Ligne à haute tension - Définition

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Controverses sanitaires et environnementales

Danger intrinsèque d'électrisations/électrocutions

Les lignes à haute tension sont des dispositifs industriels dangereux. Le contact direct (avec toucher) des conducteurs sous tension présente un risque élevé d'électrocution. Un des objectifs de la conception aérienne des lignes à haute tension est de maintenir un dégagement proportionné entre les conducteurs et le sol afin d'empêcher tout contact avec la ligne. Cela dépend en grande partie de la tension présente dans la ligne.

Courant électrique parasite impliquant les lignes

Les lignes haute tension peuvent être responsable, par effet d'induction électromagnétique, de courants électriques parasites qui se propage dans les parties métalliques à proximité de la ligne. Ce courant électrique de faible intensité peut alors provoquer de petites décharges électriques lors du contact.

Si ce n'est pas un danger pour l'homme, elle peuvent créer du stress auprès des élevages qui sont en contact fréquent avec le métal (abreuvoir, enclos...). Pour les agriculteurs, différentes solutions autours de la mise à la terre des parties métalliques existent.

Controverse de danger pour la santé des champs électromagnétiques des lignes

Les lignes à haute tension sont suspectées d'effets néfastes sur l'organisme humain, en particulier à cause des champs magnétiques qu'elles émettent. Les résultats des études épidémiologiques sont contrastés.

S'appuyant sur plusieurs études épidémiologiques portant sur des groupes d’enfants exposés à proximité de lignes à haute tension et mettant en évidence un risque accru de leucémie, le centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé les champs électromagnétiques « basse fréquence » comme possiblement cancérogènes pour l’homme (catégorie 2B).

Le sujet reste malgré tout très débattu et si « les études consacrées à l'effet possible des rayonnements à basse fréquence sur la leucémie infantile se comptent par centaine », « la relation causale entre les deux reste très incertaine : elle n'est ni exclue, ni prouvée, au sens scientifique du terme ». L'enfouissement des lignes à haute tension n'est pas forcément la solution miracle à ce problème. Le champ magnétique à l'aplomb d'un câble haute tension enterré peut parfois être supérieur à celui d'une ligne aérienne de même tension.

Néanmoins des associations tel que le Criirem considère qu'il y a un sur-risque de cancer et de maladies graves chez l'adulte en cas d'exposition résidentielle aux champs des lignes à haute tension (en particulier pour les leucémies et tumeurs cérébrales), un avis se fondant en particulier sur leur enquête réalisé pour l'association Stop-THT.

Pour sa part, dans un rapport de 2010, l’AFSSET juge que "L’enquête réalisée par le Criirem souffre d’un nombre important de biais (mauvaises conception et gestion du questionnaire, populations étudiées mal définies, mesures des expositions non pertinentes, etc.) qui ne permettent pas d’interpréter et de valider scientifiquement ses résultats."

Étude épidémiologique Draper sur la leucémie de l'enfant (2005)

Le British Medical Journal du 4 juin 2005 publie une étude montrant un risque relatif limité mais réel de leucémie infantile pour les enfants résidant à proximité (de 0 à 600 mètres) d'une ligne à haute tension. Aucune augmentation du risque relatif n'était mise en évidence pour les autres tumeurs (tumeurs cérébrales par exemple avec un risque relatif inférieur à 1, ce qui n'indique évidemment pas un effet protecteur). Cette étude, réalisée par un chercheur de l'université d'Oxford, précise que tout biais social a été écarté (le risque de leucémie serait plus élevé dans les familles les plus aisées). Cependant, comme pour toutes les études cas-témoins rétrospectives les risques de biais sont nombreux et difficiles à contrôler: par exemple seulement la moitié des cas de leucémies n'avaient pas déménagé entre la naissance et le diagnostic. Aucune explication rationnelle n'a été trouvée pour expliquer ce sur-risque. En particulier on n'a pas encore su définir avec exactitude si cela est dû aux champs magnétiques ou à d'autres causes.

