Gabriel Voisin | |
Gabriel Voisin (à droite) et Henry Farman | |
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Naissance | 5 février 1880 Belleville-sur-Saône, France |
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Décès | 25 décembre 1973 (à 93 ans) Moulin d’Ozenay, près de Tournus, France |
Nationalité | France |
Profession(s) | Constructeur et pilote pionnier de l'aviation et de l'automobile |
Distinctions | Grand officier de la Légion d'honneur |
Gabriel Voisin (5 février 1880 - 25 décembre 1973) fut l'un des plus célèbres pionniers français de l'aéronautique.
Fils d'un industriel de la fonderie, Gabriel Voisin fit ses études aux Beaux-Arts de Lyon. D'abord engagé comme dessinateur , il commença sa carrière en 1903 chez Ernest Archdeacon, l'un des promoteurs et mécènes de l'aéronautique naissante.
Gabriel Voisin s'illustra très tôt dans le domaine de l'aviation. En 1905, il modifia un de ses planeurs en hydravion et décolla de la Seine à Billancourt le 6 juin, remorqué par la vedette rapide La Rapière à moteur Panhard de 150 ch. Le vol se fit à une altitude de quinze à vingt mètres sur une longueur de six-cents mètres. L'appareil était un biplan à équilibreur avant, à deux flotteurs (de type catamaran), d'une masse à vide de 360 kg et d'une surface portante totale (deux plans) de 50 m². La modification du planeur en hydravion pour des essais sur la Seine avait été financée par Ernest Archdeacon, fondateur de l'Aéro-Club de France.
Puis en janvier 1907, avec son frère Charles, il créa l'entreprise Voisin Frères dans un vaste atelier situé rue de la Ferme à Billancourt. Leur premier client fut Léon Delagrange auquel ils livrèrent un biplan de 10,50 mètres de long, 10 m d'envergure, un empennage cellulaire de direction à l'arrière plus un plan élévateur à l'avant. Leur appareil virait à plat, sans gauchissement, grâce à un léger dièdre du plan supérieur. L'appareil Voisin était équipé d'un moteur V8 à injection directe Antoinette de 50 ch, moteur remarquablement léger pour cette époque. Charles Voisin décolla cet appareil en mars 1907 puis Delagrange effectua un vol en ligne droite de 300 mètres avec le même appareil, le 5 novembre 1907. Enfin et surtout, le même type d'appareil conçu et fabriqué par Voisin Frères et légèrement modifié par Henri Farman permit à ce dernier de remporter, le 13 janvier 1908, le prix Deutsch de la Meurthe-Archdeacon récompensant le premier kilomètre bouclé en circuit fermé avec décollage et atterrissage normaux.
Malgré la mort de son frère Charles lors d'un accident d'automobile le 12 septembre 1912 avec la baronne de Laroche, il poursuivit jusqu'en 1914 la construction d'avions d'abord pour les gentlemen-pilotes de l'époque mais aussi pour l'aviation militaire. En 1912 Voisin sortit son biplan de 13,50 m à moteur rotatif de 50 ch et ailerons conjugués qui fut acheté par l'Armée. Il servira de prototype aux biplans Voisin de bombardement à charpente métallique et moteurs de 130 ch utilisés intensivement pour le bombardement de nuit en 1914-1918.
En 1918, il se détourna de l'aviation et se lança dans la construction d'automobiles, domaine qui lui paraissait constituer un marché beaucoup plus prometteur. En juin 1919, Gabriel Voisin présenta son premier modèle: la M-1; il sera construit à plus de cent exemplaires jusqu'en 1920. Après quelques tentatives dans les voiturettes et les motocyclettes, il se consacra à des modèles très étudiés: la C-1 à quatre cylindres, la C-2 à douze cylindres en V. Vinrent rapidement les C-3 à tendance sportive, et C-4 d'entrée de gamme. Il produisit près de mille voitures par an et remplaça son modèle à succès, la C-4, par la C-7, à partir de 1926. À partir de cette date, il livra ses voitures entièrement carrossées, contrairement aux usages de l'époque où les constructeurs fournissaient des châssis nus aux carrossiers. Au niveau sportif, il tenta, en 1923, d'appliquer de façon approfondie la technique aéronautique au prototype Voisin Laboratoire : optimisation du poids, carrosserie profilée en aluminium, pompe à hélice, absence de différentiel. Malheureusement, le manque de puissance des moteurs ne permit pas de grands résultats. Il lança ensuite la C-11, dont le châssis et la carrosserie étaient entièrement en aluminium, suivie en 1926 d'un modèle plus ambitieux : la C-12 à moteur de 4,5 litres.
Son inventivité, son tempérament exigeant, et son intransigeance le conduisirent rapidement à produire essentiellement des véhicules hauts de gamme: C-16, C-18, C-20, C-21, C-22, et C-24. L'incendie de son usine, mal assurée, puis la crise économique de 1929 et la morosité du marché automobile dans les années 1930 mirent à mal les finances de la société des Automobiles Avions Voisin. L'histoire se termina en apothéose, avec la présentation de la C25 Aérodyne au salon de 1934 puis, en 1935, avec la C-28 à carrosserie «ponton», sans ailes séparées, et la C-27 Aérosport.
Plusieurs projets restèrent à l'état de prototype tel la C-26, présentée en 1934, ou au stade d'exemplaire unique comme la C-27 Aérosport, avec son toit coulissant dans la malle arrière.
En 1936, Gabriel Voisin dut laisser le contrôle de ses usines à ses financiers, et produisit un modèle sans âme: la C-30, équipée d'un moteur Graham, et qui sera la dernière Voisin. Sa longue fidélité aux moteurs sans soupape, à chemises mobiles, du type Knight, qui fut un avantage aux débuts des années 1920, où les ressorts des soupapes avaient une faible durée de vie, devint un inconvénient et l'empêcha de présenter des moteurs performants et fiables. Ils permirent néanmoins à Voisin de détenir de nombreux records de vitesse sur de longues distances, dans les années 1927-1929 : dix mille kilomètres à 147 km/heure de moyenne, puis trente mille kilomètres à 133 km/h de moyenne et, enfin, les cinquante mille kilomètres à 120 km/h de moyenne en 1930.
Après la Seconde Guerre mondiale, il dessina le Biscooter, voiturette à moteur de cent vingt-cinq centimètres cubes qui, légère et rustique, était conçue pour doter la France d'un véhicule économique; il connut un vif succès en Espagne.
Gabriel Voisin se retira en 1958 sur les bords de la Saône, au Villars, puis non loin de là, dans le petit village mâconnais d'Ozenay. Cette même année, il fut distingué Grand officier de la Légion d'honneur dont il était Chevalier depuis 1909. Il s'éteignit en 1973, à l'âge de 94 ans, et repose depuis dans le petit cimetière du Villars (Saône-et-Loire).