Chaulmoogra - Définition

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Histoire

Rama dans la forêt

Légende

  • Selon une légende birmane, à l'époque pré bouddhique un prince birman contracta la lèpre et vit soudain le fruit de cet arbre, il se traita avec les feuilles et les fruits comestibles de l'arbre kalaw (ou kalawathi) et fut guérit de la lèpre par ce remède. Selon une autre légende indoue, Rāma , dieu de Bénarès, contracta la lèpre. Il s'enfuit dans la forêt où il découvrit un arbre appelé Kalaw, qui le guérit ainsi qu'une jeune fille du nom de Piya, du clan Shakya réfugiée elle aussi dans la jungle, qu'il soigna ainsi, elle devint son épouse et lui donna seize paires du jumeaux. Rama fonda alors une ville nouvelle, Kalawagara. Cet arbre aurait été selon la légende, à l'origine du genre Hydnocarpus dont plusieurs espèces guérissent de la lèpre.

Pharmacopées

  • Cette huile est aussi mentionnée dans les textes Ayurvediques et dans le Rig Veda . L'arbre se trouve cité dans différents livres anciens de médecine et de pharmacie, comme dans le chapitre XIII du Sushruta Samhita (en) de Sushruta où il est identifié au Tuvaraka , Tuvara signifiant « astringent »  : une huile extraite du « Tuvaraka » est administrée oralement ou en application externe dans le traitement de la kushtha nom indien de la lèpre ou sur les yeux.. le livre birman Maha-win-vatthu y fait aussi allusion.
  • Le lèpre en Chine est appelée Ta-Ma-Fen-Ping et le chaulmoogra Ta-Fung-Chi , ( le mot Ta-Fong-Tseu désigne tous les chaulmoogras) ce qui signifie «  semence de la grande maladie » . Il est mentionné pour la première fois par Tchou Tan Ki au XIIIe siècle. On le trouvait dans l'herbier de l'empereur Shennong le Shen Nong Ben Cao Jing. Dans la pharmacopée chinoise, le Ta Feng Tseu aurait été composé d'un mélanges de graines d'arbres d'espèces différentes : Hydnocarpus anthelmintica, Taraktogenos kurzii, Tribulus terrestris, Cannabis indica . Le Pen-ts'ao-kang-mu au XVIe siècle), Li Chi Chen mentionnent les graines de Likrabo. D'après le Pien-Tsao de Tan ki 1380) les graines du Lu-Brako étaient importées du Royaume du Siam. Les chinois l'importaient aussi de Java. Tchou Tan Ki mit très en valeur l'emploi du chaulmoogra de l' hynocarpus anthelminthica en pharmacie. En 1863 dans son livre sur la médecine chinoise traditionnelle, La Médecine chez les Chinois Philibert Dabry de Thiersant indique deux fois le chaulmoogra, pour guérir la gale et pour guérir la lèpre«  Le deuxième jour : tchoui-jong-san. — Ta-houang yukin, tsao-kio-tsee  ; pulvériser et en boire (20s) dans huile de ta-fong-tsee auquel on ajoutera salpêtre et du vin. Ne manger que du miel; avoir soin de se coucher après avoir pris ce remède» .
  • La pharmacopée The Bengal Dispensatory (1841), la British Pharmacopeia et la première édition de la Farmacopéia Venezuelana (1898) incluront le chaulmoogra.

Botanique

  • Le livre du botaniste hollandais Hendrik van Rheede  (en) Tot Draakenstein , Hortus Malabaricus (en) (1678) :
«  Vertus de l' Hydnocarpus Pentendra ou Marotti  : L'huile extraites des graines de ses fruits, est bonne pour calmer la douleur, guérit le corps scabieux et les parties affectées par un prurit, par son onction. De même cette huile est salutaire aux yeux infectés par les humeurs, qui pleurent beaucoup. L'huile mélangée à la cendre est bonne pour les abcès des juments. Son fruit est appelé à Malabar Palega, et les graines broyées , tuent les vers dans les ulcères des pieds des hommes par son onction  »

