Intoxication au cyanure Classification et ressources externes | |
CIM-10 | T65.0 |
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CIM-9 | 989.0 |
DiseasesDB | 3280 |
eMedicine | med/487 |
L’intoxication au cyanure se produit quand un organisme vivant est exposé au cyanure. L'ion cyanure, lorsqu’il est utilisé comme poison, est généralement fourni sous forme de gaz, le cyanure d'hydrogène ou sous forme de cyanure de potassium ou de cyanure de sodium.
L'inhalation de fortes concentrations de cyanure entraîne un coma avec des convulsions, une apnée et un arrêt cardio-circulatoire et la mort survient en quelques minutes. À des doses plus faibles, la perte de conscience peut être précédée par une faiblesse générale, des céphalées, des vertiges, de la confusion et une gêne respiratoire perceptible. Lors de la première phase de perte de conscience, la respiration est souvent normale, parfois même rapide, bien que l'état de la victime évolue vers un coma profond qui peut être associé à un œdème aigu du poumon et finalement conduire à l'arrêt cardiaque. La couleur de la peau devient rose à cause d’une saturation élevée du sang en oxygène.
Le kit standard de première urgence utilisé aux États-Unis comme antidote au cyanure comporte d’abord l’inhalation d’une petite dose de nitrite d'amyle, suivie par l’injection intraveineuse de nitrite de sodium, puis de thiosulfate de sodium par voie intraveineuse. Les nitrites oxydent une partie du fer de l'hémoglobine de l’état ferreux à l’état ferrique et transforment l'hémoglobine en méthémoglobine. (le traitement par les nitrites d'alkyle n'est pas anodin car la méthémoglobine ne peut pas transporter l'oxygène). Le cyanure se lie préférentiellement à la méthémoglobine plutôt qu’à la cytochrome oxydase, transformant la méthémoglobine en cyanométhémoglobine. Dans la dernière étape, l’injection intraveineuse de thiosulfate de sodium transforme la cyanométhémoglobine en thiocyanate , sulfite, et hémoglobine. Le thiocyanate est excrété.
Des méthodes alternatives de traitement de l'intoxication au cyanure sont utilisées dans d'autres pays. Par exemple, en France on utilise l’hydroxycobalamine (une forme de vitamine B12) qui se lie au cyanure pour former une molécule inoffensive, vitamine B12a cyanocobalamine. La cyanocobalamine est éliminée dans les urines. L’hydroxycobalamine agit à la fois dans l'espace intravasculaire et à l'intérieur des cellules pour lutter contre l'intoxication au cyanure. Cette polyvalence contraste avec la méthémoglobine, qui agit seulement comme un antidote dans l'espace vasculaire. L’administration de thiosulfate de sodium améliore la capacité de l’hydroxycobalamine à contrecarrer les effets de l'empoisonnement au cyanure. Ce traitement est considéré comme efficace et inoffensif et il est administré régulièrement à Paris aux victimes ayant inhalé des fumées pour les préserver de toute intoxication associée au cyanure. Toutefois, il est relativement cher et n’est pas disponible partout.
Le 4-Dimethylaminophenol (4-DMAP) a été proposé en Allemagne comme antidote à effet plus rapide que les nitrites en raison d’une plus faible toxicité (d’après les cas rapportés). Le 4-DMAP est utilisé actuellement par les militaires allemands et par la population civile. Chez l'homme, l'injection intraveineuse de 3 mg / kg de 4-DMAP génère un taux de méthémoglobine de 35 pour cent en 1 minute. Selon les informations disponibles, l 4-DMAP est l’un composant du Cyanokit aux États-Unis, alors qu'il n’est pas inclus dans le Cyanokit allemand à cause d’effets secondaires possible (par exemple hémolyse).
Les sels de cobalt ont également fait la preuve qu’ils étaient capables de se lier au cyanure. L’antidote à base de cobalt le plus couramment disponible en Europe est le dicobalt édétate ou dicobalt-EDTA, vendu sous le nom de Kelocyanor. Cet agent chélateur du cyanure se fixe sur le toxique pour former du cyanure de cobalt. Ce médicament produit un effet antidote plus rapidement que par le mécanisme de formation de méthémoglobine, mais une nette supériorité par rapport à la formation méthémoglobine n'a pas été démontrée. Les complexes du cobalt sont très toxiques, et des accidents ont été signalés au Royaume-Uni où des patients ont reçu du dicobalt-EDTA par erreur sur la base d'un diagnostic erroné d'empoisonnement au cyanure.
Le Programme international pour la sécurité chimique a publié une enquête (IPCS/CEC évaluation d’une série d’antidotes), qui énumère les antidotes suivants et leurs effets : l'oxygène, le thiosulfate de sodium, le nitrite d'amyle, le nitrite de sodium, le 4-dimethylaminophenol, l’hydroxocobalamine, et le dicobalt EDTA ( 'Kelocyanor'), ainsi que plusieurs autres # PartNumber: 6. Les autres antidotes communément recommandés sont les 'solutions A et B' (une solution de sulfate ferreux avec l’acide citrique en milieu aqueux, et de carbonate de sodium en milieu aqueux) et le nitrite d'amyle.
Le Health and Safety Executive (HSE) de Grande-Bretagne s’est prononcé contre l'emploi de solutions A et B en raison de leur durée de vie limitée, du risque d’empoisonnement par le fer, et de sa portée limitée (efficace seulement en cas d'ingestion de cyanure, alors que les principaux modes d'intoxication sont l'inhalation et le contact avec la peau). Le HSE a également remis en cause l'utilité du nitrite d'amyle en raison de problèmes de stockage ou de disponibilité, de risques d'abus, et de l'absence de preuve de bénéfices réels, et recommandé à la place le Kelocyanor[1].
Des preuves tirées de l'expérimentation animale suggèrent que la co-administration de glucose protège contre la toxicité associée du cobalt liée à l’antidote dicobalt EDTA. Pour cette raison, le glucose est souvent administré en association avec cet agent (par exemple dans la formulation Kelocyanor).
Il a également été suggéré de façon anecdotique que le glucose lui-même agit comme un antidote efficace du cyanure, en réagissant avec lui pour former des composés moins toxiques qui peuvent être éliminées par l'organisme. Une théorie sur l'apparente immunité de Raspoutine au cyanure s’appuyait sur le fait que ses assassins avaient mis le poison dans des pâtisseries sucrées et du vin de Madère qui sont tous deux riches en sucre ; ainsi Raspoutine aurait reçu le poison avec des quantités massives d'antidote. Une étude a révélé une réduction de la toxicité du cyanure chez la souris lorsque le cyanure avait été mélangé avec du glucose [2]. Néanmoins, le glucose en tant que tel n'est pas officiellement reconnu comme antidote à l'intoxication au cyanure.
Le cyanure est présent, en petites quantités dans certaines denrées alimentaires. Elles sont éliminées par un métabolisme enzymatique sous l’effet de la rhodanase, qui lie le cyanure avec le thiosulfate pour produire des thiocyanates comparativement moins nocifs. Des préparations orales de rhodanase proposées en prophylaxie et en traitement de l’intoxication aigue par le cyanure sont actuellement en cours d’essais cliniques.