Catastrophe de Tchernobyl - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Conséquences de la catastrophe

Des surfaces importantes de trois territoires de l’Ukraine, de la Biélorussie et de la Russie (correspondant à plus de sept millions d’habitants) ont présenté des dépôts de césium 137 supérieurs à 37 kBq/m2 (1 Ci/km2) :

  • la région comprise dans un cercle approximatif de 100 km de rayon autour de la centrale,
  • la région de Gomel, de Mogilev et de Briansk à environ 200 km au Nord-Nord-Est,
  • la région de Kaluga, Tula et Orel à 500 km au Nord-Est.

Les conséquences de l’accident de Tchernobyl non liées directement à l’exposition de la population aux rayonnements l’emportent sans doute, et de loin, sur les conséquences de l’irradiation. Pour avoir négligé ce point important, pourtant connu et parfaitement décrit avant l’accident, les autorités sanitaires et les milieux scientifiques internationaux se sont souvent trouvés pris en défaut, et leurs interprétations variées et discordantes ont profondément entaché leur crédibilité.

Conséquences humaines et matérielles

Une des médailles remises aux liquidateurs : le symbole représente une goutte de sang traversée par les rayonnements alpha, bêta et gamma.
Pripyat, devenue une ville fantôme.

Dans la semaine qui a suivi l’accident, les autorités ont procédé à l’évacuation des habitants des localités des environs, soit plus de 135 000 personnes, qui ont dû être relogées ultérieurement. Comme l'écrit Philippe Coumarianos : « entre le 27 avril et le 7 mai, deux villes et soixante-dix localités, situées dans un rayon de 30 kilomètres autour de la centrale, furent vidées de leurs habitants. Cette zone d'exclusion couvre une superficie de près de 300 000 hectares, à cheval sur les territoires ukrainien et biélorusse. (...) Au total, environ 250 000 personnes quittèrent leurs foyers ».

Outre l'évacuation des zones qui a constitué un traumatisme majeur sur les populations vivant de l'agriculture, c'est le sort des samosioli qui reste aujourd'hui le plus frappant. Samosioli (ou « colons individuels » en français) est le nom donné aux personnes revenues vivre dans la zone d'exclusion, malgré les interdictions, et qui vivent en autarcie de leur lopin de terre. Leur nombre est estimé à un millier.

D'autre part, le trafic s'est développé. Il concerne des objets et mobiliers laissés à l'abandon (et parfois fortement contaminés), le bois de chauffage abattu illégalement et le braconnage des animaux qui ont proliféré depuis l'évacuation de la zone. Enfin, des agences de tourisme spécialisées dans la visite du site attirent des « touristes nucléaires » venus du monde entier...

En 2000, la plus grande partie des zones contaminées ne présente plus de danger particulier d'irradiation. La dose causée par les retombées de l'accident ne dépasse encore 1 millisievert par an que dans les zones qui avaient été fortement contaminées (zones de contrôle permanent), ce qui concerne 100 000 personnes. C'est l'ordre de grandeur du niveau d'exposition dû à la radioactivité naturelle (2,5 mSv/an en moyenne, jusqu'à dix fois plus dans certaines régions, sans effets détectables sur les populations).

Aujourd'hui, le réacteur détruit sous sarcophage reste une menace permanente, ce sarcophage se détériorant de jour en jour n'est plus étanche, laissant passer les eaux de pluie qui risquent de contaminer la nappe phréatique.

Conséquences sanitaires

Carte indiquant l'état de la contamination au césium 137 en 1996 sur la Biélorussie, la Russie et l'Ukraine:
  •      Zone fermée/confisquée (Supérieure à 40 curies par kilomètre carré (ci/km²) de césium-137)
  •      Zone de contrôle permanent (15 à 40 ci/km² de césium-137)
  •      Zone de contrôle périodique (5 à 15 ci/km² de césium-137)
  •      Zone faiblement contaminée (1 à 15 ci/km² de césium-137)

Deux radionucléides ont soulevé des problèmes sanitaires, tant à cause de leurs effets que des quantités rejetées : le césium 137 avec 85 PBq (2,3 106 Ci) rejetés et l’iode 131 avec 1 760 PBq (47,5 106 Ci) rejetés.

L'effet sanitaire des radiations a été l'objet d'une polémique durable, les estimations du nombre de victimes allant d'une cinquantaine de morts jusqu'à 100 000 ou plus.