— Van Rheede, Hortus Malabaricus

  • Joseph Gaertner, en 1788, cite l'Hydnocarpus dans son De fructibus et seminibus plantarum mais non ses vertus médicinales : il souligne juste que les graines donnent des vomissements.
  • Cité aussi dans l'encyclopédie sino-japonaise Wakan Sansai (en) (1713) et le dictionnaire Makhzan-al-Adwiya (1771) .
  • En 1815, le naturaliste William Roxburgh identifie dans sa Flore indienne le Kalaw comme Chaulmoogra odorata dans son catalogue des arbres du Jardin botanique de la Compagnie des Indes de Calcutta mais il était confondu par erreur avec un autre arbre soignant la lèpre, le Gynocardia odorata. Sir David Prain directeur du Jardin de Calcutta découvre ensuite l'origine botanique du véritable arbre donnant le chaulmoogra, le Taraktogenus Kurzii King. Cependant dans le commerce, on vendait comme huile de chaulmoogra des huiles provenant de graines de différents Hydnocarpi. En effet les bêtes féroces, tigres, panthères, léopards se nourrissaient de ces fruits et abondaient aux alentours des arbres Taraktogenos : les indigènes devaient donc partir en groupe de ne ramassaient que le fuits ou les graines tombées à terre, en quantité insuffisante : elles étaient donc souvent mélangées à d'autres graines ensuite dans la fabrication de l'huile chaulmoogra ce qui induisait les chercheurs en erreur.
  • Des recherches entreprises par M. Prain, attaché au Jardin botanique de Calcutta prouvèrent que l'huile et les graines de chaulmoogra étaie celles d'un arbre décrit par un botaniste voyageur, Wilhelm Sulpiz Kurz, qui avait décrit la Flore de forêts birmanes ;: Kurz décrit deux Hydnocarpus birmans, l' Hydnocarpus castanea et l' Hydnocarpus Heterophyllum ou ka-law-hso qui pousse dans le Martaban le Tenasserim et le Pegu Yomah.

Le botaniste Sir George King lui donna son nom : Taraktogenus kurzii King.

Chimie

  • Le chaulmoogra fut étudié par Frédéric Belding Power des Laboratoires chimiques Wellcome et par Frank Gornall qui découvrirent l' acide chaulmoogrique C H O , en étudiant le chaulmoogra du Taraktogenos Kurzii King trouvée au marché , isolé de l'huile, puis l' acide hydnocarpique C H O  : on en fit des dérivés comme les éthers éthyliques, acétylés, iodés comme l'Antiléprol. Il découvrit que le Gynocardia odorata, qu'on pensait jusqu'alors, être à l'origine de l'huile de Chaulmoogra, ne contenait en réalité aucun de ces deux acides et portait à tort le nom de Chaulmoogra.

La  « chasse au Chaulmoogra tree »

travaux préparatoires

Ball, Alice Augusta en 1915, diplomée en Sciences au Collège de Hawaii

En 1901 Sir David Prain identifia donc le chaulmoogra dans un Bazar de Calcutta et les pharmacies de Paris de Londres comme venant du Taraktogenus Kurzii. On cherchait alors l' espèce de cet arbre, d'où provenait la véritable huile de chaulmoogra, qu'on trouvait en Chine et ailleurs sur les marchés puisque l'espèce voisine Gyrocardia ne produisait que de l'acide gyrocardique.

En 1915 Alice Augusta Ball au Collège de Hawai, identifie les substances chimiques de cette huile, des ethyls esters dérivés des acides gras et fait la première cure contre la maladie de Hansen après extraction de l'Huile de chaulmoogra. En 1918 le Dr. Arthur Dean, Président du Collège de Hawai, poursuit les travaux de de Alice Ball, morte prématurément, et produit une huile de chaulmoogra susceptible de guérir la lèpre.

