversation avec Malcolm MacLeod de Raasay, durant son court séjour sur l'île, le prince confia que, bien que la vie sur l'île fût dure, il préférerait vivre de cette façon pendant dix ans plutôt que d'être capturé en raison de ses craintes d'assassinat. Il semblait moins au courant des risques que ses partisans couraient. Les atrocités perpétrées à la suite de Culloden furent pour lui un choc. Il déclara de William Augustus de Cumberland : « certainement cet homme qui se fait appeler Duc et prétend être un grand général ne peut pas être coupable de ces telles cruautés. Je ne peux pas le croire ».

En 1773, Samuel Johnson et son biographe James Boswell arrivèrent sur Raasay dans le cadre d'un voyage de 83 jours à travers l'Écosse. Johnson décrivit ainsi son arrivée :

« Notre réception dépassa nos attentes. Nous trouvâmes une abondance d'amabilités et d'élégance. Après les rafraîchissements habituels, et la conversation habituelle, le soir vint sur nous. Le tapis fut alors déroulé sur le sol ; le musicien fut appelé, et notre compagnie tout entière fut invitée à danser, ce que même les fées voyageant ne feraient pas avec plus d'empressement. L'ambiance générale de festivité qui prédominait à cet endroit, si distant de toutes les régions que l'esprit a été habitué à contempler comme les demeures du plaisir, frappa l'imagination avec une surprise merveilleuse, analogue à ce qui est ressenti en émergeant de l'obscurité à la lumière sans s'y attendre. Lorsqu'il fut temps de souper, la danse cessa, et trente six personnes s'assirent à deux tables dans la même pièce. Après souper, les dames chantèrent des chansons gaéliques, que j'écoutais comme un auditeur anglais assistant à un opéra italien, ravi par le son de mots que je ne pouvais pas comprendre. »

Boswell relata son exploration de l'île dans son journal :

« M'étant résolu à explorer l'île de Raasay, ce qui pouvait seulement être fait à pied, j'ai obtenu la nuit dernière la permission de mon compagnon de voyage pour le quitter un jour, puisqu'il n'était pas en état d'entreprendre une marche aussi dure. Le vieux Malcolm McLeod, qui avait aimablement proposé de m'accompagner, était à mon chevet entre cinq et six heures. Immédiatement, je me levais d'un bond, et tous deux, accompagnés par deux autres hommes, traversâmes le pays durant l'ensemble de la journée. Bien que nous ayons parcouru pas moins de vingt quatre miles de sol très accidenté et effectué une danse des Highlands au sommet de Dùn Can, la plus haute montagne de l'île, nous retournâmes le soir pas fatigué le moins du monde, et nous fûmes froissés de ne pas être surpassés au bal du soir par nos amis moins actifs qui étaient restés à la maison.
Mon étude de Raasay ne fournit pas grand chose qui puisse intéresser mes lecteurs ; je vais donc expliquer de façon la plus synthétique possible les observations que j'ai notées dans mon journal. L'île fait environ quinze miles anglais de long, et quatre de large. Sur la côte sud se trouve la demeure familiale du propriétaire, située à un endroit plaisant de faible altitude. La vieille tour de trois étages, mentionnée par Martin, fut détruite après 1746 et une maison moderne la remplace. Il y a de très bons champs d'herbe et champs de blé, bien façonnés. J'ai observé, cependant, qu'il n'y avait pratiquement aucune clôture, à part un bon jardin recelant de légumes, fraises, framboises, groseilles, etc. »

XIXe et XXe siècles

Au sud de la communauté vidée de Screapadal.

En 1843, le propriétaire John MacLeod était fortement endetté. Il choisit d'émigrer en Tasmanie, devenu depuis un État australien, pour échapper à ses créanciers. Ceux-ci vendirent l'île pour 35 000 guinées à George Rainy, occupé alors dans les plantations de sucre de Demarara. Devant l'échec de la récolte de pommes de terres dans les années 1840, Rainy décida de réorienter l'économie de l'île selon deux axes : installations sportives et conversion des terres arables pour l'élevage de moutons. Ceci nécessitait la suppression des insulaires, et la solution retenue fut d'interdire le mariage. Plusieurs villages furent vidés, tels que Hallaig et Screapadal. En conséquence, deux bateaux d'émigrants partirent pour l'Australie en 1852, et un autre chargé de 165 familles partit pour la même destination en 1865 ; ceux qui refusaient d'émigrer étaient bannis.

