L'antigravité correspond à l'idée de la création d'un espace ou d'un objet libéré de la gravité. Il ne s'agit pas de contrer la force de gravitation par une force opposée d'une nature différente, tel que le fait un ballon gonflé à l'hélium ; l'anti-gravité exige plutôt soit la disparition ou l'inhibition, soit l'inversion, soit la diminution des causes fondamentales de la force de gravitation vis-à-vis de l'espace ou de l'objet visé, par un moyen technologique quelconque. L'anti-gravité est un concept récurrent en science-fiction, particulièrement dans le domaine de la propulsion des engins spatiaux. Le concept a initialement été formalisé sous la forme de la cavorite dans Les Premiers Hommes dans la lune d'H. G. Wells. Il est devenu depuis cette date un thème favori de technologie imaginaire.
Dans la première description précise de la gravitation, sur des bases mathématiques, la gravité de Newton était une force externe transmise par des moyens inconnus. Cependant, au début du XXe siècle, le modèle de Newton a été remplacé par une description plus complète et plus générale connue sous le nom de relativité générale. Dans cette approche, la gravitation n'est plus une force, au sens traditionnel du terme, mais le résultat de la géométrie de l'espace lui-même. Ces solutions géométriques sont toujours la cause de forces attractives sauf dans le cas d'une courbure en forme de selle de cheval ou le périmètre d'un cercle serait supérieur à 2πR, dans ce cas la gravité serait inversée (dans une courbure en forme sphérique d'une gravitation le périmètre est inférieur à 2πR). Avec la relativité générale, l'anti-gravité devient improbable, sauf circonstances artificielles considérées comme peu vraisemblables ou impossibles. Le terme anti-gravité peut aussi parfois être utilisé pour une hypothétique propulsion non-réactive basée sur certaines solutions de la relativité générale. Autre solution serait la possibilité de rendre la courbure spatio-temporelle d'un milieu gravitationnel moins courbe, dans ce cas la gravité de l'espace modifié serait seulement diminuée.
Il existe de nombreuses théories plus récentes qui s'additionnent à la relativité générale ou la remplacent radicalement, et certaines d'entre-elles paraissent autoriser des solutions comme l'anti-gravité. Cependant, selon les théories physiques largement acceptées actuellement, vérifiées à l'aide d'expériences, et selon les directions prééminentes des recherches en physique, l'anti-gravité est considérée comme hautement improbable.
On retrouve le thème de l'antigravité dans les œuvres de science-fiction. Les auteurs ont inventé divers moyens de faire léviter les objets et les personnes avec un coût moindre que celui du vol stationnaire. Par exemple, dans le film Retour vers le futur II, les skateboards deviennent des hoverboards et les voitures des aéroglisseurs.
Un récit non confirmé propagé par certains tenants de la théorie des Anciens Astronautes, prétend que Francisco Pizarro, face à l'empereur inca, se serait vu offrir deux disques d'or capables d'antigravité par l'effet de vibrations. Il les aurait fait fondre pour détruire ce qu'il prenait pour de la sorcellerie.
Les dispositifs d'antigravité sont d'invention courante dans les milieux alternatifs, exigeant souvent un cadre physique complètement nouveau pour pouvoir fonctionner. La plupart de ces dispositifs ne fonctionnent évidemment pas, et font souvent partie d'une vaste théorie du complot. Cependant, il a également existé un certain nombre de tentatives commerciales pour construire de tels engins ainsi qu'un petit nombre de signalements d'effets ressemblant à de l'antigravité dans la littérature scientifique. En 2007 aucun d'entre eux n'avait été largement accepté par la communauté des physiciens.
En 1948, un homme d’affaire en pleine réussite, Roger Babson (fondateur de l’Université de Babson) créa la Fondation de Recherche Gravitationnelle (Gravity Research Foundation) afin d’étudier les différentes façons de réduire les effets de la gravité. Initialement, ses efforts étaient quelque peu excentriques, mais il tenait à l'occasion des conférences qui attiraient des gens comme Clarence Birdseye, inventeur des aliments congelés, et Igor Sikorsky, créateur de la plus grande firme d’hélicoptères de l'époque. La plupart du temps, ses recherches ne se focalisaient pas sur le contrôle de la gravité mais plutôt sur la compréhension du phénomène.
La fondation disparut quelque temps après la mort de Babson en 1967. Cependant, elle continue d’offrir des récompenses allant jusqu’à 5 000 $. Depuis 2007, elle est administrée par la ville de Wellesley dans le Massachusetts par George Rideout Junior, fils du directeur originel de la fondation. Les derniers vainqueurs incluent l’astrophysicien californien George F. Smoot, Prix Nobel de physique 2006.
