NO TAV est un mouvement populaire nimbyste de la vallée de Suse de protestation contre le projet de construction de la nouvelle ligne à grande vitesse Lyon-Turin, d'où le nom (TAV: train à grande vitesse en italien). Cette ligne est un élément du "corridor n° 5" qui reliera transversalement l'Europe de l'Est depuis Kiev avec plusieurs grandes villes d'Europe ocidentale, dont Gênes, Marseille, Barcelone et Lisbonne).
Des mouvements de contestation analogues étaient apparus au début des années 1990 entre Florence, Bologne et Rome et à la suite des contestations dans la vallée de Suse, tous les mouvements NO TAV nationaux ont bénéficié d'une fenêtre médiatique pour exposer leurs propres problèmes.
Le mouvement NO TAV est né spontanément à la suite des premières réunions publiques sur le projet qui se sont tenues depuis le début des années 1990.
Il y a eu de nombreuses manifestations contre le TAV, les plus importantes se sont tenues le 31 mai 2003 avec une marche de Borgone Susa à Bussoleno et le 4 juin 2005 avec autre une marche de Suse à Venaus rassemblant des dizaines de milliers de participants. Le soir du 5 novembre 2005 a été organisée une retraite aux flambeaux de Suse à Mompantero avec environ 15 000 participants. Le 16 novembre il y eut encore une marche de Bussoleno à Suse avec envion 50 000 participants.
Des occupations permanentes des lieux ont été organisées à Bruzolo et Borgone Susa, là où devaient commencer les premiers sondages en 2005 ainsi qu’à Venaus où devrait commencer la galerie de reconnaissance géologique (qui sera transformée par la suite en galerie de service) du tunnel de base.
Au début du mois de novembre 2005, une foreuse a été installée dans le territoire de Mompantero. Pour l'expropriation des terrains, il a fallu l'intervention des forces de l'ordre, à cause de la ferme opposition des membres du mouvement NO TAV, des maires et des citoyens. Il y eut des moments de forte tension entre des manifestants et les forces de l'ordre, qui ont conduit à des plaintes contre certaines personnes. Les forces de l'ordre ont ensuite installé des barrages dans toute la commune de Mompantero que seuls les résidents, après vérification d'identité, pouvaient franchir ; la tension était telle que les élèves se rendant à l'école devaient être escortés par des carabiniers. Le 4 novembre 2005, on a même trouvé un engin explosif à base de dynamite sur la route qui mène à Giaglione, zone non concernée par les chantiers ; les membres du mouvement NO TAV ont cependant immédiatement condamné cet acte et s'en sont dissociés.
Différentes raisons expliquent ces contestations :
L'opinion publique et le monde politique sont perplexes à propos de ces manifestations : les uns appuient les contestataires, les autres les critiquent soutenant qu'il s'agit de manifestations typique du " syndrome du NIMBY ". Ces travaux sont importants pour le développement des infrastructures de transport italiennes et européennes, mais si les objections émises étaient fondées, les NO TAV demandent s’il n’y aurait pas lieu de mettre la santé publique et l'environnement au dessus d’un développement technologique inconditionnel.
Pour empêcher la réalisation des carottages, des milliers de personnes (principalement des habitants des lieux, mais aussi des personnes originaires d'autres régions) ont occupé les chantiers. Pour permettre l’avancement des travaux, les autorités ont envoyé la police en tenue anti-émeute (bouclier et matraque) pour disperser les manifestants pendant la nuit du 6 décembre, dans ce qui a été qualifié de " contact physique " par la préfecture de police et de " massacre de manifestants pacifiques, de femmes et de pensionnés " par les manifestants.
