Histoire des épizooties de grippe aviaire - Définition

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Premières descriptions de grippe animale

Jean Blancou en 2005, sur France Culture rappelait quelques données historiques peu connues, citant les travaux de Charles Frédéric Heusinger (3) et de George Fleming (2)

Mortalité conjointe humaine, du bétail, et d’oiseaux sur le continent européen

Les chroniqueurs de l'Antiquité en ont conservé la mémoire, pour quelques épisodes marquants :

  • en 1200 av. J.-C.,
  • en 430 av. J.-C., (« Peste d’Athènes »),
  • en 218 av. J.-C.,
  • en 43 av. J.-C. (décrite par Virgile)

Mortalités aviaires

De nombreux chroniqueurs du Moyen Âge, et dès le VIIe siècle ont rapporté des épisodes de mortalités aviaires massives chez les volailles (ou pigeons, probablement souvent domestiqués ou semi-domestiqués).

  • en 671 : mortalité épidémique massive de différentes espèces de basse-cour en Angleterre ; mais concomitante à une mortalité massive d’oiseaux sauvages « les oiseaux petits et grands tombaient morts (…) et c’est à peine si l’on pouvait encore voir une pie, une corneille ou un autre oiseau » rapportait un chroniqueur de Magdeburg ;
  • en 1578 : Ce sont les poules qui meurent à Paris ;:
  • en 1614 : Une épidémie tue les hommes en Bohème, alors que les poules qui « se réunissaient à 6 ou 7, mettaient les têtes ensemble, tombaient à terre et mouraient » (3) ;
  • en 1656, c’est une « énorme mortalité de pélicans aux Antilles » (3) qui impressionne les Antillais ;
  • en 1714 : Les pigeons de Paris sont décimés par « petite vérole ». On décide de les tuer tous, croyant « qu’ils transportaient le virus chez les hommes et les brebis » (3) ;
  • de 1718 à 1721 : Les oies sont décimées en 1718 et 1719 en Silésie, avec des symptômes qui touchent aussi les cigognes qui meurent en masse en 1721 (les cadavres des gros oiseaux sont faciles à voir, peut-être y a-t-il eu aussi des mortalités chez de petits oiseaux ?). Notons que cet épisode correspond à la fin d’une guerre de 2 ans (la troisième) de l'Autriche contre les Turcs de 1716 à 1718).
  • en 1720 : Les oies trop nombreuses, gâtant les pâtis et les prés par leur déjections, causent une grande mortalité chez les bestiaux. Par arrêt de la police locale, il est défendu à chaque ménage de Dombrot-sur-Vair (dans les Vosges) de nourrir plus de 12 oies outre les oisons, et de les conduire et garder dans les versaines, sous peine d’une amende de 5 fr. barrois.
  • en 1763 : épizootie aviaire dans toute l’Europe, attribuée à la fièvre aphteuse ;
  • en 1769 : dans le Hanovre, les oies sont décimées ;
  • en 1774 : selon la Gazette de la santé (Février), 600 oies ont été trouvées mortes sur les berges de la Meurthe en Lorraine (après des diarrhées et vertiges) ;
  • en 1789 : une grave épizootie (maladie infectieuse avec lésions de appareils respiratoire et de l’intestin) touche cette fois les poules d’Italie du Nord (3).;
  • en 1830 : nouvelle épizootie européenne, attribuée au choléra humain ;
  • de 1830 à 1831 : Des vagues de mortalité aviaire (attribuée au choléra humain) se succèdent dans toute l’Europe, à partir du Duché de Poznen en Pologne (pour les cas les plus graves) (3) : « les premières attaquées furent, en général, les oies, puis les canards et les dindons, les dernières les poules. Il y en avait qui avaient la diarrhée, ils commençaient à boiter (…) ne purent plus marcher, se reposaient sans pouvoir se relever (…) et moururent subitement (…) ; La maladie touche aussi les canards sauvages du lac de Golpo ».
  • En 1831, la maladie gagne la Moravie et la Silésie : « les poules, les canards et les oies furent subitement attaquées (…), devinrent tristes, ne mangèrent plus, la tête s’enfla, devint bleue et bientôt la mort entra » ;
  • en 1841 : « une quantité inouïe de canards sauvages, la plupart morts, furent rejetés par la mer aux côtes du départ des Landes (…) » (3 );
  • de 1880 à 1900 : vagues successives de mortalité chez la volaille, souvent attribuables à la peste aviaire vraie ;
  • en 1948 : cas très probables de peste aviaire en France (poules, dindons et canards)

Ampleur des mortalités

Peu d’indices permettent de quantifier le nombre d’oiseaux d’élevage ou sauvages morts ou malades, mais des textes évoquent des hécatombes d’oiseaux sauvages, la disparition des chants des coqs, le silence qui remplaçait les chant des oiseaux, et surtout la puanteur des cadavres.

Ces indices rapportés à quelques reprises, surtout en Europe au XVIIe siècle et plus encore au XVIIIe siècle laissent penser que des quantités très importantes d’oiseaux ont été touchées par ces épizooties.

En 1841 : « une quantité inouïe de canards sauvages, la plupart morts, furent rejetés par la mer aux côtes du départ des Landes (..), la masse totale des oiseaux pris pouvait monter à 20 000 » (3 );

En Amérique du nord

En 1783-84, de nombreux fermiers sont touchés par une très grosse épizootie qui justifiera l’abattage de 11 millions de poulets, chiffre énorme pour l’époque. (Source J. Blancou)

Explications données par les chroniqueurs médiévaux

Concernant les mortalités d’oiseaux sauvages, faute de connaître les modes d'action et de transmission des virus, et peut-être au vu des symptômes hémorragiques ou des œdèmes, les auteurs contemporains de ces mortalités aviaires les ont souvent attribué à des guerres opposant des oiseaux d’espèces différentes ou d’une même espèce.

  • Ainsi en 571 dans A General Chronological History of the Air, on lit que « le 24 septembre, il y eut un grand combat et une hécatombe d’oiseaux sauvages ».
  • En Irlande, les Annals of Clonmacnoise gardent la mémoire d’une bataille dans laquelle en l’an 942, les mouettes et les corneilles se seraient entretuées. Ce sont les corneilles (corbeaux ?) qui ont perdu, laissant des milliers de cadavres sur le terrain (mais peut-être les cadavres de mouettes mortes en mer n’ont pas ou peu été retrouvés) : « on assista à une querelle entre les oiseaux marins et terrestres à Clonvicknose, au cours de laquelle ce sont les corbeaux qui furent massacrés » ; Corneilles et corbeaux mangent volontiers les cadavres d’autres animaux ou des oiseaux malades et peuvent ainsi s’infecter.
  • En 1366, en Angleterre, selon Short, une supposée guerre aviaire aurait opposé des moineaux, et suscité une épidémie humaine : « cette année, survint aussi une grande querelle entre moineaux, qui tourna en une bataille rangée au cours de laquelle d’innombrables combattants perdirent la vie. Il s’en suivit une importante mortalité chez les êtres humains, dont beaucoup furent trouvés morts le matin, alors qu’ils s’étaient couchés en bonne santé la veille »(2).
  • En Italie, les chroniqueurs décrivent une guerre généralisée opposant cette fois de nombreuses espèces d’oiseaux, suivie d’une puanteur telle que les habitants ont dû provisoirement quitter la région. (On ne peut être certain qu’il s’agit de la peste aviaire, mais des mortalités importantes ont marqué les chroniques de ces époques).

Les dates de toutes ces « batailles » ont été relevées par Fleming (2).

Dans ces derniers cas, l’influenza aviaire hautement pathogène peut être suspectée au vu des symptômes et de certaines caractéristiques écoépidémiologiques, en particulier avec des épizooties commençant chez les oies ou les canards dont on sait aujourd’hui qu’ils sont très susceptibles au virus. Le cygne semble pas ou peu évoqué, mais peut-être ses populations étaient elles déjà décimées par la chasse.

Dans deux cas, les chroniqueurs eux-mêmes notent une concomitance entre épizootie aviaire et épidémie humaine :

  • en 1366 en Angleterre chez des oiseaux sauvages,
  • puis 248 ans plus tard (en 1614) en Bohème chez des volailles,
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