Lorsqu'on les agite, les gyroscopes produisent une force qui opère « hors du plan » et peut apparaître comme de nature à les soulever contre l'effet de la gravité. Bien que le caractère illusoire de cette force apparente soit bien compris, même avec les modèles Newtoniens, elle a cependant conduit à de nombreuses revendications de dispositifs anti-gravitiques, et à de nombreuses délivrances de brevets. Aucun de ces appareils n'a jamais fait la démonstration de son fonctionnement dans des conditions contrôlées, et il en est résulté qu'ils sont fréquemment devenus les victimes de la théorie du complot. Un exemple fameux est celui du Professeur Eric Laithwaite de l'Imperial College de Londres, dans sa communication de 1974 à la Royal Institution.
Le meilleur exemple est sans doute la série de brevets émise en faveur de Henry William Wallace, ingénieur chez GE Aerospace, à Valley Forge (Pennsylvanie), et chez GE Re-Entry Systems, à Philadelphie.
Il construisit des disques en rotation rapide en laiton, un matériel largement constitué d'éléments de spin demi-entier. Il affirma qu'en mettant en rotation rapide un disque d'un tel matériau, le spin nucléaire finissait par s'aligner, et de façon résultante créait un champ gravitométrique sur un mode similaire à celui du champ magnétique engendré par l'effet Barnett.
Hayasaka et Takeuchi ont signalé des pertes de poids le long de l'axe d'un gyroscope en rotation rectiligne. Des tests par Nitschke et Wilmathen en vue de vérifier leur affirmations n'ont conduit à aucun résultat probant. Peu d'années plus tard, des recommandations ont été édictées pour conduire de nouveaux tests plus avancés.
Dans les années 1920, Thomas Townsend Brown, un expérimentateur en électricité haute tension, produisit un dispositif qu'il appela le gravitateur (en anglais gravitator), dont il affirma qu'il utilisait une force inconnue pour produire des effets anti-gravitaires par l'application de haute tension aux matériaux ayant une constante diélectrique élevée. Bien qu'il fut signalé que l'appareil fonctionnait en dehors de la masse utile, Brown abandonna ce travail et se tourna avec succès vers la production ds séries de dispositifs à haute tension pendant les années qui suivirent.
Cependant, l'existence de l'effet Biefeld-Brown demeure. En 1956, une analyse du conjointe du Gravity Research Group et d'un auteur technique, sous pseudonyme Intel, affirma que l'effet Biefeld-Brown fut la première théorie testée par les firmes aérospatiales dans les années 1950. C'est resté un thème constant du champ des OVNI, sous le nom de lifters. Il apparaît une compréhension générale selon laquelle les lifters nécessiteraient une masse utile, des spécificités aérauliques (vent d'ions (en)), et qu'ils ne démontrent pas de nouvelles règles physiques.
Le chercheur russe Eugène Podkletnov (en) affirme avoir découvert en 1995 lors d'expériences avec les superconducteurs qu'un superconducteur en rotation rapide réduit les effets de la gravité. Les tentatives des différentes physiciens pour reproduire les résultats de Podkletnov sont toutes demeurées vaines.
En 1989, Ning Li de l'Université d'Alabama à Huntsville, Alabama, a théoriquement démontré comment un champ magnétique dépendant du temps pouvait générer des champs gravitomagnétiques (en) et gravitoélectriques détectables sur les spins des ions en grille d'un superconducteur. En 1999, Li et son équipe ont affirmé dans la revue de science et de bricolage Popular Mechanics, avoir construit un prototype opérationnel générant ce qu'elle décrivait comme de la « Gravité AC ». Il n'a pas été possible d'en savoir plus sur ce prototype
L'Institut de Recherche sur la Gravité de la Göde Scientific Foundation a tenté de reproduire des expériences supposées produire un effet anti-gravité. Toutes les tentatives pour observer des effets anti-gravitaires se sont révélées infructueuses. La Fondation a offert une récompense d'un million d'euros pour une expérience anti-gravitaire reproductible.
Un article de 2006 de Martin Tajmar et al. affirme être parvenu à la détection d'un champ gravitationnel artificiel autour d'un superconducteur en rotation, proportionnel à l'accélération du superconducteur. Il a été suivi d'un article affirmant expliquer le phénomène en termes de constante cosmologique non-nulle. Ni les résultats expérimentaux ni l'explication théorique n'ont été largement approuvés.
En juillet 2007, Graham et al. sur le Canterbury Ring Laser Group, en Nouvelle-Zélande, ont rendu compte des résultats d'une tentative de tester le même effet avec un plus gros superconducteur en rotation. Ils n'ont rendu compte d'aucune indication d'un effet dans la précision de mesure de l'expérience. Le Groupe de Canterbury a conclu que si un tel effet Tajmar existe, il est au moins 22 fois inférieur à celui prédit dans l'article de Tajmar de 2006. Cependant, leur article se termine par : « Nos résultats expérimentaux n'ont pas la sensibilité requise soit pour confirmer, soit pour récuser ces résultats récents [de 2007] ».