La préfecture de police nie que la police ait employé des méthodes violentes et affirme que les manifestants ont provoqué les forces de l'ordre, les attaquant avec des bâtons et leur lançant des pierres. Selon les manifestants, la police a chargé le piquet d’occupation frappant violemment tous ceux qui s’y trouvaient, " principalement femmes et personnes âgées ", même si ceux-ci " n'opposèrent aucune résistance " et levèrent " les mains en l'air ". Selon Indymedia, le préfet de police adjoint, Sanna, menant le forcement d'une barricade, aurait dit " massacrez les tous " (lien). Les manifestants dénoncent entre autres les coups subis par les journalistes et les photographes présents sur les lieux des affrontements, qui auraient été ainsi empêchés de témoigner sur ces événements.
Des milliers de personnes se sont jointes à la manifestation et ont reconstitué le piquet d’occupation, occupant à nouveau les chantiers le 8 décembre. La préfecture de police a préféré ne pas envoyer la police et enlever quelques barrages.
Le ministre Lunardi a commenté les accusations des manifestants ainsi : " qu'ils disent et qu'ils fassent ce qu'ils veulent, la TAV se fera ".
Selon le ministère de l'Intérieur, se sont infiltrés dans ce mouvement quelques 1000 " antagonistes " violents, dans le seul but de déstabiliser la situation. A l’appui de cette thèse, il y a l’attaque dont a été victime dans un train le député européen de la Ligue du Nord, Mario Borghezio, frappé le 17 décembre 2005 ainsi que deux policiers par des dizaines de " no-global " qui menaçaient de le jeter du train en marche.
Le ministre de l’intérieur, Pisanu, s’est par la suite excusé officiellement auprès des " citoyens pacifiques du Val de Suse qui ont subi des dommages physiques lors du dégagement du chantier de Venaus "
Dans toute l'Italie, aussitôt après l’intervention de la police à Venaus, des manifestations, organisées y compris dans les gares, ont été déclenchées dans toute l’Italie contre la décision discutable du gouvernement par certaines associations ((lien), (lien), (lien)),.
Après les tensions entre les habitants du Val de Susa et le gouvernement, tensions provoquées par l’attaque éclair de la police, la magistrature a mis sous séquestre (lien) les chantiers de Venaus, abandonnés aussitôt après cette décision par les occupants ainsi que par l’entreprise chargée des travaux d’excavation. Parallèlement, le gouvernement a rouvert la table de négociation avec les maires des communes concernées.
À l’approche vers le Piémont du parcours de la flamme olympique, le mouvement NO TAV se fait plus présent le long du parcours du tédophore, tentant symboliquement d’éteindre la flamme olympique. Le parcours initial devait traverser tout le Val de Suse, mais la flamme a été détournée sans atteindre Avigliana, les forces de l'ordre n’étant pas en mesure de garantir la sécurité des porteurs de la flamme. Les manifestants NO TAV, alliés aux jeunes des centres sociaux et aux anarchistes, ont été critiqués par les habitants du Val de Suse eux-mêmes ainsi que par la plus grande partie des forces politiques à l'exception de Refondation communiste, Comunisti Italiani et des Verdi, qui soutiennent le mouvement.
Capacité de la ligne historique. Les premiers tronçons de la ligne historique ont été inauguré en 1856, le tunnel du Mont Cenis lui en 1871. La capacité de cette ligne, est actuellement de 9 millions de tonnes. Des travaux en cours vont permettre de la porter à 17 millions de tonnes. Par contre, ce tonnage sera incompatible avec un cadencement des TER, pourtant indispensable aux 200 000 habitants entre Aix les Bains et Montmélian.
La capacité du Lyon-Turin Fret est de plus de 40 MT. Ce qui permettra d'enlever plus de 5000 camions par jour des vallées Alpines.
Politiques des transports en Suisses. La Suisse réalise actuellement deux tunnels ferroviaires (Saint Gothard et Lötschberg ) plus long encore que le projet Lyon Turin. Ceux-ci ont pour but de reporter sur le rail 600 000 camions des routes Suisses. Des roches contenant de l'amiante ont été rencontrées et traitées sans risque pour les travailleurs et les populations,