Ressource hydrique - Définition

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La consommation humaine

Les usages de l'eau sont multiples.

  • L'agriculture occasionne environ 70 % de toute la consommation d'eau douce sur la planète.
    Cette consommation est essentiellement le fait de l'agriculture irriguée, qui occupe environ 17 % des terres cultivées mais assure 40 % de la production agricole mondiale (le reste étant assurée par l'agriculture dite pluviale). Les surfaces irriguées ont environ doublé dans le monde depuis 1960.
  • L'industrie est responsable d'environ 20 % de la consommation mondiale d'eau douce, et cette consommation industrielle augmente beaucoup depuis les années 1950. L'eau est en effet essentielle pour beaucoup de processus industriels : elle sert à refroidir, laver, lubrifier...
    Il faut 80 l d'eau pour produire 1 kg d'acier, 1250 l pour 1 kg d'aluminium et 8600 l pour produire une carte mémoire de six pouces.
  • La consommation domestique (pour la boisson, la cuisine, l'hygiène personnelle...) représente 8 à 10 % de la consommation totale sur la planète.

Les modes d'utilisation de l'eau n'ont pas tous les mêmes conséquences. On considère ainsi que l'utilisation est moins destructrice de ressources naturelles lorsque l'eau, après utilisation, est à nouveau disponible : c'est le cas des eaux domestiques retraitées et reversées dans les cours d'eau. En revanche, l'évaporation ou l'infiltration soustraient l'eau à une réutilisation immédiate.

Des inégalités marquées et croissantes entre nord et sud

Secteur Eau prélevée en % du total
(France, 2002)
Production d'énergie 55 %
Eau potable 19 %
Irrigation 14 %
Industrie 12 %

Dans les pays en développement, la part de l'agriculture dans la consommation totale d'eau douce est très supérieure à ce qu'elle est dans les pays industrialisés développés : en Afrique et en Asie, elle dépasse bien souvent 85 %. Elle excède même 90 % dans des pays comme le Mali (et sa forte agriculture cotonnière), le Ghana, la Mauritanie et le Soudan, mais aussi en Inde, en Indonésie, en Asie centrale…

Dans les pays industrialisés, de façon assez logique, les activités industrielles sont responsables de bien plus du tiers de la consommation totale d'eau douce : 45 % aux États-Unis, plus de 50 % en Europe du nord-ouest (et même jusqu'à 80 % en Allemagne), 62 % en Russie... Ainsi, en France métropolitaine, où l'Institut français de l'environnement estime à 33,1 milliards de m3 le volume des prélèvements en eau en 2002, le secteur de l'énergie utilise plus de la moitié de cette eau pour refroidir ses centrales, tandis que 14 % vont dans l'agriculture.

Les différences de consommation domestique sont également marquées. Dans les pays riches, elle englobe les chasses d'eau des toilettes (30 à 40 % de la consommation des ménages) l'arrosage des jardins, voire l'alimentation des piscines privées, peut dépasser les 5 m3 par personne et par jour. Un Américain consomme environ 2000 m3 d'eau par an, alors qu'un Jordanien ne consomme que 100 m3 et un Haïtien 7 m3.

Environ 1,1 milliard de personnes ne sont pas raccordées à un réseau d'eau courante. En Afrique subsaharienne, seuls 58,5 % de la population y ont accès.

Agriculture et irrigation

Irrigation au goutte à goutte

Il faut 3 000 litres d'eau pour produire la ration alimentaire quotidienne d'un être humain. Les recherches portant sur l'eau virtuelle, c’est-à-dire l'eau consommée lors du processus de production, indiquent que la consommation d'eau varie considérablement selon le type de nourriture produite : un végétarien consommera indirectement 1 500 litres d'eau par jour, contre 4 000 pour un amateur de viande, surtout s'il consomme du bœuf.

L'irrigation, qui fournit 10 % de cette eau, constitue la principale utilisation d'eau douce dans le monde. La méthode utilisée pour l'irrigation a des conséquences significatives sur le gaspillage de l'eau. Les rampes d'arrosage, moins coûteuses en argent, perdent de l'eau par évaporation ou écoulement. Un système de goutte à goutte au niveau des racines utilise l'eau de manière plus efficace pour des frais d'installation et de maintenance plus élevés. Par ailleurs le drainage accélère le flux et certains transferts de pollution (nitrates notamment)

L'eau dans l'industrie

15 % des utilisations de l'eau concerneraient l'industrie. En particulier les centrales électriques utilisent beaucoup d'eau qu'elles réchauffent dans leurs circuits de refroidissement. L'énergie hydraulique produit 19 % de l'électricité mondiale et peut constituer une source de développement pour des pays qui, comme en Afrique, n'utilisent qu'une faible partie de leurs possibilités. La construction de nouveaux barrages pose toutefois des problèmes environnementaux complexes.
D'autre part, certains rejets industriels non ou mal épurés contribuent fortement à la pollution des eaux.

Utilisation domestique

Quantité moyenne d'eau, exprimée en litres, nécessaire à :
une chasse d'eau 6 à 20
une douche 30 à 80
un bain 150 à 200
une lessive 50 à 800
une vaisselle 50 à 150
un cycle de lave-vaisselle 20 à 40

L'utilisation domestique de l'eau recouvre principalement la consommation d'eau potable, les bains, la cuisine, les usages sanitaires et le jardinage. Elle représente environ 15 % de l'utilisation d'eau douce dans le monde avec de très grandes variations d'un pays à l'autre : de 250 à 600 litres par jour et par habitant au Japon, en Amérique du Nord et en Europe à 10 à 40 litres en Afrique, tandis que la quantité minimale nécessaire d'eau propre serait de 50 litres par jour et par personne.