Les plus fortes doses de radiation ont été reçues par le millier de personnes qui sont intervenues sur le site les premiers jours, et ont été exposées à des doses allant de 2 à 20 gray. Sur ces intervenants, 134 présentèrent un syndrome d'irradiation aiguë, et 28 décédèrent.

L'effet stochastique de la contamination radioactive sur les populations exposées n'apparaît que statistiquement, et est plus difficile à mettre en évidence, d'où son caractère très polémique. La distribution dans les premières heures (6-30) de l'accident de tablettes d'iode à la population de Pripyat (la plus grande ville à proximité de la centrale, dont la population a été évacuée moins de 48 heures après l'accident) a permis en moyenne de diminuer la dose sur la thyroïde d'un facteur six. Malgré cela, une très nette épidémie de 4 000 cancer de la thyroïde (au lieu des 50 statistiquement attendus) a été constatée chez les jeunes enfants de la région, directement attribuable à une contamination à l'Iode-131, et conduisant à quinze décès (donnée 2002). Ce chiffre correspond à une multiplication du taux naturel de ce cancer, très rare chez l’enfant, par un facteur entre 10 et 100. Cet excès de cancers de la thyroïde chez les enfants aurait été évité si toute la population avait bénéficié en temps voulu d’une distribution prophylactique d’iode stable.

Les quelque 600 000 « liquidateurs » qui étaient intervenus sur le site reçurent en moyenne une dose de l'ordre de 100 mSv (de 10 à 500 mSv) ; et le taux de mortalité de ce groupe semble avoir augmenté de quelque 5 %, conduisant à une estimation de quatre mille morts supplémentaires. Cependant, si la mortalité a été anormalement élevée, le risque de cancer à proprement parler semble avoir diminué dans ce groupe : une étude récente sur 8 600 de ces liquidateurs qui avaient reçu une moyenne de 50 mSv, montre une sous-incidence significative de 12 % de l’ensemble des cancers par rapport la population générale russe, et n’a pas permis de mettre en évidence de relation dose-effet significative ; de même l’analyse de l’incidence des leucémies chez ces liquidateurs n’avait pas montré de relation dose effet significative. Indépendamment des incertitudes sur les doses reçues par les « liquidateurs », souvent surévaluées en raison des avantages sociaux et des compensations liées au statut de « liquidateur », les données issues du suivi de ces travailleurs sont d’interprétation difficile, notamment à cause de l’éclatement de l’URSS, qui a rendu nombre de « liquidateurs » à leurs pays d’origine.

Il n'y a pas été constaté d'effet statistiquement observable sur le taux de leucémie ou de cancer (autre que de la thyroïde) des populations les plus exposées : 116 000 personnes évacuées des zones hautement contaminées (exposition moyenne estimée à 33 mSv, avec des expositions maximales de l'ordre de quelques centaines de mSv), 270 000 personnes habitant les zones strictement contrôlées (exposition cumulée de l'ordre de 50 mSv entre 1986 et 2005), et les 5 millions d'habitants des zones faiblement contaminées (de 10 à 20 mSv). Ces zones contaminées (à plus de 37 kBq/m2 en Cs-137, soit un curie/km2) représentent un total de 200 000 km2.

En dehors de ces zones, dans le reste de l'Europe, le passage des « nuages radioactifs » a conduit à une hausse détectable de la radioactivité, mais la population a été exposée à moins de 10 mSv (c'est-à-dire deux ou trois fois la dose moyenne reçue par la radioactivité naturelle). En France, la radioactivité maximale enregistrée a été de l'ordre de 6 kBq/m2, cinq à six fois plus faible que la limite des « zones faiblement contaminées » (zones où les populations n'ont pas été évacuées). « L'explosion est restée très concentrée près de l'installation, et les retombées ont été dispersées par de grandes "plumes", qui sont montées très haut dans l'atmosphère et ont traversé l'Europe, diluant leur concentration... ça aurait pu être bien pire ».

