On suppose dans ce paragraphe que L est une extension séparable, et donc L est une extension de Galois (cf l'article corps de décomposition).
Un corps de décomposition est un espace vectoriel de dimension finie sur le corps de base, soit n cette dimension.
Comme le montre la méthode de Cardan, l'adjonction des n racines de l'unité, même si elle n'est pas toujours nécessaire, est bien utile. On suppose donc que K contient les n racines de l'unité, c’est-à-dire les n racines du polynôme Xn - 1.
La démonstration du caractère résoluble du polynôme est souvent réalisée en deux temps:
Remarque 1: souvent le corps initial est celui des nombres rationnels, et K est l'extension cyclotomique d'ordre n.
Remarque 2: s'il existe une base de radicaux, alors tout élément de L et en particulier les racines du polynôme s'exprime comme combinaison linéaire de radicaux, l'équation polynomiale est donc résoluble par radicaux.
L'extension L est un corps de décomposition séparable. L'article sur les corps de décomposition démontre que L est une extension de Galois finie. En conséquence G contient exactement n éléments, et un élément laissé invariant par chaque élément de G appartient nécessairement à K (cf deuxième proposition du paragraphe sur les propriétés élémentaires.
Le groupe de Galois est aussi une représentation de groupe dans l'espace vectoriel L, chaque élément du groupe m étant maintenant considéré comme un automorphisme d'espace vectoriel. Dans le cas de la représentation d'un groupe fini abélien dans un espace vectoriel de dimension finie, alors il existe une base qui diagonalise chaque automorphisme du groupe. Chaque valeur propre est racine de l'équation X n - 1 = 0, d'après le théorème de Lagrange. Une valeur propre est donc une racine n-ième de l'unité.
Soit (r1, ..., rn) une base qui diagonalise tous les éléments de G, et (λ1, ..., λn) les valeurs propres associées à m un élément quelconque de G alors:
Or L est une extension de Galois, en conséquence, rin, laissé invariant par chacun des automorphismes du groupe, est un élément de K. Ce qui démontre que la base choisie est une base de radicaux. La proposition est donc démontrée.
Dire que G est résoluble signifie qu'il existe une suite finie
Où, si i est compris entre 0 et k - 1 Gi est un sous-groupe distingué de Gi + 1 et le groupe quotient Gi + 1 / Gi est abélien. Ici, I désigne le groupe réduit à l'élément neutre. Démontrons alors la proposition par récurrence sur k.
Considérons alors le corps Lk-1 choisi comme étant égal aux élements de L laissé invariant par tous les automorphismes de G1. Alors le théorème fondamental de la théorie de Galois assure que Lk-1 est une extension de Galois dont le groupe de Galois est isomorphe à G / G1. Cette extension vérifie donc l'hypothèse de récurrence et tous ses éléments s'expriment par radicaux sur K.
Le théorème fondamental assure aussi que L est une extension de Galois sur Lk-1 ayant comme groupe de Galois le groupe abélien G1. Donc tout élément de L s'exprime par radicaux sur Lk-1 et donc sur K. Et la proposition est démontrée.La démonstration de la réciproque se réalise en trois temps. Dans un premier temps, l'objectif est de décrire l'extension L sous une forme plus maniable que le fait que les racines du polynôme aient une expression par radicaux. Comme précédemment, on suppose que K contient le groupe des racines n-ièmes de l'unité où n est le ppcm de tous les ordres des racines.
La suite de la démonstration consiste à analyser une des extensions de la suite:
Les deux propositions précédentes permettent alors de conclure:
On remarque, dans une premier temps que tout radical s'écrit comme composé de radicaux dont l'ordre est un nombre premier, car:
Soit R l'ensemble des radicaux d'ordre un nombre premier utilisés dans les définitions des différentes racines de P[X]. R est un ensemble fini, notons k son cardinal. Notons F l'extension du corps K engendrée par R. Montrons alors par récurrence sur k l'existence de la suite d'extensions.
R ne contient qu'un seul élément α1 et la suite définie par F0 = K et F1 = K(α1) = F vérifie la proposition.
Comme R est l'ensemble des radicaux d'ordre un nombre premier utilisé dans l'expression des racines, il contient au moins un élément α1 qui est un radical de K. Soit F1 = K(α1), F est une extension de F1 engendrée par m éléments. Il existe par hypothèse de récurrence une suite:
L'adjonction de K à cette suite démontre la proposition.
Notons r une racine primitive p-ième de l'unité. Si α est un élément de F alors la proposition est évidente. Dans le cas contraire, Xp - αp est un polynôme annulateur de α. Ce polynôme est séparable car ses racines sont de la forme rk. α ou k est un entier compris entre 1 et p, et elles sont toutes distinctes. Le polynôme minimal de α est un diviseur du polynôme précédent, il est donc séparable. En conclusion le théorème de l'élément primitif montre que l'extension F(α) est séparable.
F(α) est engendré par la famille 1,α, ..., αp-1 elle est donc de dimension inférieure ou égale à p. Tout morphisme m de F(α) dans la clôture algébrique de K est défini exactement par sa valeur en α. Cette valeur est une racine du polynôme Xp - αp et il existe donc k tel que m(α) = rk α. Réciproquement toute valeur entière k comprise entre 0 et p - 1 définit un morphisme. Tous ses p morphismes distincts laissent F(α) stable. Ce qui montre que F(α) est une extension normale.
L'extension est normale et séparable, elle est donc galoisienne. Il suffit de remarquer que le groupe de Galois a pour ordre un nombre premier pour conclure que ce groupe est cyclique, donc abélien.
Montrons par récurrence sur k que Fi est une extension galoisienne de K.
Alors Fk-1 est une extension galoisienne de K, F est une extension galoisienne de Fk-1 d'après le résultat précédent. On en déduit que F est une extension galoisienne de K. Soit Gi où i est un entier compris entre 0 et k le sous-groupe du groupe G de Galois de F laissant invariant Fi. Comme Fi est une extension galoisienne de K, Gi est un sous-groupe distingué de G et donc de Gi+1 si i est plus petit que k. La démonstration précédente montre que le groupe de Galois de l'extension Fi+1 de Fi est abélien, le quotient de Gi+1 par Gi isomorphe à ce groupe est donc aussi abélien. G est donc résoluble.
L'extension L de K est incluse dans F et est de Galois car c'est un corps de décomposition inclus dans une extension séparable. Le groupe H laissant invariant L est donc un sous-groupe distingué de F. G est résoluble, H est un sous-groupe distingué de G, donc G/H est résoluble (cf groupe résoluble). Or G/H est le groupe de Galois de L (cf théorème fondamental de la théorie de Galois). La proposition est ainsi démontrée.