L'expédition

Joseph Francis Rock
Birmanie, jungle ,Mandalay
Hunting the chaulmoogra tree, N.G. 1922

Joseph Rock botaniste de l' Université de Hawaii et aventurier, qui connaissait la légende du kalawathi tree organise alors en 1920 une expédition au Siam et en Birmanie, pour découvrir l'arbre décrit par les pharmacopées chinoises et indienne. Le 25 mai 1920 il part en Asie et prend des contacts à Harvard, puis , à Washington : il obtient alors du Département de l’Agriculture une mission en Siam (Thaïlande ) à la recherche du véritable arbre chaulmoogra. Il est engagé comme « Agricultural Explorer ».Il établit son camp à Lao States près du Mt Dao Chom Chen où il collecte des H Castanea et des Quercus . Il engage un interprète, des coolies, affrète une péniche. Il suit la rivière Nam Ping , infestée de crocodiles, pendant dix jours jusqu'à Raheng. De là il part avec de coolies en Birmanie , à Rangoun, à Moulmein, puis

Tribu Mishmi, après la découverte du chaulmoogra, Assam - photographie de J.F. Rock

Martaba où il trouve de l'H Castanea. Il découvre et identifie alors le Taraktogenus kurzii King (« chaulmograa tree »), au bout de plusieurs mois de marche environné de bêtes féroces et d'insectes vénimeux, et de bandits dans la forêt vierge de Haute Birmanie, le premier specimen à Thynganyinon mais cet arbre ne porte aucun fruit.

Il repart en train de Amapura à Mandalay puis Monywa, lieu environné de mouches, avec le vapeur Shillong puis en bateau à Mawlaik au nord de la Birmanie où on lui indique qu'on trouve des Taraktogenos dans les villages de la jungle, près du Khodan et de la rivère Chindwin. Il est doté de lettres pour les chefs du village. Il trouva enfin des Taragtogenos par milliers au nord du Mandalay, dans une forêt dense recouvrant les flancs d' une montagne escarpée à une journée de Kyokta sur le Khodan, un petit village dans la jungle de trente habitants : « J'arrivais dans une jungle où je trouvais des milliers de Taraktogenos, mais un seul avait des fruits. Je n'étais pas satisfait avec 170 fruits... » ... .

Les villageois l'aidèrent à faire la récolte des fruits et des graines, et il repartit à Hawaii. Cet arbre était appelé par les birmans des noms de kalaw, kalaw-sai, kalaw-thein, kalaw-na, kalaw-ni, kalaw-pya, suivant les régions birmanes. Il fait paraître au retour un article, en 1922, Hunting the chaulmoogra tree, sa première publication dans le journal National Geographic , ..

L'arbre Chaulmoogra après sa découverte

  • J.F. Rock fit aussitôt importer les graines du Taraktogenus kurzii King , qui furent plantées dans des pépinières, à Hawai sur l'île Oahu ( 2980 plants d'arbres eN 1921-22) puis ailleurs, aux Philippines par exemple, pour produire l'huile de chaulmoogra.
  • Les anglais plantèrent cent hectares d'Hydnocarpus au Nigeria.
  • Au Japon elle fut produite entre 1892 et 1944 par Heibei Okamura  (en) Le Chaulmoogra fut introduit au Japon après la Chine sous le nom de Tai-Fu-Shi.
  • L'huile de Chaulmoogra était préparée dans la pharmacie gouvernementale de Pondichéry : les graines d' Hydnocarprus wightiana décortiquées et non décortiquées extraites des tourteaux, broyées et triturées dans un mortier en bois de tamarinier puis filtrée, l'huile extraite était commercialisée et vendue trois roupies. Dix millions de graines traitées par an produisaient trois mille litres d'huile.
  • En 1929, Stévenel affirme que le principe actif du chaulmoogra proviendrait du péricarpe et non la pulpe qui contiendrait un glucide cyanogénétiaque : il sera réfuté par Peirier en 1931 qui montre que le principe actif est uniquement présent dans le pulpe de ce fruit..
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