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Coordonnées | |
Pays | France |
Subdivision | |
Région** | Europe et Amérique du Nord |
Type | Culturel |
Critères | (ii) (iv) |
Numéro d'identification | 345 |
Année d’inscription | 1996 |
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La Cité de Carcassonne est un ensemble architectural médiéval qui se trouve dans la ville française de Carcassonne dans le département de l'Aude, région du Languedoc-Roussillon. Elle est située sur la rive droite de l'Aude, au sud-est de la ville actuelle. Cette cité médiévale fortifiée, dont les origines remontent à la période gallo-romaine, doit sa renommée à sa double enceinte, atteignant près de 3 km de développement et comportant cinquante-deux tours, qui domine de manière spectaculaire la vallée de l'Aude. La Cité comprend également un château (le château comtal) et une basilique (la basilique Saint-Nazaire).
Sauvée de la destruction puis restaurée au XIXe siècle de manière parfois controversée sous la direction de Viollet-le-Duc, la Cité de Carcassonne est, depuis 1996, classée au patrimoine mondial de l'UNESCO. Le château comtal, les fortifications, et les tours appartiennent à l'État et sont gérés par le centre des monuments nationaux, tandis que les lices et le reste de la Cité font partie du domaine municipal.
La Cité de Carcassonne est située sur la rive droite de l'Aude en surplomb de la ville de Carcassonne située à l'ouest. Elle se trouve entre la Montagne noire et les Pyrénées sur l'axe de communication allant de la mer Méditerranée à l'océan Atlantique. La présence des deux montagnes forme le couloir carcassonnais souvent cité lorsque les climatologues parlent du vent qui souffle dans ce couloir. Cet emplacement est donc un lieu stratégique du sud de la France permettant de surveiller cet axe de communication majeur : au Nord vers la Montagne Noire, au Sud vers les Corbières, à l'Ouest vers la plaine du Lauragais et à l'Est la plaine viticole vers la Méditerranée.
La Cité est construite au bout d'un petit plateau constitué par le creusement de l'Aude à environ 150 mètres d'altitude au-dessus de la ville basse. La première enceinte construite par les Wisigoths suit les dépressions du terrain. Ce plateau se détache du massif des Corbières sur la commune de Palaja à 260 m d'altitude, passe dans la Cité à 148 m et finit sa course dans l'Aude à 100 m. Du côté Ouest, la pente est assez raide offrant un accès difficile à d'éventuels assaillants. À l'Est, la pente est plus douce et permet un accès aisé des marchandises mais aussi des attaquants. Aussi, les plus importants mécanismes de défense se trouvent de ce côté de la Cité.
Pour les habitants de Carcassonne, la Cité médiévale, située sur une butte difficile d’accès avec ses ruelles étroites et ses lices et remparts vétustes constitue désormais un quartier peu attrayant auquel s'oppose la ville nouvelle formée par la bastide Saint-Louis ou ville basse. La désaffection des habitants pour la Cité entraîne sa détérioration. Les tours se délabrent et la plupart sont converties en garages, hangars et autres bâtiments de stockage. Les lices sont progressivement envahies par des constructions (au XIXe siècle, les autorités y recensent 112 maisons). La destruction de la Cité médiévale est alors programmée.
La Cité est sauvée de la destruction totale par Jean-Pierre Cros-Mayrevieille, notable et historien, habitant au pied de la Cité. Dès 1835, il s'émeut de la destruction de la barbacane dont les pierres étaient pillées par les entrepreneurs locaux. C'est à lui que l'on doit les premières véritables fouilles dans la cathédrale de la Cité et la découverte de la chapelle de l'évêque Radulphe. L'écrivain Prosper Mérimée, inspecteur général des monuments historiques, a le coup de foudre pour ce monument en perdition. L'architecte Eugène Viollet-le-Duc, qui avait commencé la restauration de l'église Saint-Nazaire, est chargé d'étudier la restauration de la Cité. En 1840, la basilique Saint-Nazaire à l'intérieur de la Cité passe sous la protection des monuments historiques. Cette protection est étendue à l'ensemble des remparts en 1862.
En 1853, Napoléon III approuve le projet de restauration. Le financement est soutenu par l'État à 90 % et à 10 % par la ville et le conseil général de l'Aude. En 1855, les travaux commencent par la partie ouest-sud-ouest de l'enceinte intérieure mais restent modestes. En 1857, ils se poursuivent sur les tours de la porte Narbonnaise et l'entrée principale de la Cité. Les fortifications sont çà et là consolidées mais le gros du travail se concentre alors sur la restauration des toitures des tours des créneaux et des hourds du château comtal. L'expropriation et la destruction des bâtiments construits le long des remparts sont ordonnées. En 1864, Viollet-le-Duc obtient encore des crédits pour restaurer la porte de Saint-Nazaire et l'enceinte extérieur du front sud. En 1874, la tour du Trésau est restaurée.
Eugène Viollet-le-Duc laissera de nombreux croquis et dessins de la Cité et de ses modifications. À sa mort en 1879, son élève Paul Boeswillwald reprend le flambeau puis l'architecte Henri Nodet. En 1889, la restauration de l'enceinte intérieure est terminée. Les travaux de restauration du château comtal débutent la même année et, en 1902, les travaux d'envergure sont achevés et les alentours de la Cité sont aménagés et dégagés. En 1911, les dernières maisons présentes dans les lices sont détruites et les travaux de restauration sont considérés comme terminés en 1913.
Seuls 30 % de la Cité sont restaurés. Durant les travaux de restauration de la Cité, le chanoine Léopold Verguet réalise de nombreux clichés de celle-ci, ainsi que des travaux de réhabilitation. Ces photos fournissent des témoignages sur le chantier et la vie autour la Cité à cette époque. Un autre photographe, Michel Jordy, historien et archéologue, apporte également sa contribution à la sauvegarde la Cité par ses recherches et ses photographies. Il est également le fondateur de l'hôtel de la Cité.
Dès 1850, les restaurations d'Eugène Viollet-le-Duc sont fortement critiquées. Ses détracteurs, comme Hippolyte Taine, dénoncent la différence entre les parties neuves et les parties en ruine considérant que ces dernières ont plus de charme. D'autres, comme Achille Rouquet ou François de Neufchâteau, regrettent le caractère trop gothique et le style « Viollet-le-Duc » des modifications. Aujourd'hui, les historiens soulignent surtout les erreurs du restaurateur. Joseph Poux regrette la mauvaise reconstitution des portes et des fenêtres des tours wisigothes et la bretèche de la porte de l'Aude.
Mais ce sont surtout les choix effectués pour la restauration des toitures qui furent fortement critiqués. Viollet-le-Duc, fort de ses expériences de restauration sur les châteaux du nord de la France, choisit de coiffer les tours d'une toiture conique couverte d'ardoises, contrastant avec les toitures plates couvertes de tuiles romanes des châteaux de la région. Ce choix avait pour lui une logique historique, car Simon de Monfort et les autres chevaliers qui participèrent à la croisade des Albigeois venaient tous du Nord. Il n'est pas impossible que ces « nordistes » aient ramené avec eux leurs propres architectes et techniques. De plus, Viollet-le-Duc retrouva de nombreux fragments d'ardoise lors de ses restaurations de la Cité. C'est pour cela qu'aujourd'hui, on peut observer différents types de toiture dans la Cité de Carcassonne.
Le pont-levis rajouté à l'entrée de la porte Narbonnaise est également cité comme un exemple de reconstitution erronée. Par ailleurs certaines restaurations sont parfois considérées comme trop parfaites et réduisant l'impression d'authenticité. Cependant, malgré ses erreurs, on considère aujourd'hui qu'Eugène Viollet-le-Duc a effectué un travail d'architecture remarquable qui a permis de restituer aux visiteurs une image cohérente sinon fidèle de la Cité de Carcassonne. Ainsi les campagnes de restauration menées aujourd'hui conservent les modifications apportées au modèle originel par l'architecte car elles font désormais partie de l'histoire du monument.