Le triclinium d'été de la maison de Neptune et Amphitrite avec son nymphaeum decoré de mosaïques pariétales. | Rue pavée de basalte à Herculanum. | ||
Sol en opus sectile, juxtaposition de panneaux de marbre. | Cerf assailli par des chiens de chasse, de la maison des cerfs. |
Le Cardo V descend vers le rempart, et débouche sur la Porte Marine. Accolée au rempart, une rampe mène à une terrasse aménagée sur les hangars qui bordaient le rivage. Là sur une esplanade en marbre se dresse la statue d'un des plus influents citoyens d'Herculanum, Nonius Balbus, érigée par ses concitoyens après sa mort. De là, partait chaque année une procession en son honneur. L'emplacement fut identifié en 1939 par la base de la statue avec son inscription honoraire. La tête a été retrouvée en 1942 par Amedeo Maiuri, et une partie du corps en cuirasse d'apparat en 1981. Le reste du corps est probablement encore pris dans les sédiments volcaniques. Après un long travail préparatoire sur les moulages en résine des fragments, ceux-ci ont été réassemblés. La statue ainsi rénovée a rejoint les collections du musée tandis qu'une copie est exposée à sa place originelle.
L'esplanade de Nonius est encadrée d'un côté par les Thermes suburbains, de l'autre par une seconde terrasse, dite « l'Aire sacrée » (Area Sacra). Cette aire comporte plusieurs bâtiments, l'un d'eux est une petite chapelle (sacellum) où l'on a trouvé des autels dédiés à quatre divinités.
Sur l'esplanade de Nonius s'ouvre l'entrée principale des thermes suburbains (Terme Suburbane), plus récents que les thermes du forum, et datés de l'époque flavienne. Les thermes suburbains n'avaient pas, comme c'était l'usage, une section pour les hommes et une pour les femmes. L'espace réduit entre les remparts et le rivage ne permettait pas un tel développement, pas plus que la présence d'une palestre. Ces thermes étaient probablement réservés aux hommes ou servaient alternativement aux deux sexes.
L'entrée est constituée d'un portail dont les colonnes soutiennent un tympan triangulaire. Quelques marches mènent dans un vestibule éclairé comme un puits par une lucarne au-dessus d'une structure de quatre colonnes à fût lisse sur lesquelles reposent des petits arcs en plein cintre. Dans ce vestibule, on peut admirer le beau et mélancolique buste en marbre d'Apollon, soutenu par un pilastre d'où jaillissait l'eau que recueillait une vasque ronde placée sur un pilier. De ce vestibule on accède aux diverses parties, toutes parfaitement conservées. Une salle unique, en grande partie occupée par la piscine, faisait fonction soit d'apodyterium (vestiaire) soit de frigidarium. Entre le tepidarium et le frigidarium se trouve une pièce élégamment décorée de stucs et de marbres et dotée de sièges de marbre disposés le long des murs : ce pouvait être une sorte de salle d'attente.
Des graffitis ont été découverts sur les murs des thermes. Quelqu'un a fait le compte de ses achats dans une écriture abrégée :
ce qui peut se traduire par « Noix(?) ; boissons 14 ; saindoux 2 ; pain 3 ; 3 boulettes 12 ; 4 saucisses 8. Total 51 »
D'autres ont pérennisé leur avis de consommateurs :
Cette grande villa suburbaine fut découverte de façon fortuite en 1750 lors du creusement d'un puits. Elle se situait à quelque distance de l'Herculanum antique, dont elle était séparée par le lit d'un ancien ruisseau. Face à la mer, dans un espace très salubre, la villa était parfaitement reliée aux villes et installations situées à proximité.
Explorée laborieusement par des galeries souterraines, elle révèle rapidement des trésors artistiques : des séries de statues et de bustes magnifiques en bronze et en marbre en sont extraites, et en 1753 on découvre une bibliothèque contenant quelques 1 800 rouleaux de papyrus carbonisés. Malgré le grand intérêt du site, les explorations furent abandonnées en 1761 en raison de l'accumulation dangereuse dans les galeries de gaz carbonique d'origine volcanique. La reprise de fouilles, à ciel ouvert cette fois, a été organisée dans les années 1996-1998.
Cette villa a été reconnue comme étant la résidence secondaire au bord de mer de Lucius Calpurnius Piso Caesoninus, beau-père de Jules César. Piso, érudit qui a patronné des poètes et des philosophes, y constitua une bibliothèque, la seule à être restée intacte depuis l’Antiquité. Les rouleaux de papyrus sont conservés à la Bibliothèque nationale de Naples. Les rouleaux carbonisés sont particulièrement fragiles, mais certains ont pu être déroulés, avec des degrés variables de succès et des destructions. Ce qui a été déchiffré sont des traités philosophiques d'un auteur épicurien, Philodème. Une lecture assistée par ordinateur dans la gamme des infrarouges, fournit un contraste qui permet de rendre l’encre lisible.
Le plan de la villa est conforme au type de la villa suburbaine répandu dans la baie de Naples : l'atrium ne sert que de vestibule contrairement à la maison traditionnelle où il sert d'espace central pour la famille. Les pièces à vivre sont réparties autour de péristyles et terrasses, pour des raisons de luminosité. La villa possède également un vaste jardin où sont présents espaces à couvert et dégagés afin de profiter du soleil. L'entrée du côté de la mer possédait un portique à colonnes. Elle permettait d'accéder à l'atrium richement orné : l'impluvium était orné de statuettes, de même pour des niches aménagées.
Le premier péristyle était de forme carrée et au milieu se situait une piscine aux angles ornés d'une fontaine en forme de coquille et de statuettes de bronze. À l'est de cet espace se situaient des pièces destinées à l'habitat et aux loisirs, et dans une de celles-ci furent trouvés les papyri ayant donné leur nom à la villa. À l'ouest se situait un vaste péristyle de 100 mètres de long sur 37 mètres de large, avec une piscine aux dimensions de 66 mètres de long sur 7 mètres de large. Le long de l'ambulacrum et dans tout l'espace lié à ce grand péristyle les fouilleurs découvrirent « une véritable galerie d'œuvres d'art » témoignant du goût du maître des lieux : groupes d'animaux, de danseuses, représentations de faunes, de philosophes (dont le célèbre Pseudo-Sénèque, portrait d'un vieil homme émacié identifié au philosophe Sénèque mais daté de la fin de l'époque hellénistique), etc. Vers l'ouest, au-delà du grand péristyle, une allée conduit à un kiosque rond situé sur un belvédère surplombant de 4 mètres la campagne. La villa était alimentée en eau par un aqueduc souterrain. A. Maiuri souhaitait en 1955 qu'« un jour, [...] on pourra reprendre, sur une nouvelle base, les fouilles de la plus précieuse et la plus riche villa du monde antique ». Il a été entendu.