A la sortie de l'étude Draper et en réponse à 60 millions de consommateur, l’AFSSET indique d'ailleurs que "Les auteurs restent très prudents quant à l’interprétation de leurs résultats, reconnaissant l’incertitude et l’absence d’explication satisfaisante reliant les résultats constatés à l’exposition aux champs magnétiques des lignes à haute tension. Ils admettent l’hypothèse que le résultat pourrait être dû au hasard ou à un facteur de confusion."

Études en laboratoire sur animaux

Certaines études en laboratoire sur animaux ont montré que l'exposition aux champs électriques et magnétiques peuvent être associées à l'augmentation d'incidence de certains cancers (mais pas les leucémies). Les études ne montrant aucune association sont plus nombreuses. Mais les niveaux de champs nécessaires à l'apparition des phénomènes néfastes sont sans commune mesure avec ceux mesurés à proximité des lignes à haute tension. En France, le Centre international de recherche sur le cancer de Lyon classe cependant les champs magnétiques de très basse fréquence produits par les lignes à haute tension dans le groupe 2B des agents potentiellement cancérigènes, mais uniquement pour le cas particulier des leucémies de l'enfant.

Synthèse de l'OMS (2007)

En juin 2007, l'Organisation mondiale de la santé a publié une monographie examinant la littérature scientifique sur les effets des champs électriques et magnétiques sur la santé. Après examen des preuves scientifiques, la monographie n'a pas identifié de pathologies qui pourraient raisonnablement être attribuées à l'exposition à des niveaux typiques de champs magnétiques ou électriques trouvés en milieu domestique ou sur un lieu de travail. Néanmoins la classification 2B du Centre international de recherche sur le cancer (potentiellement cancérigène) est maintenue pour les champs magnétiques, sur la base de liens statistiques non expliqués dans certaines études entre les leucémies de l'enfant et l'exposition à des champs magnétiques en milieu résidentiel. La preuve d'une liaison de cause à effet entre les deux est considérée comme « limitée », et les bénéfices d'une réduction des champs sur la santé sont déclarés comme « douteux ».

Avis de l'AFFSET (2010)

L’AFSSET a rendu un "avis sur les effets sanitaires des champs électromagnétiques d’extrêmement basses fréquences", il confirme que "Les experts de l’Afsset partagent les conclusions du consensus international (OMS, 2007) qui considère que les preuves scientifiques d’un possible effet sanitaire à long terme sont insuffisantes pour justifier une modification des valeurs limites d’exposition actuelles" et rappelle qu’"aucune étude biologique n’a démontré un mécanisme d’action explicitant la survenue de ces leucémies".

Cependant, l’AFSSET recommande "de ne pas installer ou aménager de nouveaux établissements accueillant des enfants (écoles, crèches…) à proximité immédiate des lignes à très haute tension, et de ne pas implanter de nouvelles lignes au-dessus de tels établissements".

Cette dernière recommandation présente dans l'avis (9p) n’apparaissent pas dans les recommandations du rapport scientifiques joint à l’avis de l'AFFSET (170p).

Une partie des scientifiques ayant rédigé le rapport se plaigne d'ailleurs de l'AFFSET dans une lettre adressé aux ministres de la santé et de l'écologie. L'AFFSET ayant selon eux donné un avis « faisant fi des experts, auxquels l’Afsset demande compétence et transparence ; c’est manifestement un amateur qui a rédigé l’avis et préconisé sans concertation aucune et contre toute justification scientifique, la création "d’une zone d’exclusion" de 100 m. ».

Avis de l'OPESCT (2010)

L’OPECST qui est composé de 18 députés et 18 sénateurs ont rendu leur propre avis en mai 2010. L'OPECST est en accord, avec l'OMS et l'AFFSET sur le fait que « les normes internationales de protection de la population (limite de 100uT à 50 Hz) et des travailleurs sont efficaces pour protéger la population des effets à court terme liées aux expositions aigües. Il n'est donc pas nécessaire de les modifier. »

Cependant, sur le cas des leucémies infantiles et de la recommandation de l'AFSSET sur une zone d'exclusion de 100m, l'OPECST rappelle que dans le principe de précaution, comme le demande l’OMS, il faut "trouver des solutions à très bas coût compte tenu de l’incertitude scientifique", soulignant que la création d’une zone d’exclusion a « un coût élevé » et une « efficacité limitée ».