Si l'on suppose que le taux de cancers varie en fonction de l'exposition suivant une loi « linéaire sans seuil », prolongeant le taux de 5 % de cancers par Sievert que l'on constate statistiquement au-dessus de 100 mSv, le nombre total de cancers supplémentaires induits dans ces zones contaminées serait à long terme de l'ordre de 5 000, soit un pour mille de la population exposée (et une extrapolation sur le reste de l'Europe conduirait à 50 000 victimes supplémentaires). Mais de tels chiffres ne peuvent être validés scientifiquement, et sont donc très polémiques : une sur-mortalité de ce niveau n'est pas détectable par des moyens statistiques,et la validité de l'hypothèse « linéaire sans seuil » est par ailleurs sujette à caution.

Les conséquences de l’accident de Tchernobyl sur la santé des populations doivent être dissociées des effets qui ont été causés ou amplifiés par les changements radicaux qui ont eu lieu en Union des républiques socialistes soviétiques au même moment. La période post-accidentelle a coïncidé avec la période de la «Perestroïka», qui a entraîné une chute brutale de tous les indices économiques, comparable à celle constatée dans des pays en guerre. L’effondrement économique a eu un impact significatif sur les taux de mortalité et de morbidité : En Russie, le taux brut de mortalité est passé de 488 pour 100 000 en 1990 à 741 pour 100 000 en 1993, soit une augmentation de 52 % ; en 1993 l’espérance de vie des hommes est tombée à cinquante-neuf ans, soit six ans de moins qu’en 1987. Si l’on néglige cette augmentation globale de la morbidité et de la mortalité, l’examen isolé des statistiques sur les populations exposées du fait de l’accident peut aboutir à la fausse conclusion que ces effets sont en rapport direct avec l’accident.

Des incendies de forêts et tourbières tels que ceux des Incendies de forêt en Russie de 2010 qui ont accompagné la canicule de 2010 en Russie sont susceptibles de brutalement réinjecter dans l'atmosphère et les eaux superficielles et souterraines des radionucléides ou du plomb qui étaient piégés dans la biomasse et la nécromasse fongique, lichénique, animale et végétale.

Conséquences en France

Conséquences techniques

Photo satellite de la région de Tchernobyl en 1997.

La catastrophe a accéléré la recherche sur les réacteurs RBMK et leur modernisation. Elle a également mis en évidence la nécessité d'une enceinte de confinement autour des installations, dont l'efficacité a été pleinement démontrée lors de l'accident de Three Mile Island.

En 2000, les autres tranches de la centrale ont été arrêtées définitivement, sous la pression de l'Union européenne et en échange d'aides financières. [réf. souhaitée]

Depuis des années , l'eau et la neige s'infiltrent dans le « sarcophage » : le béton a souffert de la radioactivité, et la structure a été bâtie sur des fondations préexistantes ou sur des structures instables dont l'état n'est plus connu avec précision.

En 1997, la communauté internationale jugeait qu'une intervention sur le site de Tchernobyl était nécessaire. Il s'agissait de stabiliser le sarcophage actuel, préparer le site à la construction d'un nouveau sarcophage pour finalement le construire. En 1999, une première série de travaux de consolidation du toit a été réalisée par les Ukrainiens, en attendant la décision de la réalisation d'un autre sarcophage. Au début des études (SIP - Shelter Implementation Plan) en 1998, la priorité a été donnée au renforcement du toit qui menaçait de tomber et risquait ainsi de recontaminer le site.

Entre 2003 et 2006, des travaux de construction d'un bâtiment de vestiaire, d'un hôpital, d'un centre d'entraînement, d'une base de construction, des réseaux d'alimentation en eau et énergie(s) ainsi que d'un bâtiment administratif ont été réalisés. En 2006, suite à un appel d'offre, une entreprise russe a procédé à la stabilisation des parties instables du sarcophage existant. En 2001 le concept « arche de Tchernobyl » fut choisi. Entre 2002 et 2003, un avant projet a été réalisé. Un appel d'offre international a été lancé le 11 mars 2004 pour la conception, la construction et la mise en service du nouveau confinement. Les travaux de terrassement ont débuté en 2006 et la construction de l'arche devrait s'achever en 2010.

Le coût total de ces projets est estimé à 840 millions d'euros payés en majeure partie par les pays du G7 et l'Ukraine. Son financement est géré par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). L'arche aura pour hauteur 110 mètres, pour largeur 150 m et pour longueur 270 m. Cette arche abritera des ateliers destinés à décontaminer, traiter et conditionner les matériaux radioactifs en vue d'un futur stockage.

Page générée en 0.134 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise