Les usages de l'eau sont multiples.
Les modes d'utilisation de l'eau n'ont pas tous les mêmes conséquences. On considère ainsi que l'utilisation est moins destructrice de ressources naturelles lorsque l'eau, après utilisation, est à nouveau disponible : c'est le cas des eaux domestiques retraitées et reversées dans les cours d'eau. En revanche, l'évaporation ou l'infiltration soustraient l'eau à une réutilisation immédiate.
Secteur | Eau prélevée en % du total (France, 2002) |
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Production d'énergie | 55 % |
Eau potable | 19 % |
Irrigation | 14 % |
Industrie | 12 % |
Dans les pays en développement, la part de l'agriculture dans la consommation totale d'eau douce est très supérieure à ce qu'elle est dans les pays industrialisés développés : en Afrique et en Asie, elle dépasse bien souvent 85 %. Elle excède même 90 % dans des pays comme le Mali (et sa forte agriculture cotonnière), le Ghana, la Mauritanie et le Soudan, mais aussi en Inde, en Indonésie, en Asie centrale…
Dans les pays industrialisés, de façon assez logique, les activités industrielles sont responsables de bien plus du tiers de la consommation totale d'eau douce : 45 % aux États-Unis, plus de 50 % en Europe du nord-ouest (et même jusqu'à 80 % en Allemagne), 62 % en Russie... Ainsi, en France métropolitaine, où l'Institut français de l'environnement estime à 33,1 milliards de m3 le volume des prélèvements en eau en 2002, le secteur de l'énergie utilise plus de la moitié de cette eau pour refroidir ses centrales, tandis que 14 % vont dans l'agriculture.
Les différences de consommation domestique sont également marquées. Dans les pays riches, elle englobe les chasses d'eau des toilettes (30 à 40 % de la consommation des ménages) l'arrosage des jardins, voire l'alimentation des piscines privées, peut dépasser les 5 m3 par personne et par jour. Un Américain consomme environ 2000 m3 d'eau par an, alors qu'un Jordanien ne consomme que 100 m3 et un Haïtien 7 m3.
Environ 1,1 milliard de personnes ne sont pas raccordées à un réseau d'eau courante. En Afrique subsaharienne, seuls 58,5 % de la population y ont accès.
Il faut 3 000 litres d'eau pour produire la ration alimentaire quotidienne d'un être humain. Les recherches portant sur l'eau virtuelle, c’est-à-dire l'eau consommée lors du processus de production, indiquent que la consommation d'eau varie considérablement selon le type de nourriture produite : un végétarien consommera indirectement 1 500 litres d'eau par jour, contre 4 000 pour un amateur de viande, surtout s'il consomme du bœuf.
L'irrigation, qui fournit 10 % de cette eau, constitue la principale utilisation d'eau douce dans le monde. La méthode utilisée pour l'irrigation a des conséquences significatives sur le gaspillage de l'eau. Les rampes d'arrosage, moins coûteuses en argent, perdent de l'eau par évaporation ou écoulement. Un système de goutte à goutte au niveau des racines utilise l'eau de manière plus efficace pour des frais d'installation et de maintenance plus élevés. Par ailleurs le drainage accélère le flux et certains transferts de pollution (nitrates notamment)
15 % des utilisations de l'eau concerneraient l'industrie. En particulier les centrales électriques utilisent beaucoup d'eau qu'elles réchauffent dans leurs circuits de refroidissement. L'énergie hydraulique produit 19 % de l'électricité mondiale et peut constituer une source de développement pour des pays qui, comme en Afrique, n'utilisent qu'une faible partie de leurs possibilités. La construction de nouveaux barrages pose toutefois des problèmes environnementaux complexes.
D'autre part, certains rejets industriels non ou mal épurés contribuent fortement à la pollution des eaux.
Quantité moyenne d'eau, exprimée en litres, nécessaire à : | |
une chasse d'eau | 6 à 20 |
une douche | 30 à 80 |
un bain | 150 à 200 |
une lessive | 50 à 800 |
une vaisselle | 50 à 150 |
un cycle de lave-vaisselle | 20 à 40 |
L'utilisation domestique de l'eau recouvre principalement la consommation d'eau potable, les bains, la cuisine, les usages sanitaires et le jardinage. Elle représente environ 15 % de l'utilisation d'eau douce dans le monde avec de très grandes variations d'un pays à l'autre : de 250 à 600 litres par jour et par habitant au Japon, en Amérique du Nord et en Europe à 10 à 40 litres en Afrique, tandis que la quantité minimale nécessaire d'eau propre serait de 50 litres par jour et par personne.