Toutefois une grande partie de l'eau utilisée dans la maison est traitée et renvoyée dans les cours d'eaux via les réseaux d'égout là où ils existent et ne fuient pas trop. L'utilisation domestique de l'eau porte donc moins atteinte, à quantité d'eau égale, aux ressources naturelles que l'agriculture ou l'industrie.

Approvisionnement des grandes métropoles

Les très grandes agglomérations se sont développées au cours des dernières décennies, consommant des quantités d'eau considérables, souvent sans réflexion sur l'approvisionnement qui est loin d'être assuré dans tous les pays. Les autorités sont parfois confrontées à des problèmes insurmontables. Déjà les Romains avaient dû faire face à de tels problèmes, avec des systèmes d'adduction d'eau perfectionnés, dont canalisations de bois et aqueducs gravitaires (une légère pente donnée aux conduites suffisait à faire couler l'eau vers sa destination, avec pour inconvénient qu'il fallait creuser des tunnels ou contourner les reliefs et construire des ponts ou siphons pour franchir les dépressions.

Les aqueducs modernes s'apparentent à des pipelines, sur le même modèle que les oléoducs ou que les gazoducs : l'eau y est mise en surpression par des pompes qui la propulsent dans la conduite de section circulaire, permettant d'envoyer l'eau à une altitude supérieure à celle où elle est captée.

Conduite approvisionnant Nouakchott (Mauritanie) en eau douce depuis la nappe d'Idini située à 60 km

Mais ces systèmes ne parent pas à tous les manques ou déficits en eau disponible à proximité des grandes agglomérations. Au Pérou, c'est un tout petit fleuve de 160 km de longueur, le río Rímac, qui prend sa source à plus de 5 000 mètres d'altitude, dans le versant occidental de la cordillère des Andes, qui approvisionne en eau et électricité la métropole de Lima, où se concentre plus de 30 % de la population du pays. Il est donc, pour cette raison, considéré comme l'un des fleuves les plus importants du Pérou, alors que ni son débit – relativement faible – ni la taille de son bassin ne justifieraient une telle attention. L'approvisionnement en eau de la capitale péruvienne est un des problèmes critiques que les autorités ne sont pas parvenues à résoudre au cours des dernières décennies, et chaque jour il devient - avec l'explosion démographique - plus aigu, nécessitant de fréquentes coupures dans la distribution de l'eau. Des études sont menées pour tenter, par un aménagement approprié du río Rímac, de résoudre le problème, mais celui-ci semble insoluble.

D'inquiétantes perspectives de pénurie

L'explosion de la demande

Depuis le début du XXe siècle, la consommation d'eau douce a été à peu près multipliée par sept sur la planète, et d'ici à 2025, les besoins en eau de l'agriculture devraient encore augmenter de 20 % avec des surfaces irriguées passant de 260 millions d'hectares à environ 330 millions.
Selon l'Organisation des Nations unies, la consommation industrielle d'eau devrait doubler d'ici à 2025, en raison des délocalisations et du développement des industries dans les pays en voie de développement.
Du reste l'accroissement de la population mondiale dans les prochaines décennies ne peut qu'augmenter les besoins en eau, (l'ONU prévoit de 8 à 8,5 milliards d'habitants sur la planète en 2025).
Les quantités d'eau douce disponibles sont passées d'une moyenne de 12 900 m3 par habitant et par an en 1970 à 6800 m3 en 2004. Au rythme actuel de la croissance démographique et de l'évolution de la consommation, la quantité disponible par tête ne serait alors que de 5000 m3 en 2025.
La population vivant sous le seuil de rareté absolue (soit 500 m3 par habitant et par an) approcherait alors 1,8 milliard.

Des ressources qui s'amenuisent

La situation devrait être critique vers 2050 quand la Terre portera environ 10 milliards d'habitants. Les problèmes d'approvisionnement risquent de priver la moitié d'entre eux de ressources convenables en eau. Une réponse technique est de réduire la consommation d'eau via de bonnes pratiques et des techniques économes en eau. Mais le principal problème est la répartition inégale de l'eau potable et les conséquences de son absence dans certaines zones. De plus continuer à surexploiter les nappes posera d'inévitables problèmes écologiques.

Dans maints États, les prélèvements annuels dans les nappes souterraines excèdent d'ores et déjà la recharge des aquifères :

  • Aux États-Unis, la nappe d'Ogallala, qui s'étend du Dakota du Sud jusqu'au Texas sur une superficie équivalente à la France et qui constitue l'une des plus grandes réserves d'eau souterraine du monde, se vide 8 fois plus vite qu'elle ne se remplit en raison des 200 000 puits qui la ponctionnent pour irriguer 3 millions d'hectares de cultures.
  • À Mexico, l'eau pompée pour alimenter la ville dépasse de plus de 50 % les capacités de renouvellement de la nappe phréatique.
  • Les ponctions opérées par l'URSS pour développer la culture du coton en Asie centrale (notamment en Ouzbékistan) ont fait perdre à la mer d'Aral 60 % de sa superficie depuis les années 1960 (on la considérait alors comme la 4ème masse d'eau douce fermée au monde).
  • Depuis le début des années 2000, le niveau de la mer Morte baisse d'un mètre par an en raison des prélèvements dans le fleuve Jourdain.
  • En Afrique, le lac Tchad a perdu 80 % de sa superficie .
  • Les ponctions opérées aux dépens du fleuve Jaune, qui draine l'immense bassin céréalier du nord de la Chine, induisent l'assèchement de son cours inférieur durant plus de 200 jours certaines années.
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