L'Internet des objets est un néologisme qui se rapporte à l'extension d'Internet à des objets et à des lieux dans le monde réel. L'Internet que nous connaissons ne se prolonge pas au delà du monde électronique. L'Internet des objets a pour but de prolonger l'Internet au monde réel en fixant des étiquettes munies de codes ou d'URLs aux objets ou aux lieux. Ces étiquettes pourront être lues par un dispositif mobile sans fil et des informations relatives à ces objets et lieux seront retrouvées et affichées.
Lier un objet ou un lieu à Internet est un processus plus complexe que la liaison de deux pages Web. L'Internet des objets exige sept composants :
Il y a un certain nombre de systèmes d'étiquetage différents en compétition.
Les applications de l'Internet des objets décrites ci-dessus permettront de lier de l'information complète et editable à n'importe quel objet ou lieu. Mais quant à savoir comment ces possibilités peuvent être utilisées au mieux, ça reste à voir. Ce qui a émergé jusqu'ici est un mélange d'applications sociales et commerciales.
Normes et standards
Le succès d'internet repose sur l'adoption généralisée de protocoles de communication clairement définis (TCP/IP, SMTP, HTTP, etc.). L'ensemble de ces protocoles représente un langage commun à tous les systèmes connectés, quels que soient leur marque, leur système d'exploitation ou les outils logiciels utilisés. En l'absence d'un tel langage commun, l'internet se réduirait à un patchwork de réseaux propriétaires et incompatible, chacun dédié soit à une application particulière, soit à un groupe d'utilisateurs donnés.
En l'absence de protocoles et de standards universels, le développement de l'internet des objets présente le même risque de balkanisation. En fait, l'existence même du concept d'internet des objets ("internet" dans son sens littéral, "entre réseaux") dépend d'une volonté de standardisation de la communication entre objets. Même si certains systèmes s'affichent dès aujourd'hui comme parties ou précurseurs de l'internet des objets, ce terme ne pourra être légitimement utilisé que lorsque chacun de ces systèmes sera en mesure de communiquer avec tous les autres sur la base de protocoles communs.
Codes-barre, EAN
Dans l'industrie, les entreprises pionnières en matière de technologie RFID se sont heurtées à ce problème dès les années 1990. L'utilisation de marqueurs RFID a rapidement mené au succès de nombreuses applications propriétaires. Tant que ces applications ne concernent que les processus internes d'une entreprise (boucle fermée; systèmes de production, par exemple), il n'y a pas de problème. Mais dès le moment où une interaction entre différents partenaires commerciaux est envisagée (boucle ouverte; fournisseurs, clients, autorités, etc.), la compatibilité entre les différents systèmes doit être assurée. Et dans le cas général d'une chaîne d'approvisionnement complète (supply-chain) – où les produits passent par de nombreuses étapes de production, de stockage, de transport et de transformation – la mise en œuvre de standards devient indispensable.
Dans le milieu de la grande distribution, un standard s'est imposé depuis les années 1970 pour l'identification des produits: le code EAN (European Article Numbering). Il s'agit du code-barre que l'on trouve de nos jours sur la grande majorité des produits de consommation courante, et dont l'utilisation à la caisse des supermarchés est tellement naturelle qu'on ne la remarque quasiment plus. Un code EAN ne permet toutefois d'identifier qu'une classe de produits (p.e., "un paquet de chewing-gum Wrigley": tous les paquets portent le même code) et non les instances individuelles de cette classe (p.e., "le paquet de chewing-gum Wrigley n° 42": chaque paquet porte un code individuel unique qui le distingue de tous les autres). Or, une telle distinction au niveau individuel est indispensable à l'émergence de l'internet des objets, de même que l'attribution d'une adresse IP unique propre à chaque connexion est indispensable au fonctionnement de l'internet tel que nous le connaissons aujourd'hui.
Le système EPC
Partant de cette constatation, les organismes EAN International et UCC (Uniform Code Council) – chargés de la gestion du système EAN et aujourd'hui réunis au sein de l'organisme global GS1 – ont choisi le système EPC (Electronic Product Code) développé par l'Auto-ID Center (aujourd'hui Auto-ID Labs) comme base pour leur nouvelle génération de standards. L'organisation EPCglobal, Inc., crée par GS1, est chargée du développement et de la gestion de ces nouvelles normes.
Le système EPC est souvent considéré comme directement lié à la technologie RFID. En effet, la standardisation d'un système d'identification au niveau de l'article individuel s'est avérée indispensable dans ce domaine, et la pression de géants tels que la chaîne de supermarchés américains WalMart ou le Département de la Défense des Etats-Unis a permis une progression rapide des processus de développement et d'adoption des nouveaux standards. Néanmoins, le code EPC n'est au fond qu'une suite de bits organisés selon une systématique précise et n'est donc pas limité au domaine de la RFID. Il peut aisément prendre la forme d'un code-barre standard ou bidimensionnel (p.e., Data Matrix ou QR Code), ou simplement d'une suite de caractères numériques.
EPC pour l'internet des objets
Le système EPC possède donc toutes les caractéristiques nécessaires pour servir de langage de base commun à l'internet des objets: une identification individuelle et unique des objets, associée à la large diffusion d'un système standardisé. A ceci s'ajoute encore l'architecture EPCglobal Network, qui définit l'organisation des systèmes d'informations destinés à assurer l'échange des informations EPC au niveau global et dont l'un des composants principaux, l'ONS (Object Naming Service), est directement basé sur le DNS (Domain Name System), élément essentiel de l'infrastructure de l'internet actuel.
L'utilisation du système EPC dans le cadre de l'internet des objets n'est toutefois pas entièrement exempte de problèmes. La nature commerciale du système EPCglobal en en un (l'attribution d'une plage de codes est payante), et le fait qu'une grande partie de l'architecture EPCglobal Network ne soit encore qu'à l'état d'ébauche en est un autre.
Il ne fait toutefois aucun doute que le système EPC occupe une place de choix dans la perspective du développement de l'internet des objets, soit en tant que composant à part entière, soit comme source d'inspiration.