Toutefois une grande partie de l'eau utilisée dans la maison est traitée et renvoyée dans les cours d'eaux via les réseaux d'égout là où ils existent et ne fuient pas trop. L'utilisation domestique de l'eau porte donc moins atteinte, à quantité d'eau égale, aux ressources naturelles que l'agriculture ou l'industrie.
Les très grandes agglomérations se sont développées au cours des dernières décennies, consommant des quantités d'eau considérables, souvent sans réflexion sur l'approvisionnement qui est loin d'être assuré dans tous les pays. Les autorités sont parfois confrontées à des problèmes insurmontables. Déjà les Romains avaient dû faire face à de tels problèmes, avec des systèmes d'adduction d'eau perfectionnés, dont canalisations de bois et aqueducs gravitaires (une légère pente donnée aux conduites suffisait à faire couler l'eau vers sa destination, avec pour inconvénient qu'il fallait creuser des tunnels ou contourner les reliefs et construire des ponts ou siphons pour franchir les dépressions.
Les aqueducs modernes s'apparentent à des pipelines, sur le même modèle que les oléoducs ou que les gazoducs : l'eau y est mise en surpression par des pompes qui la propulsent dans la conduite de section circulaire, permettant d'envoyer l'eau à une altitude supérieure à celle où elle est captée.
Mais ces systèmes ne parent pas à tous les manques ou déficits en eau disponible à proximité des grandes agglomérations. Au Pérou, c'est un tout petit fleuve de 160 km de longueur, le río Rímac, qui prend sa source à plus de 5 000 mètres d'altitude, dans le versant occidental de la cordillère des Andes, qui approvisionne en eau et électricité la métropole de Lima, où se concentre plus de 30 % de la population du pays. Il est donc, pour cette raison, considéré comme l'un des fleuves les plus importants du Pérou, alors que ni son débit – relativement faible – ni la taille de son bassin ne justifieraient une telle attention. L'approvisionnement en eau de la capitale péruvienne est un des problèmes critiques que les autorités ne sont pas parvenues à résoudre au cours des dernières décennies, et chaque jour il devient - avec l'explosion démographique - plus aigu, nécessitant de fréquentes coupures dans la distribution de l'eau. Des études sont menées pour tenter, par un aménagement approprié du río Rímac, de résoudre le problème, mais celui-ci semble insoluble.
Depuis le début du XXe siècle, la consommation d'eau douce a été à peu près multipliée par sept sur la planète, et d'ici à 2025, les besoins en eau de l'agriculture devraient encore augmenter de 20 % avec des surfaces irriguées passant de 260 millions d'hectares à environ 330 millions.
Selon l'Organisation des Nations unies, la consommation industrielle d'eau devrait doubler d'ici à 2025, en raison des délocalisations et du développement des industries dans les pays en voie de développement.
Du reste l'accroissement de la population mondiale dans les prochaines décennies ne peut qu'augmenter les besoins en eau, (l'ONU prévoit de 8 à 8,5 milliards d'habitants sur la planète en 2025).
Les quantités d'eau douce disponibles sont passées d'une moyenne de 12 900 m3 par habitant et par an en 1970 à 6800 m3 en 2004. Au rythme actuel de la croissance démographique et de l'évolution de la consommation, la quantité disponible par tête ne serait alors que de 5000 m3 en 2025.
La population vivant sous le seuil de rareté absolue (soit 500 m3 par habitant et par an) approcherait alors 1,8 milliard.
La situation devrait être critique vers 2050 quand la Terre portera environ 10 milliards d'habitants. Les problèmes d'approvisionnement risquent de priver la moitié d'entre eux de ressources convenables en eau. Une réponse technique est de réduire la consommation d'eau via de bonnes pratiques et des techniques économes en eau. Mais le principal problème est la répartition inégale de l'eau potable et les conséquences de son absence dans certaines zones. De plus continuer à surexploiter les nappes posera d'inévitables problèmes écologiques.
Dans maints États, les prélèvements annuels dans les nappes souterraines excèdent d'ores et déjà la recharge des aquifères :