Le colvert est le canard le moins farouche. Il s'acclimate facilement à la vie urbaine et craint peu l'homme. Il se reproduit fréquemment avec d'autres espèces (Canard noir en Amérique, Canard pilet en Europe ou son congénère le canard domestique), ce qui peut poser des problèmes de pollution génétique au sein des populations sauvages (et domestiques). Il est très grégaire en dehors des périodes de reproduction, et les femelles sont très fidèles aux mêmes territoires en y retournant tous les ans.
Le colvert appartient au groupe des canards barboteurs, ceux qui préfèrent s'alimenter en surface, ou à faible profondeur d'eau, en avançant à coups de pattes circulaires et alternés : il plonge la tête dans l'eau et bascule vers l'avant, ce qui lui permet d'atteindre le fond de l'eau avec son bec. Il s'aventure aussi sur les prairies pour brouter. Il est omnivore et se nourrit de poissons et d'herbes, de graines et de vers, de grenouilles et d'insectes.
Le colvert est monogame mais change de partenaire à chaque période de reproduction. Plusieurs mâles courtisent une femelle, certains pouvant même s'accoupler sans effectuer de parade nuptiale, plus ou moins de force. La parade a lieu sur l'eau durant tout l'hiver, longtemps avant la saison de la reproduction. Les mâles tournent autour de la femelle. Ils tendent le cou puis le projettent vers l'arrière. Ils se redressent en gonflant la poitrine et en sifflant, puis ils dressent ensuite leurs rectrices deux ou trois fois, enfin ils placent leur tête vers l'avant au ras de l'eau et se mettent à tourner dans tous les sens.
Généralement, la femelle arrive la première sur le lieu de nidification, et bâtit son nid au sol, dans un endroit caché, près d'un plan d'eau. Il est composé d'herbe, de jonc et de feuilles, et garni de duvet que la cane arrache à son propre plumage. Pendant la période de reproduction, le mâle protège énergiquement sa femelle. Il la quitte ensuite dès l'incubation.
La ponte peut avoir lieu dès février, notamment chez les sédentaires, et jusqu'en juillet, en fonction de la latitude. Le nid des colverts est rudimentaire et le choix du lieu sans sophistication, il peut utiliser le sol nu ou des arbres creux. Il est fait de brindilles et de duvet que la femelle arrache d'une zone particulière de son poitrail. Le nombre d'œufs varie de 5 à 15, les pontes les plus importantes (jusqu'à 18) sont considérées comme appartenant à deux femelles. Seule la femelle couve, pendant environ 28 jours. En effet, le plumage de la femelle lui permet de passer inaperçue au milieu de la végétation. Si le mâle aidait à la couvaison, le nid serait facilement repéré par les prédateurs et détruit. Ses principaux prédateurs sont l'homme et les petits carnassiers comme le renard, la martre ou encore la loutre.
Après l'éclosion, c'est encore la femelle seule qui s'occupe des canetons. Elle les mène au plan d'eau le plus proche et leur apprend à nager et à se nourrir jusqu'à ce qu'ils soient en âge de voler (7 semaines environ). Ils quittent ensuite le nid. Les canetons pourront se reproduire dès l'année suivante.
La femelle colvert émet des séries de cancanaments très reconnaissables et très audibles, des « couacs » de moins en moins forts, ces sons ressemblant cependant à ceux du Canard noir. Elle les émet lorsqu'elle désire attirer les autres colverts vers elle, et plus particulièrement ses canetons. Les mâles émettent des « kreep » et des « rab-rab ». Durant la période nuptiale, ils sifflent et grognent.
D'une manière générale on dit que les canards cancanent, canquettent et nasillent.
La femelle sait aussi éloigner les prédateurs du nid en simulant une blessure ; pour ce faire, elle bat des ailes et lance des cris rauques.
Les populations boréales hivernent au sud, cependant certains spécimens ne migrent pas. Ce phénomène semble en augmentation, particulièrement dans les villes où les colverts semblent trouver une alimentation suffisante. Un autre phénomène est à évoquer, la pollution génétique rendrait les colverts plus lourds et donc d'une part, moins sensibles au froid, et d'autre part moins aptes à la migration.