Ainsi, l'OPECST propose plutôt de ne pas implanter de nouvelles constructions conduisant à une exposition des enfants à plus de 0,4 µT en moyenne. Certains doute de la pertinence de cette limite du fait que tous les enfants peuvent être concernés, puisqu'il existe de nombreuses sources de champ électromagnétique 50Hz et que par exemple en 1 heure par jour dans un tramway, un enfant dépasserait de 5 fois cette valeur de 0,4 µT en moyenne (50µT/ 24H = 2,1µT)

Lignes haute tension et nuisances environnementales

Les lignes haute tension posent souvent de difficiles problèmes d'intégration paysagère et écopaysagère (cf. mortalité d'oiseaux par collision avec la ligne quand elles sont placées sur des corridors de migration aviaire).
Un pylône de type muguet, un modèle moins massif et destiné à mieux s'intégrer à l'environnement urbain.

Les lignes dites à très haute tension, 225 ou 400 kV, sont vivement critiquées par les associations de protection de l'environnement et dans les médias, en raison de :

  • l'impact sur les paysages et la création de tranchées de déboisement ;
  • l'impact sur le tourisme, l’habitat, les nuisances sonores (grésillement continu par temps humide),
  • les conséquences sur l’avifaune en migration (Un programme Life a cependant montré - en Espagne - qu'en enterrant une vingtaine de km des 325 km du réseau, et en améliorant la signalisation des câbles et superstructures pour les oiseaux le taux de collision avec ces derniers pouvait être diminué de plus de 90 %, dans une ZPS où la collision avec ces lignes était l'une des principales cause de mortalité non naturelle d'espèces protégées en Aragon);
  • les aspects sanitaires évoqués ci-dessus.

Les associations écologistes demandent de :

  • suspendre l’ensemble des projets d’extension de lignes THT ;
  • enfouir les lignes THT existantes ;
  • mener des études épidémiologiques à proximité des lignes THT ;
  • réduire les besoins électriques.

Les obstacles à l'enfouissement des lignes peuvent être soit techniques, soit économiques : une ligne 400 kV enterrée coûte environ dix fois le prix d'une ligne aérienne. Mais cette évaluation approximative ne tient pas compte d'éventuelles économies d’échelle obtenues qui pourraient être possibles grâce à la généralisation des techniques d’enfouissement. Enfin, les lignes aériennes sont extrêmement vulnérables en cas de tempête : en France, la tempête de 1999 a entraîné un surcoût de 30 % rien que pour la mise aux normes des lignes THT afin qu’elles résistent à des vents violents de 170 km/h. Au Canada, les tempêtes de verglas peuvent aussi endommager les lignes, comme celle survenue en janvier 1998 dans l'Est de l'Amérique du Nord qui a détruit 120 000 km de lignes électriques de toutes tensions. Le surcoût théorique, notamment mis en exergue par l'opérateur du réseau français RTE occulte les bénéfices attendus d’un enfouissement tout en faisant implicitement abstraction des externalités négatives, à savoir l’impact sur le paysage, le tourisme, l’habitat naturel, les nuisances sonores, ainsi que les conséquences sur l’avifaune. En Allemagne, une loi impose d'enfouir les lignes qui doivent traverser la forêt de Thuringe et la Basse-Saxe, imposant un surcoût de 70 millions d'€ (soit 80 centimes d'€ par foyer, à comparer aux 20 milliards d'€ par an prévus pour doper le développement du réseau).

Le maire de Villechien a tenté sans succès d'interdire ces lignes en raison du risque électromagnétique qu'elles présentaient selon lui, s'appuyant pour se faire sur ses pouvoirs de police et invoquant le principe de précaution; le tribunal administratif de Caen l'a contredit en décembre 2008.

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