Après la mort de Rainy, le domaine fut vendu à Edward Wood. Il était en charge de 62 % des terres, le reste étant détenu par des paysans. Sur ses terres, 81 paysans étaient locataires, et 81 % d'entre eux payaient un loyer entre 2 et 10 £. En dessous de 5 £, un locataire avait typiquement 4 bovins, et au-delà 8. Le troupeau de mouton d'un locataire comptait de 20 à 100 têtes. Wood apporta une prospérité relative à travers son cheptel de 3 000 moutons et l'élevage annuel de 2 000 faisans, et principalement par des investissements massifs dans l'entretien de l'île. Ainsi, avant qu'il fasse l'acquisition de Raasay, 24 personnes étaient employées par le propriétaire : après son arrivé, le nombre fut porté à 94, dans des postes permanents. De plus, il prit l'initiative de construire treize maisons, et d'offrir aux habitants du bois et de l'ardoise ainsi que des fonds pour rénover leurs habitations. Certains gestes sociaux consistèrent à ne pas demander de loyer aux veuves ou à offrir des repas. Une comparaison des souvenirs des deux propriétaires successifs est donnée par Callum MacDonald, pour qui « Rainy ne vécut pas longtemps et peut-être que c'était mieux pour l'île » tandis que Wood invitait toutes les familles pour un cadeau à Noël.

Cependant, la famille Wood, qui possédait la totalité de la péninsule, fut aussi accusée d'exercer un régime autocratique en bannissant les personnes jugées indésirables. Derek Cooper relate ainsi l'histoire d'une famille expulsée car son enfant fut trouvée dans les jardins privés des Wood à deux reprises. Wood finit par mettre l'île en vente, l'avis demandant 45 000 £ et ventant les mérites des installations sportives telles que la chasse aux tétras lyre ou bécasses et la pêche aux truites dont regorgeaient les lochs.

En 1893, lorsqu'il étudiait l'île pour le compte du Geological Survey, H. B. Woodward fit remarquer qu'il y avait un gisement de fer exploitable. En 1912, William Baird & Co. fit l'acquisition de terres sur l'île afin d'ouvrir une mine de fer. Les perspectives d'époques étaient alors extrêmement enthousiastes : « on attend de Raasay qu'il fournisse environ la moitié du minerai de fer produit annuellement Écosse et cela malgré le fait que le minerai ne soit pas de qualité élevée ». Des recherches plus poussées furent faites sur le minerai et sa répartition : W. Thorneycroft et C. B. Wedd s'intéressèrent aux alentours et présentèrent leurs travaux à la société géologique d'Édimbourg en 1914, tandis que G. W. Lee donna des instructions pour examiner les strates en s'intéressant particulièrement aux fossiles afin de délimiter la zone du minerai. Des prisonniers allemands de la Première Guerre mondiale furent amenés à Raasay pour travailler dans la mine, et ceux d'entre eux qui succombèrent à l'épidémie de grippe furent enterrés sur l'île. Leurs ossements furent ramenés plus de quarante ans après. L'île fut achetée par le gouvernement en 1922 après la fermeture de la mine. La guerre avait fortement dépeuplé l'île : 25 hommes étaient morts dans les tranchés, et le gouvernement envoya les survivants au Canada avec 10 £ en poche.

En 1949, des terres furent accordées à la commission forestière, ce qui apporta des emplois vitaux. En 1956, le North of Scotland Hydro-Electric Board apporta un réseau électrique à l'île. Dans les années 1960, la Raasay House et d'autres propriétés furent achetées par le docteur John Green, habitant de Sussex qui avait visité l'île une seule fois et dont le manque d'intérêt pour Raasay le fit connaître sous le sobriquet "Dr No". Son agent sur l'île était Norman Ellercamp. Ayant acheté les propriétés pour 8 000 £, il vendit finalement au Highlands and Islands Development en 1979 pour 135 000 £.

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